S uite de la visite d'un des plus anciens manuscrits répertoriant des armoiries de villes et de villages de France, dessinées à la plume et peintes à l'aquarelle, antérieur de trois décennies à l'Armorial Général de France de Charles d'Hozier ! Voir la description initiale : → ◙
Nous poursuivons avec la découverte du Gouvernement Général de Guyenne. Nous l'avons abordé les dernières fois, il est composé de nombreux anciens duchés ou comtés rattachés les uns après les autres au royaume de France, le tout dernier étant le Béarn, acquis en 1620 par un Édit de Louis XIII. Ces entités administratives du royaume sont découpées en généralités et en sénéchaussées (pour le sud du pays). Nous allons découvrir la huitième de ces sénéchaussées : l'ancienne province de Saintonge. Il apparait donc qu'en 1669, la Saintonge était rattachée administrativement et militairement au Gouvernement de Guyenne. Ce découpage du royaume de France en 12 Gouvernements était sur le point d'être réformé (déjà à l'époque!) par la scission, la création et le regroupement de nouvelles entités : militaires : Saintonge + Angoumois (Gouvernement) ou fiscales : Saintonge + Aunis (Généralité de La Rochelle, qui deviendra globalement le futur département de la Charente-Maritime).
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Voici l'extrait d'une carte datant de la fin du XVIIIe s. , donc postérieure d'un siècle, mais sur laquelle j'ai reconstitué les limites administratives de notre région :
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Le curieux pont fortifié du blason de Saintes a la particularité de n'aboutir nulle part ! en tout cas pas sur l'autre rive de la Charente qui est sensée être la rivière traversée. Naturellement, ce n'est pas le cas dans la réalité, et le texte ci-dessus décrit ce fameux édifice, avec tous les détails. Le vieux pont médiéval a été démoli au XIXe siècle. On a juste sauvegardé l'arc romain nommé "Arc de Germanicus" qui était placé sur le pont vers l'est ( "la grosse tour quarrée" du texte, et figurée aussi sur le blason moderne) et qui a été déplacé non loin sur la berge. Cet arc-porte romain était encore au début du Moyen-âge situé a l'entrée du pont fortifié. Mais le lit de la Charente s'était considérablement élargi et il a fallu le rallonger. De fait, notre arc qui n'a pas bougé de place, s'est retrouvé sur le pont, presque au tiers de sa longueur.
source textuelle : http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Saintes/Saintes-Musee-archeologique.html.
et http://mediolanum-santonum.fr/les-remparts-de-le-civitas.html
La légende raconte qu'un moine, Félix, et son compagnon reçurent en songe l'ordre de se rendre à Alexandrie, d'y prendre la tête (on dit "le chef") de Saint-Jean le Baptiste et de s'embarquer sur un petit bateau. Miraculeusement, le périple réussit et Félix aborda à Angoulins (au sud de La Rochelle) en 817 où le roi Pépin, qui était parti chasser des envahisseurs venus de la Mer, fut averti en songe de l'arrivée de la précieuse relique. Pépin la reçut avec ferveur et, nouveau miracle, les guerriers francs morts au combat ressuscitent. Le Chef du Saint fut alors apportée à Angeriacum, où un monastère fut fondé quelques années après. Au cours d'un pillage effectué par les Vikings, au IXe s., la relique disparait. Puis elle réapparait miraculeusement en 1010 ! La relique sera cependant à nouveau perdue à l'occasion des Guerres de Religion de la fin du XVIe siècle et des pillages de l'Abbaye. Saint-Jean-d'Angély était une place forte de la Réforme protestante. Aujourd'hui encore la question de savoir si la relique de Saint-Jean d'Angély était bien authentique, demeure, car d'autres villes (Cathédrale d'Amiens, Grande Mosquée des Omeyyades de Damas...) lui en dispute le privilège. Mais il en est de même pour de nombreuses et supposées reliques à travers le monde.
source textuelle : http://www.saintonge.online.fr/
En relation avec cette fameuse légende, le blason porte sur un écu d'azur semé de fleur de lis d'or, le chef du Saint d'argent sur une coupe d'or, placé dans un franc-canton de gueules. Il apparait déjà comme tel lors de la restauration des armoiries de la ville accordée par lettre patente en 1820 (source : Archives Nationales - Paris ). Mais au temps de La Planche : pas encore de franc-canton.
Le blason attribué à la ville de Pons par l'auteur du manuscrit, et qui persiste encore à tort de nos jours dans de nombreuses publications est en réalité celui des "Sires de Pons". Ces puissants seigneurs féodaux d'origine saintongeaise étaient tantôt alliés des rois de France, tantôt des rois d'Angleterre, selon le cours des guerres, et la conquête ou la perte des territoires entre les deux parties. Dans la dynastie des Pons, figurent beaucoup de "Renaud de Pons", leurs fiefs s'étendaient jusqu'en Guyenne et aux confins du Limousin ou de l'Auvergne.
