ancien blason de la ville de Clermont-d'Auvergne (à l'époque n'avait pas été encore réunie à Montferrand pour devenir Clermont-Ferrand, ce sera fait en 1630) fin du XVIe siècle - manuscrit Fr 17256 |
Voir la description initiale de notre armorial du XVIe siècle (BNF / Français 17256) dans le premier volet: → ICI, ainsi que le chapitre précédent : #02
Comme je le fais pour l’Armorial de La Planche, je propose à titre indicatif et comparatif, placées en dessous de chaque page, les armoiries actuelles de chaque ville mentionnée. Cela permet ainsi au lecteur de se rendre compte de l'évolution ou de la constance du blason dans le temps en un peu plus de quatre siècles.
Nous poursuivons et terminons une première étape du parcours avec les villes et provinces importantes qui composaient le Parlement de Paris. Seul, le dernier blason de ce sujet, n'en fait pas partie et annonce la future région administrative à venir : le Parlement de Normandie. Ces entités de l'Ancien régime, les parlements, représentaient l'autorité législative et judiciaire au nom du roi à travers tout le royaume. Il y en avait dix à cette époque, et elles étaient de tailles inégales (voir → ICI). Celle de Paris était de fait la plus étendue du royaume, sa compétence allant de la Picardie au nord à l'Auvergne au sud, et du Poitou à l'ouest à la Champagne ou au Lyonnais à l'est.
folio 110 r. (recto) : Châtillon-sur-Seine / Gien / Nevers / Romorantin / Moulins /
Saint-Pierre-le-Moûtier
Châtillon-sur-Seine |
Nevers |
Gien |
Romorantin-Lanthenay |
Saint-Pierre-le-Moûtier |
Moulins |
• On constate parfaitement l'évolution des blasons sur l'ensemble de ces six villes, tout en gardant l'essentiel : adjonctions d'un chef de France (pour Châtillon et Saint-Pierre-le Moûtier) ; transition du parti à l'écartelé, avec changement de couleurs d'émaux, pour Romorantin. Les trois autres villes sont inchangées dans l’absolu, si l'on exclue le graphisme des figures : châteaux , fers de moulin, plus stylisées de nos jours.
• Vous remarquerez à gauche de la page, dans la pliure du livre, au niveau du blason de Nevers: un petit feuillet relevé, qui a été inséré et collé dans la reliure. Comme dans le volet précédent il s'agit d'un rajout, que nous allons découvrir juste en-dessous, quand on le rabat !
• Voir l'évolution des blasons au siècle suivant, avec La Planche (après 1669) ou d'Hozier (après 1696):
Châtillon-sur-Seine → ICI Gien → ICI Nevers, Saint-Pierre-le-Moûtier → ICI
Moulins → ICI Romorantin → ICI
folio 110 r. avec encart rabattu : Châtillon-sur-Seine / Gien / Épernay / Romorantin / Moulins / Saint-Pierre-le-Moûtier
Épernay |
• Et voici donc, par l'entremise de ce procédé astucieux, le rajout à la série d'un blason supplémentaire pour la ville d'Épernay qui vient couvrir celui de Nevers, quand on le rabat.
• Le blason d'Épernay "d'azur à trois roses d'argent" est déjà relevé dans "l’armorial de La Planche" (1669) sous cette forme. Dans le présent manuscrit il nous apparait très différent : "d’azur à trois fleurs de lis d'or, à la bordure dentelée d'argent", ce qui pose des questions sur son origine... pour le moment sans réponses !
• Voir l'évolution du blason au siècle suivant, avec La Planche (après 1669) :
Épernay → ICI
folio 110 v. (verso) : Issoudun / Clermont-d'Auvergne / Tulle du bas Limousin /
Saint-Flour / Riom / Sarlat
Issoudun |
Tulle |
Clermont-Ferrand |
Saint-Flour |
Sarlat |
Riom |
• Comme pour la planche précédente, l'évolution des blasons de ces villes est visible sur les détails tout en gardant intact l'essentiel : transformation du Y (initiale de l'ancienne graphie Ysouldün) en pairle pour Issoudun; augmentation d'un chef de France à Tulle; bordure simple et non plus dentelée à Saint-Flour ; changement de métal pour la salamandre et son brasier (sa patience) pour Sarlat.
• Seul changement radical : le blason de la vieille cité de Clermont, pas encore unie à celle de Montferrand, ce qui ne sera effectif qu'à partir de 1630, montre ici le plus ancien blason de la capitale auvergnate : un "champ d'azur chargé d'une fleur de lis d'or". Celui-ci disparaitra avec la réunion des deux villes en une seule qui reprendra les armes de l'évêché de Clermont comme blason définitif, tel que nous le connaissons aujourd'hui.
