mercredi 30 mars 2022

l'Armorial de La Planche - 1669 - Parlement de Metz - Bailliages de Toul et de Verdun

   S  uite de la visite d'un des plus anciens manuscrits répertoriant des armoiries de villes et de villages de France, dessinées à la plume et peintes à l'aquarelle, antérieur de trois décennies à l'Armorial Général de France de Charles d'Hozier ! Voir la description initiale : →

image d'illustration composée par Herald Dick

    Nous poursuivons avec la découverte du "livre" (c'est l'appellation donnée à une section d'un manuscrit, qui est lui-même divisé en chapitres) consacré au Parlement de Metz, et qui est de surcroît le dernier de cet ouvrage. Après le premier chapitre consacré au bailliage de Metz, nous allons cette fois parcourir les autres composantes de l'ancien territoire des Trois-Évêchés, récemment annexé au royaume de France (1648): les bailliages de Toul et de Verdun. Ces dernières étaient comme Metz, des villes libres, à l'époque de leur rattachement à l'Empire germanique. Pour le premier bailliage, c'est en gros le domaine de l’évêché éponyme, lui-même successeur d'un ancien comté féodal de Toul.  De la même manière, le second bailliage correspond au domaine épiscopal des évêques de Verdun, qui ont hérité de l'ancien comté de Verdun, dont la création remonte à l'époque de l'empire carolingien. L'auteur, d'ailleurs, présente chaque chapitre en nommant d'abord les anciens comtés féodaux, les évêchés n'étant mentionnés qu'en seconde position ou plus loin dans le texte.
  Du point de vue géographique et cartographique, ces deux territoires, certes bien distincts, sont tout de même très morcelés, avec même quelques enclaves dispersées, au milieu des possessions des Duchés de Lorraine et du Barrois, que nous découvrirons plus tard, dans un prochain chapitre. De nos jours, nous nous situons, avec ce découpage, sur une grande partie au nord et une petite au sud-est du département de la Meuse, ainsi que dans le sud-ouest de la Meurthe-et-Moselle, débordant également sur quelques communes du département voisin des Vosges. Il est d'ailleurs très difficile de réaliser une cartographie plus précise et exhaustive, car les sources documentaires d'époque sont très imparfaites et parfois se contredisent.
  Voici donc le deuxième chapitre consacré à toutes ces deux entités, réunies en un seul sujet.
      Revenir à l'épisode précédent →

Voici l'extrait d'une carte datant de la fin du XVIIIe s. , donc postérieure d'un siècle, mais sur laquelle j'ai reconstitué les limites administratives de notre région :

 Vous pouvez cliquer sur toutes les images pour les agrandir











  Les fragments de manuscrits proviennent à nouveau du Volume II. Pour enrichir l'étude, j'ai mis en bonus l'extrait équivalent dans l'Armorial Général de France* (1696-1711), établi par Charles-René d'Hozier, et comme auparavant, j'ai placé le blason actuel en-dessous, pour comparer les différences ou au contraire la constance des figures dans le temps.

(*)  Armorial Général de France  -  volume XVIII  -  Lorraine (BNF Paris)
     et aussi: Armorial Général de France  -  volume X  -  Généralité de Châlons  (BNF Paris)

Toul (Meurthe -et- Moselle)

