Corse
Corsica
La Corse est la quatrième île de la Méditerranée par sa taille, derrière la Sicile, la Sardaigne et Chypre. Son insularité et son histoire lui confèrent donc une spécificité qui mérite bien un petit dossier à part comme je l'avais fait pour la Crète. L'origine du nom de la Corse et de celui de Corsica reste encore incertaine, peut être grecque mais certainement pas par son appellation de "Kyrnos", donnée par les Grecs anciens, peut-être aussi une origine arabe. Plus tard, à l'époque du Haut Moyen-Âge (en 754), l'île est confiée juridiquement à l'autorité du Pape, qui en transmettra son administration successivement à plusieurs puissances du moment : les villes-états de Pise, de Gênes (par la force), puis le roi d'Aragón et à nouveau Gênes. Les occupants génois seront "mis dehors" par l'aristocratie corse à partir de 1735 et l'île sera proclamée indépendante pendant une très courte période : un royaume sans roi véritable, malgré l'épisode de Théodore de Neuhoff, et dirigé en réalité par le général Pasquale Paoli. Les Génois vont revenir, mais fatigués par son hostilité, ils vendent la Corse à la France en 1768. Les leaders corses vont résister militairement au débarquement des français quelques mois avant d'être vaincus le 8 mai 1769. 1769, c'est l'année de naissance d'un certain Napoléon Bonaparte, corse d 'Ajaccio, qui va semer la terreur dans toute l'Europe quelque décennies plus tard. En 1790, sous la Révolution, l'île devient un département français, puis deux en 1976. Les relations compliquées entre le pouvoir centralisé de la France et les traditions et le nationalisme corse favoriseront la création successivement d'une Région de Corse, d'une Assemblée de Corse et enfin une Collectivité Territoriale de Corse avec un vrai gouvernement, allant dans le sens de l'accalmie des tensions et une autonomie élargie. Le 1er janvier 2018, les deux départements sont supprimés et remplacés par une Collectivité territoriale unique de Corse.
logo du Conseil exécutif de Corse depuis le 1/01/2018 |
logo de l’Assemblée de Corse depuis le 1/01/2018 |
- Le blason et les armoiries de la Corse sont "d’argent à la tête de Maure de sable, tortillée du champ". Les grandes armoiries qui sont parfois représentées, comme sur ce dessin de Robert Louis (ci-dessous), en y rajoutent en timbre : une couronne royale fermée d'or, et des supports : deux tritons émergeant des flots, tenant une rame (parfois une massue) dans une main et soufflant dans une conque (coquillage) tenue par l'autre main, le tout soutenu par une coquille d'or ; Cet ensemble rappelle le caractère de la Corse liée à la mer. Cette fameuse tête de "More" ou "Maure", nom d'une ethnie nord-africaine nous vient du Royaume d'Aragon quand la Corse et aussi la Sardaigne y étaient rattachées. Les occidentaux du Moyen-Âge associaient les Maures aux conquérants arabes et ennemis de foi musulmane en général, aussi appelés "sarrasins". La Corse indépendante conserva ces armoiries, dont les détails ont varié selon les époques et les illustrateurs (voir historique, plus bas). Au cours de la Consulta tenue à Corte le 24 novembre 1762, il fut décidé que l'écu à tête de More, surmontée de la couronne royale, deviendrait l'emblème de la nation. Elle est restée telle quelle jusqu'à nos jours et constitue un symbole fort de la nation corse, malgré que son origine soit étrangère (Aragon/Espagne) et que le profil qu'elle représente ne soit pas un vrai personnage corse.
armoiries dessinées par Robert Louis (1902-1965) timbrées d'une couronne royale |
- Le seul drapeau d'état officiel en Corse est celui de la France. Mais auparavant, pendant la période d'indépendance, le drapeau de la Corse, basé sur le blason décrit précédemment a été adopté par Pasquale Paoli en 1755. Il a été utilisé par le Gouvernement National de la Corse (1755–1769) et a pratiquement été interdit après 1769, lorsque la France a acquit l'île cédée par la république de Gênes en 1768. Utilisé de manière revendicative par les nationalistes et les groupes indépendantistes, il a été ré-adopté en 1980 en tant que drapeau régional.
