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jeudi 24 janvier 2013

Les Villes décorées de la Légion d'Honneur : Belfort (1896)

 v  oici plusieurs mois que nous sommes restés avec Châteaudun ( voir → ICI) en 1877 dans l'évocation de cette série de villes ayant reçu cette distinction exceptionnelle à double titre , puisqu'elle récompense des actions de courage ou des services rendus à la nation de haute importance, et qu'elle est attribuée ici au nom d'une collectivité et non pas d'un individu. La fois précédente nous avions évoqué un acte de défense héroïque au cours de la terrible guerre franco-prussienne de 1870. Bien évidemment il y en a eu des tas d'autres,  certains encore plus marquants et parmi eux le célèbre siège de Belfort, qui ne sera honoré que vingt-cinq ans après.

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un des médaillons sculptés sur la façade de l'Hôtel de Ville
portant les armoiries et montrant dans une champagne
de gueules :  la croix de la Légion d'Honneur
ainsi qu'une Croix de Guerre :  celle de 1914-1918 ,
mais la ville a reçu plus tard également celle de 1939-1945.



Vous vous êtes peut-être demandés un jour, pour quelle raison on avait créé ce tout petit département nommé Territoire de Belfort portant le numéro 90, à l'est de la France, qui est enclavé entre l'Alsace, la Franche-Comté et la Suisse. Eh bien c'est justement la conséquence de l'épisode historique qui a été célébré par la remise de la Légion d'Honneur à la ville de Belfort, l'édification d'une statue de lion gigantesque et qui,  accessoirement a fourni son nom à une grande place et une station de métro-RER à Paris. Voici brièvement les faits ...
Armorial Général de France (1696/1711) - Généralité d'Alsace - volume 1 - page 2

armoiries de Belfort en 1842
Belfort , située à proximité des frontières suisse et allemande mais aussi dans un couloir géographique situé entre le massif des Vosges au nord et celui du Jura au sud ( la fameuse Trouée de Belfort) a toujours été  de ce fait une place hautement stratégique du point de vue communications et donc  d'un grand intérêt militaire. Vauban s'est d'ailleurs occupé d'y placer une de ses forteresses de frontières, lorsque la Haute-Alsace a été rattachée à la France , en 1648 (Traité de Westphalie). 
 Si la ville et le département sont de nos jours intégrés à la région Franche-Comté , elle a été historiquement autrichienne comme possession des Habsbourg, puis alsacienne et ce jusqu'en 1870. A la création des départements en 1790, Belfort est nommée sous-préfecture du département du Haut-Rhin, bien qu'on n'y parle pas de dialecte alsacien. La frontière linguistique borde le Sundgau voisin (pays d'Altkirch).

La guerre franco-prussienne déclenchée en juillet 1870 à la suite d'une histoire de succession sur le trône d'Espagne qui en fut le prétexte, entraîna la solidarité de tous les états allemands dans le sillage de la Prusse du Chancelier Bismarck. En effet à cette époque, l'unité allemande n'était pas encore faite, mais les multiples royaumes d'Outre-Rhin se rejoignaient tous dans l'hostilité envers la France. Il y avait le souvenir des épisodes traumatisants du passage et l'occupation des armées de Napoléon Ier de 1805 à 1814 ! Et aussi l'arrogance affichée au titre de superpuissances par la France et  l'Angleterre durant le XIXe siècle qui irritait profondément les autres nations européennes.
Cette guerre de 1870 allait démontrer que tout ceci n'était qu'une façade entretenue par la propagande en révélant l'impréparation du système défensif de la France et l'incapacité de ses chefs militaires. Napoléon III est fait prisonnier lors de la défaite de Sedan en septembre. Le Second Empire est aboli et laisse la place à la IIIe République avec un gouvernement de Défense nationale dirigé par Adolphe Thiers.


Dans l'Est, on continue la guerre. Les Prussiens prennent Strasbourg en septembre , Mulhouse et Colmar en octobre et se retrouvent devant Belfort le 4 novembre. La place est défendue par 16 200 hommes sous les ordres du Colonel Pierre-Philippe Denfert-Rochereau.
 

