Aujourd'hui, le 2 décembre 2014, on célèbre le 200e anniversaire de la mort du célèbre écrivain et philosophe subversif français, libertin et débauché, dont l’œuvre sulfureuse a longtemps été censurée. Il a été surnommé "le divin Marquis" :
• né à Paris le 2 juin 1740
• mort à l'asile psychiatrique de Charenton, près de Paris, le 2 décembre 1814
La Maison de Sade est une famille noble française d'origine provençale. Elle a eu un rôle important dans l'exercice de hautes fonctions en Provence, dans le Comtat Venaissin, auprès de la papauté d'Avignon, et en France (hommes de lettres, hommes politiques, magistrats, évêques, militaires…). Son membre le plus connu est le Marquis de Sade.
Parmi ses aïeux figurent : Louis de Sade, gouverneur d'Avignon en 1177 qui a entrepris la construction du premier pont de cette ville, le célèbre pont Saint-Bénézet.
Paul a reçu en 1316 le pape Jean XXII lors de son arrivée en Avignon.
Hugues III dit le jeune, député de la ville d'Apt, père d'Elzéar, échanson du Pape Benoît XII, fut autorisé par l’empereur Sigismond, lors de sa visite à Avignon en 1416, à ajouter à ses armes l'aigle bicéphale.
Le comte de Sade, père du marquis, est militaire, diplomate, poète, philosophe et .... libertin. Ses frères : Jean-Louis-Balthazar fut commandeur de l’ordre de Malte, puis bailli et grand prieur de Toulouse, et Jacques-François fut abbé commendataire d’Ébreuil. Quatre sœurs vivent en religion.
Né à Paris le 2 juin 1740, aristocrate d'ancienne noblesse, le marquis de Sade, de son nom complet : Donatien Alphonse François de Sade, débuta par une brillante carrière militaire. Démobilisé en 1763 avec le grade de capitaine de cavalerie, il s'installe dans le château familial de Lacoste, dans le Vaucluse, où il épouse Renée-Pélagie de Montreuil dont il eut deux fils et une fille et qui, dans l’adversité, se montra une épouse fidèle et dévouée. Peu de temps après son mariage commença la longue série de ses incarcérations, dues principalement à des actes de débauches retentissants : sur les soixante-quatorze années que dura son existence, Sade en passa ainsi près de la moitié en prison. Entre deux incarcérations, ou à la faveur d’évasions, il vécut dans son château de La Coste en Provence. Condamné à mort par le parlement d'Aix-en-Provence, il se réfugie en Italie, puis il est arrêté de nouveau en 1777, incarcéré à Vincennes, puis à la Bastille (1784-1789). En 1789, il fut libéré de la Bastille où il était incarcéré par lettre de cachet et participa brièvement aux actions de la Révolution française (1790). Considéré arbitrairement comme fou à partir de 1804, il finit ses jours interné à Charenton, le 2 décembre 1814.
Condamné à un isolement prolongé, Sade composa un nombre impressionnant de romans, de contes, de pièces de théâtre et de traités philosophiques. Beaucoup de manuscrits (pièces de théâtre entre autres) furent détruits par la police et une grande partie de ce qui est resté ne fut publié que bien après sa mort.
Les romans de Sade se présentent souvent comme une succession de tableaux d’une cruauté presque insoutenable, alternant avec les longues dissertations morales ou métaphysiques que l’auteur place dans la bouche de ses héros. L’art romanesque reste dans la continuité de l’époque : c’est en effet davantage par la nature de son propos que Sade a rompu avec toute tradition.
C’est le cas en particulier de la Nouvelle Justine ou les Malheurs de la Vertu, suivie de l’Histoire de Juliette, sa sœur (1797), dont le premier volet fait suite à une première Justine écrite avant 1790, et dont le second est plus connu sous le titre Juliette ou les Prospérités du Vice. Les deux récits, parfaitement complémentaires, mettent en scène deux sœurs dont la première, Justine, ne connaît que des expériences terribles par son obstination à rester vertueuse. En revanche, sa sœur Juliette s’adonne au vice sans remords ni souci de morale, cherchant à satisfaire tous les désirs que lui dicte sa nature, et sort victorieuse de toutes les situations.