écusson de Gendarmerie région Corse monnaie euro des régions 2010 europlaques automobiles 2A = Corse du Sud / 2B = Haute-Corse |
Chef de l'état | président Emmanuel Macron | |
Capitale administrative | Ajaccio | |
Chefs-lieux de départements | Ajaccio, Bastia | |
Superficie | Totale | 8 778 km² |
Terre | 8 680 km² | |
Eau | 98 km² | |
Pays frontaliers | - | |
Nombre d'îles | 1 +127 ilots | |
Littoral | 1 000 km | |
Extrêmes Point le plus haut : | Monte Cinto : 2 706 m. | |
Point le plus bas : | côtes Mer Méditerranée : 0 m. | |
Population | 322 120 habitants | |
Gentilé | Corse | |
Langues usuelles | français (officielle), corse (régionale) | |
Monnaie | Euro (EUR) | |
Indicatif téléphonique | 33.- | |
Extension internet | .fr | |
Fêtes nationales | - 14/07 - fête nationale de la France - 08/12 - Festa Di A Nazione Corsa (Fête de la Nation Corse), depuis 1735 | |
Devise nationale | Liberté, égalité, fraternité. | |
Statut . . | La Corse est une collectivité territoriale unique (CTC) correspondant au territoire de la Corse en fusionnant deux départements de Haute-Corse et de Corse-du-Sud. Depuis la loi du 13 mai 1991, elle disposait déjà d'un statut particulier au sein de la République française qui lui confère davantage de pouvoir que les régions métropolitaines. La collectivité territoriale de Corse comprend depuis 2015 trois institutions : - le Conseil exécutif de Corse, qui est un véritable Gouvernement exécutif (dirigé actuellement par Gilles Simeoni) - l'Assemblée de Corse (présidée actuellement par Jean-Guy Talamoni) - et le Conseil économique, social et culturel de Corse, organe consultatif |
Le 30 janvier 1735 lors de la Cunsulta d’Orezza, les Corses créèrent une constitution démocratique et placèrent la Corse sous la protection de l'Immaculée Conception de la Vierge Marie . Le 8 décembre, qui est le jour de la fête de l'Immaculée Conception est déclarée « Fête de la Nation », en hommage à celle qui assure désormais la protection de la Corse: la Vierge Marie. De nos jours, cette date est toujours aussi importante pour les corses, nationalistes ou pas, justes fiers de leur langue, de leur identité culturelle et de leurs traditions.
"La fête de l’Immaculée Conception coïncide ainsi avec la fête de la Nation pour signifier entre autre, que nul n’a le droit de s’approprier la mémoire commune et les gestes patriotiques qui ont institué le respect et la liberté. Gardiennes du passé, la figure de Marie et le visage de la Nation se sont mariés dans notre hymne national, le « Dio vi salvi regina », pour offrir un espoir à ceux dont l’avenir est menacé" (citation).
quelques autres emblèmes historiques
fragment d'une carte signée par Ioannem Iansonium, 1640 |
détail des armoiries de la carte ci-dessus , les supports : "giganti marini" (géants marins) sont armés de massues |
fragment d'une carte signée Covens & Mortier (Amsterdam, XVIIIe siècle), ci-dessous en entier on notera le blason parti, avec à dextre trois maillons de chaîne coupés et une belle médaille suspendue. Il s'agit d'une modification du blason apportée à l'époque de Théodore Ier , un roi éphémère de Corse (règne 1736-1738), un aventurier venu d'Allemagne et porté par les chefs corses en rébellion contre le pouvoir de Gênes. La décoration appendue est la médaille de l'ordre de la Délivrance , un ordre de chevalerie créé par Théodore de Neuhoff et dont il gratifia un bon nombre (400 ?) de notables et de chefs rebelles de Corse en remerciement pour leur soutien. source info : M. Gérard PAGANELLI, (voir commentaires plus bas). |
drapeau original de la Corse indépendante, élaboré par Pasquale Paoli : celui de la République corse (1755-1769) Drapeau flottant sur Ponte Novo lors de la bataille de mai 1769 (musée d'Ethnographie Corse de Bastia) |
timbre commémoratif du bicentenaire du "rattachement" de la Corse à la France, en 1768 mettant fin à la courte indépendance de l'île - portrait du roi Louis XV |
