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Voici l'extrait d'une carte datant de la fin du XVIIIe s. , donc
postérieure d'un siècle, mais sur laquelle j'ai reconstitué les
limites administratives de notre région :
(*) Armorial Général de France - volume XXIX - Provence 1ère partie
Armorial Général de France - volume XXX - Provence 2e partie (BNF Paris)
Toujours en raison de son exceptionnelle densité, ce sixième chapitre de la Haute-Provence fait l'objet de deux articles, tout en maintenant une cohérence géographique. Ce second volet est donc consacré globalement au contour de l'ancienne sénéchaussée de Forcalquier.
Forcalquier (Alpes -de- Haute - Provence) |
Le blason fut donné au début du XIIe siècle à la ville par le comte de Provence Raymond-Bérenger en même temps qu'un certain nombre de droits et de privilèges (voir historique → ICI). Les armes de la cité s'apparentent donc à celles du comte et de la dynastie des Barcelone / Aragon (d'or à quatre pals de gueules), mais avec une brisure spécifique et astucieuse, en supprimant un pal et en inversant les émaux or/gueules, ce qui donne l'impression de toujours voir les quatre pals de gueules avec de l'or intercalé, les couleurs de l’ancien comté de Provence !
Sisteron (Alpes -de- Haute - Provence) |
A la fin du XVIIe siècle, on peut donc trouver sur ces manuscrits le blason de cette ville, soit avec un champ d'azur, pour Pierre de La Planche, soit un champ de gueules dans l'Armorial Général de France. Les figures, toutes d'or, sont presque identiques, même si disposées différemment, à part le besant en pointe de La Planche, alternant avec deux annelets de d'Hozier, qui sont toujours d'actualité. L'origine et la symbolique de ces armoiries demeurent obscures. Je n'ai trouvé aucune documentation s'y rapportant.
Apt (Vaucluse) |
Voir encore une fois un bel exemple de constance d'un blason à travers les siècles. L'épée fait référence à celle qui fut donnée à la ville en signe de loyauté, et ce depuis l'époque antique, par Jules César, en hommage à la fidélité des habitants d'Apta Julia. Cette hypothèse est rapportée par Camille Moirenc dans son "Essai historique sur le blason de la ville d'Apt", édit. Marseille, 1847.
Riez (Alpes -de- Haute - Provence) |
Ici encore, la documentation manque pour établir une date d'adoption, une origine et la symbolique de ces armoiries. Certains ont vu une similitude avec le blason de la ville de Madrid, en Espagne (voir → ICI) mais aucun lien n'a pu être établi. A noter que chez La Planche, l'ours est à senestre du pommier alors que d'Hozier l'a placé à dextre (contourné) et qu'il est communément représenté comme cela maintenant.
Valensole (Alpes -de- Haute - Provence) |
Armes parlantes : Vallis Solis en latin, également Valensolia « la vallée du soleil » et la lettre V capitale, initiale du nom de la ville de Valensole. Simple et incontestable.
Manosque (Alpes -de- Haute - Provence) |
À travers les âges, différentes variantes du blason de Manosque ont existé, mais toutes ont un point commun : quatre mains. La plus ancienne représentation que l’on en possède et qui, à ce titre, est considérée par certains comme l’ « authentique », figure dans un livre imprimé en 1559. On y voit les paumes de quatre mains, deux droites et deux gauches, les pouces s’opposant ; « écartelé d’azur et de gueules, à quatre mains appaumées d’argent, deux dextres, posées une dans chacun des quartiers, les pouces affrontés », en langage héraldique. Sur un dessin ultérieur, daté de 1623, les mêmes mains apparaissent, accompagnées de la devise "Omnia in manu dei sunt". Cette devise est sans doute une des clés pour comprendre la signification du blason manosquin, il s’agirait d’armoiries parlantes. La proximité entre le terme latin manus (la main) et le nom de la ville au Moyen âge, Manuesca, est l’hypothèse la plus souvent envisagée pour expliquer l’utilisation de ces mains. Et pourquoi quatre ? Peut-être est-ce une allusion aux quatre quartiers du centre ancien (Palais, Martels, Payans et Hébréards) ou aux quatre portes de la ville (Saunerie, Soubeyran, Aubette et Guilhempierre). Beaucoup de mystères entourent encore ce blason ! source texte : www.ville-manosque.fr/patrimoine-tourisme/lhistoire-de-ville/armoiries-de-manosque/
Certains blasons présentent des mains dextres, soit aux 1er et 3e quartiers, soit aux 1er et 4e. "L'Armorial des communes de Provence" (voir → ICI) donne un blasonnement "... quatre mains appaumées d'argent" mais montre un dessin avec quatre mains senestres. C'est ce dernier blason présenté qui est utilisé par la commune, bien qu'il soit considéré comme erroné par certains. Enfin, on notera que Charles d'Hozier a "inventé" un blason de manière aléatoire "Coupé: au premier d'azur à l'éléphant d'or, au deuxième d'argent au chevron de gueules", qui n'a jamais été utilisé par la municipalité. source texte : armorialdefrance.fr/page_blason.php?ville=5067
Sault (Vaucluse) |
Très souvent, on l'a déjà évoqué dans mes sujets précédents, l'auteur
du manuscrit a préparé comme ici, un emplacement pour y dessiner les
armoiries des villes pour lesquelles il a rédigé un descriptif. Mais les
écus sont restés désespérément vides. Nous en ignorons toujours la
raison : manque d'information fiable, manque de temps, on ne le saura
jamais.