Autre ouvrage également célèbre : les Cent Vingt journées de Sodome (écrit avant 1789 et publié pour la première fois en 1931-1935), que Jean Paulhan désigna comme « l’Évangile du mal ». Dans ce récit presque insoutenable qui emprunte quelques-uns de ses traits au roman gothique, quatre bourreaux, tous de haute naissance, font subir en toute impunité d’infinis supplices à un groupe de jeunes femmes prisonnières dans leur château isolé. Les descriptions minutieuses des sévices physiques infligés aux victimes se suivent avec une régularité accablante dans ce qui fait figure d’inventaire quasi exhaustif des perversions sexuelles. Ce roman inspirera plus tard le cinéaste italien Pier-Paolo Pasolini qui l'adapta pour son dernier film très controversé "Salò ou les 120 Journées de Sodome" (1976), transposant l'histoire dans l'Italie fasciste en 1943.
Si la violence des scènes est subversive, les questions philosophiques posées le sont plus encore. Aline et Valcour ou le Roman philosophique (1795), le plus classique de ses ouvrages sur le plan romanesque, et la Philosophie dans le boudoir (1795) en témoignent. Attaquant les tabous fondateurs de la civilisation occidentale, Sade, radicalement athée, entraîne le lecteur dans un vertigineux renversement des valeurs et pose comme principe absolu l’obéissance aux seules lois de la nature, qui impliquent pour lui la recherche du plaisir des sens et la liberté totale de l’individu.
Sade est de nouveau transféré à Charenton en 1803, organisant des représentations théâtrales avec les pensionnaires, rédigeant ses derniers romans : les Journées de Florbelle (1804-1807), l'Histoire secrète d'Isabelle de Bavière (1813), la Marquise de Gange (1813). Mort à 74 ans, un an après avoir entamé une liaison avec une jeune fille de 16 ans, il est enterré religieusement, contrairement aux souhaits formulés dans son testament.
Tout au long du XIXe siècle, son œuvre, pourtant connue et admirée de Sainte-Beuve, Baudelaire et Flaubert, demeura interdite. Guillaume Apollinaire et les surréalistes contribuèrent par la suite à sa progressive réhabilitation.
Pour l'étymologie, le patronyme de Sade a fourni, à la fin du XIXe siècle au psychiatre austro-hongrois Richard Freiherr von Krafft-Ebing (1840-1902) un terme pour décrire ces graves troubles mentaux et diverses perversions, avec l'invention des mots de "sadisme" et "sadique" et aussi le "sado-masochisme".
La définition du sadisme est la recherche de plaisir dans la souffrance (physique ou morale: domination, contrôle) volontairement infligée à autrui (éventuellement un animal). Même si le sadisme peut exister indépendamment des activités sexuelles, il y est fréquemment associé.
Au moins deux communes de Provence ont repris les armes (anciennes, sans l'aigle) de la maison de Sade dans leurs armoiries. Ces deux communes et leurs châteaux respectifs ont été à un moment donné un fief de la famille.
pour compléter votre information :
Site généraliste : Wikipedia
Site intéressant sur le bicentenaire : ICI
Et aussi un blog : ICI
Herald Dick
blason de la maison de Sade : "De gueules à l'étoile à huit rais d'or chargée d'une aigle bicéphale éployée de sable, membrée, becquée, languée, diadémée de gueules". |
esquisse de portrait (supposé) de Donatien de Sade par le peintre Charles-Amédée-Philippe van Loo (on n'a en fait pas de portrait authentifié) |
Donatien Alphonse François de Sade
(• Paris 1740 - † Charenton-le-Pont / Saint-Maurice 1814)• né à Paris le 2 juin 1740
• mort à l'asile psychiatrique de Charenton, près de Paris, le 2 décembre 1814
© http://jean.gallian.free.fr |
le blason de la maison de Sade, ornement du château de Saumane-en-Vaucluse qui a appartenu à la famille |
Parmi ses aïeux figurent : Louis de Sade, gouverneur d'Avignon en 1177 qui a entrepris la construction du premier pont de cette ville, le célèbre pont Saint-Bénézet.
