vendredi 4 décembre 2020

l'Armorial de La Planche - 1669 - Gouvernement de Provence - Sénéchaussées de Marseille et de Toulon

 S   uite de la visite d'un des plus anciens manuscrits répertoriant des armoiries de villes et de villages de France, dessinées à la plume et peintes à l'aquarelle, antérieur de trois décennies à l'Armorial Général de France de Charles d'Hozier ! Voir la description initiale : →


  Nous poursuivons avec la découverte du "livre" (c'est l'appellation donnée à une section d'un manuscrit, qui est lui-même divisé en chapitres) consacré au Gouvernement de Provence. Après le premier chapitre consacré aux Sénéchaussées d'Aix et de Brignoles, nous abordons deux nouvelles sénéchaussées : celle de Marseille et celle de Toulon.  Les subdivisions administratives de l'Ancien régime ont été abrogées sous la Révolution, et ont servi de base pour former en 1790 les arrondissements actuels de Marseille et de Toulon pour les départements des Bouches-du-Rhône et du Var. Voici donc le deuxième chapitre consacré aux deux entités réunies en un seul sujet.

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Voici l'extrait d'une carte datant de la fin du XVIIIe s. , donc postérieure d'un siècle, mais sur laquelle j'ai reconstitué les limites administratives de notre région :

 Vous pouvez cliquer sur toutes les images pour les agrandir
 



 


  Les fragments de manuscrits proviennent à nouveau du Volume II. Pour enrichir l'étude, j'ai mis en bonus l'extrait équivalent dans l'Armorial Général de France* (1696-1711), établi par Charles-René d'Hozier, et comme auparavant, j'ai placé le blason actuel en-dessous, pour comparer les différences ou au contraire la constance des figures dans le temps.

(*)  Armorial Général de France  -  volume XXIX  -  Provence 1ère partie  
       Armorial Général de France  -  volume XXX  -  Provence  2e partie  (BNF Paris).

 


Marseille
(Bouches -du- Rhône)

  Les vicomtes de Marseille arboraient initialement la croix des comtes de Forcalquier que l'on retrouvera ensuite sur les monnaies médiévales frappées à Marseille. C'est le pavillon de Marseille (une croix bleue sur fond blanc), d'un usage attesté plus ancien, qui a vraisemblablement donné naissance au blason plutôt que l'inverse. Adopté au moment des Croisades, il est pour la première fois mentionné en 1254 dans les Statuts de la ville. La plus ancienne représentation sous forme de blason date du XIVe siècle, dans le Livre Rouge de la ville où sur une enluminure figurant le serment du viguier sont disposées quatre croix d'azur sur fond d'argent. La devise, alors en provençal médiéval « De grands fachs resplend la cioutat de Marseilles » selon l'orthographe de l'époque, apparait en 1257. Elle sera plus tard écrite en latin : « Actibus immensis urbs fulget Massiliensis », signifiant « La ville de Marseille resplendit par ses hauts faits ».
  Marseille entre dans le royaume de France avec la Provence en 1481, mais, bien qu'elle fasse partie des « bonnes villes », son blason n'arbore pas le « chef d'azur portant trois fleurs de lys d'or » auquel elle a droit. Le blason, dessiné, peint puis imprimé, se multiplie à partir du XIIIe siècle. Les graveurs l'ornent en fonction du goût de l'époque (coquillages, feuilles, anges, etc...). On le retrouve aussi gravé sur des bâtiments publics ou inscrit sur des objets. Les armoiries de Marseille ne sont officiellement enregistrées qu'en 1699 à l'Armorial général à la suite à l'édit royal de 1696 réglementant les blasons. Passent la période de la Révolution, où les armoiries seront tout bonnement supprimées, puis le 1er Empire, où la ville de Marseille recevra un blason établi selon les codes de l'héraldique impériale (voir → ICI) qu'elle n'utilisera jamais. À la Restauration, le roi de France Louis XVIII confirme par lettre patente la reprise des armoiries de la ville supportées par un lion armé d'un caducée et par un taureau armé d'un trident, telles que dans l'Armorial de 1699. source texte : fr.wikipedia.org/wiki/Armoiries_de_Marseille



Toulon (Var)