   Dès le XIVe siècle, on aperçoit le T sur les sceaux de la ville de Toul. Un sceau du tabellionnage (notaires) porte pour légende en lettres gothiques : s - TABELLIONATUS - CIVITATIS - TULLENSIS; dans le champ, une représentation de place forte, enceinte crénelée et flanquée de tours, que domine un beffroi ; l'entrée de la ville est défendue par deux tours, entre lesquelles se voit une porte surmontée d' un écusson chargé d'un T. Les sceaux du XVIIe siècle portent un T d'or sur champ de gueules. On aperçoit encore très distinctement les vestiges d'un T couleur d'or, dans le fronton de l'Hôtel-de-Ville, où les armoiries de Toul étaient incrustées dans la pierre. Les armes de Toul sont encore "de gueules au T fleuronné d'or", dans le Traité des places fortes de France. Tous les auteurs qui ont donné les armoiries de Toul sont d'accord pour le fond, mais ils diffèrent quant aux émaux :  elles sont soit "de gueules, au T fleuronné d'or", soit "d'or au T d'azur" ou encore "d'or au T de sable" en tête d'un inventaire des archives de cette ville, rédigé en 1780. Notre manuscrit ci-dessus décrit un blason "de gueules, au T d'argent, le bas se terminant en fleuron ", celui d'Hozier :  "de gueules, au T d'or, le pied tréflé".
   Dans l’armorial du Saint-Empire, les armes de Toul étaient : "D'or à l'aigle de sable à une seule tête, au vol éployé, chargée en cœur d'un écusson de gueules au T d'or "; ces armoiries étaient usitées du temps que Toul était ville libre et impériale, avant sa réunion à la France. L'aigle à une seule tête indique que Toul était déjà ville libre et impériale avant le XVe siècle, c'est-à-dire avant l'apparition de l'aigle à deux têtes, comme symbole particulier de l'empire d'Allemagne, et par allusion à la réunion de l'empire d'Orient et de l'empire d'Occident.  Cet usage des sceaux à l'aigle de l'Empire fut supprimé, pour les villes de Metz, Toul et Verdun, par un édit de Louis XIII, en 1633. source texte : Armorial des villes, bourgs et villages de la Lorraine, du Barrois et des Trois-Évêchés par Constant Lapaix (1877) - BNF Paris.


Commercy (Meuse)

   Très souvent, on l'a déjà évoqué dans mes sujets précédents, l'auteur du manuscrit a préparé comme ici,  un emplacement pour y dessiner les armoiries des villes pour lesquelles il a rédigé un descriptif. Mais les écus sont restés désespérément vides. Nous en ignorons toujours la raison : manque d'information fiable, manque de temps, on ne le saura jamais. Et son confrère, auteur de l'Armorial Général de France, n'a pas fait mieux: aucune référence à cette ville n'y est recensée. 
    Commercy fut partagée, au Moyen-âge, entre deux seigneuries, le Château Bas, possession des comtes de Sarrebrück, puis des ducs de Lorraine, et le Château Haut,  dont le seigneur portait le titre de "damoiseau". Dans les premières armes de la ville, les trois demoiselles proviennent d'une déformation du mot damoiseau (qui était parfois écrit en vieux français : damoisel, mais désignant bien un jeune homme, d'où la confusion).
Constant Lapaix (auteur du XIXe s. cité précédemment avec son livre référence) reproduit l'image d'un sceau de Commercy du XVIIIe siècle où l’on voit trois demoiselles vêtues de robes, coiffées de cornettes et chaussées de sabots. On retrouve aussi trois demoiselles richement vêtues dans un médaillon en relief sur la cloche de l’Hôtel de Ville (daté de 1721). Mais au début du XXe siècle, les trois demoiselles sont redevenues des damoiseaux, des hommes donc, habillés de longs manteaux, qu'on a même défini comme étant les échevins de la ville (voir → ICI).
   Le chef composé d'un semé de croisettes provient des armes de l'ancienne maison de Commercy (qui, rappelons le, était apparentée aux comtes de Sarrebrück, qui avaient aussi un semé de croisettes dans leur blason, voir → ICI). Le blason de la seigneurie de Commercy portait ainsi, selon les auteurs, ils ne sont pas d'accord: "d'azur semé de croisettes pommetées, au pied fiché d'argent", ou encore :"d'azur semé de croisettes recroisetées, au pied fiché d'argent" (voir ce lien → ICI),  mais aussi: "d'azur semé de croisettes recroisetées d'argent" (voir cette page d'un ancien armorial → ICI).
C'est Robert Louis qui fixa le blason et les armoiries actuelles de la ville de Commercy, en 1957, et qui a choisi les croisettes -pommetées-, au pied fiché d'argent et les trois demoiselles, les filles à la place des garçons ! source informations (en partie) : Armorial des villes, bourgs et villages de la Lorraine, du Barrois et des Trois-Évêchés par Constant Lapaix (1877) - BNF Paris


Vaucouleurs (Meuse)

