dimanche 19 février 2017

Armorial des provinces françaises sous le règne de Louis-Philippe Ier (1831-1848)

📚  Au milieu du XIXe siècle, plus exactement durant le règne de Louis-Philippe Ier, le premier proclamé dès le départ " roi des Français"* (et non plus roi de France, après la révolution des Trois Glorieuses en juillet 1830, qui avait fait vaciller une nouvelle fois la monarchie), est sorti un ouvrage important pour l'Héraldique civique française. Il s'agit de " l'Armorial National de France, avec notices et descriptions historiques, recueil complet des armes des villes et provinces du territoire français", réunies pour la première fois, dessiné et gravé par Henri Traversier, avec des notices descriptives et historiques par Léon Vaïsse. Il y eut plusieurs éditions dans les années '1841/1847.

🔍 Cet ouvrage intéressant se divise en quatre séries : la première se compose des armes des chefs-lieux de département; la seconde comprend, avec les variantes et les supports de ces armes, les blasons des cinquante villes les plus importantes parmi celles qui ne sont pas chefs-lieux. Les deux dernières séries sont consacrées aux armes des anciennes provinces et à celles des villes de second ordre. On y trouve également, intercalées entre les chapitres,  des armoiries de provinces de Belgique et quelques armoiries de villes attribuées sous le Premier Empire. Un traité et une histoire du blason, et des diverses armoiries historiques de la France complètent ce travail à la fin.
  J'ai déjà eu l'occasion de vous donner à voir quelques-unes de ces armoiries, parfois insolites, avec ma série de 6 sujets : "Les départements français et les blasons des préfectures à la fin du XIXe siècle" (voir le premier volet → )

(*) C'est Louis XVI qui, par la contrainte de la Constitution de septembre 1791, inaugura le premier, le titre le "roi des Français", mais après son arrestation en juin 1791 , suite à l'affaire de la fuite stoppée à Varennes.

Frontispice de l'Armorial National de France, édition 1842, avec tout au sommet de l'arc en ogive :
les armoiries de la France du moment : "d'azur à la charte de 1830 d'or" (voir détail ci-dessous)
 cette charte étant la constitution établie sous la Monarchie de Juillet 1830.
Page titre de l'Armorial National de France, édition 1842,
avec au centre :  les armoiries de la ville de Paris

📍 Et voici donc les armoiries des Provinces françaises, telles qu'on peut les admirer dans ce  magnifique livre, avec ce style artistique très pompeux, chargé, on pourrait dire : "kitsch", qui correspond bien à l'époque :

Armoiries de la Flandre,  avec à gauche l'ancien blason du Comté de Flandre, et à droite le blason du court règne de
Baudoin VI de Hainaut, comte de Flandre, en tant qu'empereur latin de Constantinople (1204-1206)



Armoiries de l'Artois
Armoiries de la Picardie
Armoiries de la Normandie
Armoiries de l'Île-de-France
Armoiries de la Champagne
Armoiries de la Lorraine
Armoiries de l'Alsace, avec à gauche : "d'azur à l'aigle bicéphale de sable" qui sont les armoiries attribuées à l'Alsace par
 Charles-René d'Hozier, dans le précédent "Armorial Général de France", établi en application de l'édit royal de 1696.
Armoiries de la Bretagne
Armoiries du Maine et de l'Anjou, d'après celles attribuées par Charles-René d'Hozier dans l' Armorial Général
 de France, établi en application de l'édit royal de 1696.
Armoiries de la Touraine et de l’Orléanais, d'après celles attribuées par Charles-René d'Hozier dans l' Armorial
 Général de France, établi en application de l'édit royal de 1696.
Armoiries du Berry et du Nivernais
Armoiries de la Bourgogne
Armoiries de la Franche-Comté, d'après celles attribuées par Charles-René d'Hozier dans l' Armorial Général
 de France, établi en application de l'édit royal de 1696.
Armoiries du Poitou, d'après celles attribuées par Charles-René d'Hozier dans l'Armorial Général de France,
établi en application de l'édit royal de 1696.
Armoiries du Limousin, d'après celles attribuées par Charles-René d'Hozier dans l' Armorial Général de France,
établi en application de l'édit royal de 1696.
Armoiries de la Marche et du Bourbonnais
Armoiries de l'Aunis, de la Saintonge et de l'Angoumois, les dernières d'après celles attribuées par Charles-René d'Hozier
 dans l' Armorial Général de France, établi en application de l'édit royal de 1696.
Armoiries de l'Auvergne
Armoiries du Lyonnais et du Dauphiné
Armoiries de la Guyenne et de la Gascogne
Armoiries du Béarn
Armoiries du Languedoc
Armoiries du Comté du Foix et  du Roussillon, les dernières d'après celles attribuées par Charles-René d'Hozier dans
l' Armorial Général de France, établi en application de l'édit royal de 1696.
Armoiries de la Provence


