Yvain (d'azur au lion d'or) est accueilli par un vavasseur et sa fille (un vavasseur était à l'époque féodale le vassal d'un seigneur lui-même vassal d'un autre de plus haut rang) |
Voici donc le quatrième volet de la série. Je rappelle que j'ai pris comme base référentielle deux armoriaux manuscrits : celui coté "Français 5233" de la Bibliothèque Nationale de France (Paris) daté du XVIe siècle, et le manuscrit coté "Ms 5024" de la Bibliothèque de l'Arsenal (Paris), du XVe siècle. C'est le premier qui décide de l'ordre de présentation des chevaliers, précédés d'un chiffre romain.
Vous pouvez aussi revenir au chapitre précédent : → #03
• Les blasons :
- Messire Yvain / Yvain
- Gyron le courtois / Guiron le Courtois
- Gaheriet / Gahériet
- Keux le seneschal / Keu le Sénéchal
- Sagremor le desree / Sagremor le Desree
- Le Roy Ban de bénoit / le roi Ban de Bénoïc
• Les blasons avec leur légende au-dessus :
- Keux le senes-chal dazur a deux cles dargent / Keu le Sénéchal : " d'azur à deux clés d'argent ".
- Yvain le fils du roy hurien dazur a I ly-on dor arme langue de gueulles / Yvain le fils du roi Urien : " d'azur au lion d'or, armé et langué de gueules".
- Brunor le noir autrement dy le chle~ ala cotte mal tallie dargent au lion echiquete de sable de gules arme de sinople / Brunor le Noir, autrement dit le Chevalier à la cotte mal taillée : " d'argent au lion échiqueté de sable et de gueules, armé (et lampassé) de sinople". (il sera développé dans un futur chapitre)
- Bedouier le connestable dor a ung gonffanon de gueulles / Bédoïer le Connétable : "d'or au gonfanon de gueules". (développé dans le chapitre #07)
- Aglonval de pourpre croysete dor a ung lion-part dargent arme et langue de gueules / Agloval : "de pourpre croiseté d'or à un léopard d'argent armé et langué de gueules". (développé dans le chapitre #07)
- Securades dor aung aung rochier de sable / Securades : "d'or à un rocher de sable".
(il sera développé dans un futur chapitre)
XVI. Yvain
Yvain, le chevalier au lion est le fils du roi Urien, demi-frère d'Yvain l'Avoutre, neveu du roi Arthur, cousin de Gauvain et ses frères, de Baudemagu et Galescin, il est tué par Mordret à la Bataille de Salesbieres.
Armes : d’azur au lion d’or, armé et lampassé de gueules.
Cimier : une tête de lion d’or, lampassée de gueules (plus bas : une tête de loup).
Supports : deux lions d’or, armés et lampassés de gueules.
Devise : C’EST POVR MORGVEN
.
Dans le roman du Chevalier au lion de Chrétien de Troyes,Yvain suit un parcours exemplaire pour un héros de la Table ronde. Il quitte la cour, solitaire comme doit l’être un chevalier errant, attiré par l'aventure de la Fontaine merveilleuse et, après avoir affronté le prodige de la tempête et le gardien de la fontaine, il gagne l'amour de Laudine après avoir tué son époux, le chevalier Esclados le Roux. En l'épousant, il devient le maître de son domaine. Puis, tenté par les aventures des chevaliers de la cour, par la gloire et les tournois, il rejoint Gauvain et consacre son temps à des rencontres où sa prouesse fait merveille, mais où il ne gagne que vaine gloire et renommée mondaine. Yvain, ayant oublié de rejoindre sa femme au terme fixé, souffre d’être rejeté par elle et sombre dans ne profonde démence, amnésique, vivant comme un être sauvage dans la forêt. Enfin, sous le pseudonyme de "Chevalier au lion", acquis en défendant un lion contre un serpent, c'est-à-dire, symboliquement, en choisissant le bien contre le mal, le droit en face du tort, le héros triomphe d'une série d'épreuves. Chaque fois, il prend la défense des faibles et des opprimés ; c’est ainsi qu’il libère des jeunes filles enfermées dans le château de Pesme-Aventure, condamnées à tisser, il prend la défense de la cadette de Noire-Espine, combat un géant Harpin, puis les fils du "netun", être diabolique, qui font régner la terreur sur les hommes. Ce n’est qu’après une longue série d’épreuves et de renoncements que le chevalier Yvain peut regagner l’amour de sa femme. Le parcours suivi par Yvain prouve que, si le culte de la prouesse est primordial dans les romans de la Table ronde, le héros, d'aventure en aventure, d'épreuve en épreuve, mûrit, s'ouvre sur les autres et sur la charité, et, en choisissant de défendre des causes justes, devient le représentant du droit.
XVII. Guiron le courtois
Guiron le courtois est un chevalier errant, descendant d'Alain le Gros et des rois de Gaule, père de Calinan et Vasparin, il meurt après s'être retiré dans un ermitage.
"Messire Guiron le courtois estoit moult grant de corps et presque geant..." |
Armes : d’or plain.
Cimier : une tête de maure (ou de dragon, voir plus bas)
Tenants : deux femmes maures de sable, chevelées et couronnées d’or.
