mardi 7 avril 2020

l'Armorial de La Planche - 1669 - Gouvernement de Champagne - Bailliage de Meaux

S   uite de la visite d'un des plus anciens manuscrits répertoriant des armoiries de villes et de villages de France, dessinées à la plume et peintes à l'aquarelle, antérieur de trois décennies à l'Armorial Général de France de Charles d'Hozier ! Voir la description initiale : →

 Nous poursuivons avec la découverte du "livre" (c'est l'appellation donnée à une section d'un manuscrit, qui est lui-même divisé en chapitres) consacré au Gouvernement de Champagne. Après les premiers chapitres consacrés au Bailliages de Troyes, de Reims, de Châlons, et dernièrement, celui de Sens, nous repartons vers le nord-ouest, pour découvrir le bailliage de Meaux, qui occupe la partie nord du pays de la Brie.
D'ailleurs, c'est une précision apportée par Pierre de La Planche qui a complété l'intitulé de son cinquième chapitre avec le rajout de la mention " I.(ère) Partie de la Brie ". La 2e Partie de la Brie sera développée dans le chapitre suivant avec un territoire plus au sud, correspondant au bailliage de Provins. Et pour clore l'exploration de la région de Brie champenoise, il y aura même un chapitre supplémentaire concernant le bailliage de Château-Thierry qui faisait également partie de la province historique et du comté de Champagne. L'auteur nous explique cela dans son préambule, voir plus bas.
  Nous sommes donc géographiquement, tout proche de la capitale en Ile-de-France, à moins de 30 km (6 lieues pour coller à l'époque du manuscrit) avec la ville de Lagny-sur-Marne. Parallèlement, pour l'administration de l'Ancien Régime, le bailliage de Meaux, comme le précédent, celui de Sens, faisaient partie de la Généralité de Paris !  Eh oui,  à cette époque, tout était compliqué dans la gestion politique et administrative des territoires. Pour faire simple, les Généralités étaient des subdivisions de l'administration fiscale du royaume ; ce sont elles par exemple, qui sont prises en compte pour la segmentation de l'Armorial Général de France de Charles d'Hozier. Alors que La Planche utilise lui, le découpage bien distinct, en Gouvernements généraux, qui correspondaient à l'administration militaire du pays. Et je ne vous parle pas du maillage des domaines de l'Église et de ses diocèses, qui nous donne encore une autre carte, totalement différente....
 C'est la Révolution française qui en 1790 mettra un peu d'ordre dans l’organisation territoriale du pays par la création des départements. Ainsi, notre bailliage de Meaux, avec la suppression de toutes ces anciennes appellations désormais abolies, formera le district nord du département de la Seine-et-Marne actuel, dont la préfecture sera installée à Melun.

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Voici l'extrait d'une carte datant de la fin du XVIIIe s. , donc postérieure d'un siècle, mais sur laquelle j'ai reconstitué les limites administratives de notre région :
 Vous pouvez cliquer sur toutes les images pour les agrandir











  Les fragments de manuscrits proviennent cette fois du Volume I. Pour enrichir l'étude, j'ai mis en bonus l'extrait équivalent dans l'Armorial Général de France* (1696-1711), établi par Charles-René d'Hozier, et comme auparavant, j'ai placé le blason actuel en-dessous, pour comparer les différences ou au contraire la constance des figures dans le temps.

(*)  Armorial Général de France  -  volume XXV  -  Généralité de Paris  -  partie III  (BNF Paris)




Meaux (Seine -et- Marne)

 Voici encore une fois un magnifique exemple de constance d'un blason municipal dans le temps ! (si l'on exclue l'inversion des émaux gueules/sinople dans le manuscrit de La Planche). L'initiale M du nom de la ville est décrite "à l'antique" sur les manuscrits et de type "onciale " de nos jours. Mais ceci revient au même, parlant d'une écriture ancienne pratiquée depuis le haut Moyen-Âge pour la composition des manuscrits et plus particulièrement celle des lettrines ornant les pages enluminées et marquant le début d'un chapitre.




Coulommiers 
(Seine -et- Marne)

   Le nom de la ville aurait pour origine le mot latin columba (la colombe). D'après la légende, les Romains, lors de la conquête de la Gaule, lui auraient donné le nom de Columbarium qui signifie "colombier ", en rapport avec une tour et les maisons qui l'entouraient sur l'île formée par les bras du Grand Morin, la rivière traversant la ville. Ceci explique la partie incomplète des armes parlantes que l'on voit sur le manuscrit. Mais il faut rajouter les serpents croisés absents sur le dessin de La Planche. Sont ils apparus plus tard et quelle est leur symbolique ? En latin, la couleuvre, le serpent en général se traduisent par le mot " coluber ", la couleuvre femelle c'est: " colubra " (selon dictionnaire Gaffiot). Il pourrait donc s'agir d'armes parlantes doubles mais...    La devise latine de la ville de Coulommiers qui souligne les armoiries est: "Prudentes ut serpentes, simplices ut columbae" (Prudents comme des serpents, simples comme des colombes). Cette devise est tirée d'un passage de la Bible : "Voilà que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Soyez donc prudents comme les serpents et simples comme les colombes" (Évangile selon Saint Matthieu, chapitre 10, verset 16, voir illustrations → ICI).



