Voici la suite de l'article précédent posté il y a un peu plus d'un mois maintenant concernant le département des Pyrénées -Atlantiques ( cliquez sur le mot pour retrouver cet article).
Nous allons rouvrir le Registre N° 3 de l'Armorial Général de France consacré à la Généralité de Pau (Béarn).
J'avais initialement recensé 25 communautés d'habitants enregistrées en temps que tel dans ce volume N°3, et après la description des 13 de la dernière fois, voici les 12 suivantes que je nomme les "attribuées d'office" , et pour finir un cas de transfert de personne physique à une collectivité.
Comme la dernière fois je commence par les entités régionales et par une bizarrerie !
La Navarre était, à l'époque féodale, un très ancien royaume indépendant de cette région, situé à cheval sur le massif des Pyrénées. La plus grande partie est intégrée au Royaume d'Espagne en 1516 par annexion. De l'autre côté , la Basse-Navarre reste quelque temps indépendante et par l'accès de Henri de Navarre au trône de France, sous le nom de Henri IV , le territoire est du coup rattaché au Royaume. A partir de cette époque les souverains seront selon la formule : rois de France et... de Navarre. Les armoiries sont universellement connues dans toute l'Europe. Elles sont très identifiables : les fameuses chaînes d'or placées sur toutes les lignes de partition de l'écu et se rejoignant au centre par un maillon autour d'une pierre précieuse.
Et pourtant malgré cette histoire très riche, les services de M. d'Hozier vont octroyer à la province des armoiries nouvelles d'office ! Incompréhensible .
Comme les fois précédentes , je place côte à côte le blason de 1696 et celui : historique ou récent pour comparaison.
Cette fois aussi , nous avons le cas particulier à ce département concernant l'identification des Vallées en tant que communauté d'habitants. Et ces particularités survivent encore aujourd'hui.
Nous en avons terminé avec la série des armoiries attribuées "d'office". La moitié des propriétaires les ont toutefois conservées ! ce qui est un bon score au bénéfice de Monsieur d'Hozier. Mais je reviens sur notre curieuse faute d'orthographe, si tant est que c'en soit une, que j'ai mentionnée plus haut. Car elle a eu des conséquences singulières sur son emploi, qu'on peut qualifié de "vol", mais le mot est un peu fort, disons tout au moins une usurpation de symbole identitaire !
Le scribe de M. d'Hozier a écrit " La ville d'Oléron " au lieu d'Oloron. Contrairement à ce qu'on pouvait penser, ce n'est pas une erreur, car cette orthographe : Oleron (avec ou sans accent aigu sur le e ) était employée tout a fait normalement à l'époque pour nommer la petite ville béarnaise. On retrouve cette graphie encore couramment employée jusqu'en 1830 et même 1837 sous le nom composé d'Oleron-en-Béarn, après quoi c'est la forme définitive d'Oloron qui prévaudra.
Ladite ville n'a pas donné suite à cette attribution d'armoiries d'office durant le règne de Louis XIV, car elle en avait de plus anciennes, avec une vache surmontée d'une croix tréflée qu'elle a conservé. Les illustrateurs du siècle dernier se sont engouffrés dans la brèche pour orner, en toute impunité, même s'ils étaient de bonne foi, documents divers, cartes postales et objets souvenirs pour le compte de l'Île d'Oléron, en Charente-Maritime (pourtant il est bien écrit "la ville d'Oléron") : nous sommes loin du Béarn !! En effet , la motivation était purement touristique, les îles de la côte charentaise n'ayant pas eu à ma connaissance d'armoiries historiques auparavant. Du moins c'est ce que je pensais. Mais un correspondant m'a écrit un jour pour me signaler que le détournement du blason d'Oleron-ville vers Oléron-île, conséquence de cette orthographe ambigüe sur les deux toponymes, était beaucoup plus ancien. Il a même identifié un des premiers possibles "coupables" du transfert malencontreux : un cartographe militaire nommé Pierre Lemau de la Jaisse qui a publié en 1736 un livre intitulé "Plans des principales places de guerres et villes maritimes frontières du royaume de France" comportant des cartes géographiques illustrées par des armoiries. Et pour la carte se rapportant à l'île d'Oléron (voir → ICI), dans la province d'Aunis, il a, sans doute par méconnaissance du sujet, adjoint le mauvais blason à la carte de l'île qui n'en possédait d'ailleurs pas du tout.