Paul a reçu en 1316 le pape Jean XXII lors de son arrivée en Avignon.
Hugues III dit le jeune, député de la ville d'Apt, père d'Elzéar, échanson du Pape Benoît XII, fut autorisé par l’empereur Sigismond, lors de sa visite à Avignon en 1416, à ajouter à ses armes l'aigle bicéphale.
Le comte de Sade, père du marquis, est militaire, diplomate, poète, philosophe et .... libertin. Ses frères : Jean-Louis-Balthazar fut commandeur de l’ordre de Malte, puis bailli et grand prieur de Toulouse, et Jacques-François fut abbé commendataire d’Ébreuil. Quatre sœurs vivent en religion.
armoiries d'un évêque de la maison de Sade, peinture murale de la Cathédrale de Cavaillon (Vaucluse) |
gravure du XVIIIe s. : branche des Sade, seigneurs d'Eyguières (Bouches du Rhône) |
maison de Sade (d'après armorial J.B Rietstap, dessins de Victor et Henri Rolland coloriés par Lionel Sandoz) ici l'aigle est entièrement de sable |
Né à Paris le 2 juin 1740, aristocrate d'ancienne noblesse, le marquis de Sade, de son nom complet : Donatien Alphonse François de Sade, débuta par une brillante carrière militaire. Démobilisé en 1763 avec le grade de capitaine de cavalerie, il s'installe dans le château familial de Lacoste, dans le Vaucluse, où il épouse Renée-Pélagie de Montreuil dont il eut deux fils et une fille et qui, dans l’adversité, se montra une épouse fidèle et dévouée. Peu de temps après son mariage commença la longue série de ses incarcérations, dues principalement à des actes de débauches retentissants : sur les soixante-quatorze années que dura son existence, Sade en passa ainsi près de la moitié en prison. Entre deux incarcérations, ou à la faveur d’évasions, il vécut dans son château de La Coste en Provence. Condamné à mort par le parlement d'Aix-en-Provence, il se réfugie en Italie, puis il est arrêté de nouveau en 1777, incarcéré à Vincennes, puis à la Bastille (1784-1789). En 1789, il fut libéré de la Bastille où il était incarcéré par lettre de cachet et participa brièvement aux actions de la Révolution française (1790). Considéré arbitrairement comme fou à partir de 1804, il finit ses jours interné à Charenton, le 2 décembre 1814.
Condamné à un isolement prolongé, Sade composa un nombre impressionnant de romans, de contes, de pièces de théâtre et de traités philosophiques. Beaucoup de manuscrits (pièces de théâtre entre autres) furent détruits par la police et une grande partie de ce qui est resté ne fut publié que bien après sa mort.
édition originale de Justine ou les malheurs de la Vertu , publié en 1791 en Hollande |
caricature du XIXe siècle montrant un portrait peu flatteur du Marquis de Sade |
C’est le cas en particulier de la Nouvelle Justine ou les Malheurs de la Vertu, suivie de l’Histoire de Juliette, sa sœur (1797), dont le premier volet fait suite à une première Justine écrite avant 1790, et dont le second est plus connu sous le titre Juliette ou les Prospérités du Vice. Les deux récits, parfaitement complémentaires, mettent en scène deux sœurs dont la première, Justine, ne connaît que des expériences terribles par son obstination à rester vertueuse. En revanche, sa sœur Juliette s’adonne au vice sans remords ni souci de morale, cherchant à satisfaire tous les désirs que lui dicte sa nature, et sort victorieuse de toutes les situations.
