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mercredi 21 octobre 2015

Capitales du monde : Berlin

 R etour à la série de monographies consacrées aux emblèmes des capitales d'états, commencée il y a maintenant plus de deux ans. Nous revenons en Europe pour étudier un des blasons les plus emblématiques qui soit pour une ville non moins fascinante, à travers son histoire passionnante: de la petite ville de pêcheurs du Moyen-âge à la capitale royale prussienne, et de la Prusse à l’Allemagne des Reichs tout-puissants, puis de l'Allemagne vaincue, coupée en deux par la Guerre froide, à la réunification en 1990.


  L’Allemagne est un état fédéral composé de 16 lands ou Länder en allemand, et parmi eux trois villes-états : Brême, Hambourg et Berlin. La particularité du blason de Berlin est qu'il est utilisé aussi bien pour représenter la ville que le Land (l'État) de Berlin. Le modèle officiel actuel date de 1954 et son image est réglementée par la Constitution de Berlin et la loi sur l'emblème du Land de Berlin (Gesetz über die Hoheitszeichen des Landes Berlin).
   Le blason est : "D'argent à l'ours de sable, armé et lampassé de gueules".
   Selon les supports et les utilisations, comme en imprimerie, par exemple, il peut être simplement "noir-et-blanc" (ci-dessus à gauche) ou avec un champ de couleur gris/argent (au centre). Il est en règle générale, timbré d'une couronne murale d'or fleuronnée de cinq fleurs visibles (Laubkrone en allemand), les deux extrêmes, représentées coupées de la moitié (ci-dessous).

En tant qu'état fédéré, le land de Berlin possède aussi un drapeau officiel, et une bannière avec seulement l'ours (Berliner Bär), séparé de l'écu dont il provient, sur fond blanc bordé de deux bandes rouges, les couleurs du Brandebourg, la région naturelle et historique.
Il existe comme drapeau civil depuis 1913, supprimé en 1934, rétabli en 1954 (dans Berlin-Ouest) et adopté comme drapeau d'état de Berlin réunifié, depuis 1990.


Toutefois, la ville utilise aussi un logo pour son image numérique, c'est ainsi, on ne pas y échapper. Les concepteurs ont choisi la célèbre Porte de Brandebourg, le monument sans doute le plus connu de la ville, traité de façon stylisé.



capitale n° 28 - Berlin


Berlin, située sur la rivière Spree, est la capitale fédérale de l'Allemagne. Elle constitue également depuis 1990 et la réunification de l'Allemagne, un land d'une superficie de 891,68 km².

Population  :  3 459 396  hab. (chiffres 2014)

Deux villages de pêcheurs sont à l’origine de Berlin : Alt-Berlin (vieux Berlin), aujourd'hui les quartiers de Mitte et  Cölln, dans la région de Brandebourg. Les huguenots chassés de France à la révocation de l’Édit de Nantes en 1685 vont en partie s’installer à Berlin et jouent un grand rôle dans le développement de la ville à la fin du XVIIe siècle. En 1701, la Prusse devient un royaume dont Berlin est la capitale. Frédéric Ier, premier souverain, y fait construire le château de Charlottenburg. Sous le règne de Frédéric-Guillaume Ier de Prusse, la ville devient un siège militaire important, puis sous Frédéric II, couronné en 1740, la capitale des Lumières (Aufklärung) en Allemagne. En 1871, Berlin devient la capitale de l’Allemagne unifiée, mais la ville n’est pas préparée à assumer ce rôle et de nombreux travaux d’aménagement et d’assainissement (construction d’un égout notamment) sont nécessaires. Pendant l’entre-deux guerres, Berlin, dont la population souffrit de la famine pendant la Première Guerre mondiale, est le témoin de nombreuses émeutes. En 1933, elle est la capitale du IIIe Reich. Presque entièrement détruite pendant la Seconde Guerre mondiale, Berlin est ensuite découpée en quatre secteurs d’occupation. En 1949, le secteur soviétique devient la capitale de la R.D.A., tandis que les secteurs américains, britanniques et français deviennent une ville enclavée en Allemagne de l’Est. Suite au fort exode de la population de l’Est vers l’Ouest de la ville, le mur de Berlin est construit dans la nuit du 12 au 13 août 1961. Il ne sera détruit qu’en 1989. Suite à la réunification de l’Allemagne, Berlin redevient la capitale de l'Allemagne fédérale. D’immenses travaux, non encore achevés aujourd’hui, sont entrepris pour construire les anciens «no man’s lands», les bâtiments et monuments.
Berlin Mitte, vue de nuit, avec au centre la Berliner Fernsehturm (Tour de Télévision), la Nikolaikirche, le pont sur la Spree
au premier plan et le Altes Stadthaus (ancien Hôtel de Ville) à droite.
  Huit fois plus grande que Paris, Berlin compte plus de 3,4 millions d’habitants. Un tiers de la surface de la ville est recouvert de lacs et de forêts. Ceux-ci sont surtout situés dans les quartiers périphériques, mais le centre est lui-même très arboré, et le Tiergarten est un immense parc qui s’étend sur plus de trois kilomètres entre le Bundestag (ex-Reichstag) et le quartier de Charlottenburg. Le climat est continental et il peut y faire très froid en hiver. C'est aujourd'hui une des villes les plus attrayantes d'Europe pour les investisseurs et les touristes.



