dimanche 16 mars 2014

Armorial des îles et des territoires enclavés #12 : La Méditerranée occidentale / Côte d'Azur et Italie du Nord

Il y a quelques jours  seulement, voir l' épisode précédent #11, nous avons fait une pause dans la magnifique île de Porquerolles.  Nous allons reprendre le cabotage avec notre navire de recherche (héraldique ) en longeant les côtes françaises. Mais nous prolongerons jusqu'en Ligurie pour clore le chapitre italien commencé à l'épisode #02 et mieux : nous finirons même avec "une île de terre" dans les Alpes. Dans ce voyage nous utiliserons encore beaucoup les cartes, c'est normal , dans la navigation elles sont indispensables.  Prêts pour poursuivre l'aventure ?  c'est parti....

     Provence-Alpes-Côte-d'Azur       -                Monaco                  -                     Ligurie                     -           Campione d'Italia         



La Côte d'Azur et le Golfe de Gênes

les trois rectangles désignent les secteurs qui vont être détaillés plus bas
Nous avons quitté la dernière fois l'île de Porquerolles , mais nous poursuivons la visite de l'archipel des îles d'Hyères, aussi appelées les îles d'Or. Dans l'antiquité elles se nommaient les îles de Stoechades, colonisées par les Ligures, les Phéniciens et surtout les Romains. Cet ensemble maritime est une partie de la commune d'Hyères.
ville d'Hyères  (Var) 
" D'azur au château donjonné de trois tours d'argent,  
ajouré et maçonné de sable, ouvert du champ,
 soutenu de trois besants d'or ordonnés 2 et 1"


L'Île de Port-Cros est une propriété de l'État depuis 1966. Le Parc national de Port-Cros, premier parc national marin en Europe, avait été créé en décembre 1963. Il s'étend sur 700 ha de superficie terrestre, avec les îlots de Bagaud, du Rascas et de la Gabinière et 1300 ha en mer. Espace témoin, il rassemble un grand nombre des espèces terrestres et marines caractéristiques de la Méditerranée occidentale.


écusson à coudre (blason touristique) et blason (non officiel) de  l'île de Port-Cros (Var) 
"De gueules au navire d'argent voguant sur une mer de même".

L'étape suivante est l'île du Levant qui appartient à 80% à l'État français. Mais il est difficile d'y accéder sans une bonne raison. Elle a jadis abrité des moines, puis elle a accueilli un centre pénitentiaire au XIXe siècle. En 1931 fut créé Héliopolis (20 ha) par les docteurs Gaston et André Durville, un des premiers villages naturistes d'Europe sur une île, toujours en service. Elle abrite aussi un centre d'essai pour les lancements de missiles pour le compte de la Direction Générale de l'Armement. Avec les militaires les plus heureux de la Terre grâce à leurs voisins naturistes ! 
écussons à coudre (blasons touristiques) vantant les mérites du naturisme
vue aérienne du rocher supportant  le Fort de Brégançon
 Pour ce qui est du domaine réservé, voici encore mieux, sur la côte varoise cette fois : le Fort de Brégançon, situé sur un ilot rocheux rattaché à la côte par un petit cordon artificiel de sable (voir photo ci-dessus).  C'est une des résidences de l'État français et notamment pour les vacances du Président de la République, fort apprécié par la plupart d'entre eux, pour son relatif isolement. Il fait partie de la commune de Bormes-les-Mimosas. C'est un édifice d'origine médiévale qui a appartenu à la maison d'Anjou, avant de devenir définitivement forteresse royale en 1561. C'est ainsi qu'il est toujours propriété de l'État de nos jours. Mais le Président François Hollande a annoncé la décision d'abandonner le site comme résidence présidentielle et de l'ouvrir au public. Sa gestion sera alors assurée par le Centre des monuments nationaux, en principe à partir du 26 juin 2014. Finis les paparazzis agglutinés derrière les barrières ou depuis les hélicoptères, avec leur téléobjectifs de 80 cm de long !
emblème officiel de la Présidence de la République française
commune de Bormes-les-Mimosas (Var) 
" D'azur au lion d'or, lampassé, armé et 
viléné de gueules, couronné d'argent"


Maintenant nous nous dirigeons vers la Côte d'Azur proprement dite. D'ailleurs le mot "azur" se réfère au  livre "La Côte d’Azur" publié en 1887 par Stéphen Liégeard (1830-1925) et serait emprunté au langage du blason, azur remplaçant avantageusement "le bleu". Cette appellation donc purement littéraire et touristique est par contre très floue du point de vue géographique. On y admet depuis la frontière franco-italienne (Menton/Vintimille) toute la côte des Alpes-Maritimes, une partie ou la totalité de la côte varoise jusqu'à Toulon et même parfois au-delà, vers l'ouest !  Il existe également une autre appellation du même genre  : la Riviera qui englobe la Côte d'Azur et se poursuit côté italien sur la côte de Ligurie, en passant par Gênes et jusqu'à La Spezia.


