lundi 24 décembre 2018

Joyeux Noël - une héraldique imaginaire de la Nativité

  L’ Adoration des mages, d'après un épisode de l'Évangile selon Matthieu (2, 1-12) est un thème iconographique chrétien populaire relatant un épisode de la vie du Christ : celui de la visite des rois mages lors de sa nativité, à Bethléem. Dans l'Occident chrétien, cette scène est commémorée le jour de l'Épiphanie, soit le 6 janvier, tandis que l'Église orthodoxe la place le 25 décembre.
évocation de la scène de l'Adoration de Jésus par les Rois Mages, d'après une composition héraldique intitulée : " Praesepium Heraldicum 2014 " (crèche héraldique 2014) signée par un illustrateur du nom de "Da Silva"
  le ciel étoilé a été rajouté par moi-même pour combler l'espace (j'espère que l'auteur ne m'en tiendra pas rigueur).
 origine de l'image : Revue n°2 du Centre d’études généalogiques et historiques Barão de Arêde Coelho (Portugal), page 9 -
voir site internet et archives → ICI  
  L'illustrateur portugais a ici choisi d'identifier tous les personnages à l'aide d'armoiries, comme le faisaient souvent les enlumineurs du Moyen-âge. En effet dans de nombreuses chroniques et autres armoriaux manuscrits, à partir du XIIIe siècle, les auteurs attribuaient des blasons à un grand nombre de personnages historiques ou légendaires du haut Moyen-âge, de l'Antiquité, dont l’existence réelle ou supposée était bien antérieure à l’apparition des premières représentations attestées de l'héraldique occidentale (vers le milieu du XIIe siècle). Et naturellement les personnages bibliques de l'Ancien ou du Nouveau Testament, ainsi que ceux des divers Évangiles et saintes écritures de la religion chrétienne n'y ont pas échappé.

La Vierge Marie, au centre, tient dans sa main gauche le blason du "Fils de Dieu", dont la filiation est confirmée par la présence d'un lambel à trois pendants brochant en chef, comme le pratiquaient par convention les hérauts médiévaux pour désigner les ainés des grands lignages princiers et aristocratiques.

Les grandes « armoiries de Dieu » ou plus exactement de la Sainte Trinité, dans l'armorial
de Wernigerode (Wernigeroder Wappenbuch), Allemagne du Sud, vers 1490
 manuscrit BSB Cod.icon. 308 n , folio 1v -  Bayerische Staatsbibliothek, Munich
 

 👑👑👑  Les trois Rois Mages, Melchior, Gaspard et Balthazar portent chacun sur leur manteau, le blason censé les identifier formellement. Mais c'est illusoire car il faut savoir que d'un manuscrit à un autre, et surtout selon les époques, si les blasons montrent à peu près toujours les mêmes figures, les émaux par contre diffèrent souvent et surtout ils peuvent être attribués à l'un ou l'autre roi, et sont donc interchangeables ! comme vous pouvez le constater avec les trois extraits ci-dessous, provenant de célèbres armoriaux du Saint Empire, mais conçus à des époques différentes. Ce ne sont que trois exemples choisis parmi tant d'autres comportant d'autres émaux et agencement des figures.
1/ Gaspard - 2/ Melchior - 3/ Balthazar  -  Armorial de Gelre (Wapenboek Gelre), Flandre/Pays-Bas - v. 1370 - 1414
manuscrit ms. 15652-56. - folio 28v -- Bibliothèque royale de Belgique, à Bruxelles.
1/ Gaspard - 2/ Balthazar - 3/ Melchior   -  Chronique du Concile de Constance (1414-1418)
 ( Chronik des Konstanzer Konzils) par Ulrich von Richental , Augsbourg, Allemagne du sud -  1483
cote M38152 - folio 102r -  Universitätsbibliothek Heidelberg , Allemagne / Bade-Wutemberg
1/ Gaspard - 2/ Melchior - 3/ Balthazar  -  Livre des atours de la cour des ducs Guillaume IV et Albert V de Bavière
 ( Hofkleiderbuch des Herzogs Wilhelm IV. und Albrecht V.), Allemagne/Bavière - v.1508-1551
 manuscrit BSB Cgm 1952 , folio 20v -  Bayerische Staatsbibliothek, Munich

  Moins visibles mais on les devine, les parents de Jésus, Marie, et Joseph, debout derrière Marie, portent aussi de petites armoiries sur le fermoir de leurs manteaux, mais illisibles. Un autre dessin antérieur de deux ans, de la main du même illustrateur permet de mieux les visualiser :

" Praesepium Heraldicum 2012 " (crèche héraldique 2012) signée aussi par l' illustrateur "Da Silva"
détails des blasons de Marie (à gauche) et Joseph (à droite), encadrant celui de Jésus (déjà commenté), ci-dessous
l'ange planant au-dessus de la crèche porte quant à lui le blason de Dieu ou de la Trinité


  L'auteur a attribué à Marie un blason avec une figure en forme de fleur de lis héraldique composée elle-même de trois lis de jardin. Les lis de jardin et par extension les lis héraldiques, au nombre de trois en général, pour évoquer la Trinité, sont un des nombreux symboles affectés à la Mère de Jésus dans l'iconographie chrétienne.
  Enfin, pour identifier Joseph, son blason montre un lion rampant tenant une harpe. Une harpe qui rappelle l'emblème du roi David.  Il y avait dans les textes chrétiens entre le XIIe et le XVe siècle,  avec l'évocation de l'Arbre de Jessé, une théorie schématisant la généalogie de Jésus, c'est-à-dire l'arbre généalogique présumé de Jésus de Nazareth à partir de Jessé, père du roi David.

emblème du Collège St. Mary MacKillop
de Kensington (Sydney, Australie)






Herald Dick vous souhaite de :
 🎅 🎆JOYEUSES FÊTES !!!!🎇🎄

4 commentaires:

  1. N'est-il pas étrange que Balthazar n'est pas d'étoile ?
    En effet quand on connait l'histoire de la famille des Baux et son attachement pour ce roi mage, on pourrait supposé que l'étoile lui soit liée non ?

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    1. Vous n'avez pas bien lu mon article ! les blasons des trois Rois ont été souvent intervertis , selon les récits et les armoriaux de toutes époques. Donc forcément Balthazar comme on peut le voir sur deux des extraits que je montre plus haut est parfois identifié aussi par le croisant et l'étoile ou les cinq ou sept étoiles...

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    2. au temps pour moi, en effet
      en parlant de relecture, mon commentaire en aurait mérité une...
      bonne continuation à ce blog toujours passionnant !

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    3. Merci, c'est gentil ...
      Les commentaires sont toujours les bienvenus :-)

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