  Nous pouvons constater que les armoiries actuelles était déjà portées par la ville, avant que Charles d'Hozier, à partir de 1696, lui attribue un autre blason, certainement suggéré par ses échevins locaux, pour rappeler un évènement important de son histoire locale. Ce blason est enregistré dans le volume n°10 de l'Armorial Général de France, consacré à la Généralité de Champagne (Châlons) et non pas dans celui de la Lorraine (n°18). En effet, depuis longtemps, Vaucouleurs est un bastion fortifié avancé du royaume de France, enclavé entre les duchés de Bourgogne, du Barrois et de Lorraine, mais ne faisant partie d'aucuns. Voulant rappeler l'aide que procura la cité, en 1429, à Jeanne d'Arc pour constituer sa toute première (petite) "armée", d'Hozier lui octroya un blason: " parti d'azur à trois fleurs de lys d'or qui est de France et d'azur à une épée d'argent garnie d'or la pointe en haut accostée de deux fleurs de lys d'or et surmontée d'une couronne royale de même qui est de Jeanne d'Arc ". Ce n'est qu'en 1862 que la municipalité reprit le blason primitif.
    Pour terminer, la municipalité de Vaucouleurs, par délibération du 19 décembre 1960, voulant rappeler l’aide apportée à la Pucelle par les Valcolorois au départ de sa mission, décida que les armes de la ville seraient soutenues par les meubles du blason que Charles VII octroya à Jeanne d’Arc et à sa famille. C'est le grand héraldiste Robert Louis qui créa le dessin actuel de ces armoiries.



Verdun (Meuse)

  Les plus anciennes armoiries de Verdun étaient : "D'or, à l'aigle de sable à deux tètes, couronnée, becquée et membrée de gueules"; c'était l'emblème des villes impériales, qui a été supprimé quand celles-ci furent rattachées à la couronne de France. Ainsi, c'est le blason que nous voyons sur ces manuscrits qui fut octroyé à la ville après sa réunion à la France, en 1648. On a simplement remplacé l'aigle de l'Empire par une fleur de lys, symbole du royaume de France et la couronne impériale par une couronne royale, ouverte ou fermée. On trouve encore par ailleurs, d'autres armes de Verdun : "D'azur, à la tour crénelée d'argent", dans l'ouvrage intitulé : Plans des places de guerre du royaume de France..., édition de 1736 (voir livre numérisé → ICI). Le blason à la fleur de lys couronnée restera en vigueur, inchangé, jusqu'en 1898.
  Ce sont aujourd'hui, la cathédrale et les fortifications médiévales qui composent le blason de la ville :   "D'azur à la cathédrale avec quatre flèches, derrière laquelle s'élève un beffroi, entourée de murailles crénelées, le tout d'or (maçonné de sable)". Ce blason reproduit un sceau de 1396 et a été adopté par le conseil municipal de Verdun le 1er août 1898.


Jametz (Meuse)

  L'image du second blason ci-dessus: "D'argent au phare de sable, allumé de gueules", provient de l'Armorial des villes, bourgs et villages de la Lorraine, du Barrois et des Trois-Évêchés, écrit par Constant Lapaix, seconde édition (1877), voir l'exemplaire numérisé → ICI. Il est toujours utilisé par la commune, avec une version modernisée (→ ICI), dont l'aspect logotypé, peu satisfaisant est, disons: acceptable...
  Ce blason fait allusion à une fameuse tour-fanal, dite "Cornica", qui s'élevait à une hauteur extraordinaire au centre du château de Jametz, dont l'enceinte fortifiée était impénétrable aux projectiles du temps. Cette tour, espèce de phare de dimension cyclopéenne, qui pendant plusieurs siècles, fit l'admiration de nos aïeux, était surnommée Cornica, c'est-à-dire forte, dominatrice et puissamment lumineuse : elle figurait dans les premières armes de la ville et sur le sceau de son bailliage.  Cette citadelle bien fortifiée a changé souvent de propriétaires. Pour faire court, la ville fut cédée par Charles IV, duc de Lorraine, au roi de France Louis XIII en 1641, et son successeur Louis XIV la donna au Prince de Condé en 1648. Ses fortifications furent finalement démantelées en 1673. Et donc : plus de château, plus de tour-fanal sur le terrain !
   Le blason que La Planche nous propose est lui complètement différent : "Parti d'azur et de gueules, au demi-vol d'argent brochant" et son origine est assez obscure. Constant Lapaix, dans la première
édition de son Armorial des villes de Lorraine (1868) le mentionne. Il prétend que "ce blason est celui qui se trouve représenté sur l'écusson que porte le député de Jametz à l'entrée d'Henri II, en 1608". Et il rajoute qu'il ne faut pas confondre ces armoiries, "assez insignifiantes en elles-mêmes", avec celles des anciens seigneurs de Jametz, qui portaient : "D'azur, à trois fasces d'argent, au franc quartier de gueules". source documentaire : Armorial des villes, bourgs et villages de la Lorraine, du Barrois et des Trois-Évêchés par Constant Lapaix (1877) - BNF Paris


