lundi 10 décembre 2012

l'Armorial de La Planche - 1669 - Gouvernement d'Orléans - Bailliage du Berry

S   uite de la visite d'un des plus anciens manuscrits répertoriant des armoiries de villes et de villages de France, dessinées à la plume et peintes à l'aquarelle, antérieur à l'Armorial Général de France de Charles d'Hozier de trois décennies !  Voir la description initiale : →
  Ce nouveau volet va nous permettre de poursuivre avec le découpage administratif sous le règne de Louis XIV, en parcourant le Gouvernement Général d'Orléans. Cette entité était divisée en de nombreuses généralités , elles-même composées de sénéchaussées et de bailliages. Son territoire couvrait une immense région bordant la Loire et ses affluents, de l'Anjou à l'ouest  jusqu'au Nivernais à l'est, le Poitou et le Berry au sud. Pour respecter l'ordre du manuscrit, nous continuons avec une province célèbre : l'Ancien Duché de Berry, érigé en Pairie du Royaume de France , durant  l'Ancien Régime.
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Voici l'extrait d'une carte datant de la fin du XVIIIe s. , donc postérieure d'un siècle, mais dont les limites administratives ont peu évolué.



vous pouvez agrandir les images
 en cliquant dessus






 Ces fragments proviennent toujours du Volume I . Comme d'habitude , j'ai placé le blason actuel pour comparer les différences ou au contraire la constance des figures dans le temps.
 Pour enrichir l'étude, j'ai cette fois mis en bonus, l'extrait équivalent quand il existe, dans l'Armorial Général de France*  (1696-1711), établi par Charles-René d'Hozier,  et comme auparavant, j'ai placé le blason actuel en-dessous, pour comparer les différences ou au contraire la constance des figures dans le temps.

 (*) Armorial Général de France - volume V - Généralité de Bourges  ( BNF Paris)



Bourges  (Cher)

 On notera la divergence d'interprétation du blason à partir de l'énoncé  : "... à la bordure de gueules engrêlée, au chef cousu d'azur chargé de trois fleurs de lis d'or". Trop imprécis, le résultat est soit une bordure complète surmontée du chef ... comme dans le premier manuscrit, soit le chef brochant sur la bordure pour l' Armorial Général de France de Charles-René d'Hozier. Le dessin des armes de Bourges hésite régulièrement, selon les auteurs, qui se copient les uns sur les autres, et selon les époques, entre ces deux versions. Mais quelle est la bonne ? Personnellement, j'ai renoncé à cette quête sans fin, alors je mets les deux ! Le site de la ville  montre le blason actuellement avec une bordure complète (voir → ICI). Donc on peut considérer que c'est la version officielle (pour le moment !) .




Issoudun  (Indre)

L' Armorial Général de France de Charles d'Hozier  montre un blason avec un pairle alésé transformé en lettre "Y".





Dun - sur - Auron
  (Cher)

La commune a changé de nom à la Révolution (deux fois en fait : de 1794 à 1814 et en 1848) , on comprend facilement pourquoi ...



Vierzon  (Cher)
  La tour penchée à dextre, déjà en vogue au XVIIe siècle, comme on peut le voir, sont des armes parlantes provenant d'une mauvaise interprétation de l'origine du toponyme de Vierzon, d'après le mot latin "verso": tourner , retourner ou "eversio" : retournement, révolution. En réalité le nom de Vierzon vient du gallo-romain "Virsionis oppidum" lui-même nommé d'après une personne : un notable du nom de "Virisius". Ainsi la tour est représentée penchée ou pas selon les goûts; La tour droite serait néanmoins la bonne version, on peut la voir ainsi dans l' Armorial Général de France de Charles d'Hozier.




