S uite de la visite d'un des plus anciens manuscrits répertoriant des armoiries de villes et de villages de France, dessinées à la plume et peintes à l'aquarelle, antérieur de trois décennies à l'Armorial Général de France de Charles d'Hozier ! Voir la description initiale : → ◙
Nous poursuivons avec la découverte du "livre" (c'est l'appellation donnée à une section d'un manuscrit, qui est lui-même divisé en chapitres) consacré au Gouvernement de Bretagne. Après les premiers chapitres consacrés aux pays de Rennes et de Saint-Malo, puis à la sénéchaussée de Nantes, nous progressons vers l'ouest. En effet notre troisième chapitre sera consacré aux principales villes et quelques établissements monastiques de la sénéchaussée de Vannes, dont le contour géographique correspond aux pays de Vannes et de Saint-Brieuc, en forme de sablier allant des côtes nord aux côtes sud du centre de la Bretagne. Cette zone est à cheval sur les départements actuels des Côtes-d'Armor et du Morbihan auxquels on ajoutera le minuscule territoire de la ville de Redon, en Ille-et-Vilaine.
Revenir à l'épisode précédent → ◙
Voici l'extrait d'une carte datant de la fin du XVIIIe s. , donc postérieure d'un siècle, mais sur laquelle j'ai reconstitué les limites administratives de notre région :
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Les fragments de manuscrits proviennent encore du Volume I. Pour enrichir l'étude, j'ai mis en bonus l'extrait équivalent dans l'Armorial Général de France* (1696-1711), établi par Charles-René d'Hozier, et comme auparavant, j'ai placé le blason actuel en-dessous, pour comparer les différences ou au contraire la constance des figures dans le temps.
(*) Armorial Général de France - volume VIII - Bretagne 1ère partie
Armorial Général de France - volume IX - Bretagne 2e partie (BNF Paris)
Le toponyme actuel de la ville, encore écrit "Vennes" au XVIIIe siècle, comme nous le constatons sur le manuscrit de La Planche, vient de Venetis/Venetum, la ville des Vénètes, utilisé pour la première fois au début du Ve siècle pour remplacer le nom gallo-romain Darioritum, qui évoque un gué (ritum). Le nom breton est Guened ou Gwened.
L'hermine avait été popularisée par le duc Jean IV de Bretagne, qui baptisa de ce nom le château qu'il bâtit à Vannes ainsi que l'Ordre de Chevalerie qu'il fonda en 1381. Depuis le XIVe siècle, elle demeure, aussi bien la fourrure "d’hermine" que l'animal lui-même, le symbole de la Bretagne. Les lévriers supports des armes (que ne nous ne voyons pas ici) rappellent ceux offerts par le roi de France, François Ier lors de sa venue à Vannes en 1532, en vue de signer un traité d'union perpétuelle. C'est aussi le sens de la devise "A ma vie", que nous retrouvons exceptionnellement sur le blason d'Auray, dessiné par La Planche, plus bas, ci-dessous...
sources texte : bobino.chez.com/hobby.htm et vannes1418.canalblog.com/archives/2005/05/06/483354.html
Le blason proposé par La Planche, est surprenant, et semble peu fiable. Cet écartelé d'argent et de gueules rappelle trop les armes de la ville de Combourg, dans le même département de l'Ille-et-Vilaine, elles-même d'origine seigneuriales : c'est le blason de la maison de Combourg.
Située en aval de l'estuaire du Blavet, la cité, dont le nom signifie en breton "vieux pont", est représentée depuis plusieurs siècles, par ce blason illustrant son activité portuaire. Comme avec les armes de Nantes, dans le chapitre précédent, on pourra admirer le soin et la précision des détails de cette belle frégate du XVIIe siècle dessinée par le père de La Planche, y compris dans le décor héraldique de ses voiles. Quelques années plus tard, celle dessinée par Charles-René d'Hozier, privée de mer, et voguant dans le sens contraire (contournée), n'est pas mal faite non plus. C'est le sens de marche qui sera conservé par la suite, avec notamment la reprise officielle des armoiries de l'Ancien Régime par lettres patentes du 18 novembre 1815, et où la mer sera à nouveau représentée. Jusqu'à aujourd'hui, mais le blason subira en cours de route un changement d'émaux pour la coque et le gréement du bateau : du sable à la place de l'or, qui de fait provoque une malencontreuse "enquerre", selon la règle de contrariété des couleurs en héraldique, mais aussi une maladresse du point de vue strictement esthétique.
A l'origine, c'est un dragon dont, selon la légende, l'évêque de Saint-Brieuc aurait, au Moyen-âge, débarrassé le pays avec un simple signe de croix, et par la puissance de sa foi.
Le sceau épiscopal illustra ce fait d'armes, d'abord avec une aigle, puis avec un griffon, animal mi-aigle, mi-lion, qui sera repris par la municipalité, mais séparé des attributs du pouvoir religieux: mitre et crosse. On notera ici le changement d'émail du champ : gueules / azur, au cours du temps, assez fréquent dans l'héraldique civique française, et que notre griffon qui était couronné, à l'origine, a perdu sa couronne en cours de route...