Enfin, pour terminer, j'ai relevé le cas d'un village qui a repris à son compte le blason de la famille locale qui portait le même nom. C'est assez courant au demeurant, lorsque cette famille n'a plus de descendants en vie*, qui pourraient s'y opposer. De plus , ce sont de jolies armes parlantes.
Nous allons rouvrir le Registre N° 3 de l'Armorial Général de France consacré à la Généralité de Pau (Béarn).
Page de garde du Registre N°3 , signée de la main de René-Charles d'Hozier avec la date de novembre 1711 |
Comme la dernière fois je commence par les entités régionales et par une bizarrerie !
La Navarre était, à l'époque féodale, un très ancien royaume indépendant de cette région, situé à cheval sur le massif des Pyrénées. La plus grande partie est intégrée au Royaume d'Espagne en 1516 par annexion. De l'autre côté , la Basse-Navarre reste quelque temps indépendante et par l'accès de Henri de Navarre au trône de France, sous le nom de Henri IV , le territoire est du coup rattaché au Royaume. A partir de cette époque les souverains seront selon la formule : rois de France et... de Navarre. Les armoiries sont universellement connues dans toute l'Europe. Elles sont très identifiables : les fameuses chaînes d'or placées sur toutes les lignes de partition de l'écu et se rejoignant au centre par un maillon autour d'une pierre précieuse.
Et pourtant malgré cette histoire très riche, les services de M. d'Hozier vont octroyer à la province des armoiries nouvelles d'office ! Incompréhensible .
Province de Navarre - AGF - Volume 03 (Béarn) - page 93
losangé d'or et de gueules ; à la fasce de vair brochant
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Cette fois aussi , nous avons le cas particulier à ce département concernant l'identification des Vallées en tant que communauté d'habitants. Et ces particularités survivent encore aujourd'hui.
Vallée d'Aspe - AGF - Volume 03 (Béarn) - page 81
losangé d'or et de sinople ; au pal d'azur brochant
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Ville de Labastide-Clairence - AGF - Volume 03 (Béarn) - page 92
losangé d'or et de gueules ; à la fasce d'or brochant
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Ville de Morlaas - AGF - Volume 03 (Béarn) - page 29
losangé d'argent et de sable ; à la bordure de sinople brochant
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Ville de Garlin - AGF - Volume 03 (Béarn) - page 36
d'or fretté de sinople ; à la fasce de vair brochant |
Ville de Lembeye - AGF - Volume 03 (Béarn) - page 36
d'or fretté de sinople ; à la fasce de gueules brochant |
Nous en avons terminé avec la série des armoiries attribuées "d'office". La moitié des propriétaires les ont toutefois conservées ! ce qui est un bon score au bénéfice de Monsieur d'Hozier. Mais je reviens sur notre curieuse faute d'orthographe, si tant est que c'en soit une, que j'ai mentionnée plus haut. Car elle a eu des conséquences singulières sur son emploi, qu'on peut qualifié de "vol", mais le mot est un peu fort, disons tout au moins une usurpation de symbole identitaire !
Le scribe de M. d'Hozier a écrit " La ville d'Oléron " au lieu d'Oloron. Contrairement à ce qu'on pouvait penser, ce n'est pas une erreur, car cette orthographe : Oleron (avec ou sans accent aigu sur le e ) était employée tout a fait normalement à l'époque pour nommer la petite ville béarnaise. On retrouve cette graphie encore couramment employée jusqu'en 1830 et même 1837 sous le nom composé d'Oleron-en-Béarn, après quoi c'est la forme définitive d'Oloron qui prévaudra.
