Ce jour du 22 avril 2016, nous commémorons le 400ème anniversaire de la mort de Cervantès, le plus grand écrivain espagnol du Siècle d'or, l'auteur de Don Quichotte, considéré par beaucoup comme la plus grande œuvre rédigée en langue espagnole, ou en castillan pour être précis.
Miguel de Cervantes
(• Alcalá de Henares 1547 - † Madrid 1616)
Miguel de Cervantes Saavedra, appelé simplement "Cervantès" en français.
• né à Alcalá de Henares (Castille) le 29 septembre 1547
• mort à Madrid le 16 avril 1616.
Fils d'un chirurgien modeste, il grandit au milieu d'une famille nombreuse. Alors qu'il était encore étudiant à Madrid en 1568, il publia quelques poèmes à la mémoire d'Élisabeth de France, reine d'Espagne. En 1569, il partit pour Rome et, l'année suivante, entra au service du cardinal Giulio Acquaviva. Grisé de rêves héroïques, il rejoignit alors un régiment de l'armée espagnole basé à Naples. En 1571, il prit part à la bataille navale de Lépante contre les Turcs, au cours de laquelle il perdit la main gauche, ce qui lui valut le surnom de « manchot de Lépante ». Quatre années plus tard, tandis qu'il rentrait en Espagne, Cervantès fut enlevé par des pirates de Barbarie et emmené en Algérie comme esclave, en attendant qu'une rançon fût versée contre sa libération. Il resta ainsi prisonnier cinq ans, non sans faire plusieurs tentatives pour s'échapper, car c'est en 1580 seulement que ses parents et ses amis parvinrent à réunir la somme d'argent requise pour la rançon.
Cervantès était âgé de trente-trois ans quand il regagna l'Espagne. Le courage exceptionnel qu'il avait montré lors de ses années passées au service de la patrie et pendant son aventure algérienne ne lui permit pas de trouver un emploi au sein d'une famille de la noblesse, aussi se consacra-t-il essentiellement à l'écriture entre 1582 et 1585 : il produisit alors, à une incroyable cadence, des poèmes et des pièces de théâtre, qui ont presque tous disparu aujourd'hui. À Madrid, il fréquentait les milieux littéraires. Lui-même acquit une notoriété relative grâce à un roman pastoral, la Galatée (1585), sans pour autant pouvoir vivre de sa plume.
Le 12 décembre 1584, il épousa doña Catalina de Palacios y Vozmediano, fille d'un propriétaire d'Esquivias. Il se vit alors confier de modestes charges gouvernementales, telles que l'approvisionnement de la flotte de l'Invincible Armada ou, plus tard, la collecte des impôts. Cette dernière fonction lui valut d'être soupçonné de malversations par les autorités et emprisonné à plusieurs reprises.
De Séville à Madrid, il traîna, dans l'ensemble, une existence plutôt sordide et besogneuse, mais qui devait fournir un riche matériau à son génie littéraire. C'est durant sa période de détention que, s'inspirant de ses propres rêves guerriers et de ses désillusions, il imagina l'histoire d'un homme persuadé d'être un chevalier errant, en quête de superbes exploits tels qu'ils sont relatés dans les récits de chevalerie médiévaux (voir Geste, chansons de). Cette histoire donna lieu à un récit, dont la première partie parut en 1605 sous le titre l'Ingénieux Hidalgo don Quichotte de la Manche (El ingenioso hidalgo don Quijote de la Mancha) : son succès fut tel que, moins de deux semaines après la parution de l'original, trois éditions pirates furent mises en vente à Madrid. Cervantès eût pu gagner là beaucoup d'argent, s'il avait eu le sens des affaires ; au lieu de cela, toujours poursuivi par la malchance, il fut pénalisé par la mise en circulation de ces contrefaçons.
En 1614, Cervantès écrivit le Voyage au Parnasse, qui est probablement son texte le plus intime, puisqu'il s'y livre totalement, sur le ton de la confession, en affirmant son idéal stoïque. Cet ouvrage fut suivi, en 1615, de la seconde partie de Don Quichotte. Enfin, cédant aux rêves héroïques de sa jeunesse, Cervantès acheva, quatre jours avant de mourir, un ultime roman, un roman de chevalerie fantastique et allégorique : les Travaux de Persilès et Sigismonde (posthume, 1617). Il s'éteignit à Madrid, le samedi 23 avril 1616 et fut enterré au couvent de la calle del Humilladero.
