Ce n'est pas une obsession pour moi ... et on ne peut pas aller contre le courant : mais je suis toujours attristé quand une ville, pour marquer ses documents officiels ou son mobilier urbain, délaisse son blason qui ne lui coûtait rien, et qui était un symbole fort, pour le remplacer par un logo parfois insipide, ou minimaliste, mais généralement onéreux en recherche et développement. La dématérialisation des documents administratifs dans les mairies ou leurs services satellites, et Internet surtout, depuis une dizaine d'années, ont précipité ce changement d'époque tragique pour le sort du blason municipal, méprisé et vulnérable..
Il avait pourtant résisté depuis huit siècles, et cela malgré deux révolutions ! Mais la révolution numérique, celle-là, lui mène la vie dure, c'est certain.
Récemment, l'éminent héraldiste normand Denis Joulain écrivait sur mon blog à propos de cette substitution d'image fréquente, que : "non, le blason ne mourrait pas, mais qu'il se cachait ! " Jolie formule, à laquelle je veux bien adhérer, mais sans trop de conviction sur un retour probable à la lumière. L'héraldique sera sans doute un jour comme l'archéologie : une science pour tenter d'expliquer le passé au générations futures.
Ce n'est pas un cas particulier à la France, tous les pays sont touchés par cette transformation entrainée par le numérique et ses vecteurs de communications du XXIe siècle.
Ville de Cologne (Allemagne) |
Depuis plusieurs années, j'observe et j'étudie ce phénomène. J'ai répertorié les différents cas d'évolution de la signalétique municipale, que j'ai classée en quatre catégories. Le champ d'étude est celui des villes de plus de 10 000 habitants. Pour les petites communes, le blason est encore bien utilisé, voire en progression, avec beaucoup de créations et de créativité, et c'est tant mieux.
Catégorie N°1 : les Résistantes : ces quelques villes qui conservent leur blason comme emblème, sans modification.
Lons-le-Saunier (Jura) |
Catégorie N°2 : les Transformistes : les villes qui ont relooké leur blason en logo avec un graphisme branché.
Le Havre (Seine-Maritime) |
Catégorie N°3 : les Nostalgiques : les villes qui ont gardé un petit détail identifiable provenant du blason en l'intégrant dans le logo.
Mulhouse (Haut-Rhin) |
Catégorie N°4 : les Décomplexées : les villes qui ont franchi le pas, tourné la page, en ne reprenant aucune référence du passé.
Besançon (Doubs) |
Ce petit séisme graphique fait certes des victimes sur l'autel du design, mais il y a des résistances, un peu à l'image du village des irréductibles gaulois face à l'envahisseur romain chez Astérix ! Mais tout évolue très vite , comme les marques commerciales, les municipalités changent leur branding très régulièrement. Il est possible que très prochainement ces emblèmes soient devenus obsolètes ! Eh bien, ce sera l'occasion d'en reparler...
Voici donc quelques villes françaises de la catégorie N°1 ayant conservé leurs armoiries comme emblème officiel , en intégralité et sans modification rédhibitoire, mise à part le rajout de leur nom et parfois un slogan :
Poissy (Yvelines) |
Calais (Pas-de-Calais) |
Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) |
Mamoudzou (Mayotte) |
Et chez nos voisins européens :
Ratisbone (Allemagne) |
Pampelune (Espagne) |
Vienne (Autriche) |
Gênes / Genova (Italie) |
Dans un prochain message , je vous montrerai les exemples les plus caractéristiques de la catégorie n°2 des "Transformistes"→ ICI , avec des réussites diverses ...
A bientôt...
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