S uite de la visite d'un des plus anciens manuscrits répertoriant des armoiries de villes et de villages de France, dessinées à la plume et peintes à l'aquarelle, antérieur de trois décennies à l'Armorial Général de France de Charles d'Hozier ! Voir la description initiale : → ◙
Nous poursuivons avec la découverte du Gouvernement Général de l'Ile-de-France. Nous avons vu les fois précédentes, que cette entité administrative de l'époque, équivalente de nos régions actuelles, était découpée en 7 subdivisions : une prévôté, celle de Paris et six bailliages. Ces entités étaient administrées par un prévôt ou un bailli nommés par le roi, équivalent de nos préfets de nos jours. Dans l'Ancien régime, l'Île-de-France couvrait un territoire bien plus étendu que celui que nous connaissons actuellement. En effet dans sa partie nord, les limites incluaient les pays de Beauvais, de Noyon, de Senlis, de Laon et le Soissonnais, qui avec la création des départements de l'Oise et de l'Aisne en 1790, ont été rattachés à ces départements qui ont fait partie de la région administrative de Picardie créée par décret du 2 juin 1960. Depuis le 1er janvier 2016, elle est devenue provisoirement, par fusion, la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, puis renommée "les Hauts-de-France".
Nous terminons avec les chapitres 6 et 7 consacrés aux derniers Bailliages de Laon et de Soissons. Et nous en aurons terminé avec l'Île-de-France.
Nous terminons avec les chapitres 6 et 7 consacrés aux derniers Bailliages de Laon et de Soissons. Et nous en aurons terminé avec l'Île-de-France.
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Voici l'extrait d'une carte datant de la fin du XVIIIe s. , donc postérieure d'un siècle, mais sur laquelle j'ai reconstitué les limites administratives de notre région :
Vous pouvez cliquer sur toutes les images pour les agrandir
Les fragments de manuscrits proviennent toujours du Volume I. Pour enrichir l'étude, j'ai mis en bonus l'extrait équivalent (quand il existe) dans l'Armorial Général de France* (1696-1711), établi par Charles-René d'Hozier, et comme auparavant, j'ai placé le blason actuel en-dessous, pour comparer les différences ou au contraire la constance des figures dans le temps.)
(*) Armorial Général de France - volume XXXII - Généralité de Soissons (BNF Paris)
Laon (Aisne) |
La ville de Laon a des armoiries très anciennes dont on ignore la réelle signification : “d’argent à trois merlettes de sable, deux et une, au chef d’azur chargé de trois fleurs de lis d’or”.
Il semblent que les merlettes aient été d'abord d'émail "gueules", car un autre manuscrit datant du XVIe siècle les représentent aussi de cette couleur (voir → ICI). Bizarrement, La Planche parle de "cannettes" dans son blasonnement. Les canettes sont pourvues de pattes et d'un bec.
Les merlettes, oiseaux imaginaires sans bec ni pattes, donc, symboliseraient selon certains les chevaliers laonnois partis à la Croisade et dont beaucoup revinrent estropiés ; et selon d’autres, c'est pour évoquer les bourgeois laonnois révoltés en 1112 contre leur évêque et seigneur, qui iront jusqu'à l'assassiner. Celui-ci étant un des pairs ecclésiastiques du royaume de France, le roi réprima durement les insurgés.
A noter que Charles-René d'Hozier a refixé les membres perdus des merlettes : bec et pattes, en les dessinant comme de vraies... canettes !
Les fleurs de lis rappellent que la ville a toujours été dans le domaine royal. Durant le règne des Carolingiens, elle fut même une de leurs capitales.
Il semblent que les merlettes aient été d'abord d'émail "gueules", car un autre manuscrit datant du XVIe siècle les représentent aussi de cette couleur (voir → ICI). Bizarrement, La Planche parle de "cannettes" dans son blasonnement. Les canettes sont pourvues de pattes et d'un bec.
Les merlettes, oiseaux imaginaires sans bec ni pattes, donc, symboliseraient selon certains les chevaliers laonnois partis à la Croisade et dont beaucoup revinrent estropiés ; et selon d’autres, c'est pour évoquer les bourgeois laonnois révoltés en 1112 contre leur évêque et seigneur, qui iront jusqu'à l'assassiner. Celui-ci étant un des pairs ecclésiastiques du royaume de France, le roi réprima durement les insurgés.
A noter que Charles-René d'Hozier a refixé les membres perdus des merlettes : bec et pattes, en les dessinant comme de vraies... canettes !
Les fleurs de lis rappellent que la ville a toujours été dans le domaine royal. Durant le règne des Carolingiens, elle fut même une de leurs capitales.
Noyon (Oise) |
Le voyage dans le temps parfait, il n'a pas bougé ! Sur les planches du même manuscrit datant du XVIe siècle (1501/1600) dont je parle plus haut, et que je mettrai bientôt en ligne, ce blason est déjà peint avec ces mêmes couleurs. On peut supposer qu'elles sont encore plus anciennes en tant que blason municipal.
Car, comme Laon, plus haut, et Beauvais, la dernière fois, Noyon était le siège d'un puissant évêché et les comtes-evêques de Noyon étaient "pairs du royaume de France". A ce titre ils portaient des armoiries propres à leur titre : "D'azur, semé de fleurs de lys d'or, à deux crosses d'argent, adossées, brochantes sur le tout".
