samedi 24 août 2019

La Vuelta a España 2019 - le Tour d'Espagne en blasons - le grand départ sur la Costa Blanca, dans la province d'Alicante

Armoiries et logo officiel de la Province d'Alicante, où est donné le Grand Départ
  P our la neuvième année consécutive, nous voici de retour chez nos voisins au-delà des Pyrénées, pour suivre le tour cycliste La Vuelta a España, non pas derrière les coureurs, il y a des médias spécialisés pour cela, mais  de manière originale: par un nouveau voyage à travers l'héraldique municipale, provinciale et régionale !

 Nous avons quitté le podium du Tour de France (voir ici → 🏅) il y a moins d'un mois, et nous voilà à nouveau en selle pour le départ de ce 74e Tour d'Espagne sur la Costa Blanca, dans la Communauté valencienne.
  Au programme de la Vuelta 2019, 3272,2 kilomètres avec 21 étapes. Le Grand Départ inédit se fera le 24 août des Salinas de Torrevieja avec un contre-la-montre par équipes de 18 kilomètres, et la course se terminera comme à son habitude dans les rues de Madrid le 15 septembre. Au menu: 6 étapes de plaine, 4 étapes accidentées, 9 étapes de montagne, avec le passage de 59 cols, 1 étape contre-la-montre par équipe et 1 étape contre-la-montre individuel.

 Pour les traditionnelles incursions en dehors des frontières, la Vuelta 2019 passera une nouvelle fois par la Principauté d'Andorre avec la 9e étape et aussi en France avec un contre-la-montre individuel prévu à Pau lors de la 10e étape, puis un départ de la 11e étape de Saint-Palais (Pyrénées-Atlantiques).

🚵 En résumé, le parcours, se décomposera en : huit journées dans la partie méditerranéenne du pays, trois dans les Pyrénées au nord, puis un périple montagneux de 5 jours le long de la côte atlantique, et pour finir cinq étapes dans le centre du pays dans les grands espaces de la Castille avec le podium terminal à Madrid, sur la Plaza de Cibeles.

 Voici la carte générale du parcours suivie de l'animation vidéo en 3D  :
 (Il est possible d'agrandir la carte avec les outils de votre navigateur et en cliquant dessus)



 🛡Cette année encore, j'ai réduit au minimum la présentation des symboles des régions: Communautés autonomes (Communidades Autónomas) et  Provinces (Provincias), la plupart ont été déjà longuement traitées dans les éditions précédentes. En revanche, entre les villes-étapes, j'ai voulu rendre hommage à celles qui sont traversées par le parcours, et qui, faute de moyens financiers, ne pourraient sans doute jamais être candidates à un départ (coût ~ 65 000 €) ou une arrivée d'étape (coût ~ 100 000 €).  Ainsi, j'ai donc inclus 3 blasons de ville ou de commune (municipio) supplémentaires, pour accroître l’intérêt historique, géographique et surtout héraldique.



drapeau de la Province d'Alicante
drapeau de la Communauté valencienne


Les surprenantes salines de Torrevieja, avec cette belle lagune de couleur rose constituent une partie essentielle du Parc
naturel des lagunes de La Mata et Torrevieja. Cette couleur étonnante est due à la concentration d'une algue microscopique
 halophile: la Dunaliella salina .

1ère étape  -  Samedi 24 Août 2019  :
Salinas de Torrevieja   -  Torrevieja 
(épreuve contre la montre par équipe / 13,4 kms)


•  Torrevieja
Communauté valencienne - Province d'Alicante

○ Blason * : "D'azur à la tour avec son avant-mur senestre d'argent, maçonnés (de sable), ouverts et ajourés de gueules, sur une terrasse d'un relief de côte au naturel;  à dextre, sur des vagues d'azur et d'argent, un bateau d'or en forme de sabre, la tour surmontée en chef, d'un écusson carré posé sur un angle, d'or à quatre pals de gueules ".
 Timbre : couronne royale ouverte, selon la tradition du royaume de Valence.