  La première représentation du blasonnement actuel aux couleurs de la ville remonte à 1494, et bien qu'une version en noir blanc ait été datée de 1406, il ne sera enregistré officiellement qu'en 1697 à la faveur d'un édit royal prononcé par le roi Louis XIV (l'Armorial Général de France).
  Suivant les tumultes de l'Histoire de France, le blasonnement changera à de nombreuses reprises : d'abord sous le 1er Empire (voir → ICI). Pendant la période de la restauration, de 1816 à 1830, il fut ajouté dans le canton dextre de l'écu, un drapeau contourné d'argent à hampe d'or et en chef neuf fleurs de lis d'or sur champs d'argent. Durant le second Empire, le drapeau fut remplacé par un canton de gueules à une lettre N surmonté d'une étoile d'or et le chef fut supprimé. Ce n'est qu'avec la Troisième République que la ville reprit son blason d'azur à la croix d'or. source texte : fr.wikipedia.org/wiki/Blason_de_Toulon et vexil.prov.free.fr/toulon%20provence%20m%E9diterran%E9e/tpmo.html


Hyères (Var)

   

  Grâce au père jésuite de La Planche et son manuscrit, nous pouvons ainsi attester que le blason de la ville d'Hyères, tel qu'il existe toujours aujourd'hui, est bien plus ancien que celui enregistré par Charles d'Hozier dans son Armorial Général de France, avec son champ de gueules. Vous noterez au passage la graphie étrange utilisée par celui-ci: " Yeres " relevant apparemment d'une mauvaise retranscription, purement phonétique, car du point de vue de la toponymie, il n'y a aucune justification.



La Ciotat
(Bouches -du- Rhône)

 Le nom de La Ciotat, du latin civitas, signifie simplement « la cité ». Il est à rapprocher des mots en espagnol ciudad ou en catalan ciutat. Cette "cité" est représentée sous forme d'une muraille fortifiée par quatre tours dans le blason enregistré dans l'Armorial Général de France, surmontée des initiales C et T d'argent. De 1365 jusqu'à la Révolution, les abbés de Saint-Victor de Marseille furent seigneurs de la Ciotat; ceci explique pourquoi cette ville a dans ses armes une crosse abbatiale. A l'origine le blason comportait également la mitre d'abbé à dextre, comme le suggère notre manuscrit de 1669. Mais ce dernier nous propose aussi un pont de quatre arches, qui pose question : en effet il n'existe pas de pont remarquable sur aucune rivière ni bras de mer à La Ciotat. Le navire à voiles proposé par d'Hozier n'a pas été conservé. Quant au poisson, sa présence vient du fait que La Ciotat était à l'origine un village de pêcheurs, comme beaucoup de villages de bord de mer.
   Se pourrait-il que le pont originel et les murailles de fortifications aient fusionné ensemble pour aboutir au blason final actuel : deux tours donjonnées reliées par un mur, le tout ouvert par trois portes en arc plein cintre au-dessus de la mer, composant un genre de pont fortifié à trois arches, mais relié à rien ?... (voir évolution du blason dans le temps → ICI)


Aubagne
(Bouches -du- Rhône)

  Le blason d'Aubagne avec les lettres entrelacées A et V provient de l'ancien nom latin de la ville: "Albania super Velnam" ce qui se traduit par "Aubagne sur Huveaune". L'Huveaune étant un petit fleuve côtier qui traverse la ville du nord au sud et qui est aussi représenté par la rivière occupant la pointe du blason.  Les fleurs de lys ont été données par Henri IV en 1596, suite à l'assassinat de Charles de Cazaulx, le chef de la Ligue de Marseille. origine texte : vexil.prov.free.fr/garlaban/garlaban.html



Solliès - Ville (Var)

 

  Solliès, anciennement Soliers ou Souliers, en latin Solerim, Solariœ, en provençal Souliès, était une paroisse du diocèse de Toulon et de la viguerie d'Hyères. Cette ancienne commune en a formé en 1799  trois autres, aujourd'hui désignées sous le nom de (Solliès)-La Farlède, Solliès-Pont et Solliès-Toucas; elle-même a été renommée Solliès-Ville. De ces quatre communes, Solliès-Ville est aujourd’hui la moins importante, en terme de population et de territoire, celui-ci étant moins fertile et plus montagneux. Les armes de Solliès sont parlantes. Les quatre communes possèdent désormais leur propre blason mais toutes ont conservé au moins un, voire deux soleils parmi leurs figures (voir plus bas).