Le blason de Berlin, du sceau médiéval aux armoiries prussiennes.




Je pense que tout le monde a compris qu'il s'agit d'armes parlantes. Bär, pronnoncé "ber", signifiant: ours dans les langues germaniques. On trouve ces mêmes armes parlantes à Berne (Bern), Behren-lès-Forbach, Baerenthal, Beerse, Berlaar, Beernem, Bernkastel-Kues, etc...

  Il faut se rappeler que si le lion, animal exotique, est devenu le roi du bestiaire dans l'imaginaire héraldique, c'est l'ours qui était le super-prédateur dans la nature en Europe occidentale, avec le loup. Donc, il est par nature, un symbole de puissance, de courage et d'autorité. Mais là n'est pas le propos, puisque nous sommes dans l'héraldique civique et non pas dans celle des personnes. D'ailleurs, Berlin n'a pas commencé avec l'Ours, comme nous le voyons sur les anciens sceaux de la cité, mais avec l'Aigle ! celui des Margraves de Brandebourg, dont elle a été la capitale dès le XIIè siècle. Un des tous premiers seigneurs s'appelait d'ailleurs Albert Ier... l'Ours (~1100-1170) !! 

 La plus ancienne marque de Berlin préservée sur un sceau datait de 1253, sur une charte  municipale, signée du Margrave Johann I, et découvert à Francfort sur Oder à la fin du XIXe siècle, mais malheureusement il a disparu depuis la fin de Seconde Guerre mondiale...

1 - empreinte du sceau de
 Berlin - 1253
2 - empreinte du sceau de 
Berlin  - 1280
3 - empreinte du sceau de 
Berlin - 1338
4 - monnaie / pfenning d'argent (Silberpfennig) de Berlin - 1369
5 - empreinte sceau - 1460


Sur le sceau n° 2, vous pouvez constater que les ours sont placés comme supports de l'écu de Brandebourg. Les sceaux suivants montrent l'ours prenant de plus en plus d'importance, mais l'écu à l'aigle attaché à son collier atteste de la soumission de la ville au seigneur, le Comte Margrave de Brandebourg, qui est un des sept Électeurs du Saint Empire, donc un personnage très important.

 
plan reconstitué des villes de Berlin (à droite) et de Cölln (au centre), en 1250
(cliquer sur l'image pour agrandir et voir les détails)


.
 
A la même époque médiévale, dans une autre île voisine, délimitée par les bras de la Spree, s'est développé une autre ville, sœur jumelle de Berlin (qu'on nomme Alt Berlin [vieux Berlin] pour préciser son tracé médiéval) et qui se nommait Cölln. Les deux cités ont mis très tôt en commun leur administration et leur défense. Mais ce n'est qu'en 1710 qu'elles seront fusionnées pour former la capitale royale prussienne de Berlin. C'est aujourd'hui un quartier historique (Alt Cölln) situé au centre de la capitale allemande. 
  En tant que ville indépendante Cölln avait aussi ses marques propres. Le sceau le plus ancien que l'on connaisse date de 1334. Il montre une aigle, l'aigle de Brandebourg de la première maison d'Ascanie (Askanischen Adler Brandenburgs en allemand).