Lagny -sur- Marne
(Seine -et- Marne)

  La plus ancienne représentation des armoiries de Lagny-sur-Marne a été découverte sur la tête centrale en bronze de la fontaine, située place de la fontaine. Une inscription indique la date de 1523.
Le blason se compose de trois éléments :
   - La lettre L, initiale du nom de la ville, qui montre que celle-ci est indépendante de tout pouvoir
   - Le "Clou" de la Passion du Christ, offert à l'Abbaye Saint-Pierre par le roi Robert II dit le Pieux, vers 1019.
   - La "Couronne " royale, symbole de l'appartenance de la ville au domaine royal à partir du 13ème siècle.
source texte : lagny-sur-marne.wiki/lsm/Blason
  On notera que la blason peint dans le manuscrit de La Planche montre deux couronnes royales au lieu d'une seule comme actuellement.  Au passage, la couronne est indifféremment ouverte ou fermée, selon les auteurs des dessins d'armoiries. Peut-être ce dédoublement existant initialement a été jugé incongru ou inutile, et que par la suite une couronne unique a été conservée, couvrant symboliquement à la foi les deux figures du L majuscule et du clou de la Passion.




Crécy - la Chapelle
(Seine -et- Marne)

   Au début existait un domaine gallo-romain nommé Craeciacum car situé dans une courbe (comme un croissant) du Grand Morin. Puis à l'époque mérovingienne, il s’étend vers la colline. A la moitié du XIe siècle, les habitants se déplacèrent vers le nouveau château construit sur une île. Le quartier du Bourg fut construit dans la foulée. Les commerçants et artisans de chaque côté du Grand Morin formèrent les faubourgs. Au début du XIIIe siècle, le faubourg du côté de La Chapelle est fortifié et un nouveau fossé est creusé. C’est la naissance du quartier du Marché. L’ancien domaine était devenu le "vieux Crécy" puis prit le nom de Saint-Martin.
Pour finir, les trois quartiers fortifiés formèrent la nouvelle ville de Crécy-en-Brie, renommée Crécy-la-Chapelle en 1972.
Ces armoiries sont bien celles de la ville et non celles d’un quelconque seigneur, ni ceux d’un roi .
Trois croissants entrelacés : les armes sont parlantes…  jadis Creceium / Criciacum / Cræciacum / etc... en enfin Crécy... Vous êtes bien à "Croissant" en Brie (hypothèse).
source texte : http://www.emegm.com/wordpress/?p=3362 
ou http://maintenance-et-batiment.blogspot.com/2018/05/fiche-historique-les-chateaux-forts.html




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D'autres lieux ou villes sont juste décrits par le texte, sans blason ni mention s'y rapportant :

Saint-Fiacre,  Montceaux (-les-Meaux, château), abbaye de Pharemoustier (Faremoutiers), abbaye de Pont-aux-Dames (commune de Couilly-Pont-aux-Dames), La Ferté-au-Coul (ancien nom de La Ferté-sous-Jouarre), Jouarre, La Ferté-Gaucher, Rebais (abbaye de), Lizy-sur-Ourcq, Gandelu, château de Tresmes, abbaye de Cerfroid (commune de Brumetz, dépt de l'Aisne).

 # cependant, quelques années plus tard, certaines villes ou établissements religieux (en gras, ci-dessus) ont été enregistrés et blasonnés dans l'Armorial Général de France.  Ces blasons sont encore d'actualité, pour certains, à quelques détails près, d'autres ont servi à composer les blasons des communes actuelles à partir de certains éléments ou figures références :


commune de Saint-Fiacre
 (Seine-et-Marne)

commune de Couilly - Pont
-aux- Dames (Seine-et-Marne)

commune de La Ferté -sous-
 Jouarre  (Seine-et-Marne)

commune de Rebais
(Seine-et-Marne)



A bientôt pour une nouvelle série ... → ICI



Crédits :
certains blasons "modernes" sont empruntés  à : armorialdefrance.fr/
sinon à : 
- armoiries.free.fr/home/home.html
- www.aslagnyrugby.net/ (dessin modifié par HD)
- www.crecylachapelle.eu/

les extraits des manuscrits proviennent de :
- Bibliothèque et Archives du Musée du Château de Chantilly :
   . www.bibliotheque-conde.fr/ressources-en-ligne/

 - Bibliothèque nationale de France à Paris : 
   . gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k111473g/

💶 Appel au mécénat ou aux généreux donateurs :
 Au cours d'échanges d'informations avec les responsables de la Bibliothèque du Musée Condé, au sujet du manuscrit, il m'a été rapporté que l'ouvrage de Pierre de La Planche n'est actuellement plus exposé ni mis à disposition des visiteurs. En effet, les deux volumes du manuscrit sont en mauvais état : "la couverture", ce que l'on nomme dans le métier: les plats de reliure, sont soit partiellement,soit totalement détachés du manuscrit, ce qui nuit à sa conservation. La reliure étant en effet là pour maintenir et protéger le manuscrit.
  Si des personnes ou des entreprises sont intéressées, en mode mécénat, pour participer à la prise en charge de la restauration de ces précieux ouvrages, qu'elles prennent contact pour les modalités, avec les bibliothécaires à cette adresse mail  : bibliotheque@domainedechantilly.com
ou sinon m'écrire à : heraldexpo@orange.fr et je transmettrai à ma correspondante privilégiée.


             Herald Dick  
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