Car, comme Laon, plus haut, et Beauvais, la dernière fois, Noyon était le siège d'un puissant évêché et les comtes-evêques de Noyon étaient "pairs du royaume de France". A ce titre ils portaient des armoiries propres à leur titre : "D'azur, semé de fleurs de lys d'or, à deux crosses d'argent, adossées, brochantes sur le tout".
Chauny (Aisne) |
Coucy-le-Château - Auffrique (Aisne) |
La ville porte le nom de la célèbre maison de Coucy qui y avait fait construire une énorme forteresse à partir du XIIIe siècle. Ce sont également les armes de cette famille dont les principales lignées sont éteintes depuis des siècles, que la commune porte désormais par transfert et sans brisure.
Le manuscrit du XVIIe siècle nous montre à l'inverse, un blason coupé avec la moitié supérieure seulement des armes des Coucy en chef, mais avec les émaux des cloches de vair inversés et une fleur de lys d'or brochant. La pointe du blason au champ d'azur est chargée d'une tour donjonnée d'argent, référence évidente à l'énorme donjon qui a perduré jusqu'en 1917 et que l'armée allemande a détruit à l'explosif. La tour est accostée d'un gantelet d'armure d'argent et un lion d'or.
Quant à l'Armorial Général de France, il a tout faux avec ce vairé de gueules et d'argent !
Soissons (Aisne) |
Avant la Révolution, le blason de Soissons était "de gueules à la fleur de lis d'argent". Avec la Restauration (1815), les représentants de la ville s'intéressent à la reprise des anciennes armes historiques. Mais il se trouve que la ville de Lille a exactement les mêmes et ceci peut générer des confusions et des conflits entre les deux cités. Un notable de la chancellerie le fait savoir et propose au maire de changer exceptionnellement l'émail du champ en "azur". L'initiative est validée et les nouvelles armes "d'azur à la fleur de lis d'argent" sont officialisées par lettres patentes du roi en 1819. source documentaire : Société archéologique historique et scientifique de Soissons ( voir → ICI)
Vailly - sur - Aisne (Aisne) |
On a frôlé la parfaite constance dans le temps, d'un cheveu ! La faute à cette initiale V qui est passée malencontreusement de l'argent à l'or ... Je trouve d'ailleurs la version de La Planche plus logique et plus esthétique du point de vue héraldique : sur un champ uni, il convient mieux pour mettre en valeur deux figures distinctes, de leur donner un émail ou un métal distinct, même s'il n'y a pas de règle fondamentale pour appuyer cette proposition. Hélas ici, c'est la version "Armorial Général de France" avec tout en or, qui a prévalu, dommage...
[_)-(_]
D'autres lieux ou villes sont juste décrits par le texte sans blason ni mention s'y rapportant :
Liesse (-Notre-Dame), Corbeny, l'Abbaye de Prémontré, Folembray, Crépy (-en-Laonnois), Craonne, Braine, Pierrefonds.
# cependant, quelques années plus tard, une de ces villes (en gras, ci-dessus) a été enregistrée et blasonnée dans l'Armorial Général de France, ce blason est toujours associé à la commune aujourd'hui.
Crépy (Aisne) |
# et pour être complet avec l'Armorial Général de France, on
peut encore rajouter une dernière ville, ancienne seigneurie (comté) qui n'a pas été mentionnée dans le
manuscrit de La Planche et dont le blason relève partiellement des armes des évêques de Laon :
- Anizy-le-Château
- Anizy-le-Château
commune d'Anizy - le- Château (Aisne) |
A bientôt pour une nouvelle série et ..
une nouvelle région (Gouvernement) ... → ICI
Crédits :
les blasons "modernes" sont empruntés à :
armorialdefrance.fr
labanquedublason2.com ( dessins de Jean-Paul Fernon)
armoiries.free.fr/accueil
armorialdefrance.fr
labanquedublason2.com ( dessins de Jean-Paul Fernon)
armoiries.free.fr/accueil
les extraits des manuscrits proviennent de :
- Bibliothèque et Archives du Musée du Château de Chantilly :
. www.bibliotheque-conde.fr/ressources-en-ligne/
- Bibliothèque nationale de France à Paris :
- Bibliothèque et Archives du Musée du Château de Chantilly :
. www.bibliotheque-conde.fr/ressources-en-ligne/
- Bibliothèque nationale de France à Paris :
. gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k110597q/f3.item
Et je remercie particulièrement les personnes responsables de la Bibliothèque et des Archives du Musée du Château de Chantilly : www.bibliotheque-conde.fr/
Herald Dick
Bravo et merci pour ce travail. Petite précision, les pays de Beauvais, de Noyon, de Senlis, de Laon et le Soissonnais, n'ont pas été rattachés à la Picardie avec la création des départements de l'Oise et de l'Aisne en 1790, mais lors de la création de ladite région administrative en 1960.
RépondreSupprimerIl faudrait donc écrire : ... qui avec la création des départements de l'Oise et de l'Aisne en 1790, ont été rattachés à ces départements qui ont fait partie de la région administrative de Picardie créée par décret du 2 juin 1960. Depuis le 1er janvier 2016, c'est devenu même la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie.
Bonjour
SupprimerC'est fait ! En effet cela méritait davantage de développement.
Merci pour l'intérêt que vous portez à mon blog.
HD