Nouvelles armoiries du Royaume de Corse, appelé également Royaume anglo-corse (1794/1796) témoignage de la troisième et dernière période d'indépendance réelle ou relative de la Corse après celles de 1736-1740 et 1755-1769 - C'était un nouvel essai d'état fondé par Pasquale Poali dans une alliance politique (intéressée) avec l'Angleterre durant l'époque troublée de la Révolution française la plus dure : la Terreur. Un temps attiré par les idées de la Révolution pour laquelle le leader corse était devenu un héros de la liberté et de démocratie, Paoli s'en est ensuite détourné à cause des exactions de la Terreur et est retourné à son projet de Corse indépendante avec le soutien qu'il trouva auprès des anglais, ennemis de la France et surtout de la Révolution, sous la forme d'un dominion, mais sans succès, voir : ICI . Le dirigeant nommé était vice-roi : sir Gilbert Elliot , un homme politique écossais. -o- Ce document est une peinture à l'huile sur bois conservée au Musée municipal de Bastia. Ce panneau était vraisemblablement l'insigne des bureaux des affaires maritimes, situées alors sur le Vieux Port de Bastia. Symbole de la souveraineté anglo-corse, ces armoiries regroupent les armes du Royaume Uni et celles de la Corse sur deux deux écus ovales accolés. La devise "Amici non di ventura", est extraite de la Divine Comédie (Enfer) de Dante. |
gravures diverses : fin du XIXe siècle à gauche, et à droite : de la main de Arthur-Charles Fox-Davies (1915) notez l'absence de bandeau : très curieux. |
vignette de collection - albums Abadie (Autriche -1928-1933) |
carte maximum philatélique avec le timbre, cachet de 1947 |
Carte postale de la maison Barre & Dayez ( années '40/50) |
ancien logo de la Collectivité Territoriale de Corse: années 2011/2017 |
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Vous l'aurez peut-être remarqué : mis à part le tout premier blason, mais c'était il y a très longtemps, l'aspect de la tête d'africain (la tête de Maure, donc) était en général harmonieux, esthétique et de fait respectueux envers les peuples d'Afrique. Il n'en a pas été toujours ainsi, quand les Européens pensaient (certains encore) représenter la race supérieure et que le politiquement correct n'était même pas envisagé ! Et même encore récemment, certains graphistes n'ont pas été très bien inspirés ... mais c'est un avis personnel...
Passons vite aux "inventions" : couleurs fantaisistes, erronées, adjonction d'éléments , etc...
Et pour finir, les adaptations nationalistes , il y en a des centaines ! et certaines sont très belles...
Très intéressant. J'ai bien aimé cet article.
RépondreSupprimerMerci !!
SupprimerTrès bon article, comme d'habitude. Mais SVP, attention aux "malgré que"
RépondreSupprimerMerci , bien que vous ayez raison , j'ai beaucoup de tics de langage !
RépondreSupprimerje m'en excuse... Pour cela je privilégie l'image quoique le texte soit important aussi !
;-D
Bonjour
RépondreSupprimerJe compte faire une notice sur le blason/drapeau corse.
M'autorisez-vous à reprendre certaines de vos illustrations (notamment le blason tiré de l'armorial de Gelre ,)
C'est à ma connaissance la plus vieille représentation du blason , alors que beaucoup d'auteurs citent un livre de 1572 comme première mention du blason !
Bien entendu je mentionnerai votre site et votre priorité dans cette "découverte"
Vous posez une question sur un des blasons représentant accolé à la tête de More une chapine et avec une décoration sous le blason: il s'agit de la modification apportée aux armes de corse (ou peut être les armes personnelles de celui-ci) par l'éphémère roi Théodore, cet aventurier allemand élu roi par les chefs rebelles insurgés contre Gênes, vers 1739 (de mémoire) qui ne régna que 6 mois avant d'être abandonné par ses sujets et qui mourut dans la misère à Londres sans avoir renoncé à son titre (ou plutôt y ayant renoncé pour sortir de la prison pour dettes, car il aurait offert en garantie à ses créanciers son titre royal !)
La décoration sous le blason est l'ordre de la délivrance créé par Théodore, ordre de chevalerie dont il gratifia une centaine (?) de notables dont le père de Pascal Paoli, Hyacinthe, un des chefs rebelles.
