Philippe II Auguste, roi de France (1180-1223), fut un roi conquérant doublé d'un politicien très doué. Son règne fut marqué par un affrontement permanent avec la dynastie des Plantagenêts. Il parvint à renforcer considérablement l'autorité et la puissance royales dans le système féodal. Et surtout il agrandira énormément, et le domaine royal, très réduit au début de son règne autour de l'Île de France, et les territoires sous influence directe de la couronne de France : presque tout l'ouest et le centre de la France, sauf l'Aquitaine qui restera anglaise pendant deux siècles encore (voir carte → ICI).
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portrait du peintre Louis-Félix Amiel (début XIXe siècle) Musée de l'histoire de France - Château de Versailles monogramme de Philippe Auguste |
blason de France ancien : "d'azur semé de fleurs de lis d'or". |
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Philippe II dit "Auguste"
Philippe II (•1165 - †1223).
Roi de France (1180-1223).
(dynastie des Capétiens).
Le surnom d'« Auguste » lui fut donné par le moine Rigord après que Philippe II eut ajouté au domaine royal en juillet 1185 (Traité de Boves) les seigneuries d’Artois, du Valois, d’Amiens et une bonne partie du Vermandois et également parce qu'il était né au mois d'août. Référence directe aux empereurs romains, ce terme caractérise le fait qu'il a accru considérablement le domaine royal au cours de sonrègne.
Enveloppe philatélique Premier Jour pour la sortie du timbre "Philippe Auguste" de 1967, cachet de Bouvines, lieu de la célèbre bataille en 1214. |
moulage du sceau de Philippe Auguste PHILLIPVS DEI GRAT{IA} FRANCORVM REX (Philippe, par la grâce de Dieu roi des Francs) Paris, Archives nationales. |
À vingt ans, auréolé de ses succès militaires, Philippe II savait qu’un autre danger menaçait son royaume, celui de la puissance anglaise. Si la rivalité entre les Capétiens et les Plantagenêts datait du règne précédent, elle s’augmentait du fait que le roi d’Angleterre, Henri II, cumulait les héritages normand (par sa mère, la reine Mathilde), angevin (comme fils de Geoffroy Plantagenêt) et aquitain (par son alliance avec Aliénor, fille de Guillaume X, dernier duc d’Aquitaine et de Poitou), de sorte qu’il menaçait directement la puissance royale à partir de ses vastes fiefs.
Ayant eu vent de cette trahison, Richard Ier reprit le chemin de l’Europe mais, capturé par le duc d’Autriche, il fut remis à l’empereur germanique Henri VI qui ne le libéra qu’en 1194, contre une forte rançon. Fondant sur ses possessions françaises, le roi d’Angleterre infligea alors une série de défaites à son ancien allié, qui se trouvait fort affaibli lorsque la mort de son adversaire, survenue en avril 1199 devant Châlus, fit de Jean sans Terre le nouveau maître de l’Angleterre.
Entre les deux hommes, autrefois alliés, une profonde mésentente ne tarda pas à s’installer : faisant du petit-fils d’Henri II, Arthur, fils de Geoffroy II Plantagenêt et de Constance de Bretagne, l’incarnation de la légitimité, Philippe Auguste n’accepta de reconnaître les droits de Jean sans Terre sur la Normandie qu’à condition que celui-ci abandonne, au traité du Goulet (1200), le Vexin normand, l’Évrecin et le Berry occidental, et donne son accord pour le mariage du fils du prince Louis de France (le futur Louis VIII) avec Blanche de Castille, fille d’Alphonse VIII et d’une sœur du roi d’Angleterre.
belle chromo publicitaire du début du XXe siècle |
Une telle expansion ne pouvait qu’inquiéter ses voisins, le comte de Flandre, Ferrand de Portugal, le comte de Boulogne, Renaud de Dammartin, mais aussi Othon de Brunswick, qui disputait le trône impérial à Frédéric II, fils d’Henri VI. Jean sans Terre trouva en eux les partenaires d’une puissante coalition, qui défit la flotte française à Damme en 1213.