Le héros du roman, don Quichotte, est un gentilhomme âgé vivant modestement à la campagne. Lecteur passionné des récits épiques médiévaux tombés en désuétude, il rêve de remettre à l'honneur la chevalerie et les exploits chevaleresques.
Dans la première partie du récit, don Quichotte part sur un vieux cheval, Rossinante, combattre le mal où qu'il se trouve. Armé de pied en cap, il est accompagné du naïf Sancho Pança, son écuyer fidèle et plein de bon sens. Sous l'emprise de son obsession, don Quichotte s'en va défendre les orphelins, protéger les jeunes filles et les veuves, aider les nécessiteux ; il cherche ainsi à rétablir la justice et à servir la vérité et la beauté.
Ses aventures et ses escarmouches, aussi insolites qu'inappropriées à la situation, se révèlent souvent grotesques. C'est ainsi qu'il attaque un moulin à vent, le prenant pour un géant, ou bien encore qu'il charge un troupeau de moutons, le confondant avec une armée. Aveuglé par ses illusions, il est incapable de tenir compte des mises en garde de Sancho Pança, dont le bon sens terre-à-terre n'a d'égal que l'idéalisme obstiné de son maître. Cette partie du roman dépeint, en jouant sur les effets de contraste, la complémentarité des points de vue des deux personnages, qui ne sont ni l'un ni l'autre dans le vrai et dans la sagesse, puisque l'un pêche par trop de rêves chimériques, quand l'autre le fait par trop de trivialité.
Dans la seconde partie du récit, la distance qui sépare l'idéalisme de don Quichotte du bon sens de Sancho Pança est moins évidente. Don Quichotte se montre plus raisonnable, et son écuyer commence à comprendre les illusions de son maître. À la fin de l'histoire, don Quichotte regagne son village et renonce à la chevalerie : il a compris son erreur et sait qu'« aujourd'hui, les nids de l'année précédente sont vides ». Mais ce retour à la réalité est pour lui un tel bouleversement qu'il se solde par la maladie et la mort.
Le paradoxe et la force de Don Quichotte trouvent leur origine dans les aspirations contradictoires de l'auteur qui, habité de chimères, se défend d'y céder, mais ils résident aussi dans un subtil mélange d'imaginaire, d'ironie et de réalisme. Cet ouvrage est l'œuvre d'un homme mûr, qui a combattu et connu la prison, qui a fréquenté les instances militaires et politiques de son pays, qui en connaît les institutions et qui a observé les hommes : Don Quichotte est riche de cette expérience souvent pénible et de cette sagesse patiemment acquise.
L'héroïsme, vertu première de l'Espagne conquérante et catholique, est la principale cible de l'ironie de Cervantès. À travers la folie chevaleresque de son héros dérisoire, l'auteur souligne combien l'héroïsme se rattache en fait à un monde disparu — celui de l'univers médiéval — et combien il est devenu inopérant dans le monde actuel, où les valeurs marchandes et le pragmatisme bourgeois s'imposent progressivement.
Don Quichotte eut une influence considérable sur le développement du roman en prose : traduit dans toutes les langues modernes, il a fait l'objet de quelque sept cents éditions et a inspiré de très nombreux artistes, tels que Giovanni Paisiello, Jules Massenet et Manuel de Falla, qui tous composèrent des opéras à partir du roman. Don Quichotte fut également mis en musique par Richard Strauss. En 1933, il fut adapté au cinéma par G. W. Pabst, réalisateur autrichien et, en 1957, par Grigori Kozintsev, cinéaste russe ; en 1965, George Balanchine en fit un ballet. L'œuvre de Smollett, celles de Defoe, de Fielding et de Sterne portent la marque de son influence. Au XIXe siècle, le thème de Don Quichotte inspira encore nombre de romanciers comme Dickens ou Flaubert, Dostoïevski (l'Idiot) ou encore Gogol (les Âmes mortes). À la même époque, des artistes tels qu'Honoré Daumier et Gustave Doré trouvèrent également une source d'inspiration dans les aventures de don Quichotte et Sancho Pança. Pour une présentation plus détaillée de l'œuvre, voir l'article Don Quichotte.
