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jeudi 31 juillet 2014

Dites donc, Cruchot, vous n'auriez pas un blason dans votre famille, par hasard ? Monsieur de Funès

les gendarmes Cruchot (Louis de Funès) et Gerber (Michel Galabru)
 dans "le Gendarme à New-York", film de Jean Girault (1965)
Cette phrase titre, vous l'aurez reconnue, fait référence au personnage de la célèbre série du "Gendarme de Saint-Tropez" au cinéma. Elle aurait pu être prononcée par l'adjudant Gerber alias Michel Galabru sermonnant sans arrêt l'ambitieux mais maladroit maréchal des logis-chef Cruchot, incarné par: 

Louis de Funès

Car en effet, aujourd’hui, le 31 juillet 2014, le plus grand des comiques du cinéma et du théâtre français aurait fêté son 100ème anniversaire, si une crise cardiaque ou un AVC ne l'avait pas emporté à 68 ans, en 1983.

"le Gendarme de Saint-Tropez", film de Jean Girault (1964), premier de la longue série


Louis de Funès.

• né à Courbevoie (ex-département de la Seine, aujourd'hui les Hauts-de-Seine) le 31 juillet 1914

• mort à Nantes (Loire-Atlantique)le 27 janvier 1983
Jeune, il est contraint de gagner sa vie tout seul, et il enchaîne plusieurs " petits métiers" d’appoint (dessin industriel, maison de couture, etc.). Puis il devient alors pianiste de bar et figurant au cinéma et au théâtre. Grâce à son ami Daniel Gélin, il tourne son premier film en 1945,"la Tentation de Barbizon" de Jean Stelli, bientôt suivi par des dizaines d’apparitions plus ou moins significatives et gratifiantes, parmi lesquelles "Ah ! les belles bacchantes" (1954) de Jean Loubignac ou "la Traversée de Paris" (1956) de Claude Autant-Lara, avec Jean Gabin et Bourvil, avant de connaître son premier véritable succès en tant qu’interprète principal grâce à "Pouic-Pouic" (1963) de Jean Girault.

Son personnage à l’écran : irascible, tout en énergie bouillonnante, en grimaces et en mimiques, devient alors très populaire, comme en témoigne la réussite auprès du public de nombreux films devenus des classiques du cinéma et de la télévision française : "le Gendarme de Saint-Tropez" (1964) de Jean Girault, premier volet d’une série de cinq épisodes ; "le Corniaud" (1964) et "la Grande Vadrouille" (1966), où il est associé à Bourvil ; "la Folie des grandeurs" (1971) avec Yves Montand dans le rôle du souffre-douleur et "les Aventures de Rabbi Jacob" (1973),autant de films réalisés par Gérard Oury ; "le Grand Restaurant" (1966) de Jacques Besnard ;" les Grandes Vacances" (1967) de Jean Girault ; "Oscar" (1967) et "Hibernatus" (1969) d’Édouard Molinaro ou encore" le Petit Baigneur" (1968) de Robert Dhéry.



Archétype du personnage comique des années 1960 et 1970, Louis de Funès cultive un jeu physique et théâtral , souvent dans l’emphase, parfois proche de la caricature dont il démontre de nouveau l’efficacité dans la dernière partie de sa carrière :" l’Aile ou la cuisse" (1976) aux côtés de Coluche; "la Zizanie" (1978) et "la Soupe aux choux" (1981), trois films de Claude Zidi ; "l’Avare" (1980) de Jean Girault et Louis de Funès lui-même, adaptation de la pièce éponyme de Molière et "le Gendarme et les Gendarmettes" (1982) de Jean Girault, son dernier film. 





N'oublions pas non plus son extraordinaire carrière au théâtre
avec ses inoubliables improvisations de clown qui laissaient pantois d'admiration le public et aussi ses partenaires, même les plus chevronnés.

Il reçoit un César d'honneur en 1980 pour toute sa carrière, des mains d'un autre immense comique à grimaces : Jerry Lewis avec cette image qui restera dans les mémoires : où ils s'embrassent sur la bouche sur la scène.




Mais au-delà de cet hommage à ce grand acteur qui a longtemps été méprisé par les "intellos" du cinéma et des médias en général, car trop "populaire", et c'est l'objet du clin d’œil du départ je voulais rappeler qu'il était un descendant d'hidalgos (petite noblesse) d'Espagne.