[_)-(_]



D'autres lieux ou villes sont juste décrits par le texte, sans blason ni mention s'y rapportant :

Château d'If (commune de Marseille), Saint-Zacharie, Cassis, Ollioules, Brégançon (fort de, commune de Bormes-les-Mimosas), les îles d'Hyères: Porquerolles, Port-Cros, Île du Titan = île du Levant (toutes rattachées à la commune d'Hyères)
 
 # cependant, quelques années plus tard, certaines villes (en gras, ci-dessus) ont été enregistrées et blasonnées dans l'Armorial Général de France. Ces blasons sont toujours d'actualité, pour certains, à quelques petits détails près.


Saint - Zacharie (Var)


Cassis (Bouches-du-Rhône)


Ollioules (Var)

 

Pour compléter la notice sur l'ancienne commune de Solliès , scindée en quatre entités : 

La Farlède (Var)
Solliès - Toucas (Var)
Solliès - Pont (Var)


# enfin, pour aller plus loin avec l'Armorial Général de France, on peut encore rajouter ces dernières localités, ou établissement religieux, qui dépendaient à priori de ces deux sénéchaussées, devenues aujourd'hui des communes importantes, et qui n'ont pas été mentionnées dans le manuscrit de La Planche :
Allauch, Auriol, Roquevaire, Gémenos, Le Beausset, Saint-Nazaire (= Sanary-sur-Mer), La Seyne (-sur-Mer), Six-Fours (-les-Plages), La Valette (-du-Var), La Garde, Bormes (-les-Mimosas), Cuers, Belgentier.

et leurs blasons respectifs sont, à quelques détails ou brisures près, toujours d'actualité :

Allauch
(Bouches -du- Rhône)

 
Auriol
(Bouches -du- Rhône)


Roquevaire
(Bouches -du- Rhône)


Gémenos
(Bouches -du- Rhône)


Le Beausset (Var)

Sanary -sur- Mer (Var)


La Seyne -sur-Mer (Var)


Six - Fours - les - Plages
(Var)

La Valette -du- Var
(Var)


La Garde (Var)


Bormes -les- Mimosas
(Var)


Cuers (Var)

commune de
Belgentier (Var)



   Un très grand nombre d'autres bourgades de la région, nommées simplement "communauté du lieu de..." (Com. du lieu de...), dans les registres de l'Armorial Général de France, ont été identifiées et enregistrées avec des armoiries souvent authentiques, car transmises par les représentants légaux de ces villages, mais quelquefois attribuées d'office par défaut. Il serait fastidieux de les lister toutes ici, d'autant que certaines localités ont été absorbées par les nouvelles communes constituées après la Révolution. Toutefois vous pouvez vous amuser à les rechercher dans les ouvrages numérisés chez Gallica, dont je donne les liens ci-dessous, et accessoirement aussi dans les très intéressantes fiches listées département par département sur le site : armorial de france.fr


A bientôt pour une nouvelle série ... → ICI


Crédits :

les blasons "modernes" sont empruntés  à : armorialdefrance.fr/

les extraits des manuscrits proviennent de :
- Bibliothèque et Archives du Musée du Château de Chantilly :
   . www.bibliotheque-conde.fr/ressources-en-ligne/
- Bibliothèque nationale de France à Paris : 
   . gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k111476m/f2.item
   . gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1114770/f2.item

 💶 Appel au mécénat ou aux généreux donateurs :
 Au cours d'échanges d'informations avec les responsables de la Bibliothèque du Musée Condé, au sujet du manuscrit, il m'a été rapporté que l'ouvrage de Pierre de La Planche n'est actuellement plus exposé ni mis à disposition des visiteurs. En effet, les deux volumes du manuscrit sont en mauvais état : "la couverture", ce que l'on nomme dans le métier: les plats de reliure, sont soit partiellement,soit totalement détachés du manuscrit, ce qui nuit à sa conservation. La reliure étant en effet là pour maintenir et protéger le manuscrit.
  Si des personnes ou des entreprises sont intéressées, en mode mécénat, pour participer à la prise en charge de la restauration de ces précieux ouvrages, qu'elles prennent contact pour les modalités, avec les bibliothécaires à cette adresse mail  : bibliotheque@domainedechantilly.com
ou sinon m'écrire à : heraldexpo@orange.fr et je transmettrai à ma correspondante privilégiée.

 

             Herald Dick  
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