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mardi 26 avril 2016

Recueil d'armoiries de villes de France peintes au XVIe siècle - chapitre #03 - Parlement de Paris, suite et fin

ancien blason de la ville de Clermont-d'Auvergne
 (à l'époque n'avait pas été encore réunie à Montferrand
pour devenir Clermont-Ferrand, ce sera fait en 1630)
 fin du XVIe siècle - manuscrit Fr 17256
 N ous voici de retour pour remonter dans le temps des premiers blasons municipaux avec l'un des plus anciens manuscrits répertoriant des armoiries peintes en couleurs de villes de France. Il est en effet bien antérieur d'au moins trois quarts de siècle à celui réalisé par Pierre de La Planche dont je publie régulièrement des extraits depuis plusieurs années . Il est bien sûr aussi et encore plus ancien que l'illustre Armorial Général de France de Charles d'Hozier qui fait souvent référence pour l'ancien régime, avant la Révolution française et la suppression des armoiries en 1790. La date exacte est difficile à évaluer avec précision, mais nous sommes à coup sûr dans les dernières années du XVIe siècle voire au début du XVIIe grâce à certains indices que nous avons notés dans les précédents volets.

 Voir la description initiale de notre armorial du XVIe siècle (BNF / Français 17256) dans le premier volet: → ICI, ainsi que le chapitre précédent :  #02

 Comme je le fais pour l’Armorial de La Planche, je propose à titre indicatif et comparatif, placées en dessous de chaque page, les armoiries actuelles de chaque ville mentionnée. Cela permet ainsi au lecteur de se rendre compte de l'évolution ou de la constance du blason dans le temps en un peu plus de quatre siècles.

 Nous poursuivons et terminons une première étape du parcours avec les villes et provinces importantes qui composaient le Parlement de Paris. Seul, le dernier blason de ce sujet, n'en fait pas partie et annonce la future région administrative à venir : le Parlement de Normandie. Ces entités de l'Ancien régime, les parlements, représentaient l'autorité législative et judiciaire au nom du roi à travers tout le royaume. Il y en avait dix à cette époque, et elles étaient de tailles inégales (voir → ICI). Celle de Paris était de fait la plus étendue du royaume, sa compétence allant de la Picardie au nord à l'Auvergne au sud, et du Poitou à l'ouest à la Champagne ou au Lyonnais à l'est.


folio 110 r. (recto) :  Châtillon-sur-Seine / Gien  / Nevers / Romorantin / Moulins / 
Saint-Pierre-le-Moûtier


Châtillon-sur-Seine
Nevers
Gien

Romorantin-Lanthenay
Saint-Pierre-le-Moûtier
Moulins

• On constate parfaitement l'évolution des blasons sur l'ensemble de ces six villes, tout en gardant l'essentiel : adjonctions d'un chef de France (pour Châtillon et Saint-Pierre-le Moûtier) ; transition du parti à l'écartelé, avec changement de couleurs d'émaux, pour Romorantin. Les trois autres villes sont inchangées dans l’absolu, si l'on exclue le graphisme des figures : châteaux , fers de moulin, plus stylisées de nos jours.

• Vous remarquerez à gauche de la page, dans la pliure du livre, au niveau du blason de Nevers: un petit feuillet relevé, qui a été inséré et collé dans la reliure. Comme dans le volet précédent il s'agit d'un rajout, que nous allons découvrir juste en-dessous, quand on le rabat !

• Voir l'évolution des blasons au siècle suivant, avec La Planche (après 1669) ou d'Hozier (après 1696):
Châtillon-sur-Seine → ICI                 Gien → ICI               Nevers, Saint-Pierre-le-Moûtier → ICI
                               Moulins → ICI                                Romorantin → ICI



folio 110 r. avec encart rabattuChâtillon-sur-Seine / Gien  / Épernay / Romorantin / Moulins / Saint-Pierre-le-Moûtier


Épernay


•  Et voici donc, par l'entremise de ce procédé astucieux, le rajout à la série d'un blason supplémentaire pour la ville d'Épernay qui vient couvrir celui de Nevers, quand on le rabat.