Pour compléter votre information, il est recommandé de visiter les liens suivants :
- actu FranceTVinfo (langue : FR) → ICI
- actu Spain.info ( langues : FR - EN - ES - DE) → ICI
- site (langues ES - EN) consacré au 400e anniversaire de la mort de Cervantès → ICI
- Museo Casa Cervantes (langue : ES) → ICI
- Biblioteca virtual Miguel de Cervantes (langue : ES) → ICI
- Instituto Cervantes (langue : ES) → ICI
Herald Dick
portrait de Miguel de Cervantes Saavedra peinture signée Juan de Laurigui (1600) timbre émis par la poste espagnole pour la commémoration du 400e anniversaire en 2016 |
Miguel de Cervantes
(• Alcalá de Henares 1547 - † Madrid 1616)
Miguel de Cervantes Saavedra, appelé simplement "Cervantès" en français.
• né à Alcalá de Henares (Castille) le 29 septembre 1547
• mort à Madrid le 16 avril 1616.
Fils d'un chirurgien modeste, il grandit au milieu d'une famille nombreuse. Alors qu'il était encore étudiant à Madrid en 1568, il publia quelques poèmes à la mémoire d'Élisabeth de France, reine d'Espagne. En 1569, il partit pour Rome et, l'année suivante, entra au service du cardinal Giulio Acquaviva. Grisé de rêves héroïques, il rejoignit alors un régiment de l'armée espagnole basé à Naples. En 1571, il prit part à la bataille navale de Lépante contre les Turcs, au cours de laquelle il perdit la main gauche, ce qui lui valut le surnom de « manchot de Lépante ». Quatre années plus tard, tandis qu'il rentrait en Espagne, Cervantès fut enlevé par des pirates de Barbarie et emmené en Algérie comme esclave, en attendant qu'une rançon fût versée contre sa libération. Il resta ainsi prisonnier cinq ans, non sans faire plusieurs tentatives pour s'échapper, car c'est en 1580 seulement que ses parents et ses amis parvinrent à réunir la somme d'argent requise pour la rançon.
Couverture de la première édition de la première partie de "El ingenioso hidalgo don Quixote de la Mancha", livre de Miguel de Cervantes. pour Juan de la Cuesta - Madrid ( 1605) |
variante des armoiries de la maison de Cervantes "de sinople à deux cerfs passants d'or, l'un sur l'autre" Memorial de Juan de Mena.- manuscrit n° 3.390 Biblioteca Nacional de España - Madrid. |
De Séville à Madrid, il traîna, dans l'ensemble, une existence plutôt sordide et besogneuse, mais qui devait fournir un riche matériau à son génie littéraire. C'est durant sa période de détention que, s'inspirant de ses propres rêves guerriers et de ses désillusions, il imagina l'histoire d'un homme persuadé d'être un chevalier errant, en quête de superbes exploits tels qu'ils sont relatés dans les récits de chevalerie médiévaux (voir Geste, chansons de). Cette histoire donna lieu à un récit, dont la première partie parut en 1605 sous le titre l'Ingénieux Hidalgo don Quichotte de la Manche (El ingenioso hidalgo don Quijote de la Mancha) : son succès fut tel que, moins de deux semaines après la parution de l'original, trois éditions pirates furent mises en vente à Madrid. Cervantès eût pu gagner là beaucoup d'argent, s'il avait eu le sens des affaires ; au lieu de cela, toujours poursuivi par la malchance, il fut pénalisé par la mise en circulation de ces contrefaçons.