Durant le Ier Empire, la ville de Pons s'est vue attribuer en 1812, ce joli blason avec armes parlantes, au titre des villes de Seconde Classe de l'Empire. Elle fait aujourd'hui partie des rares villes qui ont conservé ce blason napoléonien, avec son canton senestre de gueules et la caractéristique initiale N, surmontée d'une étoile rayonnante.
(source : Archives Nationales - Paris ).
Là encore, nous avons un blason d'origine seigneuriale. La châtellenie de Barbezieux passa toutefois aux mains des La Rochefoucauld à la fin du XIVe siècle par les mariages et transferts de biens.
Cette fois encore cette partie du manuscrit comporte un certain nombre d'écus vides sans qu'on sache si le Père de La Planche n'a pas eu le temps d'achever son œuvre ou s'il attendait une information qu'il n'a pas obtenue.
Le blason de Royan comporte deux quartiers rappelant le nom des familles célèbres : en premier les Coëtivy ("fascé d'or et de sable"), maison d'origine bretonne, qui furent au XVe siècle les Seigneurs de Royan. En 1501 la seigneurie de Royan passa, par mariage, de la maison de Coëtivy à celle des La Trémoïlle, et fut érigée en marquisat (1592). C'est donc cette illustre famille d'origine poitevine de La Trémoille qui est figurée par le deuxième quartier ("d’or au chevron de gueules accompagné de trois aiglettes d’azur becquées et membrées de gueules"). Le vaisseau d'or en pointe rappelle le caractère maritime de la ville.
source textuelle : http://www.ville-royan.fr
- avec un contour de blason vide (comme Royan, ci-dessus), sans description : Brouage.
- sans blason ni mention s'y rapportant : Talmont, Coutras (Dépt de la Gironde), Cosnac (château à Saint-Thomas-de-Conac), Tonnay-Charente, Tonnay-Boutonne, Soubise, Taillebourg, Marennes, Île d'Oléron, le Château-d'Oléron, Dolus, Saint-Denis-d'Oléron.
Nous poursuivons avec la découverte du Gouvernement Général de Guyenne. Nous l'avons abordé les dernières fois, il est composé de nombreux anciens duchés ou comtés rattachés les uns après les autres au royaume de France, le tout dernier étant le Béarn, acquis en 1620 par un Édit de Louis XIII. Ces entités administratives du royaume sont découpées en généralités et en sénéchaussées (pour le sud du pays). Nous allons découvrir la huitième de ces sénéchaussées : l'ancienne province de Saintonge. Il apparait donc qu'en 1669, la Saintonge était rattachée administrativement et militairement au Gouvernement de Guyenne. Ce découpage du royaume de France en 12 Gouvernements était sur le point d'être réformé (déjà à l'époque!) par la scission, la création et le regroupement de nouvelles entités : militaires : Saintonge + Angoumois (Gouvernement) ou fiscales : Saintonge + Aunis (Généralité de La Rochelle, qui deviendra globalement le futur département de la Charente-Maritime).
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Armorial Général de France - volume XXXI - Généralité de La Rochelle - page 339 ( BNF Paris) |
Voici l'extrait d'une carte datant de la fin du XVIIIe s. , donc postérieure d'un siècle, mais sur laquelle j'ai reconstitué les limites administratives de notre région :
Vous pouvez cliquer sur toutes les images pour les agrandir
Les fragments de manuscrits proviennent toujours du Volume II :
Saintes (Charente-Maritime) |
Le curieux pont fortifié du blason de Saintes a la particularité de n'aboutir nulle part ! en tout cas pas sur l'autre rive de la Charente qui est sensée être la rivière traversée. Naturellement, ce n'est pas le cas dans la réalité, et le texte ci-dessus décrit ce fameux édifice, avec tous les détails. Le vieux pont médiéval a été démoli au XIXe siècle. On a juste sauvegardé l'arc romain nommé "Arc de Germanicus" qui était placé sur le pont vers l'est ( "la grosse tour quarrée" du texte, et figurée aussi sur le blason moderne) et qui a été déplacé non loin sur la berge. Cet arc-porte romain était encore au début du Moyen-âge situé a l'entrée du pont fortifié. Mais le lit de la Charente s'était considérablement élargi et il a fallu le rallonger. De fait, notre arc qui n'a pas bougé de place, s'est retrouvé sur le pont, presque au tiers de sa longueur.
source textuelle : http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Saintes/Saintes-Musee-archeologique.html.