Ladite ville n'a pas donné suite à cette attribution d'armoiries d'office durant le règne de Louis XIV, car elle en avait de plus anciennes, avec une vache surmontée d'une croix tréflée qu'elle a conservé. Les illustrateurs du siècle dernier se sont engouffrés dans la brèche pour orner, en toute impunité, même s'ils étaient de bonne foi, documents divers, cartes postales et objets souvenirs pour le compte de l'Île d'Oléron, en Charente-Maritime (pourtant il est bien écrit "la ville d'Oléron") : nous sommes loin du Béarn !! En effet , la motivation était purement touristique, les îles de la côte charentaise n'ayant pas eu à ma connaissance d'armoiries historiques auparavant. Du moins c'est ce que je pensais. Mais un correspondant m'a écrit un jour pour me signaler que le détournement du blason d'Oleron-ville vers Oléron-île, conséquence de cette orthographe ambigüe sur les deux toponymes, était beaucoup plus ancien. Il a même identifié un des premiers possibles "coupables" du transfert malencontreux : un cartographe militaire nommé Pierre Lemau de la Jaisse qui a publié en 1736 un livre intitulé "Plans des principales places de guerres et villes maritimes frontières du royaume de France" comportant des cartes géographiques illustrées par des armoiries. Et pour la carte se rapportant à l'île d'Oléron (voir → ICI), dans la province d'Aunis, il a, sans doute par méconnaissance du sujet, adjoint le mauvais blason à la carte de l'île qui n'en possédait d'ailleurs pas du tout.
Enfin, pour terminer, j'ai relevé le cas d'un village qui a repris à son compte le blason de la famille locale qui portait le même nom. C'est assez courant au demeurant, lorsque cette famille n'a plus de descendants en vie*, qui pourraient s'y opposer. De plus , ce sont de jolies armes parlantes.
(*)
En vérité dans la cas d'Abidos, ce sont des descendants actuels: deux
frères qui ont permis, documents d'archives personnels à l'appui, à la
commune de reprendre le blason des anciens seigneurs éponymes. Voir le commentaire que m'a transmis M. Casteret d'Abidos, plus bas qui en atteste, et que je remercie.
Il est possible que d'autres villages de ce département, se soient inspiré d'armoiries familiales figurant dans l'Armorial Général de France , soit partiellement , soit en totalité , cela demande une étude plus poussée , qu'il m' est impossible de réaliser, faute de temps. Mais je suis preneur des signalisations que vous me ferez .
A bientôt pour un autre département ...
Crédits :
quelques images (modernes) sont empruntées sur les sites suivants :
Herald Dick
Bonjour,
RépondreSupprimerAlors effectivement, c'est la déception quant aux blasons des villes du Vic-Bilh ! Des pages 28 à 57 de l'Armorial, rien de créatif: ne voulaient-ils pas payer les impôts ? Toujours est-il que je reste plantée dans mes recherches sur ma commune de Taron....
C'est marrant, la commune d'Abidos c'est octroyé le luxe de remplacer la dinde par un aigle. me trompes-je ?
Salutations !
Bonjour,
Supprimeril y a énormément de communes absentes dans l'Armorial Général de France. Mais la notion de commune n'existait pas encore en 1696. Il y avait soit des villes avec une administration et des représentants officiels, soit des communautés d'habitants (ou paroisses).
Bonjour
RépondreSupprimerDescendants des anciens seigneurs d’Abidos nous avons, mon frère et moi, donné à la commune divers documents d’archives familiales leur permettant de créer ce blason de la ville.
Bien cordialement
Jean Luc Casteret
Bonjour, M. Casterert.
SupprimerJe vous remercie pour cette info qui clarifie la légitimité de la transmission du blason. J'ai de fait complété le texte de mon sujet.
bien à vous
HD