En 1614, Cervantès écrivit le Voyage au Parnasse, qui est probablement son texte le plus intime, puisqu'il s'y livre totalement, sur le ton de la confession, en affirmant son idéal stoïque. Cet ouvrage fut suivi, en 1615, de la seconde partie de Don Quichotte. Enfin, cédant aux rêves héroïques de sa jeunesse, Cervantès acheva, quatre jours avant de mourir, un ultime roman, un roman de chevalerie fantastique et allégorique : les Travaux de Persilès et Sigismonde (posthume, 1617). Il s'éteignit à Madrid, le samedi 23 avril 1616 et fut enterré au couvent de la calle del Humilladero.
chromo publicitaire française , début du XXe siècle. |
Dans la première partie du récit, don Quichotte part sur un vieux cheval, Rossinante, combattre le mal où qu'il se trouve. Armé de pied en cap, il est accompagné du naïf Sancho Pança, son écuyer fidèle et plein de bon sens. Sous l'emprise de son obsession, don Quichotte s'en va défendre les orphelins, protéger les jeunes filles et les veuves, aider les nécessiteux ; il cherche ainsi à rétablir la justice et à servir la vérité et la beauté.
Ses aventures et ses escarmouches, aussi insolites qu'inappropriées à la situation, se révèlent souvent grotesques. C'est ainsi qu'il attaque un moulin à vent, le prenant pour un géant, ou bien encore qu'il charge un troupeau de moutons, le confondant avec une armée. Aveuglé par ses illusions, il est incapable de tenir compte des mises en garde de Sancho Pança, dont le bon sens terre-à-terre n'a d'égal que l'idéalisme obstiné de son maître. Cette partie du roman dépeint, en jouant sur les effets de contraste, la complémentarité des points de vue des deux personnages, qui ne sont ni l'un ni l'autre dans le vrai et dans la sagesse, puisque l'un pêche par trop de rêves chimériques, quand l'autre le fait par trop de trivialité.
Dans la seconde partie du récit, la distance qui sépare l'idéalisme de don Quichotte du bon sens de Sancho Pança est moins évidente. Don Quichotte se montre plus raisonnable, et son écuyer commence à comprendre les illusions de son maître. À la fin de l'histoire, don Quichotte regagne son village et renonce à la chevalerie : il a compris son erreur et sait qu'« aujourd'hui, les nids de l'année précédente sont vides ». Mais ce retour à la réalité est pour lui un tel bouleversement qu'il se solde par la maladie et la mort.
Région de Castille La Manche, la ruta de Don Quijote: los Molinos de Consuegra Région de Castille La Manche, la ruta de Don Quijote: moulins de Campo de Criptana |
Le paradoxe et la force de Don Quichotte trouvent leur origine dans les aspirations contradictoires de l'auteur qui, habité de chimères, se défend d'y céder, mais ils résident aussi dans un subtil mélange d'imaginaire, d'ironie et de réalisme. Cet ouvrage est l'œuvre d'un homme mûr, qui a combattu et connu la prison, qui a fréquenté les instances militaires et politiques de son pays, qui en connaît les institutions et qui a observé les hommes : Don Quichotte est riche de cette expérience souvent pénible et de cette sagesse patiemment acquise.
un des 24 timbres extrait de la série consacrée au périple de Don Quichotte émis par la poste espagnole en 1998 (voir la série complète → ICI). |
Don Quichotte eut une influence considérable sur le développement du roman en prose : traduit dans toutes les langues modernes, il a fait l'objet de quelque sept cents éditions et a inspiré de très nombreux artistes, tels que Giovanni Paisiello, Jules Massenet et Manuel de Falla, qui tous composèrent des opéras à partir du roman. Don Quichotte fut également mis en musique par Richard Strauss. En 1933, il fut adapté au cinéma par G. W. Pabst, réalisateur autrichien et, en 1957, par Grigori Kozintsev, cinéaste russe ; en 1965, George Balanchine en fit un ballet. L'œuvre de Smollett, celles de Defoe, de Fielding et de Sterne portent la marque de son influence. Au XIXe siècle, le thème de Don Quichotte inspira encore nombre de romanciers comme Dickens ou Flaubert, Dostoïevski (l'Idiot) ou encore Gogol (les Âmes mortes). À la même époque, des artistes tels qu'Honoré Daumier et Gustave Doré trouvèrent également une source d'inspiration dans les aventures de don Quichotte et Sancho Pança. Pour une présentation plus détaillée de l'œuvre, voir l'article Don Quichotte.
source texte : Encyclopédie Encarta ® Microsoft
timbre commémoratif émis par la Poste française en 1957 |
Pour compléter votre information, il est recommandé de visiter les liens suivants :
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- site (langues ES - EN) consacré au 400e anniversaire de la mort de Cervantès → ICI
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