(*) C'est le projet de nouveau blason, présenté tout récemment, le 24 mai 2019, voir : le site de la municipalité, mais comportant quelques anomalies concernant la présence de deux nuances de bleu ! sans oublier cette côte "au naturel" aux couleurs exotiques. Tout ceci n'est pas conforme aux règles de base de l'héraldique, même si les choses évoluent doucement pour l'emblème de cette commune, depuis ses origines...
Voici  le logo officiel de la municipalité utilisé jusqu'à maintenant : un écu (bouclier) pas héraldique du tout !!
Et maintenant une version des armoiries de Torrevieja
 plus conforme aux codes de l'héraldique, mais encore
 fautive en raison d'éléments conservés "au naturel" :
 terre, côte, coque du bateau, toits des cabanes...


2e étape  -  Dimanche 25 Août 2019 :  Benidorm  -  Calpe



• Benidorm 
Communauté valencienne - Province d'Alicante
○ Blason  (en version conforme à l'héraldique):
 " D'azur une tour crénelée de pierre au naturel, ajourée et ouverte de sable, terrassée par une plage d'or  mouvant de la pointe et qui déborde sur les flancs, terminée de chaque côté par deux rochers sommés chacun d'une tour de guet, le tout au naturel, l'ensemble formant une baie burelée d'argent et d'azur, avec à senestre un voilier de sable voguant sur les ondes, et à dextre sur la ligne d'horizon, une île au naturel, la tour principale est surmontée d'un écu en losange d'or à quatre pals de gueules (qui est d'Aragón)".
Timbre : couronne de baronnie.
Support : un parchemin au naturel.


Benidorm : version " non héraldique ",
celle qui est utilisée le plus couramment


km 47:  Benilloba
province d'Alicante
(Communauté valencienne)
Ce sont des armes parlantes :
lloba = la louve en catalan
L'écusson carré et la Rat Penat sont
 les armes du royaume d'Aragón
km 136:  Xaló
province d'Alicante
(Communauté valencienne)
La partie senestre : le chien et
bande aux fleurs de lis viennent des
armes de la famille de Català de
 Valeriola, anciens barons de Xaló
km 116:  Castell de Castells
province d'Alicante
(Communauté valencienne)
Le premier quartier montre une
croix de Calatrava de gueules
accostée de deux entraves
(ou fers de prisonniers) de sable.


kms 155 et 199,6 : Calpe / Calp
Communauté valencienne - Province d'Alicante
○ Blason : "De sinople à une tour d'argent, ouverte et maçonnée de sable, terrassée d'or, surmontée par deux flèches d'or en sautoir brochant sur un arc couché en fasce d'or, cordé de sable, et à un orle d'argent chargé de l'inscription en lettres capitales de sable : "MUY HEROICA VILLA" .
Timbre : couronne de baronnie.

• C'est l'empereur Carlos V (Charles Quint) qui lui a donné le titre de "Muy heroica villa" (ville très héroïque), en récompense de la fidélité et du courage des habitants de Calpe au cours d'une révolte du peuple valencien appelée :  la revuelta "agermanada" (la rébellion des Germanías ) entre 1520 et 1522.
• La couronne de baron rappelle qu'au début du XVIIe siècle, la cité de
Calpe était une partie de la baronnie attribuée à un noble et militaire aragonais du nom de Francisco de Palafox.


Vue de la "perle de la Costa Blanca" : Calpe et son extraordinaire rocher de calcaire haut de 332 m. : El Peñón de Ifach



3e étape  -  Lundi 26 Août 2019 :
Ibi  ~  Ciudad del Juguete   -   Alicante


• Ibi
Communauté valencienne - Province d'Alicante
🎲 Connue sous le nom de la « Ville du jouet » (la Ciudad del Juguete), cela fait plus d'un siècle que cette commune de la province d'Alicante s'est développée grâce à la fabrication de jouets pour les enfants. Malheureusement, à partir des années 1980, la concurrence étrangère (asiatique) et les jeux vidéo ont mis à mal cette industrie.
○ Blason : " Coupé, au premier parti, aux I et II : d'argent à la tour de gueules maçonnée de sable, ouverte du champ; au deuxième d'or au chien (lévrier) de sable rampant; un écusson carré en losange (escut caironat en catalan) d'or à quatre pals de gueules, brochant sur la partition en chef  ".
  Timbre : couronne royale fermée.
  À dextre et à senestre de la pointe, à l'extérieur de l'écu, deux lettres capitales L d'or.
  Soutenant le tout :  une banderole d'argent chargée de la devise latine en lettres romaines de gueules : "IBI REGII PATRIMONII".