📎Les provinces de la Corse et du Comtat Venaissin (et celui d'Avignon), bien que décrites brièvement dans le livre par Léon Vaisse, n'ont pas eu l'honneur d'avoir des armoiries représentées en 1842, ce qui peut nous paraitre assez étrange. Pour la première, la raison est que, selon les auteurs : les véritables armoiries de la Corse ne sont pas bien identifiées et fixées. Pour la seconde, ils prétendent que l'ancien territoire de l'Église catholique et des Papes d'Avignon, ne possède pas d'armoiries propres (voir textes extraits de l'ouvrage, ci-dessous). Celles que nous connaissons aujourd'hui seraient donc une invention récente, basée sur les armoiries des États de l'Église (le Vatican), sans la tiare papale. (N.B :  il s'avère que j'ai trouvé entre temps une superbe représentation des armes du Comtat Venaissin en couleurs, dans un livre édité en 1667, donc durant le règne de Louis XIV, et que je vous présenterai bientôt...) 



 

🔎 Pour finir, ne demandez pas où sont passées les armoiries de la Savoie et du Comté de Nice : ces provinces n'étaient pas encore françaises à cette date ! Elles faisaient encore partie de l'ancien  Royaume de Piémont-Sardaigne, jusqu'en 1860... année de rattachement à la France, et suite à l'unification de l'Italie.


Vous pouvez feuilleter l’intégralité de l'Armorial National de France en cliquant sur →  🔖



               Herald Dick  

mardi 14 février 2017

Top 15 des plus grandes villes des États-Unis d'Amérique avec leurs blasons

Voici un nouveau volet à cette série consacrée à la découverte de l’héraldique civique, à travers divers pays du Monde. Le principe du "Top xx" très répandu dans les médias et sur Internet, pour recenser ce qui est le plus remarquable dans un domaine particulier est ici adapté à cette thématique. Il nous permettra de découvrir ou réviser la géographie d'un pays choisi de manière aléatoire et dans le même temps de s'intéresser à sa diversité en matière de blasons et emblèmes municipaux.

  Nous avons laissé l'Europe, pour nous rendre en Amérique du Nord et coller avec l'actualité, suite aux dernières élections présidentielles, je veux parler des: États-Unis d'Amérique.




Voici donc les 15 plus grandes villes, en terme de population (chiffres : 2015 [estimations]):



1 - NEW YORK / New York City

- ancien nom de fondation hollandaise : Nieuw-Amsterdam (Nouvelle-Amsterdam)
ville de l'état de New York (State of New York) -  8 550 405 habitants









2 - LOS ANGELES

- ancien nom de fondation espagnole : El Pueblo de Nuestra Señora la Reina de los Ángeles
ville de l'état de Californie (California)  -  3 971 880 habitants






3 - CHICAGO

ville de l'état de l'Illinois  -  2 720 550 habitants








4 - HOUSTON

ville de l'état du Texas  -  2 296 220 habitants





5 - PHILADELPHIE / Philadelphia

ville de l'état de Pennsylvanie (Pennsylvania) -  1 567 440 habitants







6 - PHOENIX

capitale de l'état d'Arizona  -  1 563 025 habitants






7 - SAN ANTONIO

- anciens noms de fondation espagnole : Misión San Antonio de Valero ou Misión de El Álamo et El Presidio de San Antonio de Béjar
ville de l'état du Texas  -  1 469 845 habitants









8 - SAN DIEGO

- anciens noms de fondation espagnole : Misión de San Diego de Alcalá et El Presidio Reál de San Diego
ville de l'état de Californie (California)  - 1 394 928 habitants






9 - DALLAS

ville de l'état du Texas  -  1 300 090 habitants






10 - SAN JOSE

- ancien nom de fondation espagnole : El Pueblo de San José de Guadalupe
ville de l'état de Californie (California)  -  1 026 910 habitants






11 - AUSTIN

capitale de l'état du Texas  -  931 830 habitants







12 - JACKSONVILLE

- anciens noms coloniaux, successivement : français, espagnol, britannique : Fort Caroline, San Mateo, Cow Ford
ville de l'état de Floride (Florida)  -  868 030 habitants








13 - SAN FRANCISO

- anciens noms de fondation espagnole : Misión de San Francisco de Asís et El Presidio Reál de San Francisco
ville de l'état de Californie (California)  -  864 820 habitants