Montmédy (Meuse)

   Les anciennes armoiries de Montmédy, données par Stemer (dans son "Traité du Département de Metz", 1756), étaient : "Parti de Los et de Chiny : au premier burelé de gueules et d'argent de dix pièces ; au second d'azur semé de croisettes d'or, aux deux truites adossées d'argent, mises en pal et brochant sur le semé; l'écu surmonté d'une tour d'or ". Elle sont reproduites → ICI.  Ces armoiries sont encore représentées de la même façon sur un sceau qui existe au musée de Verdun. En effet Montmédy, anciennement: Mons Medius, était autrefois la capitale du comté de Chiny et les historiens prétendent que ce fut Arnould III, comte de Los et Chiny, qui édifia le château. Elle passa par la suite sous la domination des ducs de Luxembourg. Assiégée en 1657 par Vauban, sous les yeux du jeune roi Louis XIV en personne, Montmédy dut se rendre et devint française en 1659 par le traité des Pyrénées. Le roi de France lui donna alors les armes actuelles et la fit fortifier par Vauban. C'est ainsi que Charles d'Hozier les enregistre dans son Armorial Général de France (1696) : "D'azur, à une ville d'or bâtie sur une montagne de sinople, chargée en pointe d'un écusson d'or, couronné de même et surchargé d'un lion de sable". source documentaire : Armorial des villes, bourgs et villages de la Lorraine, du Barrois et des Trois-Évêchés par Constant Lapaix (1877) - BNF Paris

 


[_)-(_]



D'autres villes ou lieux sont juste décrits par le texte :

• Pour le bailliage de Toul,  sans blason ni mention s'y rapportant :
 Pagney ( Pagny-sur-Meuse).

• Pour le bailliage de Verdun,
 - avec un contour de blason vide, sans description, comme celui de Montmédy:
Clermont (-en-Argonne), Stenay, Dun (-sur-Meuse), Damvillers, Marville, Varennes (-en-Argonne).

  # cependant, quelques années plus tard, deux villes (en gras, ci-dessus), ont été enregistrées et blasonnées dans l'Armorial Général de France.  Ces blasons sont pour le premier, une invention de Charles d'Hozier, remplacée plus tard par un blason parti de Luxembourg et de Clermont, et le second, presque identique dans version moderne avec un parti de Luxembourg et de Barrois :

 

Damvillers (Meuse)


Marville (Meuse)

 

# enfin, pour aller plus loin avec l'Armorial Général de France, on peut encore rajouter cette dernière ville qui, malgré son enclavement en duché de Lorraine, entre Nancy et Pont-à-Mousson, appartenait au domaine de l'évêque de Verdun et donc dépendait du bailliage éponyme. Hélas son blason est aussi et encore une invention de Charles d'Hozier !
Dieulouard

 

Dieulouard
(Meurthe -et- Moselle)

 

A bientôt pour une nouvelle série ...→ ICI

 

Crédits :

les blasons "modernes" sont empruntés  à : armorialdefrance.fr/  ou :
- gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97841009


les extraits des manuscrits proviennent de :
- Bibliothèque et Archives du Musée du Château de Chantilly :
   . www.bibliotheque-conde.fr/ressources-en-ligne/
- Bibliothèque nationale de France à Paris : 
   . gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k111469d/f1.item
   . gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k111464h/f2.item

   

  

             Herald Dick  

.

mercredi 16 mars 2022

Top 10 des plus grandes villes de Moldavie avec leurs blasons

 Voici un nouveau volet à cette série consacrée à la découverte de l’héraldique civique, à travers divers pays du Monde. Le principe du "Top xx" très répandu dans les médias et sur Internet, pour recenser ce qui est le plus remarquable dans un domaine particulier est ici adapté à cette thématique. Il nous permettra de découvrir ou réviser la géographie d'un pays choisi de manière aléatoire et dans le même temps de s'intéresser à sa diversité en matière de blasons et emblèmes municipaux.

