Emblème (logo) officiel de l'administration régionale du Pays Basque et son célèbre drapeau |
🚴 Pour la treizième année consécutive Herald Dick Magazine vous propose de suivre ce petit exercice : le "Tour de France cycliste en blasons". Vous savez maintenant, que les Tours d'Espagne et d'Italie sont aussi tous les ans au programme, l'un habituellement au printemps, l'autre en septembre. Vous pouvez trouver tous les sujets des années précédentes via la liste des mots-clés en marge droite (à Vuelta, Giro et ... Tour de France ).
C'est donc dans la Communauté autonome du Pays Basque, et en terre espagnole que prendra effet ce Grand Départ 2023, le 110ème de l'histoire du Tour. C'est le 25e grand départ lancé depuis un pays étranger (le dernier en date était le Danemark l'an dernier, en 2022), mais seulement le 2e depuis l'Espagne (après celui de Donostia - San Sebastian / Saint-Sébastien en 1992). Toutefois, les routes du Tour ont très souvent fait des incursions en Espagne, petites ou grandes, via les cols pyrénéens. Ainsi, depuis 1949, 24 étapes ont terminé ou débuté dans une ville espagnole, parfois la même sur deux étapes consécutives.
Ainsi, en Catalogne avaient été sélectionnées: Barcelone (1957, 1965 et 2009) ; La Seu de Urgell (1968 et 1974) ; le Val d'Aran (2006 et 2016) ; Gérone (2009).
En Aragon : la petite ville de Jaca (1991).
Dans la région de Navarre : Pampelune (1996).
Dans le Pays Basque que nous retrouvons aujourd'hui, San Sebastian/Saint-Sébastien avait déjà été ville-étape en 1949 et en 1992 (en tout: 4 départs et 3 arrivées dont un prologue), Vitoria-Gasteiz l'a été également en 1977 (1 départ et 1 arrivée). Cette année ces deux villes seront encore remises à l'honneur en tant que villes-étapes et nous aurons en plus, pour la première fois: Bilbao, la plus grande ville de la région, et la petite ville d'Amorebiata-Etxano, les deux faisant partie de la magnifique province de Biscaye.
traduction : Tour de France 2023 - Du 1er au 23 juillet - En direct sur EITB (groupe audiovisuel public) |
skyline du Pays Basque : côte de Biscaye, Getxo, Bilbao, Vitoria-Gasteiz, Donostia/San Sebastian, etc © Tour de France 2023 |
Je rappelle encore cette fois aux passionnés exclusifs du vélo en tant que sport, qu'ils ne trouveront guère, voire aucune information sur leurs coureurs favoris, ni aucun résultat dans ces lignes. J'en suis parfaitement désolé. Pour vibrer avec les exploits des sprinters et des as de la montagne, il faut se tourner vers les médias spécialisés. Ici, c'est surtout pour découvrir le patrimoine héraldique à travers les villes étapes avec peut-être quelques surprises, mais pas de grosses émotions ni évidemment de fatigue. Ce n'est qu'un prétexte pour un exercice que j'ai mis au point en 2011 et qui a fait son chemin.
Voici la carte générale du parcours durant les 3 semaines à venir, du 1er au 23 juillet 2023 : 21 étapes et deux jours de repos, suivie de la vidéo officielle de présentation:
Au programme de cette 110e
édition : 6 étapes de plaine, 6 étapes accidentées, 8 étapes de
montagne avec 4 arrivées en altitude (Cauterets-Cambasque, Puy-de-Dôme, Grand Colombier, Saint-Gervais-Mont-Blanc), 1 unique étape contre la montre
en
individuel, et 2 journées de repos. Au total, 3 405,6 kms seront
parcourus par les coureurs. Les cinq massifs montagneux de l’Hexagone
seront à nouveau franchis cette année, dans l’ordre: les Pyrénées y compris l'extension de la chaîne au Pays basque, le Massif
central, les Alpes du Nord, le
Jura et les Vosges.
Cette année, le Tour de France passera par 2 pays: Espagne (1 région et 3 provinces) et la France: 6 régions et 23
départements seront visités. Cependant, si
l'on observe la carte du parcours, on constatera que le "Tour" cette année n'a rien d'une boucle, mais ressemble plutôt à une diagonale se dirigeant d'ouest en est. Encore davantage de régions de France seront frustrées de ne pas
être
visitées: la quasi totalité de la façade ouest, le Centre, hormis le haut du Massif central, tout le Nord, presque tout l'Est, ainsi que le Sud et le Sud-Est. C'est une constante rencontrée chaque année: une
concentration d'étapes dans certaines régions, favorisées pour les étapes de montagne au détriment
d'autres, trop souvent délaissées. Seule consolation : de nombreuses villes-étapes sont inédites ou rarement visitées, nous aurons le plaisir de revoir la mythique montée au sommet du Puy-de-Dôme, abandonnée depuis 35 ans (1988) !