 • Le blason d'Épernay "d'azur à trois roses d'argent" est déjà relevé dans "l’armorial de La Planche" (1669) sous cette forme. Dans le présent manuscrit il nous apparait très différent : "d’azur à trois fleurs de lis d'or, à la bordure dentelée d'argent", ce qui pose des questions sur son origine... pour le moment sans réponses !


• Voir l'évolution du blason au siècle suivant, avec La Planche (après 1669) :

                                                                 Épernay → ICI


folio 110 v. (verso) :  Issoudun / Clermont-d'Auvergne  / Tulle du bas Limousin / 
Saint-Flour / Riom / Sarlat

Issoudun
Tulle
Clermont-Ferrand

Saint-Flour
Sarlat
Riom

• Comme pour la planche précédente, l'évolution des blasons de ces villes est visible sur les détails tout en gardant intact l'essentiel : transformation du Y (initiale de l'ancienne graphie Ysouldün) en pairle pour Issoudun; augmentation d'un chef de France à Tulle; bordure simple et non plus dentelée à Saint-Flour ; changement de métal pour la salamandre et son brasier (sa patience) pour Sarlat.

• Seul changement radical : le blason de la vieille cité de Clermont, pas encore unie à celle de Montferrand, ce qui ne sera effectif qu'à partir de 1630, montre ici le plus ancien blason de la capitale auvergnate : un "champ d'azur chargé d'une fleur de lis d'or".  Celui-ci disparaitra avec la réunion des deux villes en une seule qui reprendra les armes de l'évêché de Clermont comme blason définitif, tel que nous le connaissons aujourd'hui.

• Voir l'évolution des blasons au siècle suivant, avec La Planche (après 1669) ou d'Hozier (après 1696):
Issoudun → ICI                          Clermont- Ferrand, Riom → ICI                         Tulle → ICI                                              Saint-Flour → ICI                                 Sarlat → ICI



folio 111 r. :  Le Puy / Millau / Cusset  / Villefranche / Le Puy-en-Velay / Aurillac

Le Puy
Cusset (1/2)
Millau

Villefranche-sur-Saône
Aurillac
Le Puy-en-Velay

• Vous l'avez sans doute vu immédiatement, ce feuillet présente une bizarrerie avec la double présence du blason de la ville du Puy (une fois avec la légende écrite simplement "Le Puy" et l'autre avec la précision "Le Puy en Vellay". Il s'agit bien de la même ville, alors pourquoi l'avoir représentée deux fois ? c'est un mystère:  je n'ai pas la réponse ...

• La ville de Cusset, dans le Bourbonnais (aujourd'hui, dans le département de l'Allier) présente une particularité avec ses armoiries, qui sont composées de deux blasons accolés (voir → ICI). Certes, cette configuration n'est pas exceptionnelle dans l'héraldique municipale française, surtout à notre époque avec les fusions de communes, mais dans notre cas présent : cette cohabitation est très ancienne. Le premier blason, le plus ancien, celui que nous voyons ici, avec ce dextrochère armé d'une épée, est d'origine ecclésiastique : c'est l'ancien sceau du chapitre de l'église Notre-Dame (disparue). Avec la création de l'Armorial Général de France (1696/1711) un nouveau blason fut créé pour la ville proprement dite : "de gueules semé d'écussons d'or".  Dès lors ces deux blasons, avec toutefois un changement d'émail pour le premier, représentent ensemble et invariablement la ville de Cusset.

• Voir l'évolution des blasons au siècle suivant, avec La Planche (après 1669) ou d'Hozier (après 1696):
Le Puy-en-Velay → ICI                                Millau → ICI                              Cusset → ICI
             Villefranche-sur-Saône → ICI                                        Aurillac → ICI



folio 111 v. :  Bas pays d'Auvergne / Bellac ou Basse Marche / Montbrison / Forez / Mâcon /
Parlement de Normandie - Rouen


Clermont-Ferrand
Montbrison
Bellac

Forez
Rouen
Mâcon

• Ici, encore les évolutions ou au contraire la constance des blasons sont remarquables.