• Dans la partie supérieure (les premiers quartiers),ce sont les armes traditionnelles de la ville, auxquelles ont été ajouté le lévrier au XVIIIe siècle, en souvenir de sa fidélité au côté des Bourbons pendant la guerre de Succession d'Espagne. Font également référence à la loyauté de la ville à la couronne: les deux L (initiale du mot espagnol leal) sur les côtés.
 • Dans le blason ancien, les deux tours rappellent les deux vieux châteaux d' Ibi : el Castell Vell (château vieux) et el Castell Vermell (château rouge);
L'écusson en losange (plus exactement carré posé sur la pointe) est aux armes de l'ancien royaume de Valence, vassal de celui d'Aragon, qui indique ici le statut de ville royale. Cette condition de "patrimoine royal" selon la traduction littérale du latin, se reflète également dans la devise sous l'écu.

km 47:  Novelda
province d'Alicante (Communauté valencienne).
km 153:  Xixona
province d'Alicante
(Communauté valencienne).
km 76:  Sax
province d'Alicante
(Communauté valencienne).


km 188 :  Alicante 
Communauté valencienne - Province d'Alicante
○ Blason : "De gueules au rocher d'argent, dont la partie dextre forme un visage, émergeant d'une mer fascée ondée d'argent et d’azur, sommé d’un château donjonné de trois tours, maçonné de sable, ouvert du champ; surmonté d'un écusson en losange d'or à quatre pals de gueules; et accompagné à dextre des lettres capitales d'or A et L, l'une sur l'autre, et à senestre des lettres capitales d'or L et A l'une sur l'autre ".
 Timbre : couronne royale, ouverte
 Le tout est soutenu par un collier de l'ordre de la Toison d'or.

•  Le rocher et le château représentent le mont Benacantil et le château de Santa Barbara (XIV-XVIIIe siècles). Situé dans la partie la plus élevée de la montagne mentionnée, le château de Santa Bárbara domine l’ensemble de la Huerta de Alicante. Ancien château arabe, il a été reconstruit par les chrétiens et se compose de trois enceintes des XIVe, XVIe et XVIIIe siècles. Stylistiquement, à gauche du rocher, on devine le visage supposé d'un "maure" - c'est une formation naturelle dans la montagne, qui ressemble globalement à cette description.
L' écusson aux pals d'Aragón souligne l'appartenance historique d'Alicante à la Couronne d'Aragón, à travers le royaume de Valence, jusqu'à l'unification des royaumes péninsulaires d'Espagne.
Les lettres A.L.L.A.,  telles que fixées définitivement sous cette forme en 1941, ont des significations différentes selon les auteurs, bien qu'en tout cas, elles fassent allusion aux initiales des différents noms successifs de la ville au cours de son histoire. Pour certains, elles désignent : Alicante Lucentum Lucentum Alicante et pour d'autres : Akra Leuka Lucentum Alicante.  Akra Leuka / Leuké signifie en grec ancien : "le promontoire blanc" et serait le nom connu le plus ancien du lieu, auquel a succédé le toponyme ibéro-romain : Lucentum,  puis Alicante, ou Alacant en valencien, dérivés de son ancien nom arabe al-Laqant, etc...
Le roi Carlos I / Charles Ier (et empereur sous le nom de Charles Quint) a concédé à la ville en 1525 le collier de l'ordre de la Toison d'or en reconnaissance du soutien apporté par la cité d'Alicante dans le conflit des Germanias, et a été rajouté aux armes de la ville.




4e étape  -  Mardi 27 Août 2019 :   Cullera  -   El Puig


• Cullera
Communauté valencienne - Province de Valence
○ Blason : " Écu en losange d'or à quatre pals de gueules". Soutenu par un parchemin au naturel bordant l'écu.
 Timbre : couronne royale, ouverte
 En cimier: un chérubin de carnation ailé d'argent.