Le blason de la commune de Sault est une brisure des armoiries de la célèbre famille d' Agoult ("D'or au loup rampant (ou ravissant) d'azur armé lampassé et vilené de gueules"), une des plus anciennes familles de la noblesse provençale, qui a régné sur le pays d’Apt et de Sault durant tout le Moyen Âge. Beaucoup d'autres communes provençales ont d'ailleurs également repris ces armes comtales dans leurs blasons (Angles, Aurel, Beaumettes, Ferrassières, Lourmarin, Monieux, Revest-du-Bion, Saint-Trinit, etc...).
D'autres villes sont juste décrites par le texte, sans blason ni mention s'y rapportant :
Les Mées, Reillanne.
Les Mées (Alpes -de- Haute - Provence) |
Reillanne (Alpes -de- Haute - Provence) |
# enfin, pour aller plus loin avec l'Armorial Général de France, on
peut encore rajouter ces dernières localités qui dépendaient à priori
de ces deux sénéchaussées, devenues aujourd'hui des communes
importantes,
et qui n'ont pas été mentionnées dans le manuscrit de La Planche :
- Château-Arnoux, Peyruis, Oraison, Villeneuve, Sainte-Tulle, Gordes, Roussillon et Séderon .
et leurs blasons respectifs sont, à quelques détails ou brisures près, toujours d'actualité :
Château - Arnoux (Alpes -de- Haute - Provence) |
Peyruis (Alpes -de- Haute - Provence) |
Oraison (Alpes -de- Haute - Provence) |
Villeneuve (Alpes -de- Haute - Provence) |
Sainte - Tulle (Alpes -de- Haute - Provence) |
Gordes (Vaucluse) |
Roussillon (Vaucluse) |
Séderon (Drôme) |
Rémuzat (Drôme) |
Un très grand nombre d'autres bourgades de la région, nommées simplement "communauté du lieu de..." (Com.té du lieu de...),
dans les registres de l'Armorial
Général de France, ont été identifiées et enregistrées avec des
armoiries souvent authentiques, car transmises par les représentants
légaux de ces villages, mais quelquefois attribuées d'office par défaut.
Il serait fastidieux de les lister
toutes ici, d'autant que certaines localités ont été absorbées par les
nouvelles communes constituées après la Révolution. Toutefois vous
pouvez vous amuser à les rechercher dans les ouvrages numérisés chez
Gallica, dont je donne les liens ci-dessous, et accessoirement aussi
dans les très intéressantes fiches listées département par département
sur le site : armorial de france.fr
A bientôt pour une nouvelle série ... → ICI
les blasons "modernes" sont empruntés à : armorialdefrance.fr/
les extraits des manuscrits proviennent de :
- Bibliothèque et Archives du Musée du Château de Chantilly :
. www.bibliotheque-conde.fr/ressources-en-ligne/
- Bibliothèque nationale de France à Paris :
. gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k111476m/f2.item
. gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1114770/f2.item
💶 Appel au mécénat ou aux généreux donateurs :
Au
cours d'échanges d'informations avec les responsables de la
Bibliothèque du Musée Condé, au sujet du manuscrit, il m'a été rapporté
que l'ouvrage de Pierre de La Planche n'est actuellement plus exposé ni
mis à disposition des visiteurs. En effet, les deux volumes du
manuscrit sont en mauvais état : "la couverture", ce que l'on nomme
dans le métier: les plats de reliure, sont soit partiellement,soit
totalement détachés du manuscrit, ce qui nuit à sa conservation. La
reliure étant en effet là pour maintenir et protéger le manuscrit.
Si des personnes ou des entreprises sont intéressées, en mode mécénat,
pour participer à la prise en charge de la restauration de ces
précieux ouvrages, qu'elles prennent contact pour les modalités, avec
les bibliothécaires à cette adresse mail : bibliotheque@domainedechantilly.com
ou sinon m'écrire à : heraldexpo@orange.fr et je transmettrai à ma correspondante privilégiée.
Herald Dick
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