jeudi 17 janvier 2019

l'Armorial de La Planche - 1669 - Gouvernement de Lyonnais - Sénéchaussée du Lyonnais

S   uite de la visite d'un des plus anciens manuscrits répertoriant des armoiries de villes et de villages de France, dessinées à la plume et peintes à l'aquarelle, antérieur de trois décennies à l'Armorial Général de France de Charles d'Hozier ! Voir la description initiale : →

  Nous avons laissé récemment notre marque-page dans le manuscrit au dernier chapitre du Gouvernement de Languedoc (voir l'épisode précédent → ). Nous allons maintenant nous transporter dans une autre région de la France de la fin du XVIIe siècle : le Gouvernement général du Lyonnais, qui à l'époque précitée est composé en gros des anciens Comtés de Lyon, de Beaujolais, et du Forez formant ensemble la province du Lyonnais et le tout élargi aux anciens Duchés du Bourbonnais, d'Auvergne et le Comté de la Marche. L’ensemble sera divisé en 7 sénéchaussées.

   Cette nouvelle entité administrative du royaume de France fait donc l'objet du huitième livre (section) du manuscrit, divisé en sept chapitres, consacrés chacun à une sénéchaussée, qui était une subdivision administrative intermédiaire en vigueur dans le sud du pays, dirigée par un sénéchal. Voici donc le premier de ces chapitres, consacré à la sénéchaussée du Lyonnais, petit territoire situé dans la partie sud du département actuel de Rhône, augmenté d'une vingtaine de communes du département actuel de la Loire : le pays de Jarez.


 On notera, sur le fragment ci-dessus qui sert d'entête à la section , que c'est le blason du royaume de France (France ancien), que Pierre de La Planche a affecté à cette grande entité hétéroclite du centre de la France.

Voici l'extrait d'une carte datant de la fin du XVIIIe s. , donc postérieure d'un siècle, mais sur laquelle j'ai reconstitué les limites administratives de notre région :
 Vous pouvez cliquer sur toutes les images pour les agrandir 













  Les fragments de manuscrits proviennent toujours du Volume II. Pour enrichir l'étude, j'ai mis en bonus l'extrait équivalent dans l'Armorial Général de France* (1696-1711), établi par Charles-René d'Hozier, et comme auparavant, j'ai placé le blason actuel en-dessous, pour comparer les différences ou au contraire la constance des figures dans le temps.

(*)  Armorial Général de France  -  volume XVII  -  Généralité de Lyon

  Voici ci-dessus, une curiosité provenant de l'Armorial Général de France, certainement créée par d'Hozier lui-même, pour représenter les trois composantes de base du gouvernement et province du Lyonnais avec ce blason tiercé en pal, juxtaposant les armes des trois anciens Comtés constitutifs : de Lyon, du Forez et de Beaujeu (Beaujolais). Le tout est sommé d'un chef d'azur à trois croix ancrées d'or provenant des armoiries de la famille de Neufville de Villeroy, dont plusieurs générations successives ont donné des gouverneurs et des lieutenants-généraux à la province du Lyonnais, et précisément à l'époque des deux manuscrits.
   Postérieurement (date imprécise), la province du Lyonnais empruntera le blason de la ville de Lyon (ci-dessous), tout simplement.


Lyon (Rhône)

  Le blason de Lyon est un archétype des blasons à armes parlantes, du point de vue purement phonétique. Car en effet le nom de la ville de Lyon n'a absolument rien à voir avec l'animal, puisqu’il découle étymologiquement de son nom latin de Lugdunum, la capitale des Gaules. Le champ du blason provient des armes des comtes de Lyon : "de gueules au lion d'argent". Le chef fleurdelisé (chef de France accordé aux "bonnes villes" du royaume) a été rajouté en 1320, consécutivement à l'annexion de la ville et du Lyonnais par le roi de France ; elle était anciennement rattachée au Saint Empire.
   D'abord ce fut un chef d'azur au "semé de fleurs de lis", puis il sera réduit à trois fleurs, vers la fin du XIVe siècle, à l’image des armes royales elles-mêmes, qui furent simplifiées durant le règne de Charles V.  Par la suite, le blason de Lyon subira quelques changements sous l'Empire et la Restauration, donc au début du XIXe siècle, avant de revenir a celles précédant la Révolution, mais c'est une longue histoire (voir → ICI) .