• Cullera a traditionnellement porté le blason du royaume de Valence en souvenir de son statut de ville royale avec une représentation dans les cortès valenciennes. Le chérubin est également un élément distinctif utilisé historiquement.













km 37:  Benifayó
province de Valence
(Communauté valencienne)
1er quartier : un faucon de sable
2e quartier : un autel votif romain
chargé de l'inscription latine :
"INVICTO MITHRAE LVCANVS SER"
(monument d'origine visible →ICI)
km 126:  Serra
province de Valence
(Communauté valencienne)
Cette réalisation héraldique ressemble
à un écu d'armoiries par sa forme
générale, mais ce n'est pas le cas !
Le seul écu existant est le losange
aux armes d'Aragón ! C'est une
vraie curiosité de l'héraldique
municipale espagnole.
km 114:  Bétera
province de Valence
(Communauté valencienne)
L'écu écartelé est de forme français
 moderne, il est timbré d'une couronne
aragonaise réduite à trois fleurons au lieu
de cinq et soutenu par une croix
de Calatrava d'un émail inhabituel: argent.



km 175,5 :  El Puig 
Communauté valencienne - Province de Valence
○ Blason : "D'azur à la montagne de tenné (ou: au naturel) de trois pics, sommée sur le pic central d'un château d'or, maçonné et ajouré de sable, surmonté d'une étoile à huit branches d'argent, accostée à dextre d'un écusson français écartelé en 1et 4 : d'argent à trois pals de gueules et en 2 et 3: de gueules plain; à senestre un écusson en losange d'or à quatre pals de gueules".
 Timbre : couronne royale, ouverte.

Le monastère de Santa María del Puig, fondé en 1240 par le roi Jacques Ier d'Aragón, après sa victoire à la bataille du Puig
 en 1237 contre les troupes du Taïfa (royaume arabe) de Valence






pour la suite du parcours de la 1ère semaine,
à mercredi...   →  ici





💻 Pour revoir la course, étape par étape par les cartes, les classements et les statistiques, etc...je vous invite à consulter l'excellent site de La Vuelta 2019 → ICI  (en trois langues : ES/FR/EN)

 📺  Voir les étapes en direct ou les vidéos en replay : sur la chaîne Eurosport (avec un  abonnement payant) → ICI
carte des provinces (en couleurs) visitées  durant ce grand départ 2019

💶 Crédits :
- cartes :  www.lavuelta.com
- blasons, drapeaux :   es.wikipedia.org  ou commons.wikimedia.org
- les logos viennent des sites officiels de chaque commune ou institution.
- Autres images : passer la souris dessus pour découvrir leur origine



             Herald Dick

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lundi 12 août 2019

l'Armorial de La Planche - 1669 - Gouvernement de Lyonnais - Sénéchaussée du Bas Auvergne - 1ère partie

 S   uite de la visite d'un des plus anciens manuscrits répertoriant des armoiries de villes et de villages de France, dessinées à la plume et peintes à l'aquarelle, antérieur de trois décennies à l'Armorial Général de France de Charles d'Hozier ! Voir la description initiale : →


  Nous poursuivons avec la découverte du "livre" (c'est l'appellation donnée à une section d'un manuscrit, qui est lui-même divisé en chapitres) consacré au Gouvernement de Lyonnais.  Après les  chapitres dédiés successivement aux Sénéchaussées du Lyonnais, du Forez, de Beaujolais et Dombes, du Bourbonnais, de la Marche, nous atteignons maintenant une très grande province historique de France : l'Auvergne . Il apparaît donc que plus de trois siècles avant la grande réforme des Régions adoptée en 2015, qui fit couler beaucoup d'encre, l'Auvergne et le Lyonnais étaient déjà réunis dans la même entité administrative ! Le territoire de cet ancien Comté et ancienne province, abrogée sous la Révolution, était alors divisé en deux sénéchaussées : Bas Auvergne et Haut Auvergne, faisant l'objet de deux chapitres distincts dans le manuscrit. La sénéchaussée du Bas Auvergne (c'est le terme exact employé par les contemporains et non pas: Basse-Auvergne) est détaillée dans le sixième chapitre. Son immense territoire couvre la presque totalité du département actuel du Puy-de-Dôme, plus quelques cantons du sud de l'Allier, le long de la vallée de la Sioule et dans la Limagne bourbonnaise, une grande partie du département de la Haute-Loire (le Brivadois), quelques communes du nord-est du Cantal (Cézallier) et quelques cantons de la Creuse orientale appartenant à la région naturelle des Combrailles.
   Du fait de son exceptionnelle densité, ce sixième chapitre du Bas Auvergne fera l'objet de deux articles, tout en maintenant une cohérence géographique. Le premier volet sera consacré aux régions des Combrailles, de Limagne et aux pays des volcans d'Auvergne (Monts Dôme, Monts Dore, Cézallier).