Il est amusant de constater que c'est au nom du maire de l'époque, et avec tout son CV, que les armes de la ville ont été enregistrées dans l'Armorial Général de France (édit de 1696) : l'ego surdimensionné en politique, ce n'est pas une nouveauté ! Et on avait déjà vu ce cas particulier à Saint-Jean-de-Luz, précédemment.
Les armes de la ville de Lamballe se confondent avec celles de l'ancien comté de Lamballe et du Duché de Penthièvre.
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- avec un contour de blason vide, mais sans description : Moncontour
- sans blason ni mention s'y rapportant : Morbihan (port de), Prières (Abbaye de, à Billiers), Rieux, Lanvaux (Abbaye, à Brandivy, disparue), Blavet (ancien nom de Port-Louis), Pontivy, Malestroit, Rohan, Saint-Aubin-des Bois, Jugon (-les Lacs), Matignon, Saint-Jacut, Paimpol, Beauport (Abbaye, à Kérity, commune de Paimpol, ruinée).
# cependant, quelques années plus tard, certains de ces lieux (en gras, ci-dessus) ont été enregistrés et blasonnés dans l'Armorial Général de France.
Précision : pour Rieux, c'est le blason d'un ancien prieuré, assez semblable, que j'ai choisi pour l'illustration, mais ce sont en fait les armoiries de la famille éponyme qui ont été reprises pour la commune. Il en est de même pour Rohan, c'est encore le blason de la famille éponyme, anciens seigneurs du lieu, et grande maison aristocratique française, qui est à l'origine des armoiries de la commune actuelle. Et pour finir, la municipalité de Paimpol a repris le blason de la corporation des marchands de la ville, avec un magnifique navire, très convaincant pour un port marchand, à la recherche d'un emblème.
Ce n'est donc pas en tant que ville que ces trois noms avaient été enregistrés dans l'A.G.F.
Nous poursuivons avec la découverte du "livre" (c'est l'appellation donnée à une section d'un manuscrit, qui est lui-même divisé en chapitres) consacré au Gouvernement de Bretagne. Après les premiers chapitres consacrés aux pays de Rennes et de Saint-Malo, puis à la sénéchaussée de Nantes, nous progressons vers l'ouest. En effet notre troisième chapitre sera consacré aux principales villes et quelques établissements monastiques de la sénéchaussée de Vannes, dont le contour géographique correspond aux pays de Vannes et de Saint-Brieuc, en forme de sablier allant des côtes nord aux côtes sud du centre de la Bretagne. Cette zone est à cheval sur les départements actuels des Côtes-d'Armor et du Morbihan auxquels on ajoutera le minuscule territoire de la ville de Redon, en Ille-et-Vilaine.
Revenir à l'épisode précédent → ◙
Voici l'extrait d'une carte datant de la fin du XVIIIe s. , donc postérieure d'un siècle, mais sur laquelle j'ai reconstitué les limites administratives de notre région :
Vous pouvez cliquer sur toutes les images pour les agrandir
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Les fragments de manuscrits proviennent encore du Volume I. Pour enrichir l'étude, j'ai mis en bonus l'extrait équivalent dans l'Armorial Général de France* (1696-1711), établi par Charles-René d'Hozier, et comme auparavant, j'ai placé le blason actuel en-dessous, pour comparer les différences ou au contraire la constance des figures dans le temps.
(*) Armorial Général de France - volume VIII - Bretagne 1ère partie
Armorial Général de France - volume IX - Bretagne 2e partie (BNF Paris)
Vannes (Morbihan) |
Le toponyme actuel de la ville, encore écrit "Vennes" au XVIIIe siècle, comme nous le constatons sur le manuscrit de La Planche, vient de Venetis/Venetum, la ville des Vénètes, utilisé pour la première fois au début du Ve siècle pour remplacer le nom gallo-romain Darioritum, qui évoque un gué (ritum). Le nom breton est Guened ou Gwened.
L'hermine avait été popularisée par le duc Jean IV de Bretagne, qui baptisa de ce nom le château qu'il bâtit à Vannes ainsi que l'Ordre de Chevalerie qu'il fonda en 1381. Depuis le XIVe siècle, elle demeure, aussi bien la fourrure "d’hermine" que l'animal lui-même, le symbole de la Bretagne. Les lévriers supports des armes (que ne nous ne voyons pas ici) rappellent ceux offerts par le roi de France, François Ier lors de sa venue à Vannes en 1532, en vue de signer un traité d'union perpétuelle. C'est aussi le sens de la devise "A ma vie", que nous retrouvons exceptionnellement sur le blason d'Auray, dessiné par La Planche, plus bas, ci-dessous...
sources texte : bobino.chez.com/hobby.htm et vannes1418.canalblog.com/archives/2005/05/06/483354.html
Redon (Ille-et-Vilaine) |
Le blason proposé par La Planche, est surprenant, et semble peu fiable. Cet écartelé d'argent et de gueules rappelle trop les armes de la ville de Combourg, dans le même département de l'Ille-et-Vilaine, elles-même d'origine seigneuriales : c'est le blason de la maison de Combourg.