   Depuis le 24 février 2022, tous les regards sont dirigés vers l'Ukraine (je l'avais un peu anticipé lors de mes vœux du 1er janvier, rappelez-vous → ICI) qui subit une abominable guerre d'invasion, injustifiée et inégale en moyens, déclarée unilatéralement par une Russie et son tyran qui veulent sans doute restaurer les frontières de la Russie impériale. Il y a peu d'espoir que la situation n'aboutisse à autre chose qu'une Ukraine réduite à un petit territoire tampon, voisin de l'U.E. et sans plus aucun accès à la Mer Noire.
   Mais un autre petit pays, un peu désuni et vulnérable, risque lui aussi de faire les frais de cette folie expansionniste russe, en raison de sa ligne de frontières instable et une partie de sa population séparatiste pro-russe, voire pro-soviétique:  la Transnistrie, que le régime russe voudra annexer à sa fédération. Alors, redoutant que la catastrophe n'arrive, tôt ou tard, je vous présente les villes de ce petit pays, avant sa dislocation inéluctable (mais j'espère me tromper !) : c'est la Moldavie.

   La carte ci-dessus montre clairement la situation géopolitique de ce pays, insérée entre la Roumanie (membre de l'U.E et de l'OTAN) dont elle fut historiquement une province et parlant la même langue, et l'Ukraine, actuellement en cours d'invasion par la Russie. La petite bande orange, coincée entre le fleuve Dniestr et la frontière ukrainienne, c'est la Transnistrie, zone auto-proclamée indépendante depuis 1992, avec sa population séparatiste, nostalgique de l'Union soviétique et qui est totalement acquise au régime politique de la Russie, et ce même si on y parle très peu la langue russe, mais plutôt l'ukrainien (voir → ICI).

   Voici donc les 10 plus grandes villes en terme de population (chiffres : 2015 ou 2017). J'ai choisi de colorer en orange les noms en moldave cyrillique et leurs équivalents latinisés, pour différencier les villes de Transnistrie, qui continue d'utiliser cette alphabet datant de l'ère soviétique :


1 - CHIŞINĂU 

- ancien nom russe : Kishinev / Кишинёв
  capitale de la République de Moldavie, ancienne capitale de la province (gouvernorat) de Bessarabie (Empire de Russie: 1812–1917), de la province de Basarabia (royaume de Roumanie: 1918-1944), puis de la République socialiste soviétique moldave (Union soviétique: 1944–1991), actuelle capitale de la région Centre ou de Moyenne-Moldavie (Regiunea Centru)  -  635 990 habitants
 
ancienneté des armoiries : 1930 (R.R), supprimées en 1940/41 et 1944.
restauration avec modernisation de l'emblème actuel : 1991
 
  R.R. = Royaume de Roumanie (période d'Entre Deux Guerres)
 

 2 - TIRASPOL  /  Тираспол

  ville principale de la région de Transnistrie ou Région autonome de la rive gauche du Dniestr (Unitatea teritorială autonomă din stînga Nistrului) - 157 000 habitants  
suite à la guerre civile appelée: "Guerre du Dniestr" (1992), actuelle capitale de l'état pro-russe et auto-proclamé indépendant de la République moldave de Transnistrie (Pridnestrovskaya Moldavskaya Respublika ou P.M.R en russe latinisé) ou plus simplement: la Transnistrie.
 
ancienneté des armoiries (E.R): 1847, abrogées en 1918.
restauration de l'emblème actuel : 28 septembre 2018
 
 E.R. = Empire de Russie 



3 - BĂLȚI 

- ancien nom russe : Bel'tsy  /  Бельцы  
capitale de la région Nord ou Haute-Moldavie (Regiunea Nord ) - 125 000 habitants
 
adoption des armoiries actuelles: 2006
 

4 - BENDER  /  Бендер

- autre nom en roumain de Moldavie : Tighina  
capitale (théorique) de la région Sud ou Basse-Moldavie (Regiunea Sud) - 110 175 habitants.
  suite à la guerre civile appelée: "Guerre du Dniestr" (1992), ville rattachée à l'état auto-proclamé indépendant de Transnistrie, en dépit de sa position géographique sur la rive droite du Dniestr.
 
ancienneté des armoiries (E.R): 1826, abrogées en 1918.
 restauration de l'emblème actuel : 25 septembre 2003
 

