lundi 10 janvier 2022

Capitales du monde : Bratislava #2

   oici le second volet consacré à la capitale de la Slovaquie, qui fait peu parler d'elle dans l'actualité, mais qui pourtant mérite le détour. 

  Notre précédent périple s'était arrêté en 1918 avec la chute des empires centraux: Allemagne, Autriche-Hongrie, Turquie (voir → ICI). Les différents traités de paix qui closent la Première Guerre mondiale, vont bouleverser la carte du monde et profondément celle de l'Europe. De nouveaux états vont naître, d'autres déjà existants vont agrandir leurs territoires, à la fin du conflit, au détriment des nations vaincues. C'est le prix payé traditionnellement pour les dommages de guerre. Mais c'est aussi une humiliation des vaincus qui aura de lourdes conséquences dans une vingtaine d'années.

  ❹ Un nouveau nom, un nouveau pays, mais toujours le même blason.

   Le 1er janvier 1919, la ville passe sous le pouvoir de la première République de Tchécoslovaquie, et devient de fait l'objet de convoitise de la Hongrie, qui la perd après près de 10 siècles de souveraineté sur elle, ce n'est pas rien. D'après le Traité de Trianon, qui attribua le territoire de l'actuelle Slovaquie (connue à l'époque sous le nom de Haute Hongrie) à la jeune République tchécoslovaque, Bratislava, ainsi qu'une tête de pont sur la rive droite du Danube, passèrent pour la première fois depuis plus de mille ans, sous le contrôle d'une nation slave. L'une des première décision du jeune gouvernement tchécoslovaque, cherchant à montrer son autorité sur le territoire slovaque, fut de rebaptiser la ville : Bratislava, d'après le nom d'un obscur héros de l'histoire de la Grande Moravie et de la Basse-Pannonie au IXe siècle : Braslav, remplaçant ainsi les toponymes aux sonorités trop germaniques (Prespork, Pressburg).

vignette non postale (cinderella) de propagande
rédigée en hongrois et portant la date de 1920
traduction : "Notre vie et notre sang
nous sacrifions pour POZSONY !
", avec la statue
 équestre (détruite) de Marie-Thérèse d'Autriche
vignette non postale (cinderella), publicité
en allemand pour une foire internationale
se déroulant à Bratislava, en 1925 - avec les
armoiries très simplifiées - ce sont les toutes
premières mentions du nouveau nom de Bratislava. 

Une des nombreuses verrières créées par Miksa Róth - ici ornant le hall au 1er étage
du bâtiment des Archives Nationales hongroises à Budapest, inauguré en 1923
et montrant les armoiries des principales villes historiques de la Hongrie
 dont ici celles de Pozsony (=Bratislava, mais qui n'est plus hongroise), au centre et ci-dessous:
Dessin original proposé (1928/1929), mais finalement non pris en 
compte par l'artiste vitrier Miksa Róth pour créer les verrières des

 Archives Nationales hongroises à Budapest; œuvre de Breth Béla
Propriété des Archives Nationales hongroises

(voir l'ensemble des dessins → ICI)

   La reprise du territoire de la Slovaquie méridionale, y compris Bratislava, où vivait une large minorité ethnique hongroise (toujours existante de nos jours), devint le cheval de bataille de la politique du  gouvernement hongrois entre 1919 et 1945. Au cours de cette période, Bratislava fut également l'objet d'une controverse à l'intérieur des frontières de la nouvelle Tchécoslovaquie. Un bon nombre de slovaques ne se considéraient pas du tout comme des  "Tchécoslovaques", un concept qui leur était étranger, et avaient l'impression d'être sous le pouvoir d'une administration autoritaire centralisée à Prague, la capitale désignée de la Tchécoslovaquie, en territoire tchèque. Néanmoins, Bratislava fut désignée capitale régionale de la Slovaquie, une petite concession de Prague. L'essor de Bratislava date de cette époque. La population augmente, la bureaucratie se développe, avec une classe moyenne instruite et une conscience nationale émerge. A un moment donné les dirigeants politiques slovaques revendiquèrent l'autonomie de la Slovaquie avec Bratislava comme capitale. Les rivalités entre Prague et Bratislava, affaiblissant l'unité tchécoslovaque, eurent comme conséquence de livrer une partie du territoire à l'Allemagne d'Hitler, avec la crise des Sudètes. La République tchécoslovaque tombe en 1939, et Bratislava devient la capitale politique de l'État slovaque autonome, allié à l'Allemagne nazie jusqu'en 1945. source texte :  L'Europe et ses villes-frontières, de Joël Kotek (Éditions Complexe, 1996)