• A noter : le blason légendé "Basse-Auvergne" qui ressemble beaucoup à celui de la future (par rapport à la date de ce manuscrit) ville fusionnée de Clermont-Ferrand, à la petite différence près que la croix de gueules sera bordée d'un filet d'or pour supprimer l'enquerre émail sur émail (gueules/azur). Ces armoiries étaient aussi, précédemment, celles de l'évêché de Clermont.

• Le blason portant la légende "Forests" se rapporte à la région ou pays du Forez, elle-même découlant du contour de l'ancien comté du Forez, dont j'ai reproduit les armes au dauphin, et dont Montbrison était le siège. Mais je n'ai pas trouvé d'historique à ce blason "civil" : "d'argent à trois arbres de sinople, au chef de France" sinon qu'il s'agit manifestement d'armes parlantes : " forêt / Forests" .

• Comme annoncé au début de ce sujet, nous accédons donc ici à la première cité, siège du Parlement de Normandie, dont le bâtiment gothique toujours existant, est un des nombreux joyaux architecturaux de la ville de Rouen.

• Voir l'évolution des blasons au siècle suivant, avec La Planche (après 1669) ou d'Hozier (après 1696):
Clermont-Ferrand → ICI                            Bellac →  ICI                      Montbrison, Forez → ICI 
                                        Mâcon → ICI                                  Rouen → ICI


        


  C'est tout pour cette fois. Nous reviendrons très rapidement avec la suite de ce manuscrit très intéressant pour l'histoire de l'héraldique municipale de la France, qui remet en question bon nombre de certitudes affichées par nos auteurs contemporains sur l'antériorité de tel ou tel blason.

Suite de cette section du manuscrit consacré aux villes de France : feuillets suivants  → ICI

 Crédits :
- Le manuscrit complet "Français 17256" est  consultable en ligne sur le site : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8528582x/
- Les blasons "modernes" proviennent tous du site incontournable :  armorialdefrance.fr
Je remercie chaleureusement son webmaster à cette occasion.




          Herald Dick


vendredi 22 avril 2016

Hommage à Miguel de Cervantes

Ce jour du 22 avril 2016, nous commémorons le 400ème anniversaire de la mort de Cervantès, le plus grand écrivain espagnol du Siècle d'or, l'auteur de Don Quichotte, considéré par beaucoup comme la plus grande œuvre rédigée en langue espagnole, ou en castillan pour être précis.
armoiries de la maison de Cervantes
 "d'azur à deux cerfs passants d'or, l'un sur l'autre,
 à la bordure de gueules chargée de flanchis d'or"
Ce sont des armes parlantes, le cerf en espagnol se
traduit par "ciervo".
  "Heraldry of the world" - chapter : Spanish heraldry
auteur :  Carl Alexander von Volborth - Copenhague (1973)

portrait de Miguel de Cervantes Saavedra
  peinture signée Juan de Laurigui (1600)

timbre émis par la poste espagnole pour la
commémoration du 400e anniversaire en 2016
































Miguel de Cervantes

(• Alcalá de Henares 1547 - † Madrid 1616)

azulejos illustrant les aventures de Don Quichotte, dans le village de Puerto Lápice (Castille - la Mancha, province de Ciudad Real),
lieu où l'auteur situe notamment, en début de son œuvre, l'épisode rocambolesque où le héros, empressé d'entreprendre son périple,
 prend l'auberge pour un château et demande au tavernier de l'armer chevalier.


Miguel de Cervantes Saavedra, appelé simplement "Cervantès" en français.

• né à Alcalá de Henares (Castille) le 29 septembre 1547
• mort à Madrid le 16 avril 1616.

armes de la maison de Cervatos, confondue avec celle de Cervantes :
 "d'azur à deux cerfs passants d'or, l'un sur l'autre, à la bordure de gueules chargée de huit franchis d'or"
"Cervantes - Notes historiques à propos de ce nom" - auteur : Ernesto de Vilches - Madrid (1905)