L'Abbaye de Saint-Honorat de Lérins (1696/1711) - extrait de l'Armorial Général de France - volume XXX - Provence (dessin restauré par HD)
Aux abords de Cannes, nous accédons aux îles de Lérins. Elles sont administrativement une dépendance de la commune de Cannes. Elles comprennent deux îles principales séparées par un haut-fond de moins de 10 m de profondeur. 
 L'île de Saint-Honorat  est le domaine privé d'une communauté monastique cistercienne dont la fondation remonte au IVe siècle ; des vignes permettent la production d'une eau-de-vie très réputée.
au premier plan , l'île et le monastère de Saint-Honorat ainsi que le donjon du XIIe
siècle, les pieds dans l'eau ; au fond : l'île Sainte-Marguerite couverte de forêts.
L'île Sainte-Marguerite, la plus grande et la plus proche du continent, est presque entièrement boisée (pins et eucalyptus) ; son fort royal, bâti sous le ministère de Richelieu,  a abrité comme prisonniers, entre autres :  l'Homme au Masque de fer et  le maréchal Bazaine après la guerre franco-prussienne, et dont il s'évadera de manière romanesque. 


différents cachets postaux et commerciaux (restaurant) utilisés entre 1900 et 1925 avec un blason (non officiel) au heaume du  "Masque de Fer" accompagné de trois fleurs de lis, en rapport à la détention de ce mystérieux personnage dans l'île.



Étape suivante :  ce n'est pas une île, mais une enclave. Car comme je l'ai indiqué dans le titre de ce sujet à épisodes, j'associe ces petits territoires inscrits dans de plus grands à des "îles terrestres" créées artificiellement par l'Histoire des hommes. En effet ils en ont souvent les mêmes caractéristiques : isolement, langues, traditions, monnaie, régimes politiques complètement à part. Et cette enclave là, c'est une des plus célèbres du Monde, qui est en même temps un État indépendant depuis plusieurs siècles et une monarchie dont les faits et gestes sont le sujet de préoccupation favori de nombreux journaux et de leurs lecteurs. Vous avez bien sûr deviné, il s'agit de la Principauté de Monaco. Pour en savoir davantage je vous invite a revoir le sujet que j'avais fait pour la fête nationale monégasque : →ICI.
Principauté de Monaco
" Fuselé d'argent et de gueules et entouré du collier de l'ordre de Saint-Charles,  sur un manteau rouge doublé d'hermine, sommé de la couronne princière. Tenants: deux frères mineurs chevelus, barbus et chaussés, portant chacun une épée levée, debout sur une banderole, avec la devise : Deo Juvante (avec l'aide de Dieu) "




Nous quittons ce petit monde à part pour reprendre la direction de l'Italie, après avoir franchi la frontière entre Menton et Vintimiglia.  

 Après le micro-état de Monaco, au statut reconnu internationalement, voici ce qu'on appelle une "micronation" : la Principauté de Seborga, située dans l'arrière-pays de la Ligurie. 

 Les micronations sont des entités qui se sont déclarées unilatéralement indépendantes, ou simplement autonomes, certaines depuis très longtemps, comme une persistance du système politique féodal.  Leur fonctionnement ressemble à un vrai état, elles ont un drapeau, des armoiries, un hymne national, un gouvernement. Elles envoient des ambassadeurs ou des consuls à "l'étranger", fournissent un passeport, ont des gardes-frontières et des fonctionnaires, frappent de la monnaie et émettent des timbres poste, etc.. Ces micronations sympathiques et exotiques tiennent davantage du folklore et sont bien tolérées par les États souverains qui les hébergent, tant qu'elles ne nuisent pas à l'ordre public.

grandes armoiries officielles de la Principauté de Seborga

Drapeau actuel de la Principauté de Seborga
Étendard du Prince de Seborga
Bloc-feuillet philatélique et héraldique émis par la micronation

Bloc-feuillet philatélique et héraldique émis par la micronation : évolution historique des armoiries de la Principauté
dont l'origine remonterait  au Xe siècle , avec un territoire cédé par le Comte de Vintimille aux moines de l'Abbaye de Lérins. C'était donc à l'origine une Principauté ecclésiastique.