Enveloppe philatélique Premier Jour pour la sortie du timbre "Philippe Auguste" de 1955 , cachet de Gonesse, sa ville natale. |
Malgré cet échec relatif, la politique de conquête menée par Philippe Auguste avait donné des résultats impressionnants. L’année précédant Bouvines, un vassal du roi, Simon IV de Montfort, autorisé par lui à lancer la croisade contre les Albigeois, avait vaincu à Muret Raymond VI, comte de Toulouse, et son puissant allié, Pierre II d’Aragon, et avait pu ainsi s’emparer d’une partie du Languedoc, dont il fit immédiatement hommage au roi de France, permettant à ce dernier d’affirmer son autorité dans le Midi. Ailleurs, en Auvergne, dans le Gâtinais ou en Flandre, le roi avait méthodiquement exploité toutes les possibilités d’agrandir son domaine, au moyen d’une fructueuse politique d’achats, d’alliances, de confiscations, d’échanges et de relèvement de fiefs tombés en deshérence.
Remarquable organisateur, Philippe Auguste s’employa de plus à installer les linéaments d’une véritable administration. Recrutant clercs et juristes, s’entourant d’une armée permanente, forte de plus de 2 000 hommes, les « chevaliers de l’hôtel », il mit en place un système de surveillance des prévôts domaniaux par des administrateurs en mission, les baillis (appelés sénéchaux dans l’Ouest et le Midi), tout en réformant l’administration des impôts afin de pouvoir disposer en permanence d’une véritable trésorerie.
Durant son règne, le centre du pouvoir royal se déplaça de l’Orléanais à Paris ; le roi, qui y installa le Trésor royal et les archives (qu’autrefois, l’on emmenait en campagne, au risque de les voir détruire, comme ce fut le cas à la bataille de Fréteval en 1194), fit compléter les fortifications de la ville, paver ses rues, et y entreprit la construction de la forteresse du Louvre, tandis que, dans le même temps, était entreprise l’édification de la cathédrale Notre-Dame.
L’essor territorial s’accompagna d’une affirmation du pouvoir royal : peu à peu, comme le montre le sentiment de joie qui prévalut après la bataille de Bouvines, l’idée se répandit que le roi, au sommet de la hiérarchie féodale, n’était pas seulement un seigneur plus puissant que les autres, mais un souverain investi par son sacre d’une mission d’intérêt général, celle de maintenir la justice et la paix dans l’ensemble du royaume.
cette ancienne gravure sur carte postale montre le Château de Rouen, construit par Philippe-Auguste en 1204/1210 pour marquer sa prise en main de la Normandie. Démantelé sous le règne d'Henri IV, il ne reste aujourd'hui que la grosse tour ronde, appelée "Tour de Jeanne d'Arc" car elle y a été emprisonnée par les Anglais pendant son procès en 1431. Ce genre de grosse tour-donjon circulaire caractérise l'architecture militaire "philippienne" , du nom de Philippe II car il en a fait construire un grand nombre avec toutes les nouvelles fortifications qu'il a commandé à travers la France, et en particulier à Paris, avec le château forteresse du Louvre avant qu'il soit remplacé par le Palais Renaissance que nous connaissons, et la célèbre enceinte de Philippe Auguste dont il reste encore beaucoup de beaux vestiges de nos jours. |
La poste française a consacré trois magnifiques timbres en l'honneur de Philippe Auguste , en 1955↑ , en 1967 ↑ et récemment en 2014 ↓. |
Celui qui fut considéré comme un grand roi était, dans sa vie privée, sujet à des accès de dépression, et semble avoir été atteint, au moins par intermittences, du délire de la persécution. Veuf en 1189 d’Isabelle de Hainaut qui ne lui laissa qu’un fils, Louis, il se remaria en 1193 avec Isambour, fille de Valdemar Ier, roi de Danemark ; mais il répudia son épouse le lendemain même de leurs noces, et fit prononcer peu après l’annulation de l’union par une assemblée de prélats. En 1196, il épousa Agnès, fille de Berthold IV, duc de Méran, dont il eut deux enfants, Philippe Hurepel et Marie, mais, d’abord simplement admonesté par le pape Célestin III, il fut excommunié par le pape Innocent III et dut accepter de reprendre la vie commune avec Isambour (septembre 1200), en échange de la légitimation par la cour de Rome des enfants qu’il avait eus d’Agnès.
À sa mort, survenue à Mantes, à l'ouest de Paris, Philippe Auguste laissait à son fils Louis VIII un pouvoir consolidé, à tel point qu’il avait pu abandonner le vieil usage capétien consistant à faire sacrer son successeur de son vivant.
Herald Dick
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