6 - empreinte du sceau de
 Cölln - 1334
7 - empreinte du sceau de
 Cölln - 1442
8 - empreinte du sceau de
 Cölln - 1491

9 - empreinte de chevalière, 
sceau de mairie - 1603

10 - sceau octogonal 1618
11 - empreinte sceau 1700
Revenons à notre ours berlinois. Peu à peu, il "entre" finalement dans le blason, d'abord maintenu fermement sous les serres de l'aigle (n°5), comme une proie, avant d'y résider seul, comme on le voit sur quelques nouveaux sceaux, cachets ou monnaies et plus nettement encore sur un bon nombre d'armoriaux.
Toutefois, l'ours porte toujours encore un collier autour du cou avec la boucle pour éventuellement l'attacher ! 
  Est-ce un signe de début de l'affranchissement de la ville par rapport au Margraves et la puissance des Hohenzollern qui règnent sans partage sur le Brandebourg ? Comme dans beaucoup de grandes cités, les bourgeois, lassés par le système féodal qui les contraint depuis des années, veulent leur part de pouvoir de décision, payer moins d'impôts, et avoir plus de liberté pour leurs affaires, entre autres choses. La mention "Civitas ou Civitatis ... Berlin" (la ville de Berlin) apposée sur les sceaux pourrait désormais affirmer sa véritable signification d'indépendance.


 Siebmachers Wappenbuch - 1605
Jörg Rugenns Wappenbuch - 1492


Les armoiries ci-contre
et ci-dessous figurent parmi les plus anciennes représentations du blason de la ville de Berlin, reproduites sur des manuscrits ou armoriaux. L'ours y est
montré dressé, pas encore debout, souvent contourné et "au naturel".


Valvasor Grbovna knjiga (Mokronog, Slovénie) - 1687/1688
armoiries de Berlin conformes à l'époque de 1709
illustrant un plan historique réalisé en 1854 : 
"Neuester Plan von Berlin" par A. Schahl


12 - projet de sceau réunissant les symboles 
des cinq villes dans l'ensemble urbain formant 
désormais Berlin, en 1709
A partir de 1701, le marquisat (margraviat) de Brandebourg est réuni puis absorbé par le royaume de Prusse, avec toujours à sa tête la dynastie des Hohenzollern. Le premier roi en titre officiellement sera Frédéric II de Prusse (règne 1740-1786) qui va donner à Berlin son statut de capitale et résidence royale et accroitre son rayonnement en Europe.
  Un décret datant du 1.01.1710 avait entériné la fusion des cinq anciennes cités de Berlin, Cölln, Friedrichswerder, Dorotheenstadt et Friedrichstadt qui furent regroupées en une seule et même ville sous le nom de Berlin. Au passage, ces villes avaient leurs symboles héraldiques propres. Ils ont survécu dans les quartiers de la capitale allemande jusqu'à nos jours, nous le verrons certainement une autre fois.

le nouveau Berlin en 1688, armoiries autour de l'aigle des Électeurs de Brandebourg
 détail d'une carte-plan de Johann Bernhard Schultz :
Residentia Electoralis Brandenburgica (1688) - Staatsbibliothek Berlin
voir le plan en entier : → ICI

  De nouvelles armoiries (prussiennes) pour Berlin naissent au cours de ce XVIIIe siècle avec un partage de l'écu en trois quartiers composé de l'ours berlinois, et au-dessus de lui: l'aigle (de sable) de la Prusse et l'aigle (de gueules) du Brandebourg. Un petit détail qui a son importance : l'ours porte toujours un collier, sans chaînes, mais qui rappelle encore la dépendance de Berlin. Elle est capitale et siège du pouvoir royal. Le tout est agrémenté d'ornements divers, faux cadres de bois et végétaux et est timbré d'une couronne fermée de Grand électeur. Ce modèle va perdurer jusqu'au début du XXe siècle avec la fin de la monarchie prussienne dans l'Empire allemand (le IIe Reich). Le blason spécifique de Berlin, avec l'écusson chargé de l'ours sera en cours de route sommé d'une couronne murale au titre de capitale royale.