Châteauroux  (Indre)
A nouveau nous voyons des armes parlantes, car le château entièrement rouge ( roux) au départ puis seulement la toiture de nos jours s'identifie au nom de de la ville. Mais la véritable étymologie de Châteauroux vient non pas de la couleur de l'édifice, mais de "Castel Raoul", le Château-Raoul, en référence aux premiers seigneurs de Déols dont six d'entre eux se prénommaient Raoul. Le Château-Raoul correspond au "château de Déols" cité dans la charte de fondation de l'abbaye de Déols en 917. C'est à partir du  XIIe siècle, que le nom de Déols resta à l'abbaye et au bourg sur la rive droite de l'Indre, et que le reste de l'agglomération prit le nom de Châteauroux (charte H 166 AD Creuse 1166-1176 où Raoul [VI] de Déols donne des biens acquis à "Castello Radulphi").
source texte : E. Hubert dans "La véritable origine du château-Raoul" /  Bulletin du Musée de Châteauroux, 1910, p. 221 relayé par M. du Pouget, Directeur des Archives départementales et du Patrimoine historique de l'Indre, janvier 2016.

 En 1669, à l'époque du manuscrit , le Duché de Châteauroux était la possession de Lous II de Bourbon-Condé, plus connu sous le nom du "Grand Condé" (1621-1686), ce sont ses armoiries qui sont posées sur la porte du château.




Sancerre  (Cher)




Méhun - sur - Yèvre (Cher)


Pierre de La Planche n'a pas eu connaissance du blason pour cette ville et a laissé l'emplacement vide. Depuis, deux blasons se voient en alternance pour la représenter, celui de gauche a été enregistré peu après dans l'Armorial Général de France de Charles-René d'Hozier entre 1696 et 1711. Celui de droite se voit couramment sur les mobiliers urbains et le logo actuel de la ville.




  D'autres lieux ou villes sont juste décrits par le texte, sans blason ni mention s'y rapportant :
Déols, Saint-Satur, Aubigny (sur-Nère), Concressault, Châtillon-sur-Loire (dépt du Loiret), La Chapelle-d'Angillon, Les Aix-d'Angillon, Montfaucon (aujourd'hui : Villequiers), Châteauneuf (sur-Cher), Charost, Lignières, Sainte-Sevère (sur-Indre), Boussac (dépt de la Creuse), Aigurande, Argenton (sur-Creuse),Saint-Marcel, La Châtre, Graçay.

# cependant, quelques années plus tard, certains lieux (en gras, ci-dessus) ont été enregistrés et blasonnés dans l'Armorial Général de France. Ces blasons sont encore d'actualité, pour certains, à quelques détails près : :

commune de Saint-Satur (Cher)


Aubigny -sur- Nère (Cher)


Lignières (Cher)

 
La Châtre (Indre)



# et pour aller plus loin avec l'Armorial Général de France, on peut encore rajouter ces quatre établissements religieux qui dépendaient de ce bailliage, et qui n'ont pas été mentionnés dans le manuscrit de La Planche. Leurs armoiries ont été transférées plus tard, en totalité ou brisées, aux communes sur le territoire desquelles ils étaient situés, à savoir aujourd'hui les communes de:
Neuvy-Saint-Sépulchre,  Reuilly,  Saint-Benoit-du-Sault,  Saint-Gaultier.

et leurs blasons respectifs qui sont toujours d'actualité, à quelques détails près.


commune de  
Neuvy -Saint- Sépulchre (Indre)


commune de Reuilly (Indre)


commune de  
Saint-Benoit -du- Sault (Indre)


commune de  
Saint-Gaultier (Indre)



A bientôt pour une nouvelle série : →

Crédits :
parmi les blasons "modernes" certains sont empruntés à et parfois modifiés à :

http://armorialdefrance.fr/
http://labanquedublason2.com/ (dessins : Jean-Paul Fernon)
 Et je remercie particulièrement les personnes responsables de la Bibliothèque et des Archives du Musée du Château de Chantilly :  http://www.bibliotheque-conde.fr/


                Herald Dick


2 commentaires:

  1. Bonjour,

    Une petite erreur dans le texte concernant Mehun-sur-Yèvre. Je pense qu'il faut lire "Celui de DROITE se voit couramment sur les mobiliers urbains et le logo actuel de la ville." au lieu de "Celui de gauche se voit couramment sur les mobiliers urbains et le logo actuel de la ville." Et effectivement c'est celui-ci que l'on voit en nombre dans la ville, y compris sur les plaques de rue. J'ignore encore d'oû provient ce blason que l'on retrouve dans la Nouvelle histoire du Berry de Pallet en 1785.

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