Saint-Chamond (Loire)

  Ce blason, inchangé depuis des siècles comme on peut l’observer ici :   " Parti d'argent, à la fasce de gueules et d'azur" serait à l'origine celui de la maison de Jarez , des vassaux des comtes du Forez. Il est depuis associé à Saint-Chamond, ancienne capitale du pays de Jarez, un petit territoire situé à la limite des départements actuels de la Loire et du Rhône.  D'Hozier l'a affecté à l'église collégiale, plutôt qu'à la ville, sans plus d'information pour en donner l'explication.




Condrieu (Rhône)

  La ville de Condrieu fut fortifiée et entourée de murailles à la fin du XIIe siècle par Renaud de Forez, archevêque de Lyon et seigneur de Condrieu. De ces fortifications ne subsistent aujourd'hui qu'une tour du château et quelques murailles qui dominent la ville. Sur le manuscrit de La Planche sont de fait reproduites les armes pleines des archevêques-comtes de Lyon.
  Le blason dessiné par Charles-René d'Hozier dans l'Armorial Général de France est encore une fois un de ses nombreux blasons "attribués d'office", fabriqués à la chaîne pour combler les pages blanches de ses registres. Et c'est celui qui a été conservé pour représenter la ville jusqu'à maintenant, mais il est semble-t-il peu utilisé par la municipalité.




L'Arbresle (Rhône)

  En voici encore, de belles armes parlantes avec rébus : Arbre + ailes : imparable ! Et comme vous le constatez, l'invention du calembour remonte très loin dans le temps. En revanche la graphie du nom de la ville a quelque peu changé, ici : La Bresle, toponyme qui signifie : haie, bouquet d'arbres ou petit bois.   



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   D'autres lieux ou villes sont juste décrits par le texte, sans blason ni mention s'y rapportant : le Diocèse de Lyonl'Abbaye de l'Isle-Barbe (à Lyon) Vimy (renommé : Neuville-sur-Saône), Saint-Genis-l'Argentière, Tarare, Anse.

 # cependant, quelques années plus tard, certains établissements religieux (en gras, ci-dessus) ont été enregistrés et blasonnés dans l'Armorial Général de France . 


les Comtes-Archevêques de Lyon
l'Église de Lyon







# et pour aller plus loin avec l'Armorial Général de France, on peut encore rajouter cette ville qui dépendait de cette sénéchaussée, devenue aujourd'hui une commune, et qui n'a pas été mentionnée dans le manuscrit de La Planche:
- Saint-Symphorien-le Chastel ( renommée Saint-Symphorien-sur-Coise )


Saint - Symphorien -sur- Coise
 (Rhône)




A bientôt pour une nouvelle série ...→ ICI


Crédits :
les blasons "modernes" sont empruntés au sites : 
- armorialdefrance.fr/
- fr.wikipedia.org/wiki/
ou dans l'Armorial des chefs-lieux de cantons du département du Rhône‎  - de Robert Louis (1955)


les extraits des manuscrits proviennent de :
- Bibliothèque et Archives du Musée du Château de Chantilly :
   . www.bibliotheque-conde.fr/ressources-en-ligne/
- Bibliothèque nationale de France à Paris : 
   . gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k110591f
  

💶 Appel au mécénat ou aux généreux donateurs :
 Au cours d'échanges d'informations avec les responsables de la Bibliothèque du Musée Condé, au sujet du manuscrit, il m'a été rapporté que l'ouvrage de Pierre de La Planche n'est actuellement plus exposé ni mis à disposition des visiteurs. En effet, les deux volumes du manuscrit sont en mauvais état : "la couverture", ce que l'on nomme dans le métier: les plats de reliure, sont soit partiellement,soit totalement détachés du manuscrit, ce qui nuit à sa conservation. La reliure étant en effet là pour maintenir et protéger le manuscrit.
  Si des personnes ou des entreprises sont intéressées, en mode mécénat, pour participer à la prise en charge de la restauration de ces précieux ouvrages, qu'elles prennent contact pour les modalités, avec les bibliothécaires à cette adresse mail  : bibliotheque@domainedechantilly.com
ou sinon m'écrire à : heraldexpo@orange.fr et je transmettrai à ma correspondante privilégiée.


             Herald Dick  
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