ancien blason de la ville de Boulogne-sur-(la)-Mer (à l'époque dans la province de Picardie) fin du XVIe siècle - manuscrit Fr 17256 |
Voir la description initiale de notre armorial du XVIe siècle (BNF / Français 17256) et le premier volet: → ICI
Comme je le fais pour l’Armorial de La Planche, je propose à titre indicatif et comparatif, placées en dessous de chaque page, les armoiries actuelles de chaque ville mentionnée. Cela permet ainsi au lecteur de se rendre compte de l'évolution ou de la constance du blason dans le temps en un peu plus de quatre siècles.
folio 108 r. (recto) : Crécy-en-Brie / Janville-en-Beauce / Saint-Denis-en-France /
l'Abbaye de Saint-Denis / l'Abbaye de Saint-Germain-des-Prés / l'Évêché de Meaux
l'Abbaye de Saint-Denis / l'Abbaye de Saint-Germain-des-Prés / l'Évêché de Meaux
Crécy-la-Chapelle (Brie, Seine-et-Marne) |
Saint-Denis (pays de France, Seine-Saint-Denis) |
Janville (Beauce, Eure-et-Loir) |
Abbaye royale de Saint-Denis |
Évêché de Meaux |
Abbaye de Saint-Germain- des-Prés (Paris) |
• Sur ce feuillet, outre trois villes, sont présentées les armes de trois célèbres et puissants établissements religieux de l'Ile-de-France. Nous verrons d'autres cas de mixité entre armes municipales et armes de communautés ecclésiastiques plus loin, dans ce manuscrit.
• Du point de vue artistique et esthétique, pour la ville de Crécy-en-Brie ( aujourd'hui Crécy-la-Chapelle) on pourra reprocher à l'auteur de l'armorial de ne pas avoir gommé les traits disgracieux qui traversent le croissant "montant" (pointes tournées vers le haut) à l'endroit où il croise celui qui est "tourné" (pointes dirigées vers la gauche). Notre homme a eu beaucoup de mal à réaliser le motif complexe que sont ces croissants entrelacés, car il a fait une autre erreur sur le croissant contourné (pointes vers la droite) dont la branche inférieure aurait dû passer derrière l'autre croissant "tourné" ! Pour simplifier : chaque croissant doit avoir une pointe passant derrière et l'autre devant celles de son voisin...
• On notera pour la ville de Saint-Denis, le chef d'argent chargé de la devise "MONT JOIE SAINT DENIS" qui est en fait le cri de guerre de la dynastie capétienne, et en premier lieu les rois de France de Hugues Capet jusqu'à la fin du XVIe siècle, avec les derniers Valois. Ces rois et leurs épouses ont été (presque tous) inhumés dans la nécropole de la basilique de Saint-Denis.
• Voir l'évolution des blasons au siècle suivant, avec La Planche (après 1669) ou d'Hozier (après 1696):
Crécy-la-Chapelle → ICI Janville → ICI Saint-Denis, ville et abbaye → ICI
folio 108 v. (verso) : Amiens / Abbeville / Montreuil-sur-la-Mer / Saint-Dizier /
Notre-Dame-de-Liesse / Auxerre
Amiens |
Montreuil |
Abbeville |
Saint-Dizier |
Auxerre |
Liesse-Notre-Dame |
• Vous remarquerez à droite de la page, dans la pliure du livre, deux petits feuillets relevés, qui ont été insérés et collés dans la reliure. Nous allons découvrir leur fonction juste en dessous, quand ils sont rabattus.
• Le blason d'Amiens est ici représenté dans une version ancienne avec un champ de gueules diapré d'argent. Ce diapré deviendra la plante de lierre que nous connaissons aujourd'hui (voir lien, plus bas).
• Les blasons suivants présentent tous des petites différences que je vous laisse découvrir.
• le très ancien site de pèlerinage catholique de la basilique Notre-Dame-de-Liesse, près de Laon, est devenu avec le temps un bourg puis une commune sous le nom de Liesse-Notre-Dame. Les armes que nous voyons sur le manuscrit sont formées, pour les quartiers supérieurs, à partir du blason des rois Bourbons : de France et de Navarre. Or le premier en titre à accéder à la fonction suprême fut Henri IV qui régna de 1589 à 1610 suivi de son fils Louis XIII (1610-1643). Mais le lien entre ces monarques et le lieu reste à déterminer. En tout cas nous avons là un nouvel indice important pour dater le manuscrit avec une borne maximale de 1589 ( dans le dernier volet nous avions obtenu la celle de 1601).
• Voir l'évolution des blasons au siècle suivant, avec La Planche (après 1669) ou d'Hozier (après 1696):
Amiens, Montreuil → ICI Abbeville → ICI Saint-Dizier → ICI Auxerre → ICI
folio 108 v. avec encarts rabattus : Amiens / Saint-Quentin-en-Vermandois / Montreuil-sur-la-Mer /
Saint-Dizier / Notre-Dame-de-Liesse / Boulogne-sur-la-Mer
Saint-Dizier / Notre-Dame-de-Liesse / Boulogne-sur-la-Mer
Saint-Quentin |
Boulogne-sur-Mer |
• Et voici donc le secret de ces deux encarts insérés dans la pliure de l'ouvrage : le rajout de deux villes supplémentaires dans le chapitre ! Un procédé astucieux que nous connaissons bien en imprimerie et qui se perpétue encore aujourd'hui : rappelez-vous quand vous trouvez des publicités encartées au milieu des pages de votre magazine préféré !