Autre ouvrage également célèbre : les Cent Vingt journées de Sodome (écrit avant 1789 et publié pour la première fois en 1931-1935), que Jean Paulhan désigna comme « l’Évangile du mal ». Dans ce récit presque insoutenable qui emprunte quelques-uns de ses traits au roman gothique, quatre bourreaux, tous de haute naissance, font subir en toute impunité d’infinis supplices à un groupe de jeunes femmes prisonnières dans leur château isolé. Les descriptions minutieuses des sévices physiques infligés aux victimes se suivent avec une régularité accablante dans ce qui fait figure d’inventaire quasi exhaustif des perversions sexuelles. Ce roman inspirera plus tard le cinéaste italien Pier-Paolo Pasolini qui l'adapta pour son dernier film très controversé "Salò ou les 120 Journées de Sodome" (1976), transposant l'histoire dans l'Italie fasciste en 1943.
gravure explicite mais très soft (par rapport à d'autres du même livre) : "La Nouvelle Justine ou Les Malheurs de la vertu" (édition début XIXè s.) |
Si la violence des scènes est subversive, les questions philosophiques posées le sont plus encore. Aline et Valcour ou le Roman philosophique (1795), le plus classique de ses ouvrages sur le plan romanesque, et la Philosophie dans le boudoir (1795) en témoignent. Attaquant les tabous fondateurs de la civilisation occidentale, Sade, radicalement athée, entraîne le lecteur dans un vertigineux renversement des valeurs et pose comme principe absolu l’obéissance aux seules lois de la nature, qui impliquent pour lui la recherche du plaisir des sens et la liberté totale de l’individu.
Sade est de nouveau transféré à Charenton en 1803, organisant des représentations théâtrales avec les pensionnaires, rédigeant ses derniers romans : les Journées de Florbelle (1804-1807), l'Histoire secrète d'Isabelle de Bavière (1813), la Marquise de Gange (1813). Mort à 74 ans, un an après avoir entamé une liaison avec une jeune fille de 16 ans, il est enterré religieusement, contrairement aux souhaits formulés dans son testament.
Tout au long du XIXe siècle, son œuvre, pourtant connue et admirée de Sainte-Beuve, Baudelaire et Flaubert, demeura interdite. Guillaume Apollinaire et les surréalistes contribuèrent par la suite à sa progressive réhabilitation.
armoiries de la maison de Sade, interprétées par Laurent Granier, artiste héraldiste, avec son aimable autorisation ici, l'écu est timbré d'une couronne de marquis © Laurent Granier 2001 - www.laurentgranier.com |
Pour l'étymologie, le patronyme de Sade a fourni, à la fin du XIXe siècle au psychiatre austro-hongrois Richard Freiherr von Krafft-Ebing (1840-1902) un terme pour décrire ces graves troubles mentaux et diverses perversions, avec l'invention des mots de "sadisme" et "sadique" et aussi le "sado-masochisme".
La définition du sadisme est la recherche de plaisir dans la souffrance (physique ou morale: domination, contrôle) volontairement infligée à autrui (éventuellement un animal). Même si le sadisme peut exister indépendamment des activités sexuelles, il y est fréquemment associé.
le château de La Coste (commencé au XIe s.), ancienne possession des Simiane, puis des Sade, et le village de Lacoste, dans le Lubéron (dépt du Vaucluse) |
Au moins deux communes de Provence ont repris les armes (anciennes, sans l'aigle) de la maison de Sade dans leurs armoiries. Ces deux communes et leurs châteaux respectifs ont été à un moment donné un fief de la famille.
Commune de Saumane-de-Vaucluse (Vaucluse) "De gueules à l'aigle couronnée d'or (famille d'Astouaud), accompagnée au premier canton d'une étoile à huit rais du même (de Sade)". © Daniel Juric - http://armorialdefrance.fr/ |
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Herald Dick
¡Hermosas armas, como hermosos son sus escritos!
RépondreSupprimerse trata de textos para un público que es claro en su cabeza, o tambien muy cuidado !
SupprimerSalud !
Merci pour ce billet très intéressant. Une petite question : à quel lieu le nom Sade renvoie-t-il ? Un village qui a changé de nom ?
RépondreSupprimerLes Sade descendraient de marchands enrichis au XIIe siècle par le commerce du chanvre et de la toile de chanvre, passant de la bourgeoisie à l'aristocratie d'Avignon, un peu à la manière des Médicis à Florence, toute proportion gardée.
SupprimerRien n'indique donc que le patronyme de Sade dérive d'un nom de lieu à l'origine. Je n'ai rien trouvé allant dans ce sens.
Merci à vous
HD
Haaaan, voilà une information que je n'avais pas et que je n'arrivais pas à trouver. Merci beaucoup ! ^^
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