Nous restons dans le thème de l'Italie, poursuivi tout au long de ce mois de Mai, car cette année 2015, on célèbre le 750e anniversaire de la naissance du poète, écrivain et homme politique florentin :
Dante Alighieri
Durante degli Alighieri alias Dante Alighieri ou simplement "Dante"
• né à Florence (Italie) en 1265 (en mai ou début juin, la date exacte est inconnue).
• mort à Ravenne (Italie) le 14 septembre 1321.
Issu d'une famille de la petite noblesse, Dante Alighieri naquit à Florence dans la seconde quinzaine du mois de mai 1265. Sa mère mourut alors qu'il était âgé de treize ans, et son père décéda quand il en avait dix-sept. L'événement le plus important de sa jeunesse fut sa rencontre, en 1274, avec Béatrice, jeune femme qu'il aima et qu'il exalta comme un symbole de la grâce divine dans la Vita nuova (littéralement, « la Nouvelle Vie ») et plus tard dans la Divine Comédie, son œuvre la plus connue. Célèbre par ce prénom emblématique, celle qui inspira Dante ne possède pas d'identité historique certaine, mais des chercheurs l'ont identifiée à Beatrice Portinari, une femme de la noblesse florentine qui mourut en 1290 à l'âge de vingt ans. Si l'on en croit ses œuvres, Dante ne la connaissait pas ; il l'aperçut seulement à trois reprises, sans jamais lui adresser la parole.
On sait peu de choses sur l'éducation que reçut le poète, sinon qu'il séjourna à Bologne aux environs de 1285, pour y accomplir des études supérieures. Quoi qu'il en soit, son œuvre révèle une érudition telle qu'elle couvre presque tout le savoir de son époque. Dante fut particulièrement influencé par les travaux du philosophe et rhétoricien florentin Brunetto Latini, qui tient d'ailleurs une place importante dans la Divine Comédie. Il fréquenta nombre de poètes et se lia en particulier avec Guido Cavalcanti et Cino de Pistoia. Florence était alors une des cités les plus puissantes de l'Italie, mais elle était également divisée par des conflits de pouvoir entre les partisans de deux puissantes familles, les guelfes et les gibelins (voir Guelfes et gibelins). Dante fut d'abord partisan des guelfes et, en juin 1289, il se trouva aux côtés de l'armée des guelfes de Florence lors de la bataille de Campaldino. Dans cette bataille, les Florentins triomphèrent d'une manière décisive des troupes des gibelins de Pise et d'Arezzo, mais les vainqueurs se divisèrent bientôt entre « noirs » et « blancs » — c'est d'ailleurs comme « blanc » que Dante devait être plus tard condamné et banni. À cette époque, Dante épousa Gemma Donati, qui était issue d'une famille guelfe jouissant d'une position très importante à Florence.
Durant les quelques années qui suivirent — de 1295 à 1301 environ —, Dante participa activement à la vie politique tourmentée de Florence ; des registres de 1295 indiquent qu'il occupa plusieurs fonctions dans l'administration. Il fut notamment envoyé (1300) en mission diplomatique à San Gimignano, petit village toscan et, la même année, il fut élu au Conseil avec cinq autres personnes, en qualité de prieur, c'est-à-dire de magistrat, mais il n'occupa ce poste que pendant deux mois. La rivalité entre les deux factions qui divisaient les guelfes à Florence s'intensifia durant la période de son mandat. Les « noirs », opposés au pouvoir impérial, considéraient le pape comme un allié, tandis que les « blancs » voulaient rester indépendants du pape comme de l'empereur. Afin de préserver la paix dans la cité, le Conseil décida d'exiler les dirigeants des deux partis. Mais, par l'entremise du pape Boniface VIII, les chefs des « noirs » purent regagner Florence à la fin de 1301, et s'emparèrent du pouvoir. En mars 1302, alors que le poète était en mission à Rome auprès du pape, ils le bannirent de la ville pour une durée de deux ans et le condamnèrent à une lourde amende. Comme Dante était dans l'impossibilité de régler la somme demandée, la sanction fut commuée en peine de mort s'il revenait dans sa ville natale. Après cet épisode, Dante garda à tout jamais le sentiment d'avoir été abusé par Boniface VIII.
Il passa ses années d'exil à Vérone, ainsi que dans d'autres villes du nord de l'Italie, mais on sait qu'il séjourna à Paris entre 1307 et 1309. Ses convictions politiques se modifièrent : embrassant finalement la cause des gibelins, il espérait désormais voir émerger une union européenne gouvernée par un empereur éclairé.