 Fils d'un chirurgien modeste, il grandit au milieu d'une famille nombreuse. Alors qu'il était encore étudiant à Madrid en 1568, il publia quelques poèmes à la mémoire d'Élisabeth de France, reine d'Espagne. En 1569, il partit pour Rome et, l'année suivante, entra au service du cardinal Giulio Acquaviva. Grisé de rêves héroïques, il rejoignit alors un régiment de l'armée espagnole basé à Naples. En 1571, il prit part à la bataille navale de Lépante contre les Turcs, au cours de laquelle il perdit la main gauche, ce qui lui valut le surnom de « manchot de Lépante ». Quatre années plus tard, tandis qu'il rentrait en Espagne, Cervantès fut enlevé par des pirates de Barbarie et emmené en Algérie comme esclave, en attendant qu'une rançon fût versée contre sa libération. Il resta ainsi prisonnier cinq ans, non sans faire plusieurs tentatives pour s'échapper, car c'est en 1580 seulement que ses parents et ses amis parvinrent à réunir la somme d'argent requise pour la rançon.
Couverture de la première édition de la première partie de "El ingenioso hidalgo
 don Quixote de la Mancha", livre de Miguel de Cervantes.
pour Juan de la Cuesta - Madrid ( 1605)
  Cervantès était âgé de trente-trois ans quand il regagna l'Espagne. Le courage exceptionnel qu'il avait montré lors de ses années passées au service de la patrie et pendant son aventure algérienne ne lui permit pas de trouver un emploi au sein d'une famille de la noblesse, aussi se consacra-t-il essentiellement à l'écriture entre 1582 et 1585 : il produisit alors, à une incroyable cadence, des poèmes et des pièces de théâtre, qui ont presque tous disparu aujourd'hui. À Madrid, il fréquentait les milieux littéraires. Lui-même acquit une notoriété relative grâce à un roman pastoral, la Galatée (1585), sans pour autant pouvoir vivre de sa plume.

variante des armoiries de la maison de Cervantes
"de sinople à deux cerfs passants d'or, l'un sur l'autre"
  Memorial de Juan de Mena.- manuscrit n° 3.390
 Biblioteca  Nacional de España - Madrid.
Le 12 décembre 1584, il épousa doña Catalina de Palacios y Vozmediano, fille d'un propriétaire d'Esquivias. Il se vit alors confier de modestes charges gouvernementales, telles que l'approvisionnement de la flotte de l'Invincible Armada ou, plus tard, la collecte des impôts. Cette dernière fonction lui valut d'être soupçonné de malversations par les autorités et emprisonné à plusieurs reprises.

De Séville à Madrid, il traîna, dans l'ensemble, une existence plutôt sordide et besogneuse, mais qui devait fournir un riche matériau à son génie littéraire. C'est durant sa période de détention que, s'inspirant de ses propres rêves guerriers et de ses désillusions, il imagina l'histoire d'un homme persuadé d'être un chevalier errant, en quête de superbes exploits tels qu'ils sont relatés dans les récits de chevalerie médiévaux (voir Geste, chansons de). Cette histoire donna lieu à un récit, dont la première partie parut en 1605 sous le titre l'Ingénieux Hidalgo don Quichotte de la Manche (El ingenioso hidalgo don Quijote de la Mancha) : son succès fut tel que, moins de deux semaines après la parution de l'original, trois éditions pirates furent mises en vente à Madrid. Cervantès eût pu gagner là beaucoup d'argent, s'il avait eu le sens des affaires ; au lieu de cela, toujours poursuivi par la malchance, il fut pénalisé par la mise en circulation de ces contrefaçons.
armoiries de la ville de Alcázar de San Juan
 (Castille la Mancha, province de Ciudad Real)
 Le cavalier/ chevalier de l'ordre de Saint-Jean affrontant le château
 n'est pas sans rappeler l'épisode du combat de Don Quichotte face aux moulins !
Cette petite ville revendique d'ailleurs être le véritable lieu de naissance de Cervantès,
hypothèse appuyée par quelques historiens, se basant sur un certificat de baptême
portant le nom de Cervantes Sabedra. Mais il s'agit d'un homonyme de onze ans
 plus jeune. Il est établi maintenant que le lieu de naissance de Cervantès
 est Alcalá de Henares, au nord-est de Madrid.
Huit ans plus tard, en 1613, Cervantès publia Nouvelles exemplaires, recueil regroupant initialement douze récits, dont certains ressemblent aux romans à la mode italienne, tandis que d'autres évoquent la criminalité à Séville et que d'autres encore relèvent du romanesque et du fantastique. L'un de ces récits, intitulé « le Dialogue des chiens », est particulièrement célèbre pour sa verve satirique et picaresque.