armoiries de Berlin en 1709
armoiries de Berlin en 1839
drapeau de la ville de Berlin adopté en 1861, peu utilisé, car en 1867
la nouvelle Confédération du Nord, puis en 1871, l'Empire allemand
 adopteront les mêmes couleurs, dans un ordre différent :
noir-blanc-rouge, entraînant la confusion.
"grosses" armoiries de Berlin en 1883, remaniement du
blason en raison du statut de capitale du Reich : l'écu est divisé autrement 
parti, avec à dextre l'aigle prussienne, à senestre l'aigle du Brandebourg
 et un écusson contenant l'ours, sans collier, brochant en pointe
 armoiries de Berlin en 1893 - peintes par Hugo Gerard Ströhl
les aigles se font face et les deux sont chargées d'un kleestangel d'or : 
celle de Prusse (noire) porte sur sa poitrine le chiffre du roi
 Frédéric de Prusse (FR pour Fridericus Rex), dans ses serres : un monde
 et un sceptre, sur la tête une couronne fermée, tous sont les attributs impériaux.
Celle de Brandebourg (rouge) porte un écusson sur sa poitrine, avec le sceptre
des Grands Électeurs, elle tient une épée dans une serre et le sceptre dans
 l'autre et est coiffée de la couronne des Grands Électeurs.
 A la fin du XIXe siècle on voit réapparaître progressivement des "petites" armoiries séparant l'ours de ses compagnes, les aigles, et qui adopte une apparence plus sauvage, avec le poil ébouriffé, et sans collier. Et surtout c'est la simplification du blason salutaire avec une démarche artistique plus moderne, qui va d'ailleurs être concrétisée par les faits historiques avec la fin de la monarchie en 1918.

"kleines" (petites) armoiries de Berlin en 1883
petites armoiries de Berlin en 1900
  Revenons un peu en arrière, depuis l'époque faste de Frédéric II, avec cette fois, un focus sur les sceaux propres aux affaires et à l'administration de la ville qui ont eux, peu varié si ce n'est quelques réminiscences des sceaux médiévaux dans la forme associant aigle et ours.
 Au début du XXe siècle de 1912 à 1920, Berlin s'agrandit encore et absorbe cette fois un grand nombre de territoires et de communes voisines pour devenir le "Großberlin", le Grand Berlin.
13 - empreinte sceau 1766
(Registratur)
14 - empreinte sceau 1846
(Magistrature)
15 - empreinte sceau 1846
(écoles de magistrature)

16- empreinte sceau 1853
(Magistrature)
17 - empreinte sceau 1912
Verband GrossBerlin
 (Grand Berlin)
18- empreinte sceau 1920
"Capitale d'État impérial"



Le blason de Berlin, dans la tourmente de l'histoire du XXe siècle ...

Les conséquences de la première Guerre mondiale, avec la défaite allemande et la signature de l'armistice du 11 novembre 1918, l'abdication du "Kaiser" Guillaume II, puis la révolution qui s'en suit en Allemagne qui aboutira à l'avènement de la République de Weimar en 1919, ont pour effet la suppression définitive de tous les signes et symboles associés à la monarchie et à l'Empire.
 Pour le blason de Berlin, l'ours est désormais "débarrassé" des aigles arrogantes qui l'accompagnaient depuis près de 800 ans ! 
 La cité elle-même s'est considérablement transformée en absorbant 8 villes, 59 communes rurales et 27 territoires urbains de la périphérie pour former le Grand Berlin de 1920. Par chance, elle n'a subit aucune destruction importante du fait de la guerre, en raison de l'éloignement des fronts et de l'aviation militaire adverse encore en devenir. Mais la population a souffert autrement, à cause des privations, de la famine notamment et des révoltes populaires qu'elles engendrèrent.
armoiries de Berlin en 1935
dessinées par Sigmund von Weech 



armoiries de la capitale Berlin en 1926
 peintes par Otto Hupp
 image extraite des albums Kaffe Hag




