Auray (Morbihan) |
Hennebont (Morbihan) |
Située en aval de l'estuaire du Blavet, la cité, dont le nom signifie en breton "vieux pont", est représentée depuis plusieurs siècles, par ce blason illustrant son activité portuaire. Comme avec les armes de Nantes, dans le chapitre précédent, on pourra admirer le soin et la précision des détails de cette belle frégate du XVIIe siècle dessinée par le père de La Planche, y compris dans le décor héraldique de ses voiles. Quelques années plus tard, celle dessinée par Charles-René d'Hozier, privée de mer, et voguant dans le sens contraire (contournée), n'est pas mal faite non plus. C'est le sens de marche qui sera conservé par la suite, avec notamment la reprise officielle des armoiries de l'Ancien Régime par lettres patentes du 18 novembre 1815, et où la mer sera à nouveau représentée. Jusqu'à aujourd'hui, mais le blason subira en cours de route un changement d'émaux pour la coque et le gréement du bateau : du sable à la place de l'or, qui de fait provoque une malencontreuse "enquerre", selon la règle de contrariété des couleurs en héraldique, mais aussi une maladresse du point de vue strictement esthétique.
Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor) |
A l'origine, c'est un dragon dont, selon la légende, l'évêque de Saint-Brieuc aurait, au Moyen-âge, débarrassé le pays avec un simple signe de croix, et par la puissance de sa foi.
Le sceau épiscopal illustra ce fait d'armes, d'abord avec une aigle, puis avec un griffon, animal mi-aigle, mi-lion, qui sera repris par la municipalité, mais séparé des attributs du pouvoir religieux: mitre et crosse. On notera ici le changement d'émail du champ : gueules / azur, au cours du temps, assez fréquent dans l'héraldique civique française, et que notre griffon qui était couronné, à l'origine, a perdu sa couronne en cours de route...
Il est amusant de constater que c'est au nom du maire de l'époque, et avec tout son CV, que les armes de la ville ont été enregistrées dans l'Armorial Général de France (édit de 1696) : l'ego surdimensionné en politique, ce n'est pas une nouveauté ! Et on avait déjà vu ce cas particulier à Saint-Jean-de-Luz, précédemment.
Lamballe (Côtes-d'Armor) |
Quintin (Côtes-d'Armor) |
[_)-(_]
D'autres lieux ou villes sont juste décrits par le texte :
- sans blason ni mention s'y rapportant : Morbihan (port de), Prières (Abbaye de, à Billiers), Rieux, Lanvaux (Abbaye, à Brandivy, disparue), Blavet (ancien nom de Port-Louis), Pontivy, Malestroit, Rohan, Saint-Aubin-des Bois, Jugon (-les Lacs), Matignon, Saint-Jacut, Paimpol, Beauport (Abbaye, à Kérity, commune de Paimpol, ruinée).
# cependant, quelques années plus tard, certains de ces lieux (en gras, ci-dessus) ont été enregistrés et blasonnés dans l'Armorial Général de France.
Précision : pour Rieux, c'est le blason d'un ancien prieuré, assez semblable, que j'ai choisi pour l'illustration, mais ce sont en fait les armoiries de la famille éponyme qui ont été reprises pour la commune. Il en est de même pour Rohan, c'est encore le blason de la famille éponyme, anciens seigneurs du lieu, et grande maison aristocratique française, qui est à l'origine des armoiries de la commune actuelle. Et pour finir, la municipalité de Paimpol a repris le blason de la corporation des marchands de la ville, avec un magnifique navire, très convaincant pour un port marchand, à la recherche d'un emblème.
Ce n'est donc pas en tant que ville que ces trois noms avaient été enregistrés dans l'A.G.F.
Moncontour, commune (Côtes-d'Armor) |
Rieux, commune (Morbihan) |
Pontivy, commune (Morbihan) |
Malestroit, commune (Morbihan) |
Rohan, commune (Morbihan) |
Paimpol, commune (Côtes-d'Armor) |
# et pour être complet avec l'Armorial Général de France, on peut
encore rajouter un dernier établissement religieux, dont le blason ont été transmis partiellement à celui actuel de la commune du lieu. Il n'a pas été
mentionné dans le manuscrit de La Planche :
Locminé, commune (Morbihan) |
A bientôt pour une nouvelle série ...→ ICI
Crédits :
les blasons "modernes" sont empruntés à : armorialdefrance.fr/
Et je remercie particulièrement les personnes responsables de la Bibliothèque et des Archives du Musée du Château de Chantilly : www.bibliotheque-conde.fr/
Et je remercie particulièrement les personnes responsables de la Bibliothèque et des Archives du Musée du Château de Chantilly : www.bibliotheque-conde.fr/
Herald Dick
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