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 Les 40 000 hommes du Maréchal von Moltke installent le siège aux environs de la ville solidement protégée par ses fortifications mais il faut attendre le 3 décembre avant que les renforts et l'artillerie prussienne soit en mesure d'opérer et elle va pilonner la ville pendant 73 jours sans relâche ! Des renforts français, 100 000 hommes, arrivés entre temps tentent une opération de contre-attaque le 15 janvier,  mais c'est un échec. A l'inverse , les allemands tentent un coup de force le 26 janvier : l'assaut des Perches (estampe ci-dessus), mais ils seront repoussés. Les bombardements, plus proches,  reprennent.

  La ville, totalement détruite tient bon néanmoins jusqu'à l'annonce de l'armistice général du 15 février 1871. Le Colonel Denfert-Rochereau reçoit l'ordre du commandement à Paris qui elle a capitulé le 28 janvier,  de remettre la place aux Prussiens, nous sommes le 18 février.  La troupe sortira de la ville sous les honneurs et les acclamations de ses habitants et avec le respect de l'adversaire qui les laisse partir sans faire de prisonniers. Après 104 jours de siège, les pertes humaines sont importantes : 4 750 soldats morts et 336 civils français, 2 000 morts côté prussien. 


En raison de la résistance héroïque de la ville et au prix de quelques marchandages sur des territoires lorrains, les vaincus obtiennent que Belfort et son arrondissement qui était rattaché au département du Haut-Rhin, rappelez-vous, restent français. La France ne compte plus que 86 départements suite à la perte de la Moselle et de l'Alsace par le Traité de Francfort. A partir de 1871, le Territoire de Belfort restera encore occupé par l'armée prussienne pendant deux ans jusqu'en août 1873, puis il est placé dans  un statut à part dans l'attente du retour de l'Alsace. Et même après que celle-ci ait été restituée après 1918, on va créer quand même officiellement  le 90e département français en 1922. 

blason du département, inspiré
de celui de l'ancien Comté de Belfort
(les trois jumelles)

La belle résistance de Belfort sera avec celle de Bitche, la seule consolation dans la déroute générale, et sauvera l'honneur de l'armée française humiliée par les défaites de Mac-Mahon à Sedan et de Bazaine à Metz.  Le Colonel Denfert-Rochereau, démobilisé, fera un peu de politique, comme député républicain aux côtés de Léon Gambetta, et mourra en 1878. Proclamé héros national, à Paris dans le 14e arrondissement (quartier du Montparnasse), une place, où se trouve une réplique en cuivre du Lion de Belfort, et une station de métro, une avenue, à Belfort une rue , un monument, ainsi qu'une promotion de l'École Spéciale Militaire de Saint-Cyr portent son nom. La résistance de la ville de Belfort sera commémorée par l'édification de cette statue gigantesque du Lion sculpté par Auguste Bartholdi (1834-1904) et placé au pied de la falaise qui supporte la citadelle. 
     Par décret du président de la République Félix Faure, en date du 19 avril 1896, la ville de Belfort a été autorisée à faire figurer dans ses armoiries la Croix de la Légion d’Honneur pour perpétuer le souvenir de sa résistance pendant la guerre en 1870-1871.  


















    D’azur à la tour couverte d’or, maçonnée de sable, ouverte et ajourée du champ, girouettée d’argent et accostée des lettres capitales B et F d’or, posée sur une terrasse cousue de gueules chargée de la médaille de la Légion d’Honneur. La tour représente le donjon du château médiéval ainsi qu'une figuration dérivée de l’étymologie de Belfort (beau fort). Sur fond rouge à l’époque autrichienne, le blason est devenu d'azur en 1698 pour marquer le rattachement à la France.
entête de papier de la mairie.
De nos jours, la ville est représentée dans les publications alternativement par l'un ou l'autre blason, chargé ou pas de la croix de la Légion d'Honneur.  Le plus souvent, la municipalité a fait orner son matériel ou son mobilier urbain avec la forme  ancienne (soit la tour, le B et le F, sans la croix).  A noter, c'est peut-être une des  raisons , que du fait que la ville a reçu également les deux Croix de Guerre 1914-1918 et 1939-1945, on représente désormais les armoiries complètes, avec les trois décorations appendues sous l'écu, la Légion d'Honneur au centre. Par conséquent la règle voudrait que l'écu porte effectivement le blason ancien pour ne pas présenter de doublon sur la croix de la Légion d'Honneur ou simplement par choix esthétique. Cela reste à confirmer...


 A bientôt.... pour une nouvelle ville → ICI

 Crédits  :   je remercie  http://armorialdefrance.fr/   


            Herald Dick
 

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