dimanche 25 novembre 2018

l'Armorial de La Planche - 1669 - Gouvernement de Languedoc - le pays de Roussillon

S   uite de la visite d'un des plus anciens manuscrits répertoriant des armoiries de villes et de villages de France, dessinées à la plume et peintes à l'aquarelle, antérieur de trois décennies à l'Armorial Général de France de Charles d'Hozier ! Voir la description initiale : →

 Nous poursuivons avec la découverte du "livre" (c'est l'appellation donnée à une section d'un manuscrit, qui est lui-même divisé en chapitres) consacré au Gouvernement de Languedoc. Précédemment nous avons exploré par le biais de onze chapitres, d'abord les diverses sénéchaussées formant les États du Languedoc,  entité rattachée directement au royaume de France depuis 1271, suite à la guerre contre les Albigeois (ou Cathares) au début du XIIIe siècle, auxquelles il faut rajouter le Comté de Foix annexé au royaume de France en 1607, par la volonté du roi Henri IV
   Nous arrivons maintenant au terme de l'étude de ce Gouvernement de Languedoc avec le douzième et dernier chapitre, consacré à la province (ou pays selon l'appellation utilisée par La Planche) du Roussillon. Cette province est composée en fait de deux anciens comté féodaux : Roussillon et Cerdagne et le comté de Roussillon lui-même, était partagé en deux anciennes vigueries : Roussillon et Conflent. Ces territoires ont été récemment (par rapport à la création de ce manuscrit) conquis par la France en 1659, suite à la signature du traité des Pyrénées avec l'Espagne, dans le cadre du règlement des conflits incessants entre les deux puissances à l'époque. Mais deux siècles plus tôt, le Roussillon avait déjà vécu une courte période de souveraineté française. En effet, en 1461, le roi de France Louis XI occupa les comtés de Roussillon et de Cerdagne au titre du remboursement de prêts consentis au roi Jean II d'Aragon qui se débattait alors dans une guerre civile menée par les Catalans. En 1493, le roi Charles VIII rendit les comtés au roi Ferdinand II d'Aragon pour avoir les coudées franches dans les guerres d'Italie.

      Revenir à l'épisode précédent →

Département des
 Pyrénées-Orientales


Voici l'extrait d'une carte datant de la fin du XVIIIe s. , donc postérieure d'un siècle, mais sur laquelle j'ai reconstitué les limites administratives de notre région :
 Vous pouvez cliquer sur toutes les images pour les agrandir 



  Les fragments de manuscrits proviennent cette fois du Volume II. Pour enrichir l'étude, j'ai mis en bonus l'extrait équivalent dans l'Armorial Général de France* (1696-1711), établi par Charles-René d'Hozier, et comme auparavant, j'ai placé le blason actuel en-dessous, pour comparer les différences ou au contraire la constance des figures dans le temps.

(*)  Armorial Général de France  -  volume XIV  -  Languedoc 1ère partie  
       Armorial Général de France  -  volume XV  -  Languedoc  2e partie  (BNF Paris)


Perpignan (Pyrénées-Orientales)

  Les quatre pals du blason d'Aragon (el Señal Real de Aragón ) ont été concédés en 1400 par le roi Martin Ier d'Aragón , natif de Perpignan, et chargés de la figure de Jean-Baptiste, saint patron de la ville et de sa cathédrale qui lui est dédiée. Selon les époques, la forme de l'écu a été :  français ou catalan, c'est-à-dire en "carré posé sur une pointe" (caironat en catalan) . La tendance actuelle est d'ailleurs plutôt à la promotion des écus catalans dans le département des Pyrénées-Orientales.
 On notera au passage, le blason attribué d'office par Charles d'Hozier dans l'Armorial Général de France, purement anecdotique, voire grotesque .. Il aurait pu au moins représenter le palé du chef aux couleurs du Roussillon : or et gueules ! 




Elne (Pyrénées-Orientales)

  Le blason (actuel) d'Elne représente une croix latine d'argent accompagnée de deux fleurs de lys d'or. Ces dernières ainsi que le champ d'azur sont une référence à la royauté française, la ville ayant pris ces armoiries lors de sa conquête par les français. La croix fait probablement allusion au fait que cette localité fut le siège d'un évêché de l'an 550 jusqu'en 1601 où la résidence de l'évêque est transférée à Perpignan.
 Je n'ai pas trouvé de documentation concernant le blason proposé par Pierre de La Planche : "d'azur à une étoile de 12 rayons d'or", qui est sensé avoir précédé celui enregistré dans l'Armorial Général de France, et qui est toujours en vigueur aujourd'hui. Ce modèle va certainement intéresser les spécialistes de l'héraldique municipale régionale, qui me feront un retour, je l'espère...