14 - INDIANAPOLIS

capitale de l'état de l'Indiana  -  853 170 habitants








15 - COLUMBUS

capitale de l'état de l'Ohio  -  850 110 habitants







empreinte d'un sceau de la ville de New York datant de 1764
on peut déchiffrer tous les éléments encore présents sur le
 "city seal" moderne, y compris la dénomination en latin :
"SIGILLUM CIVITAT(is). NOV(i). EBORAC(i)."
(le Sceau de la Ville de New York)
 • Armoiries ou logos ? Héraldique ou art graphique ? ce sont les premières questions que l'on peut se poser pour qualifier les emblèmes territoriaux et institutionnels des États-Unis d'Amérique. Je parle des grands sceaux (seals) circulaires qui font la spécificité du pays. Si le blason, c'est à dire le langage qui permet de décrire simplement en quelques mots les armes, indépendamment des styles de dessin et des nuances de couleurs, est primordial, alors, pour les puristes, les sceaux américains ne sont pas, dans l'absolu, tous, du domaine de la science héraldique.
  Et c'est pour cette raison que j'ai mis en tandem, quand le cas se présentait : quelques rares armoiries, et le sceau de ville (city seal), bien davantage utilisé par les municipalités américaines, et très fréquemment représenté en monochromie.
 D'ailleurs, cette forme monochrome nous rappelle la véritable origine des sceaux, qu'ils soient personnels ou communautaires : une empreinte de cire appliquée sur un acte, un document officiel (cf. New-York, ci-contre) pour authentifier sa provenance, et qui existe depuis la haute Antiquité, mais qui s'est largement développée au Moyen-âge.
   Toutefois, quelques-unes de ces marques circulaires ou ovales, et bien évidemment celles qui identifièrent les premiers territoires colonisés en Amérique du Nord ou les plus anciennes fondations, militaires, religieuses, agricoles, minières qui deviendront les futures villes, les futures institutions du pays, découlent de l'héritage et des connaissances apportés par les premiers colons européens qui se sont établis sur le sol américain, et plus particulièrement dans les colonies anglaises. Quelquefois ce sont les propres blasons de ces colonisateurs, à titre personnel, ou dédiés à leurs dirigeants : princes, rois et commandants, qui ont essaimé et sont devenus des emblèmes de cités ou de territoires entiers, après la Révolution américaine et l'Indépendance (par exemple : Washington DC, Maryland, AlabamaPittsburgh).
ancien sceau de la ville de Norfolk - Virginie (1913)
• Parmi les symboles les plus communs hérités de l'histoire de cette colonisation des terres du nord : nous avons les bateaux à voile (villes n°3, 5, 8, 13 et 15); les ailes de moulin hollandais (ville n°1); les charrues et les gerbes de céréales ( villes n° 3, 4, 5, 10 et 13); les bâtiments des missions catholiques (villes n°7 et 8) .
   Les hommes sont souvent représentés: des marins (villes n° 1 et 13) , des pionniers (n° 13) , des amérindiens (n°1 et 3), un militaire qui est devenu président des États-Unis : Andrew Jackson (ville n°12). Les deux seules femmes de cette sélection (ville n° 5) sont des images allégoriques de la Paix et de l'Abondance.

• Héraldique ou art graphique du logo ? il y a une troisième voie qui mettra peut-être tout le monde d'accord : la sigillographie (l'étude des sceaux). Mais une évolution moderne de la sigillographie, réactualisée avec les outils d’aujourd’hui : les supports numériques,  la transmission dématérialisée des documents ayant remplacé le parchemin et le papier, et l'art graphique et le dessin assisté par ordinateur ont succédé au crayon, au pinceau et aux poinçons du graveur.

Parmi les plus anciennes armoiries de villes américaines : voici celles de Philadelphie (établies en 1789)
ici représentées sous forme d'un tableau. Peinture réalisée vers 1821 par un artiste nommé Thomas Sully.
(Le sceau a été créé bien plus tard en 1874, reprenant l'image des armoiries (voir plus haut)) 
  propriété de l'Independence National Historical Park,  à Philadelphie - Pennsylvanie

• Une remarque particulière concerne l'emblème de la ville de Phoenix  (n°6) : ici nous avons bien un vrai logo dont la forme, la ou les couleurs, l'utilisation, sont réglementées par une charte graphique et des droits de reproduction ( voir → ICI) . Dans un cas général,  toutes les créations graphiques sans exception sont sous la protection des lois sur la propriété intellectuelle et soumis à des droits d'utilisation ou de reproduction accordés par leurs auteurs et/ou leurs propriétaires.
 Pour la ville n°12, c'est encore un autre cas d'étude : nous avons un logo en couleurs à gauche inspiré par le sceau monochrome, à droite ! 


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🗽Si vous désirez encore en savoir plus sur le pays : les États-Unis (U.S.A) et ses emblèmes, c'est → ICI

A bientôt , pour un nouveau pays ...ICI


Et pour revoir le pays précédent ...  → ICI




          Herald Dick