Les aspirations politiques du poète furent stimulées par l'arrivée en Italie d'Henri VII de Luxembourg, empereur du Saint Empire romain germanique (1310), dont l'objectif était de placer l'Italie sous sa souveraineté. Dans cette période d'intense activité politique, Dante écrivit à de nombreux princes et dirigeants politiques italiens pour les exhorter à accueillir Henri VII, considérant la suzeraineté de celui-ci comme le moyen de parvenir à résoudre les conflits aigus entre cités. Le décès de l'empereur, survenu à Sienne en 1313, détruisit tous ses espoirs. C'est probablement durant le séjour d'Henri VII en Italie qu'il rédigea un traité en latin, la Monarchie universelle (v. 1313), qui est un exposé de sa philosophie politique ; il soutenait encore l'idée d'une séparation totale de l'Église et de l'État.
En 1316, les autorités de Florence proposèrent au poète de regagner la cité, mais les conditions offertes étaient celles généralement réservées aux criminels amnistiés. Dante refusa violemment cette proposition, affirmant qu'il ne reviendrait dans sa ville natale qu'avec toute la dignité et tous les honneurs qui lui étaient dus. De fait, il demeura en exil jusqu'à la fin de sa vie, et passa ses dernières années à Ravenne, où il mourut dans la nuit du 13 au 14 septembre 1321. Depuis, Ravenne ne s'est jamais dessaisie de ses restes, malgré la volonté des Florentins de le voir inhumé en leur cité. À défaut, sa ville natale a élevé dans l'église de Santa Croce un cénotaphe à sa mémoire.
L'ŒUVRE
La première œuvre littéraire d'envergure de Dante, la Vita nuova, fut rédigée peu après la mort de Beatrice, entre 1291 et 1293. Composé de sonnets et de canzoniere insérés dans un commentaire en prose, ce texte rend compte du cheminement amoureux du poète depuis son rêve prémonitoire annonçant la mort de sa bien-aimée jusqu'à la disparition effective de Beatrice, et se poursuit jusqu'à sa décision d'écrire une œuvre digne de la mémoire de la belle. La Vita nuova révèle expressément l'influence de la poésie courtoise des troubadours et trouvères provençaux, en même temps qu'elle représente l'œuvre la plus accomplie du dolce stile nuovo (littéralement, « nouveau style doux ») caractéristique de la poésie florentine vernaculaire (c'est-à-dire écrite en italien) du XIIIe siècle. Toutefois, cet ouvrage va au-delà de la tradition provençale car le poète ne s'y attache pas seulement à peindre son idéal amoureux, mais il propose de donner une signification spirituelle à l'objet même de son adoration. L'intensité constante des sentiments qui animent la Vita nuova fait de cette œuvre l'un des plus grands et des plus fervents poèmes qui soient.
C'est durant les premières années de son exil que Dante écrivit un ouvrage en latin, laissé inachevé, le Banquet (v. 1304-1307), et De l'éloquence en langue vulgaire (1304-1305), traité qui souligne les avantages de la langue italienne ; si Dante y défend la langue vernaculaire (c'est-à-dire l'italien), qu'il présente comme un moyen d'expression littéraire, il essaie également d'établir des critères relatifs au bon usage de l'italien écrit. Il conclut son livre avec un chapitre consacré à la critique de la poésie italienne. Quant au Banquet, il était à l'origine prévu en quinze volumes, afin de constituer une synthèse de toutes les connaissances de son temps ; Dante ne parvint pas au-delà du quatrième volume, mais son projet ambitieux montre bien sa passion du savoir, de tous les savoirs.
Parmi les œuvres mineures que Dante écrivit dans la dernière période de sa vie figurent un texte intitulé Question de l'eau et de la terre (1318) et deux églogues. Le premier de ces ouvrages, tous trois rédigés en latin, est un traité cosmologique, sujet qui intéressait vivement les intellectuels de l'époque. Pour Dante, il s'agissait de s'y interroger sur l'existence d'un endroit à la surface de la mer, ou de toute autre étendue d'eau, qui soit plus élevé que la surface de la terre. Quant à ses Églogues (1319), elles doivent beaucoup au poète romain Virgile, dont Dante reconnaissait l'influence, de même que celle d'Horace et d'Ovide.
La Divine Comédie
Probablement commencée aux environs de 1307, pendant l'exil, la Divine Comédie, chef-d'œuvre de Dante, fut achevée peu avant sa mort.