      Revenir à l'épisode précédent →


Voici l'extrait d'une carte datant de la fin du XVIIIe s. , donc postérieure d'un siècle, mais sur laquelle j'ai reconstitué les limites administratives de notre région :
 Vous pouvez cliquer sur toutes les images pour les agrandir












   Les fragments de manuscrits proviennent toujours du Volume II. Pour enrichir l'étude, j'ai mis en bonus l'extrait équivalent dans l'Armorial Général de France* (1696-1711), établi par Charles-René d'Hozier, et comme auparavant, j'ai placé le blason actuel en-dessous, pour comparer les différences ou au contraire la constance des figures dans le temps.
                 
                (*)  Armorial Général de France  -  volume II  -  Généralité d'Auvergne
                       Armorial Général de France  -  volume IV  -  Généralité du Bourbonnais (BNF Paris)

Clermont - Ferrand 
 (Puy-de-Dôme)

 Ces armoiries à la croix et aux fleurs de lys apparaissent pour la première fois aux alentours de 1300. Ce sont à l'origine les armoiries de l’évêque de Clermont. Leur usage s’est étendu au chapitre de la cathédrale puis à la ville dont l’évêque était le seigneur jusqu’au XVIe siecle. La croix est peut-être aussi un rappel de la Première croisade qui fut prêchée à Clermont en 1095 ( l'Appel à la croisade  prononcé par le pape Urbain II, le 27 novembre 1095) . Les fleurs de lys, quant à elles, symbolisent les forts liens existant depuis longtemps entre l’évêché de Clermont et les rois de France.
source texte : heraldique-sigillographie.over-blog.fr/




Montferrand
 (Puy-de-Dôme)

  Suite à de nombreux conflits opposant les comtes d'Auvergne aux évêques de Clermont, le comte Guillaume VI décida de construire, en 1120, une ville nouvelle près de Clermont, appelée Montferrand. Les armoiries de cette nouvelle ville comtale sont ornées d'un lion, comme le montrent un sceau et un contre-sceau de Montferrand datés de 1226. Il semble que l'utilisation de cet emblème héraldique soit dû au fait que la marquise d'Albon, l’épouse de Guillaume VII, comte d’Auvergne, était la fille de Guigues IV dit « Dauphin » (d'où le terme de « dauphins d'Auvergne » pour désigner les successeurs de Guillaume VII), comte du Viennois, apparenté à la famille des comtes de Nevers, dont les armoiries contenaient justement un lion.
 Un premier édit d'Union datant du 15 avril 1630, l’édit de Troyes rassemble d'autorité les villes de Montferrand et Clermont pour laisser place à la nouvelle ville unifiée nommée Clermont-Ferrand. Cette union est confirmée en 1731 par Daniel-Charles Trudaine avec le 2e édit d'Union. Pourtant, à cette époque Montferrand n'est qu'une ville satellite de Clermont, ce qu'elle restera d'ailleurs jusqu'au début du XXe siècle. Désireuse de garder son indépendance, la ville de Montferrand fera trois demandes d'indépendance en 1789, 1848 et 1863, toutes seront refusées. Aujourd'hui, Montferrand est un quartier de la ville-unie de Clermont-Ferrand mais qui conserve une certaine autonomie par son éloignement géographique du centre-ville que forme l'ancien Clermont et par le droit de conserver une mairie annexe.
source texte : heraldique-sigillographie.over-blog.fr/ et  fr.wikipedia.org/wiki/Édit_de_Troyes