 Pour la refonte de l'image officielle de la ville, il faut encore attendre. Le pays est dans un tel état de délabrement économique et politique, que les priorités sont ailleurs.

carte postale commémorative des 700 ans de Berlin en 1937
avec une synthèse de l'évolution du blason.
C'est en 1934, que le dessinateur illustrateur, graphiste Sigmund von Weech, propose un projet à la demande de Julius Lippert, futur bourgmestre-gouverneur nazi de Berlin, membre des  "Staatskommissars in der Hauptstadt Berlin" (Commission d'état de la capitale Berlin, dirigée par le nouveau pouvoir national-socialiste). Le dessin héraldique inspiré par le nouveau style artistique du moment montre l'ours noir bien dressé sur ses pattes arrières, langue rouge, sur un champ blanc en forme d'écu arrondi, bordé par un double filet rouge et surmonté d'une grande couronne murale à cinq tours stylisée, également rouge. Cet emblème sera adopté pour la capitale Berlin, par un décret, le 12 juin 1935. 
 Curieusement, malgré son origine inspirée par l'idée d'un homme politique nazi, cet emblème restera en vigueur bien après la Seconde Guerre mondiale, dans l'Allemagne de l'Ouest jusqu'en 1954, et continuera encore sa vie dans la partie de Berlin-est rattachée à la République Démocratique allemande (R.D.A.) jusqu'en 1989 et la réunification de l'Allemagne.  
autre carte postale commémorative des 700 ans de Berlin en 1937 mais avec un blason contemporain de facture plus classique, donc différent de l'image officielle et ... sans croix gammée !
drapeau d'état (land) de Berlin en service de 1935 à 1954

 Berlin devient durant la Seconde Guerre mondiale une cible prioritaire des bombardements alliés. La bataille de Berlin avec les forces armées de l'Union soviétique est acharnée et les dégâts sont considérables : de 1939 à 1945, la population chute de 4,3 à 2,8 millions d'habitants ; la ville est en grande partie détruite, le centre-ville un désert de ruines.
 À l'issue de la conférence de Yalta, tenue du 4 au 11 février 1945, les Alliés s'accordèrent pour diviser non seulement l'Allemagne en quatre zones d'occupation, mais également l'ancienne capitale du Reich, Berlin : les quatre puissances occupantes, responsables chacune d'un secteur, seraient : les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, et l'U.R.S.S. Après la capitulation allemande signée le 8 mai, les forces soviétiques évacuèrent donc pendant l'été 1945 les quartiers ouest de Berlin, où elles avaient combattu les derniers nids de résistance nazie au printemps. 

projet gagnant d' armoiries de Berlin (ouest)
 en 1952 - dessin de Richard Blank
armoiries du land et de la ville
 de Berlin (ouest) adoptées en 1954