Les trois premières étapes couvriront les trois provinces composant la Communauté Autonome du Pays Basque espagnol, dans l'ordre : Biscaye, Alava et Gipuzkoa. On peut y rajouter la province historique basque française du Labourd lors le troisième étape. Par ailleurs toutes les capitales de ces quatre entités sont aussi villes-étapes: Bilbao, Vitoria-Gasteiz, Donostia/San Sebastian et Bayonne. Une première étape en boucle entièrement tracée en Biscaye autour de Bilbao sillonnera les sauvages collines qui bordent la mer Cantabrique et passera deux fois par Gernika, lieu de mémoire. La seconde étape offrira un départ sur un plateau, à 600 m d’altitude en partant de Vitoria-Gasteiz, capitale du Pays Basque et d’Alava, pour se diriger vers la mer par un parcours très accidenté, avec l'ascension en final du mont Jaizkibel, et avant d'accéder à la capitale du Gipuzkoa: San Sebastián. Enfin, le troisième jour, nous repasserons par les terres de Biscaye d’abord, pour rejoindre le bord de mer par le magnifique port de Lekeitio, puis le long de 80 km de route côtière avec un dernier salut à Saint-Sébastien, vers Irun, Hendaye, retour en France avec une ballade à travers les routes du pays du Labourd. Terminus: Bayonne avec à coup sûr un sprint massif.
Armoiries des trois provinces basques espagnoles : 1/ Biscaye - 2/ Alava - 3/ Gipuzkoa |
Ancienne province du Labourd (pour la partie française du Pays basque) |
Et voici le parcours (schématisé) des trois premières étapes :
🛡 Du point de vue de l’illustration héraldique, pas de grosses difficultés à prévoir, mises à part quelques arrivées au sommet dans la montagne, ou dans des sites naturels. Cette année encore je vous propose le même traitement que je réalise depuis 2017: l'intégration de trois villes ou communes (parfois plus) situées sur le parcours de chaque étape, intercalées entre la ville du départ et celle de l'arrivée. Priorité donc à l'héraldique civique, avec la découverte de communes qui ne seront peut-être jamais, faute de moyens ou de notoriété, éligibles pour recevoir le Tour, pour un départ ou une arrivée d'étape. Cela nous permettra ainsi de visionner près d'une centaine de blasons municipaux à travers la France, mais aussi quelques-uns provenant de la Communauté Autonome du Pays Basque.
Bilbao et ses monuments futuristes : le Musée Guggenheim et l'araignée géante "Maman" œuvre de la sculpteure Louise Bourgeois - © photo : site www.getyourguide.fr |
៚ ci-dessus: autre version des armes de Bilbao, utilisée anciennement, plus colorée, mais les loups provoquent une enquerre. |
Timbre : couronne royale ouverte.
Supports : une branche de laurier de sinople fruitée de gueules à dextre et une branche d'olivier de sinople fruitée de sable à senestre passées en sautoir à la pointe de l'écu.
•• Le dessin est une représentation héraldique d'un paysage urbain réel : l'église Saint- Antoine (San Antón), à proximité du pont médiéval sur le río Nervión., ou plutôt la Ría de Bilbao. Les héraldistes espagnols utilisent beaucoup le subterfuge du "naturel" dans les armoiries, pour annuler les enquerres y compris pour la couleur de la pierre des édifices ! Très malin.
les comtes de Haro |
km 42,7: Górliz (ville et municipio) province de Biscaye (Communauté aut. du Pays Basque) Le blason fait référence à l'ancienne paroisse locale érigée en "Elizate". Au XVIIIe siècle elle possédait une petite flotte de navires pour le compte de la seigneurie de Biscaye. |
km 73,9: Bermeo (ville et municipio) province de Biscaye (Communauté aut. du Pays Basque) Ce blason rappelle que les ports basques étaient jadis spécialisés dans la chasse à la baleine. |
km 61,3: Bakio (ville et municipio) province de Biscaye (Communauté aut. du Pays Basque) Le sujet du blason est similaire au précédent : une paroisse administrant un port marchand |
kms 88,2 et 126,8: Gernika-Lumo / Guernica (ville et municipio) province de Biscaye (Communauté autonome du Pays Basque) L'arbre de Guernica est l'emblème de la province de Biscaye et un symbole important pour les Basques. Le façade à colonnade évoque le bâtiment historique de la Maison des Juntes de Guernica. |
Vitoria / Gasteiz en langue basque, capitale administrative du Pays Basque et
de la province d'Alava - Photo : © NoraDoa - stock.adobe.com |
Vitoria-Gasteiz - Saint-Sébastien
Timbre : couronne royale ouverte d’où tombent sur les côtés deux rubans d'azur portant la devise en capitales romaines d'or : "QUAE VINCIT HAEC EST VICTORIA".