Son titre initial était Comédie ; le choix paradoxal de ce terme pour évoquer le monde des morts vient de ce que le périple raconté ici se termine au paradis, trouvant ainsi une fin heureuse : le parcours atteint son apogée dans la vision de Dieu et dans la dissolution totale de la volonté individuelle. C'est dans l'édition de 1555 qu'on ajouta pour la première fois au titre l'adjectif « divine ».
Ce récit allégorique en vers, empreint d'une grande puissance dramatique, relate le voyage imaginaire qui conduisit le poète en enfer, au purgatoire et au paradis. Ces trois lieux fournissent d'ailleurs la structure de l'ouvrage, puisque celui-ci est divisé en trois parties : «l'Enfer », « le Paradis » et « le Purgatoire ». Dans chacun de ces trois mondes, le poète rencontre des personnages mythologiques, historiques ou des contemporains : chacun symbolise une faute ou une vertu spécifique, religieuse ou politique. Le poète décrit avec minutie les punitions qui sont infligées aux pécheurs et les récompenses décernées aux vertueux. C'est Virgile, symbole ici de la raison, qui guide Dante en enfer et au purgatoire, mais c'est Béatrice, manifestation et instrument de la volonté divine, qui entraîne le poète au paradis. L'univers y est saisi dans sa totalité, de l'infime à l'incommensurable, du naturel parfois trivial au surnaturel souvent stupéfiant : la Divine Comédie est un tout.
Chaque partie de la Divine Comédie comprend trente-trois chants. Dante rédigea chacun d'eux en terza rima, c'est-à-dire en tercets avec un jeu des rimes particulier (où le premier vers rime avec le troisième, tandis que le deuxième fournit les rimes extrêmes du tercet suivant) (voir Versification). Parce qu'il destinait son œuvre à ses contemporains, il n'est pas étonnant que le poète ait choisi d'écrire son chef-d'œuvre en italien plutôt qu'en latin, langue qu'il jugeait passéiste, et en outre réservée aux lettrés.
Avant même le XVe siècle, de nombreuses villes italiennes mirent en place des chaires universitaires entièrement consacrées à l'étude de la Divine Comédie. Au cours des siècles qui suivirent, l'invention de l'imprimerie permit de réaliser plus de quatre cents éditions italiennes de l'œuvre. Aujourd'hui, la Divine Comédie a été traduite en plus de vingt-cinq langues.
Le poème, par sa puissance d'évocation, inspira particulièrement les artistes : ainsi parurent des éditions luxueuses, illustrées par de très grands peintres italiens tels que Botticelli ou Michel-Ange et plus près de nous Eugène Delacroix, William Blake ou Gustave Doré. De grands compositeurs s'y intéressèrent également : Rossini et Robert Schumann mirent en musique plusieurs parties de l'œuvre et Franz Liszt en fit le sujet d'un poème symphonique.
Le chef-d'œuvre de Dante et son imagerie ont imprégné les œuvres de très nombreux poètes, notamment celles d'Ezra Pound, de T. S. Eliot, de Gabriele D'Annunzio, de Paul Claudel et d'Anna Akhmatova. Autant d'auteurs grâce à qui les multiples aspects de la Divine Comédie ne cessent de s'enrichir de nouvelles interprétations.
Herald Dick
portrait de Dante peint par Sandro Botticelli (1495) |
armoiries de la famille ascendante à gauche, et descendante à droite, de Dante Alighieri |
Dante Alighieri
Deux pièces de monnaies en euros avec le portrait de Dante , une d'usage courant émise par l'Italie (à gauche) et une commémorative dans la République de Saint-Marin (à droite). |
Durante degli Alighieri alias Dante Alighieri ou simplement "Dante"
• né à Florence (Italie) en 1265 (en mai ou début juin, la date exacte est inconnue).
• mort à Ravenne (Italie) le 14 septembre 1321.