Et nous entrons désormais dans l'immense Golfe de Gênes. Mais comme précédemment avec la côte languedocienne, cette côte de Ligurie ne présente pas d'île significative. Tout au plus, j'ai dénombré deux îlots rocheux inhabités : l'île de Gallinara, tout près des côtes au niveau de la commune d'Albenga et l'île de Bergeggi , qui fait partie de commune du même nom. La première tient son nom des poules sauvages qui la peuplaient par le passé et est une réserve naturelle régionale protégée. La seconde n'est guère plus éloignée des côtes et couverte de maquis.
commune d' Albenga  (Italie - Ligurie) 
" D'or à la croix de gueules"
commune de Bergeggi  (Italie - Ligurie) 
"  Coupé au premier d'or à la tour sarrasine de gueules (orangé)
maçonnée de sable, au second fascé ondé d'azur et d'or ".

Enfin je mentionnerai encore un petit archipel composé de trois îles également inhabitées :  l'île de Palmaria, d'une étendue de 6,5 km² et les îlots du Tino et du Tinetto, situé à l'entrée de la rade du grand port militaire de La Spezia. Ces îles sont le prolongement du pays des Cinque Terre, site exceptionnel de beauté et appartiennent à la commune de Portovenere.

commune de Portovenere  (Italie - Ligurie) 
"d'azur à trois tours carrées crénelées de trois pièces (à la Guelfe), 
maçonnées, ouvertes et ajourées de sable, sommées chacune d'un mât 
portant un pavillon d'argent à la croix de gueules (qui est le drapeau de Gênes), 
posées et alignées sur une champagne oblique de sinople, abaissée à dextre.

Et pour clore définitivement ce chapitre voici une dernière curiosité géographique située au cœur des Alpes : la commune de Campione d'Italia. Si Monaco est une enclave mi-terrestre, mi-marine, Campione est une exclave* de l'Italie, mi-terrestre, mi-lacustre, dans le territoire de la Suisse ! Nous sommes dans le canton du Tessin, sur les bords du lac de Lugano et face à ville de Lugano, une des grandes cités du canton suisse. En définitive la petite commune de 2.000 habitants n'est située géographiquement qu'à moins d'1 km de la frontière et de la province de Côme à laquelle elle est rattachée, mais il faut parcourir 14 km par la route pour y accéder depuis la ville italienne la plus proche : Lenzo d'Intelvi.

(*) les mots exclave et enclave sont utilisés selon le côté de la frontière où on se trouve : Campione est une enclave de l'Italie pour la Suisse et une exclave en Suisse pour l'Italie.



commune de Campione d'Italia  
(Italie - Lombardie) 
" Parti: d'or à la poignée de crosse pastorale d'argent contournée,
et de gueules à une main d'argent sortant d'une manche d'or,
tenant un fouet de cuir au naturel, au chef d'argent chargé 
d'un escargot contourné au naturel".
La crosse se réfère au Monastère de Saint-Ambroise de Milan;
le fouet est l'attribut du saint évêque Ambroise de Milan (IVe siècle), 
symbole du gardien et défenseur de la foi chrétienne face aux hérétiques;
l'escargot représente les artistes de Campione qui partaient pour gagner 
leur vie en emportant leurs biens sur leur dos et laissaient leur trace
 (artistique) sur leur passage à la façon des escargots. 
En 1521, lorsque la Confédération suisse obtient le Tessin, autrefois possession du Duché de Milan, une action juridique des abbés du Monastère de Saint-Ambroise de Milan leur permet de conserver le territoire de Campione. Ce statut particulier va survivre pendant cinq siècles jusqu'à aujourd'hui malgré les conflits , les révolutions et les demandes d'échange proposées par les Suisses, les 2 000 habitants étant attachés à la nationalité italienne.





A bientôt pour un prochain voyage... → ICI


Crédits :
certaines images sont empruntées aux sites :
http://armorialdefrance.fr/
http://quaranta1.chez-alice.fr/
http://appa.aix.free.fr/bulletin/pages/04.html
http://it.wikipedia.org/wiki/
http://www.araldicacivica.it/
http://whttp://www.principatodiseborga.com/pds/
ww.comune.campione-d-italia.co.it/
les autres : sites divers, municipaux, associatifs.


               Herald Dick
 

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