Collioure (Pyrénées-Orientales)

   Très souvent, on l'a déjà vu, l'auteur du manuscrit a préparé comme ici,  un emplacement pour y dessiner les armoiries des villes pour lesquelles il a rédigé un descriptif. Mais les écus sont restés désespérément vides. Nous en ignorons la raison : manque d'information fiable, manque de temps, on ne le saura jamais.
  Les armoiries de la ville enregistrées dans l'Armorial Général de France, montrent un saint muni d'une épée dans une main et d'une palme dans l'autre main, posé sur un rocher au milieu de la mer , une île donc, le tout sur un champ d'azur fleurdelisé. Le personnage est probablement le saint patron local : saint Vincent de Collioure, dont les reliques sont conservées dans la chapelle Saint-Vincent du lieu.



Villefranche -de- Conflent 
(Pyrénées-Orientales)

  Pour la capitale fortifiée du pays de Conflent, c'est à nouveau un contour d'écu vide sur notre manuscrit.
  Les armoiries de la ville enregistrées dans l'Armorial Général de France, préfigurent le blason actuel
de Villefranche de Conflent. Elles rappellent la symbolique de la ville fortifiée frontalière par l'opposition des deux tours, posées de part et d'autre d'un soleil à six branches, le tout soutenu d'une rivière (la Têt), et surmonté d'un écusson aux armes du royaume de France timbré d'une couronne royale.
  Le blason catalan des armes modernes, de forme carrée posé sur pointe, porte désormais un écusson montrant l'attachement de la cité à sa longue histoire catalane.



[_)-(_]



   D'autres lieux ou villes sont juste décrits par le texte, sans blason ni mention s'y rapportant : Prats-de-Mollo (- la Preste), Céret, Volo/Bolo (Le Boulou), Rodès,  Prades, Rivesaltes, Estagel, Ille (-sur-Têt), Salses (-le-Château), Abbaye de Fontfrede.


 # cependant, quelques années plus tard, certaines villes (en gras, ci-dessus) ont été enregistrées et blasonnées dans l'Armorial Général de France.  Ces blasons sont encore d'actualité, pour certains, à quelques détails près.


Prats -de- Mollo - la Preste
 (Pyrénées-Orientales)

Céret (Pyrénées-Orientales)

Le Boulou (Pyrénées-Orientales)

Estagel (Pyrénées-Orientales)

Ille -sur- Têt
(Pyrénées-Orientales)

Salses - le Château
 (Pyrénées-Orientales)

# et pour aller plus loin avec l'Armorial Général de France, on peut encore rajouter ces dernières localités qui dépendaient de cette sénéchaussée, devenues aujourd'hui des communes, et qui n'ont pas été mentionnées dans le manuscrit de La Planche :
Vinça, Argelès (-sur-Mer), Bouleternère, Pezilla (-la-Rivière), Millas, Thuir.
et leurs blasons respectifs sont presque pour toutes, toujours d'actualité, à quelques détails près.


Vinça (Pyrénées-Orientales)

Argelès -sur- Mer
(Pyrénées-Orientales)

Bouleternère
 (Pyrénées-Orientales)

Pézilla - la Rivière
(Pyrénées-Orientales)

Millas (Pyrénées-Orientales)

Thuir (Pyrénées-Orientales)



 A bientôt pour une nouvelle série et ...
 une nouvelle région... → ICI



Crédits :
les blasons "modernes" sont empruntés  à : armorialdefrance.fr/

les extraits des manuscrits proviennent de :
- Bibliothèque et Archives du Musée du Château de Chantilly :
   . www.bibliotheque-conde.fr/ressources-en-ligne/

 - Bibliothèque nationale de France à Paris : 
   . gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k111467n
   . gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1114681


💶 Appel au mécénat ou aux généreux donateurs :
 Au cours d'échanges d'informations avec les responsables de la Bibliothèque du Musée Condé, au sujet du manuscrit, il m'a été rapporté que l'ouvrage de Pierre de La Planche n'est actuellement plus exposé ni mis à disposition des visiteurs. En effet, les deux volumes du manuscrit sont en mauvais état : "la couverture", ce que l'on nomme dans le métier: les plats de reliure, sont soit partiellement,soit totalement détachés du manuscrit, ce qui nuit à sa conservation. La reliure étant en effet là pour maintenir et protéger le manuscrit.
  Si des personnes ou des entreprises sont intéressées, en mode mécénat, pour participer à la prise en charge de la restauration de ces précieux ouvrages, qu'elles prennent contact pour les modalités, avec les bibliothécaires à cette adresse mail  : bibliotheque@domainedechantilly.com
ou sinon m'écrire à : heraldexpo@orange.fr et je transmettrai à ma correspondante privilégiée.


             Herald Dick  
.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire