Nous poursuivons cette "Quête du Graal" virtuelle en mode documentaire, par l'exploration de quelques importants manuscrits et premiers livres imprimés français relatifs au cycle arthurien. Je vous invite à revoir le premier chapitre (voir ici →◙ ) qui résume toute la démarche initiale. Du moins nous privilégions ceux dont la légende est illustrée par de pures merveilles que sont les enluminures et plus spécialement les dessins ayant un intérêt du point de vue de l'héraldique.
Voici donc le troisième volet de la série. Je rappelle que j'ai pris comme base référentielle deux armoriaux manuscrits : celui coté "Français 5233" de la Bibliothèque Nationale de France (Paris) daté du XVIe siècle, et le manuscrit coté "Ms 5024" de la Bibliothèque de l'Arsenal (Paris), du XVe siècle. C'est le premier qui décide de l'ordre de présentation des chevaliers, précédés d'un chiffre romain.
Vous pouvez aussi revenir au chapitre précédent : → #02
• Les blasons :
Galaad est le fils de Lancelot du Lac et d'Elisabel, la fille du roi Pellés, le roi Pêcheur. Il est aussi neveu d'Hector des Mares, petit-cousin de Bohort, Lionel, Blanor et Bliobéris. Son nom vient du gallois Gwalchaved: « faucon d'été». Il est le plus jeune chevalier de la Table ronde. Il est le bon chevalier, le seul qui puisse s'asseoir à la droite d'Arthur sur le siège périlleux, comme prédit par Merlin qui l'avait présenté à la cour du roi Arthur. Il accomplit la quête du Saint-Graal accompagné de Perceval et de Bohort, qui sera celui qui versera le sang du Christ qui se trouvait sur la lance du soldat romain l'ayant blessé au côté (la Sainte Lance ou la Lance qui saigne). Galaad sera le seul, au terme de la quête, à pouvoir regarder à l'intérieur du Graal. Il mourut d'ailleurs juste après car avec ce qu'il avait vu, il ne pouvait plus vivre. Son père Lancelot était lui aussi à l'origine destiné à la quête du Graal mais il en fut détourné par l'amour qu'il portait à Guenièvre.
• Bam ! cela commence plutôt mal avec ce manuscrit Fr. 1437 : l'écu central est différent: "d'or à une croix pattée de gueules" ! cela arrive parfois, on pourrait appeler cela des variantes artistiques ... nous sommes dans l'imaginaire, faut-il le rappeler. Les ornements extérieurs sont par contre corrects.
• On pourra maintenant aussi s'étonner des diverses orthographes utilisées par les auteurs : Gallad, Gullat... la liste est longue. Mais l'important est de pouvoir identifier le personnage grâce, justement, par ses armoiries!
Perceval le Gallois est comme Galaad, un des chevaliers les plus illustres de la légende liée à la Quête du Graal. Il est le fils du roi Pellinor de Listenois et de la Veuve Dame, neveu de Lamorat de Listenois, frère de Mélodiam, Alain, Dorian, Agloval et Lamorat de Galles, demi-frère de Tor. Il meurt en ermite après avoir achevé la quête du Graal.
• Comme pour les armes de Gauvain, vues dans le volet précédent, les enlumineurs ont du mal à donner une teinte précise à l'émail pourpre. Encore une fois les nuances vont du gris au marron !
• En remontant sur le feuillet tout au début du sujet , vous aurez remarqué que la blason de Perceval porte un franc-quartier d'argent chargé d'une molette de sable. Il pourrait s'agir d'une brisure, mais je n'ai pas trouvé sa justification dans ma documentation.
Galehaut, le Haut Prince est le fils de Brunor et de la Belle Géante, oncle de Galehodin, il est le seigneur de Sorelois et des Isles Lointaines. Il aime la Dame de Malohaut (veuve de Danain le Roux) et se laisse mourir de langueur et de chagrin en croyant à la mort de Lancelot du Lac, dont il est permis aujourd'hui de penser qu'il était secrètement amoureux.
Voici donc le troisième volet de la série. Je rappelle que j'ai pris comme base référentielle deux armoriaux manuscrits : celui coté "Français 5233" de la Bibliothèque Nationale de France (Paris) daté du XVIe siècle, et le manuscrit coté "Ms 5024" de la Bibliothèque de l'Arsenal (Paris), du XVe siècle. C'est le premier qui décide de l'ordre de présentation des chevaliers, précédés d'un chiffre romain.
Vous pouvez aussi revenir au chapitre précédent : → #02
• Les blasons :
- Messire Galaade / Galaad
- Percheval de galles / Perceval de Galles
- Galehault / Galehaut
- Le duc de clarence / le Duc de Clarence
- Messire Lamoral / Lamorat de Galles
- Blanoir de Gannes / Blanor de Gaunes
X. Galaad
miniature illustrant les aventures de Galaad ; il est présent deux fois dans l'image pour évoquer deux séquences successives du même évènement : au centre il se fait remettre par un vieillard les clés du Château des Pucelles (à gauche ), après combattu et vaincu seul sept chevaliers, tous frères (à droite) qui voulaient l'empêcher d'accéder au château maudit et le tuer. |
Armes : d’argent à la croix de gueules.
Cimier : une tête de jeune fille au naturel, chevelée d’or
Supports : deux licornes d’argent.
Devise : O L’AIDE DIEV
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Cimier : une tête de jeune fille au naturel, chevelée d’or
Supports : deux licornes d’argent.
Devise : O L’AIDE DIEV
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• On pourra maintenant aussi s'étonner des diverses orthographes utilisées par les auteurs : Gallad, Gullat... la liste est longue. Mais l'important est de pouvoir identifier le personnage grâce, justement, par ses armoiries!
Galaad et Perceval réunis, fragment du feuillet du Ms Fr 5024, folio 1r. déjà vu dans le chapitre #01 |
XI. Perceval
Perceval le Gallois est comme Galaad, un des chevaliers les plus illustres de la légende liée à la Quête du Graal. Il est le fils du roi Pellinor de Listenois et de la Veuve Dame, neveu de Lamorat de Listenois, frère de Mélodiam, Alain, Dorian, Agloval et Lamorat de Galles, demi-frère de Tor. Il meurt en ermite après avoir achevé la quête du Graal.
Armes : de pourpre semé de croisettes d’or.
Cimier : une croix d’or.
Supports : deux griffons d’argent.
Devise : CRVX CHRYSTI
Cimier : une croix d’or.
Supports : deux griffons d’argent.
Devise : CRVX CHRYSTI
• Comme pour les armes de Gauvain, vues dans le volet précédent, les enlumineurs ont du mal à donner une teinte précise à l'émail pourpre. Encore une fois les nuances vont du gris au marron !
• En remontant sur le feuillet tout au début du sujet , vous aurez remarqué que la blason de Perceval porte un franc-quartier d'argent chargé d'une molette de sable. Il pourrait s'agir d'une brisure, mais je n'ai pas trouvé sa justification dans ma documentation.
XII. Galehaut
Galehaut, le Haut Prince est le fils de Brunor et de la Belle Géante, oncle de Galehodin, il est le seigneur de Sorelois et des Isles Lointaines. Il aime la Dame de Malohaut (veuve de Danain le Roux) et se laisse mourir de langueur et de chagrin en croyant à la mort de Lancelot du Lac, dont il est permis aujourd'hui de penser qu'il était secrètement amoureux.
Armes : d’argent semé d’étoiles d’azur, au lion de gueules armé et lampassé de sinople brochant.
Cimier : une tête de lion de gueules, lampassée de sinople (ci-dessus : un panache de plumes de sinople).
Supports : deux lions de gueules, armés et lampassés de sinople.
Devise : DE ISLE EN ISLE
Armes : d’azur à une ville d’or, maçonnée de sable.
Cimier : une ville d’or (ci-dessus : un panache de plumes de gueules).
Supports : deux anges papelonnés au naturel.
Devise : BRITANIA BRITANIA
Cimier : une tête de lion de gueules, lampassée de sinople (ci-dessus : un panache de plumes de sinople).
Supports : deux lions de gueules, armés et lampassés de sinople.
Devise : DE ISLE EN ISLE
XIII. Galescin, le duc de Clarence
Galescin, le duc de Clarence est le fils du roi Nantres et Blasine, neveu du roi Arthur et cousin de Dodinel, de Gauvain et ses frères, d'Yvain, d'Alain (sénéchal de Clarence) et son frère Achalain (connétable de Clarence).
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Armes : d’azur à une ville d’or, maçonnée de sable.
Cimier : une ville d’or (ci-dessus : un panache de plumes de gueules).
Supports : deux anges papelonnés au naturel.
Devise : BRITANIA BRITANIA
"Le duc de Clarance estoit homme fort petit mais gros et entassé estoit les cheveux eust noir et grant plante en avoit le visage eust presques blanc..." |
• Il a bien existé dans le monde réel du royaume médiéval d'Angleterre un titre de duc de Clarence, dont l'origine se situe à Clare, une petite ville dans le Suffolk. Ce titre a été porté par plusieurs membres de la famille royale anglaise, puis britannique, de manière honorifique, suite à l'extinction de la descendance des premiers ducs qui l'ont porté en titulaires jusqu'au XVe siècle.
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XIV. Lamorat de Galles
Lamorat de Galles est fils du roi Pellinor et de la Veuve Dame, frère de Mélodiam, Alain, Dorian, Agloval et Perceval, demi-frère de Tor, et neveu de Lamorat de Listenois. Il est tué par Gauvain avant la quête du Graal.
Armes : de pourpre semé de croisettes d’or, au léopard d’or brochant.
Cimier : une tête de léopard d’or
(ci-dessous : un buste de jeune femme naissant, au naturel, chevelée d'or, habillée de gueules).
Supports : deux léopards d’or.
Devise : SOIS SEVR
Cimier : une tête de léopard d’or
(ci-dessous : un buste de jeune femme naissant, au naturel, chevelée d'or, habillée de gueules).
Supports : deux léopards d’or.
Devise : SOIS SEVR
Lamorat, peinture sur parchemin, XVe siècle |
Joute entre Palamède (aux armes "échiqueté d'argent et de sable"), Tristan (aux armes "de sinople au lion d'or, armé et lampassé de gueules") et Lamorat de Galles, qui est vaincu, au premier plan. Il est ici représenté avec des armes "de pourpre semé de croisettes d'argent" sur les housses de son cheval. Dans le fond apparait, poursuivie par des chiens courants "la Bête glatissante" (c'est écrit dans le texte en rouge au-dessus) : un monstre qui terrorisait les populations et qui a fait l'objet d'une "quête" spécifique de certains chevaliers tels que Palamède. La "quête" étant entendue comme une mission d'intérêt général ou une épreuve, souvent dangereuse. |
XV. Blanor
Blanor de Gaunes est le fils de Nestor de Gaunes, le frère de Bliobéris, le neveu de Ban de Bénoïc et de Bohort de Gaunes, cousin de Lancelot du Lac, Hector des Mares, Bohort et Lionel, et père du Chevalier Sot-Sage. Certains armoriaux le font curieusement périr avant la quête du Graal, alors qu'il est cité comme participant à cette aventure dans plusieurs textes.
• La plupart des armoriaux, comme on peut le vérifier ici, lui attribuent les mêmes armes qu'à son frère, Bliobéris «d’argent semé de croissants de sable, à trois bandes de gueules brochantes». Et comme pour Bliobéris, on retrouve les mêmes erreurs sur le placement des croissants : chargeant ou empiétant sur les bandes de gueules.
• Dans certains textes on mentionne des armes propres à Blanor, comme un "semé de tourteaux de sable" à la place des croissants. Effectivement dans la toute première miniature montrée au début de ce sujet (Galaad prêtant serment), un chevalier de l'arrière-plan porte un tabard avec des tourteaux de sable sur fond argent et des bandes de gueules. Il pourrait donc être identifié comme étant Blanor.
• Par ailleurs, notre manuscrit de référence : "Français 5233" dont le feuillet complet débute aussi cette page, lui attribue non pas des croissants, mais des "cors de chasse" de sable !
• Ces petits détails ou divergences notoires nous démontrent que les experts auto-désignés doivent réfléchir avant d'affirmer que tel ou tel blasonnement est le bon, et pas un autre, parce qu'ils l'ont décidé ainsi. En réalité, on peut seulement prétendre qu'il s'agit de celui qui est statistiquement le plus représenté ... tout en n'excluant pas bien sûr les erreurs manifestes, commises par les enlumineurs et les auteurs des manuscrits. Mais, plus de 600 après les faits il y a prescription et les responsables ne peuvent plus se défendre !
• Dans l'armorial ci-dessus c'est le nom du chevalier qui apparait étrangement erroné : "Brunor de Gaunes" au lieu de Blanor. Il existe dans les récits et les armoriaux deux personnages portant le nom de "Brunor", et même deux "Brunor le Noir" que nous aurons l'occasion de retrouver plus tard, mais pas de "Brunor de Gaunes".
• Sur cette dernière miniature, Blanor qui tombe au sol, porte curieusement un bouclier "d'argent à l'aigle de sable et une cotice en bande de gueules, brochant sur le tout". C'est à quelque chose près le (vrai) blason de Bertrand du Guesclin !
Celui-ci ayant été un moment rajouté à la liste du thème des "Neuf Preux" , il n'est pas exclu qu'une connexion entre les deux grandes légendes médiévales de la chevalerie se soit glissée par l'intermédiaire des enlumineurs.
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Enfin, je vous recommande de visiter ces réalisations modernes en dessins vectoriels de très grande qualité :
Pour découvrir Yvain, Guiron le Courtois, Gaheriet, Keu le Sénéchal, Sagremor le Desrée et Ban de Bénoïc, c'est au Chapitre #04 → ICI
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Armes : d’argent semé de croissants de sable, à trois bandes de gueules brochantes.
Cimier : une chauve-souris de sable (plus bas : un panache de plumes de sinople).
Supports : deux griffons d’azur, becqués, membrés et armés de gueules.
Devise : PETRAZO ou QVOY ESSE
Cimier : une chauve-souris de sable (plus bas : un panache de plumes de sinople).
Supports : deux griffons d’azur, becqués, membrés et armés de gueules.
Devise : PETRAZO ou QVOY ESSE
• La plupart des armoriaux, comme on peut le vérifier ici, lui attribuent les mêmes armes qu'à son frère, Bliobéris «d’argent semé de croissants de sable, à trois bandes de gueules brochantes». Et comme pour Bliobéris, on retrouve les mêmes erreurs sur le placement des croissants : chargeant ou empiétant sur les bandes de gueules.
• Dans certains textes on mentionne des armes propres à Blanor, comme un "semé de tourteaux de sable" à la place des croissants. Effectivement dans la toute première miniature montrée au début de ce sujet (Galaad prêtant serment), un chevalier de l'arrière-plan porte un tabard avec des tourteaux de sable sur fond argent et des bandes de gueules. Il pourrait donc être identifié comme étant Blanor.
• Par ailleurs, notre manuscrit de référence : "Français 5233" dont le feuillet complet débute aussi cette page, lui attribue non pas des croissants, mais des "cors de chasse" de sable !
• Ces petits détails ou divergences notoires nous démontrent que les experts auto-désignés doivent réfléchir avant d'affirmer que tel ou tel blasonnement est le bon, et pas un autre, parce qu'ils l'ont décidé ainsi. En réalité, on peut seulement prétendre qu'il s'agit de celui qui est statistiquement le plus représenté ... tout en n'excluant pas bien sûr les erreurs manifestes, commises par les enlumineurs et les auteurs des manuscrits. Mais, plus de 600 après les faits il y a prescription et les responsables ne peuvent plus se défendre !
• Dans l'armorial ci-dessus c'est le nom du chevalier qui apparait étrangement erroné : "Brunor de Gaunes" au lieu de Blanor. Il existe dans les récits et les armoriaux deux personnages portant le nom de "Brunor", et même deux "Brunor le Noir" que nous aurons l'occasion de retrouver plus tard, mais pas de "Brunor de Gaunes".
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Combat à l'épée entre Tristan, à l'écu : "de sinople au lion d’or, armé et lampassé de gueules" et Blanor qui représente le Roi d'Irlande, un des personnages couronnés à l'arrière-plan. |
armoiries de Bertrand du Guesclin (1320-1380) , connétable de France |
• Sur cette dernière miniature, Blanor qui tombe au sol, porte curieusement un bouclier "d'argent à l'aigle de sable et une cotice en bande de gueules, brochant sur le tout". C'est à quelque chose près le (vrai) blason de Bertrand du Guesclin !
Celui-ci ayant été un moment rajouté à la liste du thème des "Neuf Preux" , il n'est pas exclu qu'une connexion entre les deux grandes légendes médiévales de la chevalerie se soit glissée par l'intermédiaire des enlumineurs.
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Vous pouvez consulter tous les armoriaux et manuscrits cités dans les infos bulles accompagnant les images (en passant votre souris dessus) en vous connectant aux réserves numériques des bibliothèques nationales ou municipales, ou des serveurs où ils sont stockés, tels que :
Enfin, je vous recommande de visiter ces réalisations modernes en dessins vectoriels de très grande qualité :
- "Los Caballeros de la Tabla Redonda" en espagnol.
Pour découvrir Yvain, Guiron le Courtois, Gaheriet, Keu le Sénéchal, Sagremor le Desrée et Ban de Bénoïc, c'est au Chapitre #04 → ICI
à bientôt.....
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