5 - RYBNITSA  /  Рыбница

- autre nom en roumain de Moldavie : Rîbnița 
  ville de la région de Transnistrie ou Région autonome de la rive gauche du Dniestr (Unitatea teritorială autonomă din stînga Nistrului) - 55 455 habitants  
  suite à la guerre civile appelée: "Guerre du Dniestr" (1992), ville de l'état auto-proclamé indépendant de Transnistrie.
 
adoption des armoiries actuelles: 2003
 

6 - CAHUL 

- ancien nom russe : Kahul  /  Кахул
ville principale de la région Sud ou Basse-Moldavie (Regiunea Sud) - 34 500 habitants
 
origine et ancienneté de l'emblème : U.R.S.S. ; 1985,
mais avec le nom écrit en cyrillique: Кахул , une rouge
dans le coin supérieur gauche et des couleurs différentes (voir plus bas).


7 - UNGHENI 

- ancien nom russe : Ungeny  /  Унгены
ville de la région Centre ou Moyenne-Moldavie (Regiunea Centru - 34 420 habitants
 
 adoption des armoiries actuelles: 2000
 

8 - SOROCA

- ancien nom russe : Soroki  /  Сороки
ville de la région Nord ou Haute-Moldavie (Regiunea Nord) - 27 420 habitants
 
ancienneté des armoiries : 1930 (R.R), supprimées en 1940/41 et 1944.
restauration  (et maintien !) de l'emblème actuel : 1999 ,
en dépit du rejet et des rappels de la Commission d'Héraldique nationale ( voir ce document -en roumain- → ICI)
concernant divers aspects et l'historique du blason, mais surtout de l'éthique avec le caractère discriminatoire, insultant
et atroce... de la figure du second quartier : une tête de guerrier Tartare empalée sur une lance .
 
  R.R. = Royaume de Roumanie (période d'Entre Deux Guerres)
 

9 - ORHEI

- ancien nom russe : Orgeev  /  Оргеев
ville de la région Centre ou Moyenne-Moldavie (Regiunea Centru) - 24 920 habitants
 
 adoption des armoiries actuelles: 1997
 

10 - DUBOSSARY  /  Дубоссары

- autre nom en roumain de Moldavie : Dubăsari
  ville de la région de Transnistrie ou Région autonome de la rive gauche du Dniestr (Unitatea teritorială autonomă din stînga Nistrului) - 23 250 habitants  
  suite à la guerre civile appelée: "Guerre du Dniestr" (1992), ville de l'état auto-proclamé indépendant de Transnistrie.
 
 adoption de l'emblème actuel : 2005 (?)
 

•  La Moldavie moderne est donc un état indépendant depuis 1991 constitué après l'effondrement du bloc soviétique. Mais à l'instar d'autres anciennes républiques soviétiques (Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan, Tchétchénie), elle va subir immédiatement certains conflits avec ses minorités ethniques ou territoriales. Pour la Moldavie il eut l'affaire de la Gagaouzie et une guerre avec la
Transnistrie qui voulaient rester dans le giron post-soviétique et surtout éviter un rattachement à la Roumanie, que certains dirigeants moldaves souhaitaient réaliser. Pour le maintien de la paix, le pays est resté dans cet état très instable, sous la menace ou avec la complicité de la Russie, selon les parties, jusqu'à aujourd'hui.
  Ceci explique peut-être en partie le manque d'homogénéité des emblèmes municipaux et ce malgré l'arbitrage et le conseil avisé mis à disposition par la Commission héraldique nationale (voir lien → ICI), qui n'est pas toujours écoutée. Nous avons ainsi pêle-mêle des armoiries de tradition ancienne ou moderne, certaines très réussies, mélangées avec des emblèmes de type post-soviétique ou des logos.
 
 On peut schématiquement scinder les références historiques des emblèmes en cinq périodes historiques: 
  1. anciennes armoiries de Tiraspol (1847)
    Armorial  de Pavel von Vinkler (1899)