vignette de collection extraite de l'album Káva Hag /
Kaffee Hag : Znaky Republiky Československé /
Wappen der Tschechoslowakischen Republik
(1932//1933)
Le nouveau nom de Bratislava est complété par
celui de Pressburg, normalement abandonné !
vignette de collection extraite de l'album Abadie
(marque de papier à cigarette autrichienne), section:
Österreich-Ungarische Städtewappen (1928/1933)
pour les autrichiens, rien n'a changé depuis 1918 :
c'est toujours Pressburg / Poszony; Bratislava: connais pas!
(le chiffre 1948 est le numéro d'ordre de la vignette,
et non pas une année)
















voici certainement le premier timbre poste officiel
 montrant les armoiries de Bratislava, il fait partie
d'une série de quatre, émis en 1942 par la poste
 de la République Slovaque (qui était à l'époque
 un état fantoche, vassal de l'Allemagne nazie),
à l'occasion d'une exposition philatélique
.


❺ Bratislava pendant l'ère socialiste ...

  La ville fut bombardée par les Alliés et occupée par les troupes allemandes en 1944. Elle fut prise par l'Armée rouge le 4 avril 1945. Puis elle est restituée à la République tchécoslovaque et redevient la deuxième ville du pays. Après la prise de pouvoir des communistes en Tchécoslovaquie en février 1948, la ville fait désormais partie du bloc de l'Est (sous le nom de République socialiste tchécoslovaque). Le régime prendra fin en 1989 au moment de la chute du bloc de l'Est, durant l'épisode dit de la Révolution de velours.

Premier timbre montrant les armoiries simplifiées de Bratislava,
émis par la poste de la République socialiste tchécoslovaque
en 1960, à l'occasion d'une exposition philatélique
carte postale des années 1950/1960 - armoiries monochromes, bizarres, mais correctes

carte postale des années 1950/1960 - armoiries monochromes en négatif, mais correctes
carte postale des années 1965/1966 - reproduction d'un ancien sceau médiéval (v. 1302), avec
la mention latine circulaire :  SIGILLVM CIVIVM IN PRESPVRGH (soit : le sceau des habitants de Presbourg)

carte postale des années 1970/1971 - armoiries et drapeau fantaisistes !

les armoiries de Bratislava, timbre émis en 1968, débutant la très belle
première série des blasons de 27 villes de Tchécoslovaquie (1968/1975)
A noter: la muraille mouvant des flancs qui n'avait pas été représentée
ainsi depuis des siècles ! 

Enveloppe premier jour du timbre précédent, ornée d'une reproduction des armes de la charte de 1436

Timbre émis en 1970, issu d'une série de
6 timbres consacrée aux ornements de
portes de bâtiments divers de grandes villes :
ici la Porte Michel à Bratislava

armoiries en bas-relief posées sur le pont franchissant
le Danube, sur la rive sud du quartier de Petržalka :
Most SNP (en français: Pont du soulèvement national
slovaque
), construit entre 1967 et 1972.
blason dessiné par le grand artiste héraldiste
tchèque Jiří Louda dans son livre "Blasons
des villes d'Europe" édité par Gründ en 1972

carte postale des années 1970/1971 - armoiries calquées sur celles de Jiří Louda (ci-dessus)

carte postale des années 1970/1975 - armoiries très, trop colorées, inspirées par le style de G.Ströhl 

étiquette de boite d'allumettes de la
marque Solo, faisant partie d'une
série publicitaire pour la 3e Spartakiade
(un grand événement sportif militaire)
 qui s'est tenue à Prague en 1973.

étiquette de boite d'allumettes de la marque
 Solo Sušice, faisant partie d'une large collection
illustrée par les armoiries et un monument
de grandes villes de Tchécoslovaquie (années 1970)












En 1977, la poste tchécoslovaque débute la publication d'une longue
série de très beaux timbres gravés en taille-douce évoquant
l'histoire et les arts de la ville de Bratislava, qui s'achèvera en 1990.
Le timbre ci-dessus représente la fameuse charte d'adoption
des armoiries en 1436, dont nous avons longuement
parlé dans le volet précédent
Deux enveloppes premier jour d'émission de quatre timbres faisant partie de la série sur l'histoire et arts
en rapport avec la ville de Bratislava, l'une datant de 1979 et l'autre de 1981
Encore un timbre de la série prolifique autour de l'histoire et les arts
de la ville de Bratislava, celui-ci émis en 1984 représente les armoiries
de la Guilde des marchands de vin de la ville. 

Carte-entier postal éditée par la poste de l'U.R.S.S en 1979 pour célébrer une exposition philatélique
internationale se déroulant simultanément à Kiev, Cracovie et Bratislava
carte postale des années 1981/1982 - avec les armoiries telles qu'elles sont visibles de nos jours


Bratislava redevient capitale d'état en 1993...
 