• Voir l'évolution des blasons au siècle suivant, avec La Planche (après 1669) ou d'Hozier (après 1696):
Issoudun → ICI Clermont- Ferrand, Riom → ICI Tulle → ICI Saint-Flour → ICI Sarlat → ICI
folio 111 r. : Le Puy / Millau / Cusset / Villefranche / Le Puy-en-Velay / Aurillac
Le Puy |
Cusset (1/2) |
Millau |
Villefranche-sur-Saône |
Aurillac |
Le Puy-en-Velay |
• Vous l'avez sans doute vu immédiatement, ce feuillet présente une bizarrerie avec la double présence du blason de la ville du Puy (une fois avec la légende écrite simplement "Le Puy" et l'autre avec la précision "Le Puy en Vellay". Il s'agit bien de la même ville, alors pourquoi l'avoir représentée deux fois ? c'est un mystère: je n'ai pas la réponse ...
• La ville de Cusset, dans le Bourbonnais (aujourd'hui, dans le département de l'Allier) présente une particularité avec ses armoiries, qui sont composées de deux blasons accolés (voir → ICI). Certes, cette configuration n'est pas exceptionnelle dans l'héraldique municipale française, surtout à notre époque avec les fusions de communes, mais dans notre cas présent : cette cohabitation est très ancienne. Le premier blason, le plus ancien, celui que nous voyons ici, avec ce dextrochère armé d'une épée, est d'origine ecclésiastique : c'est l'ancien sceau du chapitre de l'église Notre-Dame (disparue). Avec la création de l'Armorial Général de France (1696/1711) un nouveau blason fut créé pour la ville proprement dite : "de gueules semé d'écussons d'or". Dès lors ces deux blasons, avec toutefois un changement d'émail pour le premier, représentent ensemble et invariablement la ville de Cusset.
• Voir l'évolution des blasons au siècle suivant, avec La Planche (après 1669) ou d'Hozier (après 1696):
Le Puy-en-Velay → ICI Millau → ICI Cusset → ICI
Villefranche-sur-Saône → ICI Aurillac → ICI
folio 111 v. : Bas pays d'Auvergne / Bellac ou Basse Marche / Montbrison / Forez / Mâcon /
Parlement de Normandie - Rouen
Clermont-Ferrand |
Montbrison |
Bellac |
Forez |
Rouen |
Mâcon |
• Ici, encore les évolutions ou au contraire la constance des blasons sont remarquables.
• A noter : le blason légendé "Basse-Auvergne" qui ressemble beaucoup à celui de la future (par rapport à la date de ce manuscrit) ville fusionnée de Clermont-Ferrand, à la petite différence près que la croix de gueules sera bordée d'un filet d'or pour supprimer l'enquerre émail sur émail (gueules/azur). Ces armoiries étaient aussi, précédemment, celles de l'évêché de Clermont.
• Le blason portant la légende "Forests" se rapporte à la région ou pays du Forez, elle-même découlant du contour de l'ancien comté du Forez, dont j'ai reproduit les armes au dauphin, et dont Montbrison était le siège. Mais je n'ai pas trouvé d'historique à ce blason "civil" : "d'argent à trois arbres de sinople, au chef de France" sinon qu'il s'agit manifestement d'armes parlantes : " forêt / Forests" .
• Comme annoncé au début de ce sujet, nous accédons donc ici à la première cité, siège du Parlement de Normandie, dont le bâtiment gothique toujours existant, est un des nombreux joyaux architecturaux de la ville de Rouen.
• Voir l'évolution des blasons au siècle suivant, avec La Planche (après 1669) ou d'Hozier (après 1696):
Mâcon → ICI Rouen → ICI
C'est tout pour cette fois. Nous reviendrons très rapidement avec la suite de ce manuscrit très intéressant pour l'histoire de l'héraldique municipale de la France, qui remet en question bon nombre de certitudes affichées par nos auteurs contemporains sur l'antériorité de tel ou tel blason.
Suite de cette section du manuscrit consacré aux villes de France : feuillets suivants → ICI
Crédits :
- Le manuscrit complet "Français 17256" est consultable en ligne sur le site : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8528582x/
- Les blasons "modernes" proviennent tous du site incontournable : armorialdefrance.fr
Je remercie chaleureusement son webmaster à cette occasion.
Herald Dick