Devise : C’EST POVR LA BRVNNE
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Guiron le courtois, peinture sur parchemin, XVe siècle |
XVIII. Gaheriet
Gaheriet (ou Gueheriet) est le fils du roi Loth, frère de Gauvain, Guerrehet et Agravain, demi-frère de Mordret et neveu du roi Arthur. Gaheriet est tué accidentellement par Lancelot du Lac lors de la libération de la reine Guenièvre du bûcher.
Armes : de pourpre à l’aigle bicéphale d’or, becquée et membrée de gueules, à la cotice du même brochant.
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• Le blason de Gaheriet s'inscrit dans la longue série de la maison d'Orcanie, avec une brisure du blason originel: "de pourpre à l'aigle d'or, becquée et membrée d'azur ", que nous avons déjà observé chez le frère aîné de Gahériet : Gauvain. A noter dans cette petite sélection d'armoriaux, la manière élégante (cliquer sur les images pour agrandir et voir les détails), de dessiner la cotice à la manière d'un bâton écoté !
XIX. Keu le sénéchal
Keu le Sénéchal est le fils d'Antor, à qui l'Enchanteur confie l'éducation du jeune Arthur, donc son frère de lait, et sera sénéchal du futur roi Arthur. Il est l'oncle du Laid Hardi, il fait partie des Compagnons errants. Il est souvent décrit comme quelqu'un d'arrogant et vaniteux. Il meurt au cours d'une bataille contre les Romains peu de temps avant la Bataille de Salesbieres. Keu est un des personnages les plus anciens de la légende arthurienne, déjà présent dans la littérature galloise. Son nom gallois Cai (Cai Hir / Keu le Grand), qui a donné Keu en français est sans doute dérivé du latin Caïus ou Gaius. Selon les sources considérées, ce personnage est encore désigné comme Kay ou Kai, en jouant sur l'homophonie permise en anglais avec le mot key (clef), objet qui deviendra par la suite l'emblème héraldique du chevalier Keu dans les livres d'armoiries. Ce sont donc des armes parlantes. Selon les auteurs et les époques, il est nommé et orthographié également Cai, Cei, Kei, Key, Kai, Kay, Ké, Kou, Keux, Kaeux, Kaeulx, etc...
Armes : d’azur à deux clefs d’argent, adossées en pal (ou en sautoir).
Cimier : une clef d’argent.
Supports : deux lévriers rampants de sinople.
Devise : HORS DES BVISSONS
détail de la lettrine ci-dessus / le jeu est : chercher les clés !! |
XX. Sagremor le desrée
Sagremor le Desrée est le fils de Nabur, petit-fils de l'empereur Adrien de Constantinople, beau-fils du roi Brangor, il est tué par Mordret à la Bataille de Salesbieres. Il est souvent appelé "le Desrée" à cause de sa démesure et de son impétuosité. Mais on le surnomme aussi le Frénétique (Cligès ou la Fausse Morte), le Déréglé (Perceval ou le Conte du Graal, Le Livre de Caradoc) ou l'Impétueux (Perlesvaus).
Armes : de gueules à deux étoiles d’or, au franc-quartier d’argent
chargé d’une étoile de sable.
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• On trouve encore plusieurs variantes de placement du franc-quartier, de formes des étoiles et aussi de couleurs (émaux) pour les armes de Sagremor, selon les auteurs de manuscrits. La liste n'est sûrement pas close .
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XXI. Ban de Bénoïc
Le roi Ban de Bénoïc est le père de Lancelot et d’Hector, le grand-père de Galaad, frère de Bohort et Nestor, oncle de Lionel, Bohort, Blanor et Blioberis, il fait également partie des Compagnons Errants.
Armes : d’argent à trois bandes de gueules.
Cimier : une aigle bicéphale d'argent.
Supports : deux lions de gueules.
Devise : A L’AVENTVRE
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• Le roi Ban est le père de Lancelot du lac, et donc possède les mêmes armes que lui. Et comme avec lui, les anciens armoriaux nous réservent des surprises avec ce terme de vieux français disparu : le "bellic" comme on peut le lire sur les fragments ci-dessous. Le mot "bellic" n'est pas une couleur mais signifiait en fait simplement "oblique".
Sur les trois armoriaux ci-dessous on peut voir encore des cas particuliers pour le dessin des armoiries de Ban de Bénoïc : l'un est dépourvu de couleurs volontairement, un autre est d'argent avec des bandes de sinople et encore un autre avec des bandes d'azur. Tout cela est très surprenant ....
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Quid de Brunor le Noir, Bédoïer le Connétable, Agloval et Securades mentionnés avec leur blason, dans le second feuillet du haut ? Eh bien ce sera pour une prochaine fois, quand ils apparaîtront dans le premier manuscrit pris en référence (Français 5233)... patience !
Vous pouvez consulter tous les armoriaux et manuscrits cités dans les infos bulles accompagnant les images (en passant votre souris dessus) en vous connectant aux réserves numériques des bibliothèques nationales ou municipales, ou des serveurs où ils sont stockés, tels que :
Enfin, je vous recommande de visiter ces réalisations modernes en dessins vectoriels de très grande qualité :
- "Los Caballeros de la Tabla Redonda" en espagnol.
Pour découvrir les rois Bohort, Méliadus, Baudemagu, Loth, Caradoc, Lac et Rion, c'est au Chapitre #05 → ICI
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