Riom (Puy-de-Dôme)
  Jusqu'en 1531, date d'annexion de l'Auvergne par la couronne de France, Riom était la capitale du duché d'Auvergne, une des principautés féodales auvergnates. Au XIVe siècle, la ville a bénéficié du patronage de Jean, duc de Berry, qui reconstruisit le palais des ducs d'Auvergne et la Sainte-Chapelle.
Sous l'Ancien Régime, Riom devint la capitale de la généralité éponyme qui comprend une partie importante de l'Auvergne (voir sur le fragment de carte plus haut). Ceci explique les fleurs de lis d'or sur fond d'azur.
 Dans l'Armorial Général de France, le blason est différent : "coupé d'azur à deux fleurs de lis d'or et d'or au gonfanon de gueules frangé de sinople" qui se rapporte également à la vassalité de l'Auvergne dans le royaume de France, mais il ne sera pas conservé par la municipalité. Au passage, si vous agrandissez le dessin du blason, vous verrez apparaître sur le gonfanon l'esquisse de lignes parallèles verticales et un mystérieux personnage : humain ou animal ? difficile à déchiffrer, même avec une bonne résolution d'image. Je n'ai pas trouvé dans l'histoire du gonfanon d'Auvergne de bonne explication pour cette ombre énigmatique.




Aigueperse (Puy-de-Dôme)

 Cette bourgade de Limagne est l'ancienne capitale du comté puis duché de Montpensier dont la maison de Bourbon puis celle d'Orléans portèrent successivement le titre. Peut-être l'explication des fleurs de lis et de la couronne. 




Saint - Pourçain -sur- Sioule 
 (Allier)

  C'est un certain Portianus (connu aussi sous les noms de Portien ou Pourçain), un ermite du VIe siècle qui fonda un monastère sur les bords de la Sioule, dont il devient ensuite l'abbé et où il se retira, qui donna son nom à la ville et au vin de Saint-Pourçain.
  Le vignoble de Saint-Pourçain en Auvergne est réputé pour être un des plus anciens de France et certains font même remonter son origine au temps des marchands Phéniciens ! La découverte non loin de là, à Vichy, d'anciens outils et instruments viticoles atteste de la culture de la vigne en l'an 50 avant J.C. sous l'occupation des Romains. Le tonneau (ou la barrique), qui est une invention gauloise, est donc parfait pour symboliser cet héritage historique viticole de la région. On remarquera pour l'anecdote, que notre auteur : Pierre de La Planche montrait ses limites au niveau du dessin, dans l'approche de la perspective ! en effet il est impossible de voir simultanément les deux fonds (côtés) d'un tonneau comme il l'a représenté sur le manuscrit. Comparez avec le dessin actuel.
 L’accession à la couronne de France de la maison des Bourbons, dont le duché familial (le Bourbonnais) abrite le vignoble, donne alors aux vins de Saint-Pourçain une place prépondérante à la table de la Cour royale. Les vins de Saint-Pourçain sont exportés par voie fluviale sur l’Allier puis sur la Loire jusqu’aux confins de l’Ile de France par voie terrestre.
 Dans l'Armorial Général de France, Charles d'Hozier a tenté de promouvoir des armes parlantes avec un "pourceau" (un porc) pour coller phonétiquement à "Pourçain", mais le procédé, tiré par les cheveux, est resté sans suite.



Ébreuil (Allier)

  Le blason actuel d'Ébreuil est une combinaison des deux dessins relevés dans nos manuscrits : juste une petite divergence notable: avec la croix qui semble être à l'origine gironnée d'argent et d'azur, et non écartelée.
 La belette de gueules, symbole très populaire identifiant la petite ville, est bien le même animal indéfinissable, mi- écureuil, mi- renard, qui a été représenté par Charles d'Hozier ci-dessus ! On peut affirmer, sans offenser sa mémoire, que l'auteur du dessin n'avait certainement jamais observé de belette dans la nature, et l'animal qu'il nous a restitué est sorti de son imagination !





