vendredi 19 septembre 2014

Histoire parallèle : août-septembre 1914-2014 :
la Suisse : neutre, mais vigilante : opération "Occupation des frontières"

Le principe de neutralité actée de la Suisse est né pendant les guerres napoléoniennes du 1er Empire, quand des contingents suisses avaient dû, aux côtés de la Grande Armée de Napoléon, participer à la campagne de Russie et à la bataille de Leipzig en 1813, qui fut un désastre pour l'armée française. Ici commença le début de la fin de l'Empire. Car la Suisse, après avoir subi la soumission aux troupes françaises de la vague révolutionnaire dès 1798, s'en est suivi l'occupation sur leur sol  par des vainqueurs alliés de Napoléon, en 1814. De fait, les cantons suisses ont décidé ensemble, de ne plus accepter de se laisser entraîner dans des guerres qui n'étaient pas les leurs. La neutralité perpétuelle de la Suisse a été conclue le 20 mars 1815 au Congrès de Vienne, par les puissances signataires du traité de Paris, c'est-à-dire des vainqueurs de Napoléon Ier. En conséquence, la Suisse, état redevenu souverain, bénéficie du statut de pays neutre, à partir du 20 novembre 1815, qui garantit l'intégrité et l'inviolabilité de son territoire.
Helvetia, personnification de la Suisse rappelle au soldat le souvenir des batailles historiques victorieuses contre
les agressions des Habsbourg d'Autriche au XIVe s.
  Mais on a bien vu que les traités, ce ne sont pas les 10 Commandements gravés dans le marbre ! La malheureuse Belgique ou le Luxembourg en ont fait l'expérience douloureuse. Alors les Suisses, pragmatiques et conscients qu'un bout de papier ne les protégeront pas toujours d'une invasion délibérée, ou d'une trahison, prennent les choses en main. Car en effet, dans le pays même, les sensibilités sont partagées, les germanophones sont plutôt favorables aux Empires centraux, et la Suisse romande francophone et francophile penche naturellement pour la France et ses alliés. Fédérés, oui, mais pas toujours d'accord sur tout.
 La Suisse prend donc des mesures exceptionnelles dès le début de la guerre pour protéger son territoire, ce qui se traduit surtout par la garde des frontières renforcée. Et le peuple suisse est redoutable quand il s'agit de défendre son sol, de nombreux adversaires l'ont payé cher par le passé.
Cette opération s'appelle "Occupation des Frontières" ou "Grenzbesetzung" en langue de la Suisse alémanique.



 La Suisse neutre, n'est pas inactive pour autant et utilise largement elle aussi les outils de la propagande. On parle parfois de "paix armée ", ces images en sont les témoignages. Et les emblèmes: blasons, drapeaux, allégories, uniformes parlent ou soulignent les mots, les slogans.

• 1er août 1914 :  L'Autriche-Hongrie et l'Allemagne ont déclaré la guerre respectivement à la Serbie et à la Russie. Mobilisation générale de l’Armée suisse. 218 000 hommes sont appelés à défendre les frontières du pays contre toute intrusion étrangère.
- Guillaume II : "C'est bien, mon brave ! Vous êtes ainsi 150 000 tireurs...
 Et si je viens avec 300 000 prussiens ?"
- Le soldat suisse : "Sire, nous tirerons chacun 2 balles ! "
 • 3 août  : L’Assemblée fédérale donne les pleins pouvoirs au Conseil fédéral et élit le commandant de corps Ulrich Wille comme Général de l'armée suisse, un grade attribué uniquement en temps de guerre. Mais il ne fait l'unanimité, car ses liens avec le pouvoir prussien sont bien connus et son épouse est issue de la famille von Bismarck !
portraits du haut commandement de l'Armée suisse

 • 6 août : La Confédération réaffirme sa neutralité et l’inviolabilité de son territoire dans une déclaration solennelle aux pays belligérants. Elle avertit les gouvernements étrangers que la mobilisation de son armée vise uniquement à la sauvegarde de la neutralité du pays et à l'inviolabilité du territoire : le Conseil déclarera la guerre à tout belligérant qui violerait le territoire suisse.
le Palais Fédéral de Berne, comme un ilot de paix au milieu de la tempête
 
 • 8 août - 30 septembre  : Les Suisses ont l’interdiction de téléphoner et d’envoyer des télégrammes dans d'autres villes du pays, afin d'éviter de dévoiler les mouvements des troupes suisses. Il est interdit de conduire des voitures, exceptions faites pour les médecins, les fournisseurs de l’armée, les vendeurs de produits alimentaires, les associations d'utilité publique et les véhicules agricoles.

 • 13 août :  Lancement d’un emprunt fédéral de 30 millions de francs.
    Promulgation d’un arrêté interdisant l’exportation des chevaux, des mulets et des produits alimentaires sans autorisation spéciale.


  • 27 août : Le Conseil fédéral annonce des mesures pour assurer l’alimentation en pain.

 • 13 septembre :  Le Conseil fédéral décrète un monopole fédéral sur le blé.

Les accapareurs sont ici les spéculateurs germaniques ou germanophiles qui pillent les réserves fédérales, les profiteurs de guerre : ils sont balayés par Helvetia
  • 18 septembre :   Le Conseil fédéral commande 50 000 mètres de drap gris-vert pour fabriquer les nouveaux uniformes, de couleur moins voyante.

carte géopolitique montrant ou démontrant la vulnérabilité de la Suisse au milieu des belligérants actuels et futurs

cette série d'images ou de cartes postales illustrées montrent bien la préoccupation des suisses avec cette guerre qui frappe à leur porte :








                   Herald Dick

Bonus : seconde  série d'images : la journée de l'Armée helvétique avec de superbes dessins de l'illustrateur suisse Carl Moos (1878-1959).



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vous pouvez agrandir les images en cliquant dessus :




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