La maison natale et musée consacré à Dante à Florence, avec les deux blasons gravés dans la pierre |
Issu d'une famille de la petite noblesse, Dante Alighieri naquit à Florence dans la seconde quinzaine du mois de mai 1265. Sa mère mourut alors qu'il était âgé de treize ans, et son père décéda quand il en avait dix-sept. L'événement le plus important de sa jeunesse fut sa rencontre, en 1274, avec Béatrice, jeune femme qu'il aima et qu'il exalta comme un symbole de la grâce divine dans la Vita nuova (littéralement, « la Nouvelle Vie ») et plus tard dans la Divine Comédie, son œuvre la plus connue. Célèbre par ce prénom emblématique, celle qui inspira Dante ne possède pas d'identité historique certaine, mais des chercheurs l'ont identifiée à Beatrice Portinari, une femme de la noblesse florentine qui mourut en 1290 à l'âge de vingt ans. Si l'on en croit ses œuvres, Dante ne la connaissait pas ; il l'aperçut seulement à trois reprises, sans jamais lui adresser la parole.
timbre italien de 1932 ( armoiries du royaume d’Italie) |
La Divina Commedia di Dante ( la Divine Comédie de Dante) - tableau de Domenico di Michelino (1417–1491) - il Duomo / cathédrale Santa Maria del Fiore à Florence |
armoiries de la famille ascendante de Dante Alighieri à gauche : "Parti d'or et de sable, à la fasce d'argent", et de la famille des descendants à droite : "D'azur, au demi vol senestre d'or posé en pal". dessins extraits de l'étude de Carlo Padiglione : "L'arme di Dante Alighieri", éditeur Nobile, Naples (1865) - consultable en ligne ici → ◙ (en italien). Un résumé de l'arbre généalogique de Dante Alighieri est aussi proposé sur Wikipedia, toujours en italien, ici → ◙ , illustré avec les blasons dessinés dans le précédent ouvrage. |
Les aspirations politiques du poète furent stimulées par l'arrivée en Italie d'Henri VII de Luxembourg, empereur du Saint Empire romain germanique (1310), dont l'objectif était de placer l'Italie sous sa souveraineté. Dans cette période d'intense activité politique, Dante écrivit à de nombreux princes et dirigeants politiques italiens pour les exhorter à accueillir Henri VII, considérant la suzeraineté de celui-ci comme le moyen de parvenir à résoudre les conflits aigus entre cités. Le décès de l'empereur, survenu à Sienne en 1313, détruisit tous ses espoirs. C'est probablement durant le séjour d'Henri VII en Italie qu'il rédigea un traité en latin, la Monarchie universelle (v. 1313), qui est un exposé de sa philosophie politique ; il soutenait encore l'idée d'une séparation totale de l'Église et de l'État.
portrait gravé, signé Francesco Allegrini (1761) avec armoiries, collection de la Bibliothèque Nationale de France - Paris détail des armoiries : "Parti d'or et de sable, à la fasce d'argent" |
En 1316, les autorités de Florence proposèrent au poète de regagner la cité, mais les conditions offertes étaient celles généralement réservées aux criminels amnistiés. Dante refusa violemment cette proposition, affirmant qu'il ne reviendrait dans sa ville natale qu'avec toute la dignité et tous les honneurs qui lui étaient dus. De fait, il demeura en exil jusqu'à la fin de sa vie, et passa ses dernières années à Ravenne, où il mourut dans la nuit du 13 au 14 septembre 1321. Depuis, Ravenne ne s'est jamais dessaisie de ses restes, malgré la volonté des Florentins de le voir inhumé en leur cité. À défaut, sa ville natale a élevé dans l'église de Santa Croce un cénotaphe à sa mémoire.
L'ŒUVRE
La première œuvre littéraire d'envergure de Dante, la Vita nuova, fut rédigée peu après la mort de Beatrice, entre 1291 et 1293. Composé de sonnets et de canzoniere insérés dans un commentaire en prose, ce texte rend compte du cheminement amoureux du poète depuis son rêve prémonitoire annonçant la mort de sa bien-aimée jusqu'à la disparition effective de Beatrice, et se poursuit jusqu'à sa décision d'écrire une œuvre digne de la mémoire de la belle. La Vita nuova révèle expressément l'influence de la poésie courtoise des troubadours et trouvères provençaux, en même temps qu'elle représente l'œuvre la plus accomplie du dolce stile nuovo (littéralement, « nouveau style doux ») caractéristique de la poésie florentine vernaculaire (c'est-à-dire écrite en italien) du XIIIe siècle. Toutefois, cet ouvrage va au-delà de la tradition provençale car le poète ne s'y attache pas seulement à peindre son idéal amoureux, mais il propose de donner une signification spirituelle à l'objet même de son adoration. L'intensité constante des sentiments qui animent la Vita nuova fait de cette œuvre l'un des plus grands et des plus fervents poèmes qui soient.