 Son nom en est le témoignage le plus évident :

De Funes : coupé d'azur et d'argent à cinq
mouchetures d'hermines de sable
(d'après armorial J.B Rietstap, dessins de Victor et
 Henri Rolland coloriés par Lionel Sandoz)
Louis de Funès, de son nom complet :
Louis Germain David de Funès de Galarza.

Louis de Funès était le troisième enfant de Carlos Luis de Funes de Galarza (1871 - 1934) et Leonor Soto Reguera (1878 - 1957), arrivés d’Espagne en 1904 après que son père ait enlevé sa mère à sa famille issue de la grande bourgeoisie. Le père de Leonor était en effet un grand avocat de Madrid qui s’opposait à leur union puis finalement avait accepté de la doter confortablement. Car le beau Carlos, malgré son nom, son bagout, son charme et sa tenue impeccable est un flambeur et sa soi-disant propriété familiale près de Malaga n'est en fait qu'une ruine. Bref, le jeune homme était issu d'une famille elle-même ruinée. Le couple s'installe néanmoins à Neuilly-sur-Seine avec l'argent du beau-père et débute une carrière modeste d'avocat également. C'est donc là que Louis et ses frère et sœur aînés vivront leurs premières années.

Voici quelques blasons issus d'armoriaux basques ou espagnols avec diverses origines géographiques:
 Ar. = Aragón     -   Lo. = Lorca    -   Va. = Valencia
• Funes : d'argent, semé de mouchetures d'hermines de sable (ou d'hermines) au chef de gueules.
• Funes de Alava à Tudela (Navarre) : d'azur, avec une étoile et une croix d'or à la bordure ? chargée de huit croisettes du même métal.
• Funes : d'hermines plain.
• Funes en Aragón : d'argent, à cinq mouchetures d'hermines de sable, posées 3 et 2.
• Funes : d'argent, à sept mouchetures d'hermines de sable, posées 3 , 3 et 1, une fasce du champ brochant.
• Funes : d'azur à une pique (lance) d'or posée en pal.
• Funes de Lorca (Navarre) : coupé
d'argent, à six mouchetures d'hermines de sable, posées en deux fasces et de gueules plain.
• Funes de Valencia (Valence): coupé d'azur plain et d'argent, à cinq mouchetures d'hermines de sable, posées 3 et 2.
De Funes : d'or au lion de gueules; deux cordes
 tendues en sautoir attachées à quatre anneaux
mouvants des angles, le tout d'azur et brochant ;
les mots FUNES PECCATORU(M) ME
APPREHENDERU(NT) de sable placés en orle.
(d'après armorial J.B Rietstap, dessins de Victor et
 Henri Rolland coloriés par Lionel Sandoz)
Je ne suis pas un grand spécialiste de la généalogie et je n'ai pas trouvé beaucoup de matière, sinon rien, pour étayer la probabilité que les ancêtres espagnols de Louis de Funès aient eu un blason. Néanmoins il me semble logique, dans un pays d'héraldique réglementée par des maîtres d'armes et où les armoiries se portaient et se portent encore de manière très naturelle, qu'ils en aient possédé. 

Il apparait de source sûre que le patronyme de De Funes de Galarza est  d'origine basco-navarraise. Il est composé lui-même de deux noms de famille d'hidalgos. Des "De Funes" sont mentionnés au service et à la cour des rois de Navarre dès le XIIe siècle. J'ai trouvé par ailleurs un évêque (obispo en espagnol) portant ce nom : don Sancho de Funes (1116-1146) dans ce même royaume de Navarre ainsi qu'un Petrus Ferrandus de Funes (v.1150-v.1238) chancelier de Sanche VI de Navarre, concepteur de la bible de Pampelune (1197) sous Sanche VII.

De Funes (Castille) : d'or au lion d'argent, une
 corde de sable entortillée autour de son corps;
 à la bordure d'argent chargée des mots
 FUNES PECCATORUM ME
APPREHENDERUNT de sable placés en orle.
(d'après armorial J.B Rietstap, dessins de Victor et 
Henri Rolland coloriés par Lionel Sandoz)
Au travers de mes recherches j'ai mis la main dans l'Armorial de Rietstap (1884/1887), un des ouvrages les plus généralistes du XIXe siècle au niveau de l'héraldique familiale européenne, sur trois références avec le nom de "Funes", ainsi que six références sur un site encyclopédique basque.
source : http://www.euskomedia.org

Un groupe d'armoiries utilise plutôt des mouchetures d'hermines, un autre le lion et des cordes.