En 1614, Cervantès écrivit le Voyage au Parnasse, qui est probablement son texte le plus intime, puisqu'il s'y livre totalement, sur le ton de la confession, en affirmant son idéal stoïque. Cet ouvrage fut suivi, en 1615, de la seconde partie de Don Quichotte. Enfin, cédant aux rêves héroïques de sa jeunesse, Cervantès acheva, quatre jours avant de mourir, un ultime roman, un roman de chevalerie fantastique et allégorique : les Travaux de Persilès et Sigismonde (posthume, 1617). Il s'éteignit à Madrid, le samedi 23 avril 1616 et fut enterré au couvent de la calle del Humilladero.

illustration d'une bataille sur fond de moulins dans : “Treinta y cuatro láminas muy donosas y apropiadas
a la materia” de Cervantes, préfigurant le récit de Don Quichotte dans sa bataille contre les moulins.
gravure d'une édition illustrée parue en 1674.
L'histoire littéraire considère généralement que le chef-d'œuvre de Cervantès, Don Quichotte, constitue le premier roman moderne. L'auteur y fait une satire remarquable non seulement des romans de chevalerie du Moyen Âge et du début de la Renaissance, qui connaissaient alors un succès considérable, mais également des romans pastoraux et sentimentaux contemporains, également très populaires.
chromo publicitaire française , début du XXe siècle.
Le héros du roman, don Quichotte, est un gentilhomme âgé vivant modestement à la campagne. Lecteur passionné des récits épiques médiévaux tombés en désuétude, il rêve de remettre à l'honneur la chevalerie et les exploits chevaleresques.

Dans la première partie du récit, don Quichotte part sur un vieux cheval, Rossinante, combattre le mal où qu'il se trouve. Armé de pied en cap, il est accompagné du naïf Sancho Pança, son écuyer fidèle et plein de bon sens. Sous l'emprise de son obsession, don Quichotte s'en va défendre les orphelins, protéger les jeunes filles et les veuves, aider les nécessiteux ; il cherche ainsi à rétablir la justice et à servir la vérité et la beauté.
armoiries du municipio de Argamasilla de Alba
 (Castille - la Mancha, province de Ciudad Real)
dans cette localité, existe une cave (ci-dessous) dans une maison
où selon une légende Cervantès aurait été emprisonné et il y aurait
 écrit une partie de son chef-d'œuvre Don Quichotte 
intérieur de la Casa de Medrano à Argamasilla de Alba
au mur : le plat de barbier servant de casque et les armes
 de Don Quichotte,  qu'on retrouve sur le blason au-dessus

un plat à barbe en étain ou un casque d'armure pour Don Quichotte ! 

Ses aventures et ses escarmouches, aussi insolites qu'inappropriées à la situation, se révèlent souvent grotesques. C'est ainsi qu'il attaque un moulin à vent, le prenant pour un géant, ou bien encore qu'il charge un troupeau de moutons, le confondant avec une armée. Aveuglé par ses illusions, il est incapable de tenir compte des mises en garde de Sancho Pança, dont le bon sens terre-à-terre n'a d'égal que l'idéalisme obstiné de son maître. Cette partie du roman dépeint, en jouant sur les effets de contraste, la complémentarité des points de vue des deux personnages, qui ne sont ni l'un ni l'autre dans le vrai et dans la sagesse, puisque l'un pêche par trop de rêves chimériques, quand l'autre le fait par trop de trivialité.


armoiries du municipio de Mahorra
 (Castille - la Mancha, province d'Albacete)
"de sinople au moulin à vent d'or, ouvert du champ,
 à la champagne fascée ondée d'azur et d'argent".
Malgré l'existence d'innombrables moulins
dans la Mancha, finalement très peu sont
représentés sur les blasons de la région.
armoiries du municipio de Barrax
 (Castille - la Mancha, province d'Albacete)
"parti d'azur au moulin à vent d'argent et
d'argent au plan de safran au naturel".
La culture du safran était une des richesses
de la région, en déclin aujourd'hui.