       De la fin du Moyen-âge au milieu du XIXe siècle : l'ancienne Principauté de Moldavie , avec son blason à la tête (rencontre) d'aurochs repris dans les armoiries nationales (haut de page) et ville n°1 (écussons). Et au passage, rajoutons également l'ancienne Principauté de Valachie , rappelée par le symbole des aigles supports sur les mêmes armes. Les deux états réunis ont formé la Roumanie.
  2.     De 1812 à la Révolution russe de 1917 : l'Empire de Russie a conquis et annexé (déjà à cette époque !) la Bessarabie (la partie orientale de l'ex état princier de Moldavie). Les villes n°2 et 4 ont repris aujourd'hui leurs armoiries attribuées durant cette époque avec quelques légères modifications. Vous noterez au passage le curieux visage humain dessiné sur la tête du lion couché pour la ville n°4, assez unique et un peu dérangeant, mais c'est voulu. L'aigle à deux têtes de l'Empire est aussi présent.e discrètement dans un canton de l'emblème/logo de la ville n°10.  
  3.    En 1918, le traité de Brest-Litovsk signé entre les Bolcheviks de Russie et les Empires centraux met fin à la guerre à l'est. Mais la Russie perd de nombreux territoires, dont la Bessarabie qui revient à la Roumanie, jusqu'en 1944, avec la guerre mondiale suivante. Toutes les villes importantes de Moldavie (orientale) vont ainsi se voir proposer de nouvelles armoiries normalisées et "dérussifiées". Certaines sont toujours d’actualité, avec un graphisme plus moderne (villes n°1 et 8).
      
    armoiries de la période roumaine, adoptées vers 1930, des villes moldaves concernées, de gauche à droite :
    1/  Balti  - 2 / Tighina (Bender) - 3/ Cahul - 4 / Orhei  -  provenance : Archives nationales de Roumanie à Bucarest.

  4.    Durant la Seconde guerre mondiale, la Roumanie fut d'abord une alliée de l’Allemagne nazie, et malgré un changement d'alliance en cours de route, elle sera finalement envahie (une nouvelle fois !) et occupée par l'Armée rouge. En 1944, la province de Moldavie orientale est séparée de la Roumanie et devient la République socialiste soviétique moldave. Les anciens emblèmes territoriaux sont tous supprimés et ce n'est qu'à partir de la fin des années '1960 que des logos de facture typiquement soviétique vont faire leur apparition.
       
    emblèmes soviétiques de quelques villes de la R.S.S de Moldavie, de gauche à droite :
    1/ Kishinev (Chisinau)   -   2 / Tiraspol    -     3 / Bender   -    4/ Cahul 

  5.    Depuis 1991, la Moldavie est un état indépendant, avec les problèmes géopolitiques que nous avons évoqué. Une refonte progressive des emblèmes territoriaux se met alors en place et est toujours en cours, en fonction des aspirations politiques des dirigeants en place. Ce sont les images de notre Top 10. Comme je l'ai mentionné plus haut, une Commission héraldique nationale (Comisia Naţională de Heraldică) est là pour tenter de réguler et faire approuver au plus haut de l'état, la création des divers emblèmes nationaux et territoriaux. Quelques belles réalisations ont émergé pour représenter les villes n°3, 5, 7 et 9.  Quelques difficultés persistent néanmoins par ailleurs ...
Projet d'armoiries soumis en 1999, basées sur d'anciennes propositions
datant de 1914 afin de remplacer le blason controversé de la ville de Soroca,
voir cette page -en roumain- retraçant l'historique des armoiries de la ville
et de la région de Soroca → ICI

Dernière évolution des armoiries de la capitale : Chișinău : ce rajout de supports inhabituels et spectaculaires:
Deux châteaux d'eau au naturel en pierre blanche, reposant sur un socle monumental du même matériau,
  chargé de la devise en lettres majuscules de sable: „PRIN NOI ÎNȘINE ” ( = en roumain : "A travers nous mêmes").
adoptées par le décret Nr. 1475 du 02-03-2020 de la Présidence de la République (voir → ICI)

.
📖 source infos, textes et images blasons :
- commons.wikimedia.org/wiki/Category:Coats_of_arms_of_cities_of_Moldova- ro.wikipedia.org/wiki/Stema_Republicii_Moldova
- cnh.prm.md/
- www.heraldicum.ru/moldova/index.htm
- commons.wikimedia.org/wiki/Coats_of_arms_of_interwar_cities_of_Romania


images blasons :
- passer votre souris sur les images pour lire les url des sites sur lesquels elles ont été empruntées.


Si vous désirez en savoir plus sur le pays : la Moldavie et ses emblèmes, c'est → ICI

A bientôt, pour un nouveau pays ... 


Et pour revoir le pays précédent ...  → ICI




          Herald Dick







Chisinau - Balti - Dubasari