mercredi 15 avril 2020

Capitales du monde : Bissau

  N ous avons quitté l'Asie centrale, avec le précédent volet et le hasard de l'ordre alphabétique nous emmène cette fois en Afrique sur la côte ouest dans un pays et sa capitale dont on ne parle pratiquement jamais dans l'actualité, sauf peut-être pour son instabilité politique chronique ou sa grande pauvreté, mais quand même aussi parfois pour son carnaval très réputé.

  L'emblème actuel de la capitale bissaoguinéenne est un logotype circulaire de type sceau, aux couleurs du drapeau national et du panafricanisme (vert, jaune, rouge et noir). La politique de décolonisation a en effet, on le comprend aisément, balayé les anciens symboles portugais qui représentaient la ville au terme d'une époque révolue. Sa date d'adoption est incertaine mais apparemment très récente. Cet emblème est très peu diffusé à l'extérieur de sa zone géographique d'origine, en particulier sur les médias de l'internet (voir compte Facebook → ICI).
 Je n'ai pas trouvé la symbolique exacte de cet emblème, même si on peut en deviner la teneur : flambeau = la victoire et la libération (la chaîne) par le travail ou le développement industriel (roue d'engrenage), etc...  L'inscription "CIDADE DE BISSAU" en langue portugaise, qui est la langue officielle du pays, signifie : "Ville de Bissau".

badge en métal en forme d'écu avec l'emblème
de la mairie de Bissau  (Câmara Municipal en portugais)

capitale n° 32 - Bissau

 
Bissau (parfois orthographiée Bissao) est la capitale et la ville la plus peuplée de la Guinée Bissau

Population  :  492.000 habitants en 2015 (estimation).

  La ville est située sur la côte ouest du pays, sur les rives de l'estuaire du Rio Geba, proche de l'océan Atlantique, à une altitude de 39 mètres et entourée de terres très basses. C'est aussi le port principal du pays. Le fleuve est accessible aux gros navires, mais cette capacité ne vaut que jusqu'à environ 80 kilomètres en amont de la ville. Les arachides, appelées localement mancarra, le bois, la noix de coco, l'huile de palme et le caoutchouc sont actuellement les principaux produits exportés à Bissau. Les industries présentes dans la ville comprennent la transformation des produits agricoles, la production de boissons, les textiles et les matériaux de construction, la métallurgie, les cigarettes et les chaussures. C'est aussi le plus important centre administratif et militaire du pays.

La Place des Héros de la Nation (Praça dos Herois Nacionais) avec le monument de l'indépendance (Monumento aos Heróis da Independência) au centre et le Palais présidentiel (Palácio Presidencial) en haut à gauche
 Son histoire commence en 1687 quand les Portugais mettent en chantier dans les lieux la longue construction d'une forteresse et installent un comptoir. La future ville était, à l'origine, un centre de la traite négrière, avant de devenir un port franc en 1869. Elle devient officiellement en 1941 la capitale de la colonie de la Guinée portugaise où réside le gouverneur. C'est à Bissau qu'en 1963 commença l'insurrection contre les autorités portugaises, suivie d'une longue guerre de libération qui devait aboutir à l'indépendance du pays en 1974. Elle devint alors la capitale du nouvel état reconnu par l'O.N.U et qui porte son nom : la Guinée Bissau.


Le blason de Bissau, un vestige de la colonisation portugaise.

armoiries de la Province d'Outre-mer de Guinée Portugaise de 1951 à 1974
  Pour commencer, il ne faut pas se laisser tromper par les différentes fiches d'identité présentant la ville de Bissau sur les sites internet et en premier lieu : Wikipédia qui lui attribuent toujours des armoiries obsolètes depuis l'indépendance du pays en 1974, car adoptées durant l'époque coloniale portugaise.
armoiries de la ville de Bissau de la période coloniale :
(  date et origine inconnues )
les têtes d'africains sont couvertes d'une taguia, le bonnet
traditionnel en coton des hommes dans cette partie de l'Afrique
Armoiries du Conseil municipal de Bissau en 1973 , entête d'un document public

bastion de la forteresse portugaise de Bissau : la Fortaleza de São José da Amura dont la construction a débuté en 1696
  Le blason de la Bissau portugaise se compose d'une tour crénelée, ouverte et ajourée du champ accostée de deux têtes d'africains affrontées. L'écu est sommé d'une couronne murale à cinq tours, caractéristique des villes de première importance au Portugal (as Cidades). La tour rappelle la construction de la première forteresse à la fin du XVIIe siècle dans le but de protéger le comptoir et le port qui pratiquaient divers commerces : tissus, ivoire, etc... mais plus particulièrement celui très florissant des esclaves, en partance pour les archipels du Cap-Vert, de Madère et surtout vers le Brésil.
  Le Portugal sera néanmoins le premier pays à envisager, timidement, l'arrêt de la traite négrière par un décret dès le 12 février 1761, mais uniquement en métropole. Pour les colonies, l'esclavage ne sera officiellement déclaré aboli qu'un siècle plus tard en 1869. Et au Brésil, ancienne colonie portugaise devenue entre temps un état indépendant, ce sera plus tardivement, en 1888.
Armoiries publiées dans "le Grand Livre de l'Héraldique"
d'Ottfried Neubecker (1977)
   Le blason reproduit par l’héraldiste allemand Ottfried Neubecker (•1908 - ✝1992) dans son "Grand Livre de l'Héraldique" (version en langue française publiée en 1977 chez Bordas), et dont on ne sait pas s'il en est lui-même l'auteur, montre des têtes d'africains aux traits caricaturaux, masquant difficilement quelques relents ouvertement racistes. C'était "une autre époque", comme on le dit souvent pour excuser ou atténuer certains excès néocolonialistes, relevés dans nombre de discours, écrits, ou œuvres d'art douteuses.
  Mais il n'en est pas de même pour les graphistes qui ont reconstitué récemment les armoiries de Bissau pour illustrer (faussement d'ailleurs, puisque de manière anachronique) la capitale guinéenne dans les pages Wikipédia, toutes langues confondues. Ils se sont contenté de copier littéralement le style douteux du dessin exposé dans le livre de Neubecker.
  On peut comparer à cet effet avec les premier dessins, non coloriés, qui débutent cette partie du sujet et qui sont nettement plus réalistes et respectueux des personnes représentées.

version numérique Wikimedia Commons des armoiries (2008)
qui comme le drapeau ci-dessous sont désignés sans vérification et avec
persistance comme les symboles de la capitale toujours en vigueur.
reconstitution numérique du drapeau municipal durant la période portugaise

autre version numérique Wikimedia Commons des armoiries (2010)







Crédits :
choix des images:
- passer votre souris sur les images pour lire les url des sites sur lesquels elles ont été empruntées


capitale précédente  →   Bichkek

capitale suivante     →  Bogota  



 

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