• Le blason de Boulogne de gueules, avec le cygne d’argent, becqué et membré de sable sur le manuscrit est celui de la ville médiévale, présent depuis des siècles sur les sceaux des échevins. Les tourteaux de gueules sur champ d'or proviennent eux, des armoiries des puissants Comtes de Boulogne, et seront d'abord simplement accolés au blason au cygne à partie du XVIIe siècle puis fusionnés ensemble un peu plus tard, comme il apparait aujourd’hui...
• Voir l'évolution des blasons au siècle suivant, avec La Planche (après 1669) ou d'Hozier (après 1696):
Saint-Quentin → ICI Boulogne-sur-Mer → ICI
folio 109 r. : Clermont-en-Beauvaisis / Beauvais / Soissons / Noyon / Laon / Calais
Clermont |
Soissons |
Beauvais |
Noyon |
Calais |
Laon |
• On remarque quelques divergences ou évolutions connues, pour Laon ou justifiées : Soissons (voir les liens vers La Planche, plus bas). Plus surprenantes sont les armes de Beauvais (orthographiée Beaüvaix), aux émaux inversés, "d'argent au pal de gueules" ... une erreur ou une mauvaise information transmise à l'auteur? vraiment étrange ...
• La ville de Calais, après 211 ans d'occupation anglaise revient à la couronne de France le 8 janvier 1558, reconquise par le Duc de Guise pour le compte du roi de France. Les armes de Calais que nous voyons sur le manuscrit ont été accordées cette même année par le roi Henri II qui y fit son entrée triomphale le 23 janvier 1558. Voici donc une nouvelle information importante pour confirmer l’ancienneté de cette partie du manuscrit. Les armes de Calais subiront peu après une évolution définitive en intégrant la croix de Lorraine (soutenant l'écu) doublée, et la Croix de Jérusalem sur un champ de gueules qui proviennent des armes de François de Lorraine, le Duc de Guise, vainqueur à Calais et avec les armes initiales de Calais (celle du manuscrit) mises en écusson, la couronne sommant désormais celui-ci.
• Voir l'évolution des blasons au siècle suivant, avec La Planche (après 1669) ou d'Hozier (après 1696):
Clermont, Beauvais → ICI Soissons, Noyon et Laon → ICI Calais → ICI
folio 109 v. : Chaumont / Château-Thierry / Vitry-le-François / Châlons-en-Champagne /
Chaumont-en-Bassigny / Troyes
Chaumont-en-Vexin |
Vitry-le-François |
Château-Thierry |
Châlons-en-Champagne |
Troyes |
Chaumont |
• Ici encore quelques divergences et évolutions connues (Chaumont-en-Vexin, Vitry-le-François) et une énorme bourde de l'auteur ! En effet le blason montré pour Châlons-en-Champagne : "d'azur à trois annelets d'or" est celui de... Chalon-sur-Saône (voir → ICI) !!! une confusion faite assez fréquemment et toujours d'actualité, avec le nom de ces deux villes, même si il s'écrit différemment !
• A noter pour le blason de Chaumont, anciennement "en-Bassigny" du nom du petit pays et ancien comté de Bassigny : le quartier dextre du parti est orné des armes de Navarre qui firent place au demi-rais d'escarboucle fleurdelisée d'or que nous connaissons pour les armes de la ville. Une référence à la féodalité dans cette région quand les comtes de Champagne qui avaient hérité du titre de roi de Navarre (de 1234 à 1305) possédaient un château dans la ville de Chaumont, elle-même défendue par ses fortifications.
• Voir l'évolution des blasons au siècle suivant, avec La Planche (après 1669) ou d'Hozier (après 1696):
Chaumont-en-Vexin → ICI Château-Thierry → ICI Vitry-le-François → ICI
Châlons-en-Champagne → ICI Chaumont → ICI Troyes → ICI
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C'est tout pour cette fois. Nous reviendrons très rapidement avec la suite de ce manuscrit très intéressant pour l'histoire de l'héraldique municipale de la France, qui remet en question bon nombre de certitudes affichées par nos auteurs contemporains sur l'antériorité de tel ou tel blason.
Suite de cette section du manuscrit consacré aux villes de France : feuillets suivants → ICI
Crédits :
- Le manuscrit complet "Français 17256" est consultable en ligne sur le site : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8528582x/
- Les blasons "modernes" proviennent tous du site incontournable : armorialdefrance.fr
sauf celui d'Amiens qui vient de : armoiries.free.fr
et ceux des Abbayes et de l'Évêché que j'ai bidouillé moi-même ☺
Je les remercie chaleureusement pour l'occasion.
Herald Dick
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