La devise latine "FUNES PECCATORUM ME APPREHENDERUNT" qui apparaît sur certains de ces blasons signifie d'ailleurs à peu près : "les cordes m'ont fait prisonnier". Mais je ne connais pas l'explication de cette devise, ni des symboles, mis à part que "funes" en latin signifie "cordes".

Et il faut encore mentionner l’existence d'un toponyme, cette fois, qui serait peut-être le berceau "dynastique" d'une branche de cette famille et des différents lignages portant le nom de "de Funes", avec ou sans accent sur le "e", toujours en Navarre !  Ces familles auraient probablement essaimé dans toutes les parties de l'Espagne et ailleurs, en Amérique, en Europe, au cours des siècles.
la commune (municipio) de Funes dans la Communauté autonome (forale) de Navarre, en Espagne, avec son blason.

De Galarza : d'or à l'arbre terrassé de sinople, accosté d'un ours rampant de sable
(armorial non identifié , Espagne) 
De Galarza : d'or à l'arbre terrassé de sinople,
 accosté d'un ours rampant au naturel
(d'après armorial J.B Rietstap, dessins de Victor et 
Henri Rolland coloriés par HD)
De Galarza : blason ornant l'hôtel particulier
 de Miguel Ochoa de Galarza (1601)
à  Urdiain (Navarre)
Nous arrivons maintenant à la seconde partie du nom composé :
De Galarza, qui est un patronyme d'origine basque. L'étymologique du mot signifie avec galar et le suffixe za "l'endroit où abondent les branches mortes".
Parmi les célébrités nous avons Andrés López de Galarza : un capitaine espagnol du XVIe siècle. Il fonda plusieurs villes de l'actuelle Colombie dont la plus importante est Ibague (Tolima), fondée en 1550. Il fut également maire de Bogota en 1555.
statue de Andrés López de Galarza
à Tolima (Colombie) : avec un petit  air de famille,
vous ne trouvez pas ?


 
De Galarza : d'or vêtu de sinople, chargé d'une
colombe essorée d'argent, et de quatre colombes
du même aux cantons; à la bordure de gueules
chargée de huit flanchis du champ.
(d'après armorial J.B Rietstap, dessins de Victor et 
Henri Rolland coloriés par HD)
 Alors, au vu de ces deux patronymes composant celui de notre homme, on pourrait imaginer un blason écartelé aux armes anciennes de Funes en 1 et 4 et de Galarza en 2 et 3 , pourquoi pas , mais avec quels meubles ?  je n'ai pas de réponse.

Ces belles digressions historiques ne sont que des pistes, au mieux des hypothèses, séduisantes, mais sans doute trop !  Les nombreuses biographies de Louis de Funès ne mentionnent pas ce détail au sujet de ses ancêtres.
Je n'ai pas osé contacter les attachés de presse de la famille de l'acteur pour en savoir davantage sur son arbre généalogique, ce qui aurait pu apparaître déplacé ou irrespectueux comme entreprise. Et puis on ne m'aurait sans doute jamais répondu. Je crois savoir que les ayants droits "verrouillent" tout ce qui touche à la personne de l'acteur.

 Mieux vaut alors regarder quelques extraits de ses cascades de rire !




Le Cellier (Loire-Atlantique)

Liens : 
commune de Le Cellier , château de Clermont où Louis de Funès à résidé jusqu'à sa mort.  
Musée de Louis consacré à l'acteur, dans le château de Clermont. 







 un jardinier créateur a donné le nom de Louis de Funès, grand passionné de rosiers, à une rose aux couleurs ocres très rares, que l'on voit ici en Espagne, dans un petit jardin public à Cervera de Pisuerga (Castille et Léon)
- photo Herald Dick 2009 -





          F I N


 Bonus générique : cliquer sur le lien ci-dessous :


Pour mesurer la popularité internationale de Louis de Funès, voici quelques affiches dans plusieurs langues, du film qui avait le record d'entrées en salles en France :17 millions (et aussi de passages à la télévision) avant que n'arrive le Titanic de James Cameron pour le détrôner en 1997. Il s'agit bien sûr de "la Grande Vadrouille" de Gérard Oury (1966):




 


 

2 commentaires:

  1. Erreur ! c'est un infarctus qui a invité Louis à tirer sa révérence… le cœur a ses raisons...

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