C'est durant les premières années de son exil que Dante écrivit un ouvrage en latin, laissé inachevé, le Banquet (v. 1304-1307), et De l'éloquence en langue vulgaire (1304-1305), traité qui souligne les avantages de la langue italienne ; si Dante y défend la langue vernaculaire (c'est-à-dire l'italien), qu'il présente comme un moyen d'expression littéraire, il essaie également d'établir des critères relatifs au bon usage de l'italien écrit. Il conclut son livre avec un chapitre consacré à la critique de la poésie italienne. Quant au Banquet, il était à l'origine prévu en quinze volumes, afin de constituer une synthèse de toutes les connaissances de son temps ; Dante ne parvint pas au-delà du quatrième volume, mais son projet ambitieux montre bien sa passion du savoir, de tous les savoirs.
Parmi les œuvres mineures que Dante écrivit dans la dernière période de sa vie figurent un texte intitulé Question de l'eau et de la terre (1318) et deux églogues. Le premier de ces ouvrages, tous trois rédigés en latin, est un traité cosmologique, sujet qui intéressait vivement les intellectuels de l'époque. Pour Dante, il s'agissait de s'y interroger sur l'existence d'un endroit à la surface de la mer, ou de toute autre étendue d'eau, qui soit plus élevé que la surface de la terre. Quant à ses Églogues (1319), elles doivent beaucoup au poète romain Virgile, dont Dante reconnaissait l'influence, de même que celle d'Horace et d'Ovide.
belle gravure du portrait de Dante ( Italie) collection de la Bibliothèque Nationale de France - Paris |
armoiries de la famille de Dante Alighieri , version moderne |
La Divine Comédie
Probablement commencée aux environs de 1307, pendant l'exil, la Divine Comédie, chef-d'œuvre de Dante, fut achevée peu avant sa mort.
Son titre initial était Comédie ; le choix paradoxal de ce terme pour évoquer le monde des morts vient de ce que le périple raconté ici se termine au paradis, trouvant ainsi une fin heureuse : le parcours atteint son apogée dans la vision de Dieu et dans la dissolution totale de la volonté individuelle. C'est dans l'édition de 1555 qu'on ajouta pour la première fois au titre l'adjectif « divine ».
Ce récit allégorique en vers, empreint d'une grande puissance dramatique, relate le voyage imaginaire qui conduisit le poète en enfer, au purgatoire et au paradis. Ces trois lieux fournissent d'ailleurs la structure de l'ouvrage, puisque celui-ci est divisé en trois parties : «l'Enfer », « le Paradis » et « le Purgatoire ». Dans chacun de ces trois mondes, le poète rencontre des personnages mythologiques, historiques ou des contemporains : chacun symbolise une faute ou une vertu spécifique, religieuse ou politique. Le poète décrit avec minutie les punitions qui sont infligées aux pécheurs et les récompenses décernées aux vertueux. C'est Virgile, symbole ici de la raison, qui guide Dante en enfer et au purgatoire, mais c'est Béatrice, manifestation et instrument de la volonté divine, qui entraîne le poète au paradis. L'univers y est saisi dans sa totalité, de l'infime à l'incommensurable, du naturel parfois trivial au surnaturel souvent stupéfiant : la Divine Comédie est un tout.
blasons et noms des ascendants de Dante Alighieri - pages extraites de l'étude de Pietro Fraticelli : "Storia della vita di Dante Alighieri", éditeur G. Barbera Editore, Florence (1861) - consultable en ligne ici → ◙ (en italien). |
timbre italien du 8e centenaire de la naissance de Dante, émis en 1965 |
Le poème, par sa puissance d'évocation, inspira particulièrement les artistes : ainsi parurent des éditions luxueuses, illustrées par de très grands peintres italiens tels que Botticelli ou Michel-Ange et plus près de nous Eugène Delacroix, William Blake ou Gustave Doré. De grands compositeurs s'y intéressèrent également : Rossini et Robert Schumann mirent en musique plusieurs parties de l'œuvre et Franz Liszt en fit le sujet d'un poème symphonique.
timbre émis en 1965 par la République de Saint-Marin pour le 8e centenaire de la naissance de Dante. |
Le chef-d'œuvre de Dante et son imagerie ont imprégné les œuvres de très nombreux poètes, notamment celles d'Ezra Pound, de T. S. Eliot, de Gabriele D'Annunzio, de Paul Claudel et d'Anna Akhmatova. Autant d'auteurs grâce à qui les multiples aspects de la Divine Comédie ne cessent de s'enrichir de nouvelles interprétations.
Herald Dick