Cusset (Allier)


  La ville de Cusset présente la particularité de posséder des armoiries composées de deux écus accolés. Cette configuration n'est pas rare dans l'héraldique municipale française, même si dans de nombreux cas elle découle de la fusion ou la réunion de deux anciennes villes ou communautés (comme à Charleville-Mézières ou à Corbeil-Essonnes). Ici ce n'est pas le cas, l'union a une autre origine.
 Jusqu’au XVIIe siècle, Cusset n’eut pour blason que les armes du chapitre Notre-Dame: " un senestrochère d’argent, tenant une épée aussi d’argent, la poignée et la garde d’or, sur la pointe de laquelle est posée une couronne aussi d’or". Comme on le constate sur nos deux manuscrits, l'émail du champ varie entre gueules et azur.. Le bras du senestrochère est tantôt naissant du champ de l'écu, tantôt  sortant d'une nuée d'argent.
En 1698, lorsque Charles-René d’Hozier réalise le volume n°4 de l’Armorial Général de France, la ville de Cusset se voit doter d’un autre blason: "de gueules semé d’écussons d’or".



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D'autres lieux ou villes sont juste décrits par le texte :

- avec un contour de blason vide, et sans description : Besse (-et-Saint-Anastaise), Ardes, Auzances, Maringues.

- sans blason ni mention s'y rapportant :   Ennezat, Allanche, Artonne, Combronde, Pontgibaud, Herment, Évaux (-les-Bains), Chambon (-sur-Voueize).

 # cependant, quelques années plus tard, certaines villes (en gras, ci-dessus) ont été enregistrées et blasonnées dans l'Armorial Général de France.  Ces blasons sont encore d'actualité, pour certains, à quelques détails près.


commune de
Besse -et- Saint-Anastaise
(Puy-de-Dôme)

Ardes (Puy-de-Dôme)

Auzances (Creuse)

Maringues (Puy-de-Dôme)

Ennezat (Puy-de-Dôme)

Allanche (Cantal)

Artonne (Puy-de-Dôme)

Pontgibaud (Puy-de-Dôme)

Évaux - les-  Bains (Creuse)

Chambon -sur- Voueize
(Creuse)


# et pour aller plus loin avec l'Armorial Général de France, on peut encore rajouter ces dernières localités qui dépendaient de cette partie occidentale de la sénéchaussée, devenues aujourd'hui des communes, et qui n'ont pas été mentionnées dans le manuscrit de La Planche :
Charroux, Saint-Gervais-d'Auvergne, Saint-Amant-Tallende, Pont-du-Château.

et leurs blasons respectifs qui sont toujours d'actualité,à quelques détails près.

Charroux (Allier)

Saint - Gervais -d'Auvergne 
 (Puy-de-Dôme)

Saint - Amant - Tallende
 (Puy-de-Dôme)

Pont -du- Château 
 (Puy-de-Dôme)



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A bientôt pour une nouvelle série ... → ICI


Crédits :
les blasons "modernes" sont empruntés  à : armorialdefrance.fr/

les extraits des manuscrits proviennent de :
- Bibliothèque et Archives du Musée du Château de Chantilly :
   . www.bibliotheque-conde.fr/ressources-en-ligne/

 - Bibliothèque nationale de France à Paris : 
   . gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k111461c/
   . gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k111462r/


💶 Appel au mécénat ou aux généreux donateurs :
 Au cours d'échanges d'informations avec les responsables de la Bibliothèque du Musée Condé, au sujet du manuscrit, il m'a été rapporté que l'ouvrage de Pierre de La Planche n'est actuellement plus exposé ni mis à disposition des visiteurs. En effet, les deux volumes du manuscrit sont en mauvais état : "la couverture", ce que l'on nomme dans le métier: les plats de reliure, sont soit partiellement,soit totalement détachés du manuscrit, ce qui nuit à sa conservation. La reliure étant en effet là pour maintenir et protéger le manuscrit.
  Si des personnes ou des entreprises sont intéressées, en mode mécénat, pour participer à la prise en charge de la restauration de ces précieux ouvrages, qu'elles prennent contact pour les modalités, avec les bibliothécaires à cette adresse mail  : bibliotheque@domainedechantilly.com
ou sinon m'écrire à : heraldexpo@orange.fr et je transmettrai à ma correspondante privilégiée.


             Herald Dick  
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