 Dans la seconde partie du récit, la distance qui sépare l'idéalisme de don Quichotte du bon sens de Sancho Pança est moins évidente. Don Quichotte se montre plus raisonnable, et son écuyer commence à comprendre les illusions de son maître. À la fin de l'histoire, don Quichotte regagne son village et renonce à la chevalerie : il a compris son erreur et sait qu'« aujourd'hui, les nids de l'année précédente sont vides ». Mais ce retour à la réalité est pour lui un tel bouleversement qu'il se solde par la maladie et la mort.
Région de Castille La Manche, la ruta de Don Quijote: los Molinos de Consuegra
 Région de Castille La Manche, la ruta de Don Quijote:  moulins de Campo de Criptana

Le paradoxe et la force de Don Quichotte trouvent leur origine dans les aspirations contradictoires de l'auteur qui, habité de chimères, se défend d'y céder, mais ils résident aussi dans un subtil mélange d'imaginaire, d'ironie et de réalisme. Cet ouvrage est l'œuvre d'un homme mûr, qui a combattu et connu la prison, qui a fréquenté les instances militaires et politiques de son pays, qui en connaît les institutions et qui a observé les hommes : Don Quichotte est riche de cette expérience souvent pénible et de cette sagesse patiemment acquise.
un des 24 timbres extrait de la série consacrée au périple de Don Quichotte
émis  par la poste espagnole en 1998 (voir la série complète → ICI).
L'héroïsme, vertu première de l'Espagne conquérante et catholique, est la principale cible de l'ironie de Cervantès. À travers la folie chevaleresque de son héros dérisoire, l'auteur souligne combien l'héroïsme se rattache en fait à un monde disparu — celui de l'univers médiéval — et combien il est devenu inopérant dans le monde actuel, où les valeurs marchandes et le pragmatisme bourgeois s'imposent progressivement.

armoiries du municipio /concello de Cervantes
 (région de Galice, province de Lugo)
Selon certains historiens, ces terres seraient l'origine probable
de la lignée de Miguel de Cervantes Saavedra, du fait que le
patronyme apparaît dans les registres de baptême de la paroisse
 de Vilarello da Igrexa bien avant la naissance de l'auteur
majeur de la littérature classique espagnole.
L'écrivain lui-même fait une allusion par la bouche d'un des
 personnages dans Don Quichotte à ses origines ancestrales
 quelque part dans les montagnes de León.

  Don Quichotte eut une influence considérable sur le développement du roman en prose : traduit dans toutes les langues modernes, il a fait l'objet de quelque sept cents éditions et a inspiré de très nombreux artistes, tels que Giovanni Paisiello, Jules Massenet et Manuel de Falla, qui tous composèrent des opéras à partir du roman. Don Quichotte fut également mis en musique par Richard Strauss. En 1933, il fut adapté au cinéma par G. W. Pabst, réalisateur autrichien et, en 1957, par Grigori Kozintsev, cinéaste russe ; en 1965, George Balanchine en fit un ballet. L'œuvre de Smollett, celles de Defoe, de Fielding et de Sterne portent la marque de son influence. Au XIXe siècle, le thème de Don Quichotte inspira encore nombre de romanciers comme Dickens ou Flaubert, Dostoïevski (l'Idiot) ou encore Gogol (les Âmes mortes). À la même époque, des artistes tels qu'Honoré Daumier et Gustave Doré trouvèrent également une source d'inspiration dans les aventures de don Quichotte et Sancho Pança. Pour une présentation plus détaillée de l'œuvre, voir l'article Don Quichotte.

source texte : Encyclopédie Encarta ® Microsoft

timbre commémoratif émis par la Poste française en 1957



Pour compléter votre information, il est recommandé de visiter les liens suivants :
- actu FranceTVinfo (langue : FR) →  ICI 
- actu Spain.info ( langues : FR - EN - ES - DE) →  ICI
- site (langues ES - EN) consacré au 400e anniversaire de la mort de Cervantès → ICI

- Museo Casa Cervantes (langue : ES) → ICI
- Biblioteca virtual Miguel de Cervantes (langue : ES) → ICI 
- Instituto Cervantes (langue : ES) → ICI



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