et http://mediolanum-santonum.fr/les-remparts-de-le-civitas.html
Saint - Jean - d'Angély (Charente-Maritime) |
La légende raconte qu'un moine, Félix, et son compagnon reçurent en songe l'ordre de se rendre à Alexandrie, d'y prendre la tête (on dit "le chef") de Saint-Jean le Baptiste et de s'embarquer sur un petit bateau. Miraculeusement, le périple réussit et Félix aborda à Angoulins (au sud de La Rochelle) en 817 où le roi Pépin, qui était parti chasser des envahisseurs venus de la Mer, fut averti en songe de l'arrivée de la précieuse relique. Pépin la reçut avec ferveur et, nouveau miracle, les guerriers francs morts au combat ressuscitent. Le Chef du Saint fut alors apportée à Angeriacum, où un monastère fut fondé quelques années après. Au cours d'un pillage effectué par les Vikings, au IXe s., la relique disparait. Puis elle réapparait miraculeusement en 1010 ! La relique sera cependant à nouveau perdue à l'occasion des Guerres de Religion de la fin du XVIe siècle et des pillages de l'Abbaye. Saint-Jean-d'Angély était une place forte de la Réforme protestante. Aujourd'hui encore la question de savoir si la relique de Saint-Jean d'Angély était bien authentique, demeure, car d'autres villes (Cathédrale d'Amiens, Grande Mosquée des Omeyyades de Damas...) lui en dispute le privilège. Mais il en est de même pour de nombreuses et supposées reliques à travers le monde.
source textuelle : http://www.saintonge.online.fr/
En relation avec cette fameuse légende, le blason porte sur un écu d'azur semé de fleur de lis d'or, le chef du Saint d'argent sur une coupe d'or, placé dans un franc-canton de gueules. Il apparait déjà comme tel lors de la restauration des armoiries de la ville accordée par lettre patente en 1820 (source : Archives Nationales - Paris ). Mais au temps de La Planche : pas encore de franc-canton.
Pons (Charente-Maritime) |
Le blason attribué à la ville de Pons par l'auteur du manuscrit, et qui persiste encore à tort de nos jours dans de nombreuses publications est en réalité celui des "Sires de Pons". Ces puissants seigneurs féodaux d'origine saintongeaise étaient tantôt alliés des rois de France, tantôt des rois d'Angleterre, selon le cours des guerres, et la conquête ou la perte des territoires entre les deux parties. Dans la dynastie des Pons, figurent beaucoup de "Renaud de Pons", leurs fiefs s'étendaient jusqu'en Guyenne et aux confins du Limousin ou de l'Auvergne.
Durant le Ier Empire, la ville de Pons s'est vue attribuer en 1812, ce joli blason avec armes parlantes, au titre des villes de Seconde Classe de l'Empire. Elle fait aujourd'hui partie des rares villes qui ont conservé ce blason napoléonien, avec son canton senestre de gueules et la caractéristique initiale N, surmontée d'une étoile rayonnante.
(source : Archives Nationales - Paris ).
Barbezieux (Charente) |
Là encore, nous avons un blason d'origine seigneuriale. La châtellenie de Barbezieux passa toutefois aux mains des La Rochefoucauld à la fin du XIVe siècle par les mariages et transferts de biens.
Royan (Charente-Maritime) |
Cette fois encore cette partie du manuscrit comporte un certain nombre d'écus vides sans qu'on sache si le Père de La Planche n'a pas eu le temps d'achever son œuvre ou s'il attendait une information qu'il n'a pas obtenue.
Le blason de Royan comporte deux quartiers rappelant le nom des familles célèbres : en premier les Coëtivy ("fascé d'or et de sable"), maison d'origine bretonne, qui furent au XVe siècle les Seigneurs de Royan. En 1501 la seigneurie de Royan passa, par mariage, de la maison de Coëtivy à celle des La Trémoïlle, et fut érigée en marquisat (1592). C'est donc cette illustre famille d'origine poitevine de La Trémoille qui est figurée par le deuxième quartier ("d’or au chevron de gueules accompagné de trois aiglettes d’azur becquées et membrées de gueules"). Le vaisseau d'or en pointe rappelle le caractère maritime de la ville.
source textuelle : http://www.ville-royan.fr
D'autres lieux ou villes sont juste décrits par le texte, sans blason ni mention s'y rapportant :
- sans blason ni mention s'y rapportant : Talmont, Coutras (Dépt de la Gironde), Cosnac (château à Saint-Thomas-de-Conac), Tonnay-Charente, Tonnay-Boutonne, Soubise, Taillebourg, Marennes, Île d'Oléron, le Château-d'Oléron, Dolus, Saint-Denis-d'Oléron.
A bientôt pour une nouvelle série ... →◙
Crédits :
les blasons "modernes" sont empruntés à :
http://labanquedublason2.com/ (dessins : Jean-Paul Fernon)
http://www.armorialdefrance.fr/
Et je remercie particulièrement les personnes responsables de la Bibliothèque et des Archives du Musée du Château de Chantilly : http://www.bibliotheque-conde.fr/
http://labanquedublason2.com/ (dessins : Jean-Paul Fernon)
http://www.armorialdefrance.fr/
Et je remercie particulièrement les personnes responsables de la Bibliothèque et des Archives du Musée du Château de Chantilly : http://www.bibliotheque-conde.fr/
Herald Dick
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