On connait la suite, la ville est coupée finalement en deux parties: Berlin-Ouest et Berlin-Est. Puis, avec l'installation de la Guerre froide, la tension entre les deux blocs occidentaux et soviétique aboutit en premier lieu au blocus de Berlin-ouest en 1948, qui ne pourra être ravitaillée que par des ponts aériens. Suivra la création de deux états allemands, en 1949, la République Fédérale allemande incluant la zone de Berlin-ouest mais avec un statut de Land fédéral, qui déplace sa capitale à Bonn, en Rhénanie. Le secteur administré par les soviétiques constitue la République Démocratique allemande et garde sa capitale à Berlin. Enfin en 1961 c'est la construction du fameux Mur, coupant physiquement les deux parties qui vont passer leur temps à se jauger et s'épier mutuellement depuis leurs miradors. Jusqu'en octobre 1989 où par un concours de circonstance incroyable: une erreur d'interprétation dans les ordres donnés à l'est, le Mur sera franchi par la foule, puis par un effet de dominos, le reste du Mur tombera quartier par quartier, les jours suivants. Et l'année d'après, en 1990, le 3 octobre, l'Allemagne sera finalement déclarée réunifiée.
drapeau du secteur de Berlin-Est qui demeura en 
service de 1956 à 1990
drapeau alternatif du Land de Berlin en service de
 1954 à 2007
Le débat pour l'adoption d'un nouveau blason connaîtra les mêmes vicissitudes : un projet d'armoiries et de drapeau communs au départ, en 1948, via un concours, n'aboutira pas. Et finalement l'affaire tourne à l'adoption de deux blasons et ses dérivés  : sceaux, drapeaux, différents pour chaque secteur, mais avec tout de même en commun l'image historique de l'ours rampant. En fait les autorités de la R.D.A ont gardé le dessin du Professeur von Weech de 1935 malgré son design datant de l'époque nazie.
19 - sceau du Sénat du Land de
 Berlin (ouest) en 1954
 Côté ouest, un nouveau dessin est adopté en 1954 pour le Land-ville de Berlin, c'est celui que nous connaissons encore de nos jours, avec l'écu timbré d'une couronne d'or spécifique appelée "Volkskrone" (couronne populaire, républicaine), composée d'une muraille, avec une porte fermée, festonnée et surmontée de cinq fleurs trilobées, les deux extrêmes vues de moitié. Il résulte d'un second concours restreint organisé en 1952 par une commission regroupant des autorités berlinoises, entre douze artistes graphiques et héraldistes de renom. Parmi eux, le célèbre Ottfried Neubecker, auteur de nombreux livres sur l'héraldique, terminera n°2, derrière le dessin gagnant et doté d'un prix de 1500 marks, réalisé par Richard Blank,
étendard des membres du Sénat du
 Land de Berlin (ouest) de 1954 à 2007
professeur d'arts plastiques à l'Académie des Beaux-Arts. Mais la décision finale se fait attendre, le dessin de Richard Blank ne plait pas à la plupart des parlementaires, qui adressent leurs sarcasmes à l'égard de la Commission interne chargée du choix des armoiries. On trouve l'ours trop naturaliste, "sauvage", trop maigre, voire famélique, ébouriffé ; on pense que le choix des artistes pour le concours n'a pas été assez ouvert, etc... Finalement c'est la proposition n°2, celle d'Ottfried Neubecker qui obtient l'assentiment de la majorité et qui est retenue pour représenter Berlin !  Le décret d'adoption est voté le 13 mai 1954 par la Chambre des représentants du Land de Berlin. 


 Après la réunification allemande entérinée le 3 octobre 1990 a été organisé un nouveau débat sur le choix de symboles pour l'ensemble de Berlin depuis 1946. Le 11 Janvier 1991, la Chambre des représentants du Land réunifié a décidé que le blason adopté en 1954 sera prolongé pour l'ensemble de Berlin. Il est toujours valable aujourd'hui pour représenter l’État fédéral et la ville de Berlin. 
  Petite précision pour terminer: dans le cas d'un usage privé du symbole de Berlin: entreprises, organisations non officielles du land ou de la ville, etc... c'est l'image de l'écu sans couronne qui doit est prise en compte, éventuellement sans la couleur rouge (ci-contre).




 
Voilà pour les péripéties de notre „Ursus Berolinensis“ (Ours berlinois en latin) à travers 800 ans d'histoire de la cité depuis l'époque du petit village de pêcheurs sur la Spree du XIIIe siècle jusqu'à la métropole européenne du XXIe siècle.

Mais pour une ville d'une telle importance au niveau européen et mondial, il y a encore tellement à dire sur le symbole et sa représentation déclinée sur tous les supports imaginables. Malheureusement on manque cruellement de textes en langue française. J'essaierai à nouveau d'apporter ma modeste contribution. Ce sera l'objet d'un futur dossier....  voir → ICI 





capitale précédente  →   Belmopan
chapitre suivant     →     Berlin zweite ..




 
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3 commentaires:

  1. Bell'articolo, complimenti.

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    1. Grazie mille !
      sono molto felice di essere apprezzato come quello !
      :)

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  2. bonjour, plus qu interessant tout cela, mais j attends un écusson de Berlin où seul, l aigle apparait au bas de la porte, auriez vous de infos sur sa datation?
    Cordialement

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