••• La devise se traduit du latin par " Voici la victoire qui triomphe " (.... du monde, c'est celle de notre foi.), paroles du roi de Navarre, Sancho VI el Sabio (1132-1194), qui en citant un verset de la Première épître de l'apôtre Saint Jean, donna ainsi son nom à la ville de Vitoria - "Esta es Victoria la que venció".
km 182,5: Hondarribia / Fuenterrabía (ville et municipio) province de Guipúzcoa (Communauté aut. du Pays Basque) Cette petite ville frontalière avec la France sur la Bidassoa, face à Hendaye, possède des armoiries très complexes mais hélas très fautives au niveau de la règle des couleurs Elles sont blasonnées en français → ICI Le sceau circulaire illustre le siège de 1638 y compris la Vierge de Guadalupe, protectrice de la ville, qui est posée au sommet de l'écu timbré. |
km 136,2: Anoete (ville et municipio) province de Guipúzcoa (Communauté aut. du Pays Basque) Un village fortifié en bois datant de l'âge du fer établi sur une colline baignée au pied par une rivière. En chef: un coucou (Cuculus canorus) de sable en vol, symbole du village. |
• Les armoiries ont été adoptées au milieu du XVIe
siècle. Son utilisation est documentée pour la première fois avec une
empreinte d'un sceau de la ville présent sur un document de l'année
1577, conservé dans les archives diocésaines de Pampelune. Naturellement, le dessin a évolué au cours du temps, mais les figures n'ont changé que dans quelques détails (références : site www.sitographics.com)
•• L'élément central des armoiries de Saint-Sébastien est un brigantin, un dérivé du brick, avec sa coque et ses mâts d'or. Le brigantin
est un navire, généralement à deux mâts, dont tout le gréement est
constitué de voiles carrées. Ce type de bateau est apparu dans la
deuxième partie du XVe
siècle et a été largement utilisé jusqu'au XIXe siècle. Il se
caractérisait par sa rapidité et son agilité dans la manœuvre. Adaptés
au trafic entre continents, les brigantins servaient de navires pour le
trafic marchand.
••• Très peu de communes basques ont un écu
timbré d'une couronne, notamment pour des motifs politiques. C'est avec
la dynastie des Bourbons, arrivés sur le trône d'Espagne, que l'utilisation d'une couronne royale fermée par huit diadèmes, dont cinq visibles, introduite par le roi Philippe V a été généralisée dans tout le royaume.
Après la guerre civile (1936/1939), comme cela s'est produit dans de
nombreuses villes et provinces espagnoles, on a récupéré l'usage d'une
couronne royale ancienne ouverte, qui avait été utilisée jusqu'au XVIe siècle et conservée dans certains cas. La couronne ouverte est encore largement utilisée aujourd'hui.
Vue de la baie de Saint-Sébastien avec la célèbre plage "de La Concha" - © photo Wikimedia Commons |
Amorebieta-Etxano - Bayonne
Écu supporté par deux branches de chêne de sinople englantées d'or, passées en sautoir à la pointe ; timbré d'un listel d'argent portant l'inscription (cri) en lettres capitales de sable dans le style graphique basque "ZORNOTZA" et soutenu d'une autre banderole d'argent avec l'inscription "AMOREBIETA ETXANO UDALA" (= Mairie d'Amorebieta-Etxano).
• Le nom officiel de la ville est Amorebieta-Etxano, cependant l'Académie de la langue basque recommande le nom de Zornotza, comme les habitants la nomment couramment.
version officielle de la municipalité |
Timbre : couronne comtale.
Devise latine inscrite sur une banderole en support passant derrière l'écu: « NVNQVAM POLLVTA » (jamais souillée ou déshonorée) ". • Officialisées en 1919, les armoiries actuelles de Bayonne sont donc connues depuis le XVIIe siècle. Les éléments proviennent de symboles plus anciens: fortifications (tour), passage de la souveraineté anglaise au royaume de France en 1451 ( fleur de lys, léopards transformés en lions rampants).
Au cours des conflits sporadiques qui agitent les campagnes françaises du milieu du XVIIe siècle (les jacqueries), les paysans de Bayonne se trouvent à court de poudre et de projectiles. Ils fichent leurs longs couteaux de chasse dans les canons de leurs mousquets, confectionnant des lances improvisées que l'on appellera par la suite : "baïonnettes". C'est cette arme improvisée qui va faire par la suite, et encore récemment, une longue carrière et beaucoup de dégâts dans les armées régulières, lors des charges d'homme à homme. Elle figure comme armes parlantes sur le blason de Baÿonne répertorié dans l'Armorial Général de France (voir → ICI). Le dessin ressemble plutôt à une dague, ou un poignard, et est à classer parmi toutes ces nombreuses et déconcertantes attributions "d'office" que René Charles d'Hozier créait quand la ville n'avait pas répondu à l'obligation de fournir ses véritables armoiries pour leur enregistrement, selon les termes de l'Édit royal de 1696 (régne de Louis XIV).
vous pouvez y trouver des renseignements complémentaires, pour chaque blason.
Gorliz
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