  Le 1er Janvier 1993, la Slovaquie devient un état indépendant après la séparation de l'éphémère République fédérale tchèque et slovaque et Bratislava, la plus grande ville, malgré sa position excentrée géographiquement dans le pays, en devient logiquement la capitale.
 
version non officielle (Wikimedia Commons)
des armoiries de Bratislava, mais correcte du point
de vue héraldique (avec les toitures non colorées)

carte postale de l'année 1993 - avec un blason vintage, celui de 1436
Magnifique plaque d'égout en fonte, datée de 1993
municipalités de France et d'ailleurs: prenez-en de la graine !

Timbre émis en 1998 commémorant le 5e anniversaire de la République de Slovaquie avec les blasons de
la capitale Bratislava et de 7 autres grandes villes du pays que vous pourrez retrouver → ICI

Carte postale premier jour du timbre émis en 2005 pour immortaliser
une rencontre au sommet entre George W. Bush et Vladimir Poutine
réunis à Bratislava - nous retrouvons le blason circulaire de 1436

Blocs-feuillets souvenirs édités en commémoration des 1100 ans de la fondation
du château de Bratislava, émis en 2007 (d'après enluminure sur manuscrit du XIVe siècle)

carte postale des années 2000/2010 - avec un blason inédit : supporté par une aigle impériale et
timbré d'une double couronne : Hongrie et Autriche
détail des armoiries impériales de Presbourg
provenant de la carte postale précédente
(origine documentaire inconnue)

Le tout dernier bloc-feuillet émis par la poste slovaque (POFIS) le 18.10.2021, pour honorer la mémoire
du peintre et graveur Matthäus Merian (1593 – 1650), auteur de cette lithographie montrant la ville de Pozsony/Pressburg,
en 1638, avec, bien cachés dans les coins inférieurs, les blasons de la Hongrie et de Bratislava.


🚩Voilà, en deux parties, un survol de 1100 ans d'existence d'une ville d'Europe centrale, par le biais de ses symboles, présents sur toute sorte de supports: du manuscrit médiéval à l'application numérique du XXIe siècle, en passant par les murs des bâtiments historiques, la signalétique de rue et les objets souvenirs. Je suis certain que serez désormais incollables sur le sujet, lorsque vous projetterez une visite de cette belle capitale danubienne, que personnellement, et à mon grand regret, je ne connais absolument pas !!


Crédits :

choix des images:
- passer votre souris sur les images pour lire les url des sites sur lesquels elles ont été empruntées


capitale précédente  →   Bratislava, épisode 1

capitale suivante     → 
  Bratislava, épisode 3


 
 

samedi 1 janvier 2022

Le passage : 2021→ 2022

  Bonjour à tous. Et bonne année !  Vous l'avez peut-être constaté, mon activité récente a été quasiment nulle. Cette année 2021 se termine pour moi par une violente et inattendue confrontation avec la réalité de la situation sanitaire mondiale : un test positif au virus COVID-19, quelques jours avant Noël, accompagné et suivi d'une dizaine de jours de fièvre intense et de difficultés respiratoires, mais heureusement pas au point d'être hospitalisé. Et pourtant, j'étais doublement vacciné depuis l'été dernier, et aussi très prudent dans mes sorties : je menais une vie presque monastique !  Mais je dois m'estimer heureux: beaucoup de personnes soufrent davantage et même certains perdent la vie à cause de cette saleté de virus... Au vu de cette expérience assez traumatisante, je vous en conjure : ne pensez pas que cela n'arrive qu'aux autres. Tel un tsunami, rien ne semble arrêter cette bête immonde, surtout pas les politiques sanitaires, ce que je viens de réaliser par moi-même. Il ne reste qu'à espérer que sa nocivité s'éteigne par elle-même dans les mois à venir. Mais SARS-Cov-2, de son vrai nom, n'est pas le seul à vouloir tout détruire pour assurer sa puissance égocentrique. D'autres dangers menacent l'équilibre mondial. Je précise que ne fais pas partie de la mouvance complotiste. Un peu de bon sens et de recul sur l'analyse de la géopolitique internationale, nous amène à poser cette question: mais qui voudrait donc être le chef suprême de l'ordre mondial ? 

l'année 2022 est symbolisée par le tigre: son ambition,
 son arrogance, sont très visibles. Il se sent capable
de franchir les obstacles les plus improbables.
Il va sans aucun doute attaquer !
Référence image : blason de la ville de
 de Vladivostok (Russie extrême-orientale)

l'année 2021 était symbolisée par le bœuf:
celui-ci regarde en arrière : son bilan est mitigé !
Il semble soucieux, car il sait qu'il a été épargné.
Le fer de charrue, comme une épée de Damoclès,
est toujours suspendu en l'air et n'a pas encore frappé !
Référence image : blason de la commune
 de Volica (Slovaquie)

 


🎊je vous souhaite, je l'espère: une grande et heureuse année 2022 !  
 🎆Avec tous mes meilleurs vœux de bonheur et surtout de santé... 🎇
.
Herald Dick