Bien cordialement
Gérard PAGANELLI
il faut toujours se relire !
RépondreSupprimer"une chapine" évidemment lire : une chaîne" (brisée pour signifier la liberté, l'indépendance)
Bonjour ,
SupprimerJe suis très honoré que mon modeste blog puisse servir de référence iconographique, bien sûr, c'est avec plaisir. Mais ne mentionnez pas que je suis le découvreur de l’antériorité sur l'armorial de Gelre ! c'est très flatteur, je vous en remercie, mais inexact, car bien sûr d'autres que moi et bien avant moi depuis le XIVe siècle, ont fait cette "découverte", y compris sur Internet.
Par ailleurs je vous remercie sincèrement pour la précision sur la période de l' aventurier Théodore de Neuhoff le seul roi de Corse, avec les informations que j'ai pu corroborer avec d'autre infos parcellaires : je vais mettre ma légende d'image à jour, et alors là c'est moi qui vous citerai à cette occasion.
Bien à vous
HD
Je vous remercie pour votre obligeance.
RépondreSupprimerL'armorial de Gelre est certes connu depuis le XIVème siècle, mais jusqu'à présent je n'ai rencontré aucun auteur corse (mais je n'ai pas tout lu !) qui s"y soit référé pour dater la première représentation du blason corse (avec une particularité curieuse, sur l'armorial de Gelre le champ du blason est d'or et non d'argent).
Il est vrai que je parle d'auteurs antérieurs à internet comme l'étude classique de Ceccaldi et Berthelot dans leur ouvrage de 1939 "Les cartes de corse de Ptolémée au XIXème siècle" ou même une étude de 1990 dans la revue Etudes corses. qui citent tous un ouvrage italien de 1573 comme première illustration du blason corse (livre sur toutes les possessions réelles ou prétendues du roi d'Espagne Philippe II publié à Bologne par Mainardi Galerati).
J'avais trouvé une référence antérieure à 1573 mais non illustrée (et pour cause puisque l'oeuvre initiale a été détruite si je me souviens bien) dans un ouvrage assez connu sur l'héraldique du roi René (de C. de Mérindol) qui cite le plafond (disparu) d'une maison du roi René (vers 1470) en Provence, avec les blasons de tous les territoires auxquels prétendait le roi René, dont la Sardaigne et la Corse (prétentions émises au titre de la succession de sa mère Yolande d'Aragon - les possessions ou prétentions des rois d'Aragon devenant ensuite celles des rois d'Espagne).
Comme pour la Sardaigne, il semble que le blason a été connu à l'extérieur du territoire bien avant d'être utilisé sur le territoire lui-même (pour la Sardaigne la première utilisation in situ du blason aux 4 têtes de Mores est justement des années 1570 selon un site sarde qui reproduit cette première illustration- et pour la Corse ...mystère !
Je vous indiquerai lorsque je mettrai ma (modeste!) étude en ligne.
Avec encore tous mes remerciements.
GP
Très bel article qui, à travers son blason nous rappel l'histoire de la Corse!
RépondreSupprimerIl est intéressant de noté les différence entre les styles et les époques. Mais également l'image que pouvais avoir les différent acteurs de l'histoire sur la signification d'un drapeau, d'un blason ou d'une armorie.
Merci beaucoup de permettre à un grand nombre de connaitre un peu mieux l'histoire de mon pays! D'ailleurs petite anecdote (qui est difficilement vérifiable) mais la Corse serait en réalité toujours sous la "protection et la propriété" du Pape lui même! En effet lors de la vente par Gênes au Français, les Génois n'avait pas obtenue légalement la propriété de la Corse mais simplement la "gérance" par le Pape, et aucun document officiel avec celui-ci n'a été signé puisque de toute façon le roi de France a pris la Corse par les armes et le sang...
Encore bravo pour ce travail!
Cordialement,
Ghjuan-Carlu
Merci beaucoup, le compliment me touche beaucoup.
SupprimerL'anecdote que vous citez pose en effet la même question pour les tous les territoires acquis par la force armée d'une puissance, quelle qu'elle soit, pendant que la communauté internationale laisse faire. C'est toujours d'actualité...
HD